CONTRE LA GUERRE

POUR LA PAIX, LA SOLIDARITE

ET L'AMITIE ENTRE LES PEUPLES

ET ENTRE NOUS, TERRIENS

 

 

Vue aérienne sur le site du festival de Woodstock, le 16 août 1969.

Il y a 50 ans, une vague "hippie" (de la culture altermondialiste) déferlait sur Woodstock

Organisé au départ du 15 au 17 août 1969 et devant accueillir 50.000 personnes, le festival de Woodstock s'est déroulé finalement jusqu'au 18 août, à Bethel, dans l'Etat de New York, devant près de 500.000 spectateurs.
A l'occasion des 50 ans de l'événement, 20 Minutes revient en images sur l'un des points culminants du flower power et de la culture hippie.

 

Les quarante ans de Woodstock, entre mythe et réalité

 

Par Eric DONFU


AGORAVOX - 11/7/9

"But you know I know when it’s a dream" (Mais tu sais, je sais quand c’est un rêve).
Strawberry Fields Forever - Strawberry Fields pour toujours - Chanson des Beatles chantée par Richie Havens à Woodstock, 1969.

 

Quarante ans après, que reste-t-il du festival «The Woodstock Music and Art Fair» ? Des images de jeunes garçons et filles dévêtus, de groupes faisant sonner les guitares électriques sous la pluie ou le soleil, d’une marée humaine, de morceaux inoubliables... mais encore ? Le sociologue Eric Donfu revisite l’esprit de Woodstock, en cet été 2009.

Le mythe est constitué par la déperdition de la qualité historique des choses : Les faits perdent en lui le souvenir de leur fabrication. Il est paradoxal que le quarantième anniversaire de Woodstock, intervienne alors que le monde entier prend conscience de l’emprise de Michael Jackson, qui a vendu plus de 750 millions de disques dans le monde. Dans ces heures où l’on célèbre comme un mythe la mémoire planétaire d’un artiste noir qui refusait la négritude, et dont la musique a signifié un tournant, le quarantième anniversaire du «Woodstock Music and Art festival » à Bethel, dans l’Etat de New-York, aura sans doute du mal à se faire entendre. A moins que, au contraire, ce parallèle ne sorte Woodstrock de sa naphtaline ses notes d’authenticité et de sincérité…

Si l’on dépasse les figures caricaturales des peaceniks et des "drogués", personne ne peut nier que, du 15 au 17 août 1969, le "flower power" ait démontré dans le calme et sans incident, une force générationnelle sans précédent. Ce rassemblement, intervenu au point d’orgue du mouvement «peace and love», deux ans après le rassemblement de Monterey, les 16, 17, 18 juin 1967 est révélateur d’un tournant pour la jeunesse de l’époque, comme pour la société contemporaine. Il n’a jamais eu d’équivalent, malgré ses rééditions diverses, dont celles 1979 et 1999. Il reste aujourd’hui le plus grand rassemblement de jeunes pour la paix, et a réuni autour d’un concert, des jeunes venus de tous milieux.

Les discours étaient libres et souvent naïfs comme «No rain» : face à la pluie. Mais 450 000 jeunes se sont mis en route vers autre chose que le simple quotidien, en cherchant à vibrer plus qu’à vivre. Et en le faisant dans la fraternité, «Whith a litte help from my friends» comme le chantait Joe Cocker, reprenant une chanson de mars 1967 des Beattles.

Bien sûr, les bus décorés et les tenues hippies restent comme des symboles de Woodstock, même si c’est une erreur de généraliser cette «beat-génération» à tous les participants. Aujourd’hui, le rassemblement de Woodstock apparait d’ailleurs autant comme l’apogée que comme la fin du mouvement hippie aux Etats Unis. C’est le témoignage d’un monde qui n’existe plus, mais a-t-il seulement existé ? A l’évidence, oui, comme évènement en tous cas. Par son ampleur inattendue. Ce festival était prévu pour 50 000 personnes et il a fallu en accueillir 450 000 au prix d’un embouteillage de plus de quinze kilomètres et d’une rupture des vivres. Mais il fut incontestablement une démonstration de force pacifique de la contre-culture portée par la jeunesse américaine à l’époque de la guerre du Vietnam, Woodstock est bien un marqueur de vie. Il a sa date, au même titre que mai 68 ou que les premiers pas de l’homme sur la lune, ces autres évènements marqueurs de vies survenus, avec l’assassinat de Martin Luther King, dans ces mêmes années. Woodstock restera comme un très grand moment musical, point d’orgue des «poètes du rock» comme de l’essor du pop art. Toutes les grandes stars du rock y participèrent, à de rares exceptions près, comme par exemple The Doors et Jim Morisson, retenu par un procès. Même si les 450 000 jeunes présents n’étaient pas toute la jeunesse, ils représentaient quand même une bonne partie d’elle, et surtout une minorité active. Et puis, la force du symbole, la puissance du plateau musical, de Joan Baez à Bob Dylan, de Jimi Hendrix à Janis Joplin, sans oublier les Who, Santana, Joe Cocker ou Crosby, Still and Nash, a marqué plusieurs générations, au-delà de toutes les origines sociales.

Ce mouvement était aussi fort du rejet de la société qui le regardait bizarrement. Mais, passée la lutte contre la guerre au Vietnam, pour les droits civiques des noirs, et contre la société de consommation, on peut se demander s’il ne s’agissait pas d’une crise d’adolescence sociétale. Il est frappant, par exemple, de lire les paroles de la chanson des beatles «she’s leaving home». Cette chanson très mélodieuse, qui raconte la fugue d’une adolescente partirait d’un article paru dans le Daily Miror de février 1967 qui racontait en détail la fugue d’une jeune fille de 17 ans, Melanie Coe. C’est cette histoire qui aurait inspiré Paul Mac Cartney dans l’écriture poignante de She’s leaving home. A l’époque les cas similaires de fugues chez les adolescents, étaient un phénomène de société. Et à San Francisco, ces comportements étaient encouragé par Timothy Leary (1920/1996) gourou de la «contre-culture» et auteur du slogan psychédilique «Turn on, tune in, drop out», (“Viens, mets-toi dans le coup, décroche”). Cette période a exacerbé les déchirures familiales, comme en témoigne par exemple un petit ouvrage méconnu de John Lennon, paru en 1967 et mettant notamment en scène de façon hallucinatoire le divorce entre un père et son fils.

Mais la consommation de "drogues" [sic], la pression démographique et l’inversion du modèle parental portaient leurs limites en elles. Les beatnicks et les hippies, leurs slogan «Peace and love» et «faites l’amour, pas la guerre» ont vite été dépassés par des «Weathermen» déterminés, surnommés les Panthères blanches en référence à Malcom X. Le "mouvement hippie" [sic] a également souffert de ses excès de LSD comme de la dérive meurtrière de Charles Manson, leader d’une communauté hippie «La Famille». Et puis, le temps s’est chargé de distinguer le grain de l’ivraie. Et ceux qui avaient 20 ans en 1969, en eurent 40 en 1989, et en ont 60 aujourd’hui. Des débats ont agité les journaux, certains évoquant une «génération sacrifiée» d’autre la rendant responsable des désordres sociaux et éducatifs de la société contemporaine. La vérité est bien-sûr plus nuancée.

D’abord, cette génération, née entre 1930 et 1950, ne s’est pas définie autour d’un évènement, mais d’un espace de temps. Et le déroulé de leur vie, peut révèler des contradictions évidentes. Sur le plan de l’éducation, du refus de toute autorité avec les enfants, les limites ont été vite trouvées. Le modèle hippie, et ses communautés d’inspirations utopiques, a visiblement échoué sur le plan de la famille et du couple. Mais la quête de repères contemporaine ne peut oublier que, si les rapports entre les générations sont cent fois meilleurs que dans les années 60, c’est du, par-delà les psychologues, à cette aspiration confuse d’autre chose, portée par toute une classe d’âge.

Le jeu de balancier des générations s’est chargé de remettre en place des modèles balayés dans les années 70, mais sans les contraintes qui avaient entrainé leur rejet. Les enfants des hippies ont souvent porté comme un poids leur histoire personnelle. Et il faut sans doute attendre que leurs propres enfants, soit les petits enfants des jeunes de Woodstock, prennent la mesure de ce mouvement d’émancipation de l’individu, du droit des femmes, de l’amour libre de la remise en question des rapports d’autorité et de la société de consommation. Mais le contexte n’a plus rien à voir avec la société des années 70. La société contemporaine a inversé les rapports de groupe en privilégiant désormais le média internet. Il est quand même frappant de constater que cette métaphore du village global fut avancée dès 1962 par le philosophe canadien Marshall McLuhan (1911 – 1980) pour prédire l’essor des médias électroniques et leur influence croissante sur les sociétés humaines.

Il reste donc, de cette période, des présupposés objectifs qui ont pénétré les valeurs contemporaine, comme nous allons le voir en conclusion de cet article ; Mais les hippies eux-mêmes ont été les premiers à corriger ce qu’ils considèrent comme des égarements de leur jeunesse. Une étude américaine réalisée dans les années 90 estimait par exemple que 40% des hippies californiens s’étaient rangés, moins de 30% restant «en marge». Enquête de l’Institut national d’hygiène mentale, citée par L’aventure hippie (p. 352), Jerry Rubin, (1938 -1994), auteur en 1970 de Do It, Scénarios de la révolution, considéré comme le manifeste Yippie, activiste contre la guerre au Vietnam avant de devenir un homme d’affaire et l’un des premiers actionnaires d’Apple déclarait en 1985 : «Non, je ne lutte plus contre l’État. Ce n’est plus la peine, ce n’est plus le bon combat .(…) La meilleure, la seule façon aujourd’hui de combattre l’État, c’est de le remplacer. Et nous sommes assez nombreux pour le faire.»

La nation Woodstock dont certains poètes beat rêvaient dans les années 70 n’exista donc jamais et n’existera jamais. Dès les lendemains du rassemblement de 1969, la «bof génération» des années 70 pointait son nez. L’industrie musicale avait compris la force commerciale du « star système ». la mécanique de récupération a fonctionné à merveille. Si quelques groupes comme Les Fleet Foxes, Crosby, Still and Nash ou les Felice Brother perpétuent toujours aujourd’hui le style hippie, la culture technoïde est passée par là. Woodstock est aujourd’hui devenu aussi une marque.

La question que l’on peut se poser quarante ans après, est «existe-il un esprit Woodstock» et celui-ci a-t-il survécu aux métamorphoses de la société ?
Et bien, si l’on considère que la gratuité était au cœur de Woodstock (payant au départ, le concert fut vite gratuit devant l’afflux des participants) on peut lire un peu d’esprit Woodstock dans le monde des nouvelles technologies, avec les logiciels libres ou le peer to peer par exemple. Il est frappant de voir que, comme ce fut le cas pour Jerry Rubin, ce sont bien d’anciens hippies qui sont en pointe sur cette philosophie du gratuit. Dans le domaine de la consommation, l’intérêt croissant pour le bio, pour les énergies renouvelables et pour l’écologie répondent aussi aux valeurs portées il y a quarante ans. Sur le plan politique, les mouvements altermondialistes s’en inspirent aussi. Et comment situer ces free parties ou les raves parties, ces grands rassemblements autour d’un «sound system» organisées par et pour les jeunes et adolescents ? De façon générale, le nomadisme, l’aspiration à la vie simple, l’hédonisme et le droit à la différence sont des valeurs qui se sont aussi exprimées à Woodstock.

Mais si, à l’échelle de la société, nous développons un peu cette théorie de «crise d’adolescence» d’une jeunesse qui étaient agitée par des puissances créatives qu’elle avait en elle sans pouvoir bien les identifier (Nothing is real Rien n’est réel) nous pouvons nous demander si, à l’échelle de tous els pays occidentaux, ce mouvement n’a pas accompagner la mutation de la société de la norme au lien, du groupe à l’individu. Cet épanouissement lent de la société vers un individualisme humaniste dépasse le hip hop, le rap ou la techno rebelle pour placer chaque individu dans l’obligation de produire sa propre individualité. Et on pourrait aussi se demander si le divorce que l’on observe dans la population avec les modèles de comportements volontaires, n’a pas entrainé aussi une crise d’«adulescence» à cheval sur plusieurs générations. La crise économique remet aujourd’hui en question la société libérale hypermoderne. C’est sans doute dans la liberté d’action et de réflexion de chaque citoyen-consommateur que réside la principale force de l’esprit, voire du mythe Woodstock.

Il ne faut pas surestimer un événement, et il est bon de le situer dans son contexte, comme dans le temps. C’est ce que nous avons essayé de faire dans ce texte. «Vivre d’amour et d’eau fraiche», c’est vieux comme le monde, mais, dans l’imaginaire collectif, ça fait référence aussi au mois d’aout 1969 ; à Woodstock, quand la jeunesse américaine s’est retrouvée dans un «anti capitalisme» pacifique. Ces «minorité actives» ont leur place dans l’imaginaire collectif et inspirent des valeurs que l’on retrouve toujours dans la société contemporaine.

«Trois jours de paix et de musique. Des centaines d’hectares à parcourir. Promène toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire l’air pur» C’était la publicité de l’évènement. On se laisserait tenter aujourd’hui, non ?

 

*

Jimi Hendrix sur la scène du festival de Woodstock en 1969 (AFP)

 

 

Le festival de Woodstock en 1969 : prochain arrêt, le Vietnam
Le festival du mois d'août 2009 : prochain arrêt, l'Afghanistan ?!

 

Par FRANCOIS ARMANET et BERNARD LOUPIAS

 

Nouvelobs.com - 16/7/9 - En août 1969, des centaines de milliers de jeunes Américains se retrouvèrent pour "trois jours de paix et de musique" alors que la mort les attendait dans les rizières du Vietnam, tandis que brûlaient les ghettos noirs.


Jimi Hendrix qui électrocute l’hymne américain à l’aube, Santana qui fait exploser les rythmes afro-cubains devant 400.000 freaks plus accoutumés aux délires lysergiques du Jefferson Airplane… Quarante ans plus tard, le mythe de Woodstock et de ses "trois jours de paix et de musique" a déjà traversé trois générations. Sony vient d’ailleurs de sortir en fanfare et en intégralité cinq des concerts (1) de quelques unes des stars qui s’y sont produites, dont justement ceux de Santana et de l’Airplane, mais aussi ceux de Janis Joplin, Sly & The Family Stone et Johnny Winter, alors que ressortent en CD, dûment remastérisés, les deux doubles albums autrefois tirés de ce jamboree géant.

Mais le propre des légendes, c’est qu’elles ont souvent un rapport distordu avec la réalité des faits. Des exemples ? D’abord, Woodstock ne s’est jamais déroulé à Woodstock, mais dans le champ loué 50 000 dollars d’un fermier de Bethel, dans l’Etat de New York, pas très loin de Big Pink, la maison du Band où Dylan s’était réfugié après son fameux accident de moto de l’été 1966, et où furent enregistrés les géniales "Basement Tapes" qui firent si longtemps la fortune des "pirates".

Le site de Woodstock avait été précisément choisi par l’équipe de Michael Lang, un jeune businessman hippie futé, dans l’espoir de faire sortir Bob Dylan de sa retraite. Mauvaise pioche : Dylan ne sortira pas de sa tanière. Pire : il choisira de faire comeback dix jours plus tard dans l’île anglaise de Wight. (Où un an plus tard, les maos français défonceront les barrières aux cris de "Un festival gratuit pour le Peuple")

Deuxième inexactitude, les fameux "trois jours" furent quatre (15 -18 août). Dernière précision : si Woodstock apparaît aujourd’hui comme la mère de tous les festivals, son modèle fut évidemment celui Monterey Pop et ses "trois jours de musique" en plein air, qui lança le Summer of Love californien de 1967. Organisé bénévolement par les Mamas and Papas, les auteurs du solaire "California Dreaming", et présenté par Brian Jones, Monterey, qui avait évidemment rallié la fine fleur de la scène West Coast (Jefferson Airplane, Country Joe & The Fish …), avait aussi révélé aux hippies -qui en étaient restés babas- la soul version Stax d’Otis Redding, la folie scénique des Who, le blues cosmique de Janis Joplin et les pyrotechnies de Jimi Hendrix.

En 1967, le mouvement hippie est à son zénith, et San Francisco l’épicentre du mouvement des communautés qui fleurissent à la ville comme à la campagne, propageant une contre-culture et des utopies libertaires qui allaient changer l’Amérique, et fasciner le reste du monde.

Deux ans plus tard, Woodstock reprend les mêmes têtes d’affiche, désormais certifiées superstars, et rassemble près de dix fois plus de spectateurs que les 50.000 prévus sous un déluge et dans des torrents de boue (mais avec pénurie d’eau potable, de nourriture et de médicaments), provoquant le plus grand embouteillage de l’histoire des Etats-Unis, trois décès (deux overdoses, une mort naturelle) et deux accouchements.

Woodstock, un simple rassemblement de "babas cools" [sic] gambadant en tenue d’Eve et d’Adam ? Pas si simple. Premièrement, le terme "baba cool" n’existait pas encore : il apparaîtra dans les années 70 dans la bouche des punks, pour signifier tout leur mépris pour ceux qu’ils considéraient comme une masse de veaux ramollos. Ensuite, tous les garçons qui hurlaient "F.U.C.K." avec Country Joe avaient quelques raisons d’être pacifistes et d’arborer sur leurs t-shirts le mot d’ordre "Peace & Love", eux qui pouvaient se retrouver une semaine plus tard dans l’enfer du Vietnam, avec, pour conjurer la mort et combattre la peur, la même bande-son dans les oreilles (cf : "Apocalypse Now").

Enfin, il ne faut pas oublier que depuis l’assassinat de Malcolm X en 1965 puis celui de Martin Luther King et de Robert Kennedy en 1968, l’Amérique brûlait tous les étés. Enragés par la lenteur de la mise en œuvre des droits civiques, de Detroit à Watts, les ghettos noirs se soulevaient tandis que les Black Panthers prêchaient la révolution. Le mouvement contestataire se radicalisait. En 1968, Jerry Rubin et Abbie Hoffman avaient créé les Yippies (la version politique des hippies) et les affrontements violents avec les pigs (les "cochons" de flics) se multipliaient. Pilotée par Edgar J. Hoover, le paranoïaque patron du FBI, la répression s’abattait impitoyablement sur les militants, dont nombre furent condamnés à des peines de prison à vie, ou assassinés, comme Fred Hampton, le jeune chef des Panthères de Chicago, abattu dans son sommeil.
En décembre 1969, les Weathermen, l’underground révolutionnaire blanc partisan de la lutte armée, entre dans la clandestinité. Au même moment, au Festival d’Altamont (Californie), un jeune Noir est poignardé à mort par le Hell’s Angels pendant que les Rolling Stones jouent – ça ne s’invente pas - "Sympathy for the Devil".
Si la "Nation de Woodstock" croyait encore qu’on pouvait encore apporter un peu de lumière et de paix en ce bas monde, Altamont venait lui rappeler tragiquement que tous ses rêves [non lucides] n’étaient peut-être qu’une illusion.

 

(1) Sony Legacy vient de publier "The Woodstock Legacy", soit cinq doubles CD deluxe de Santana, Janis Joplin, Sly & The Family Stone, Jefferson Airplane et Johnny, qui comportent l’album studio sorti par l’artiste ou le groupe en 1969, couplé avec l’intégralité du concert donné à Woodstock par les mêm


Le festival de Woodstock : première partie

 

Les 15, 16 et 17 août 1969, plus de 500 000 individus participent au festival musical de Woodstock.

A l'origine du projet se trouvent quatre jeunes hommes. John Roberts et Joel Rosenman disposent d'un héritage important à faire fructifier. Ils publient une annonce dans le New York Times : "jeunes hommes avec un capital illimité cherchent des opportunités d'investissement intéressantes et des propositions d'affaires".
Artie Kornfeld, le vice-président de Capital Records, et Michael Lang, un hippie, qui vient d'organiser avec succès le Miami pop festival, tombent sur l'annonce et y voient aussitôt la manne nécessaire à l'organisation d'un autre grand festival musical.

Tous les quatre fondent alors Woodstock ventures avec pour objectif d'organiser un festival gigantesque. Ils avancent le chiffre ambitieux de 50 000 personnes (le festival en accueillera près de 10 fois plus !).

Le choix du site de l'événement s'avère ardu.

Les organisateurs optent d'abord pour la ville de Woodstock, où habitent Dylan ainsi que beaucoup d'autres musiciens. Face au refus de la municipalité, ils se rabattent sur un terrain de 60 acres loué 50 000 dollars à un fermier nommé Max Yasgur, sur la commune de Bethel, soit à plus de 100 km de Woodstock. Le festival continuera pourtant à s'appeler "Woodstock", nom plus porteur que celui de Bethel.

Les pluies diluviennes transforment rapidement le terrain en bourbier géant.

Les publicités promettaient de passer du bon temps. "Trois jours de paix et de musique. Des centaines d'hectares à parcourir. Promène toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l'air pur".

D'interminables embouteillages rendent l'accès au festival très difficile.

Manifestement, le message séduit puisque plus de 500 000 spectateurs assisteront à l'événement * . Face à une telle affluence, les difficultés logistiques abondent :

- les axes d'accès aux lieux de concert sont saturés et des embouteillages monstres se forment, obligeant à utiliser des hélicoptères pour amener les artistes de leurs hôtels à la scène de spectacle.
- une très petit nombre de spectateurs acquitte les 18 dollars d'entrée du festival. Par la force des choses, il se transforme en un spectacle gratuit. Les piquets fermant l'accès au site sont arrachés rendant ainsi la billetterie inopérante.

- la pénurie de nourriture est manifeste. D'ailleurs lors de son concert, Janis Joplin lance aux spectateurs : "s'il vous reste quelque chose à manger, le gars à votre droite eest votre frère, et la fille à votre gauche est votre soeur, alors partagez en toute fraternité".
- les conditions sanitaires s'avèrent catastrophiques. Les sanitaires, prévus pour un auditoire dix fois moins important, manquent cruellement.Les ordures s'amoncellent dangereusement.
- Enfin, pour couronner le tout, des trombes d'eau tranforment vite le terrain en un gigantesque bourbier.

Près d'un demi-million de jeunes Américains assistent au festival.

Or, assez miraculeusement, le festival se déroule de manière plutôt satisfaisante.
A l'issue des trois jours, on dénombrera:
- trois morts, dus à une overdose, une appendicite mal soignée et un accident de tracteur.
- deux naissances
- et, selon Tim Leary, "100 000 trips au LSD".

Mais on ne déplore aucune bataille sérieuse, ni viols ni meurtres sur ce site densément occupé. Au contraire les photographies et le film consacré à l'événement montrent une foule hirsute pacifique et heureuse, partageant des valeurs communes : le refus de la guerre du Vietnam, du capitalisme triomphant et de la société de consommation. Cette jeunesse adopte un mode de vie qui choque leurs aînés: avec une liberté sexuelle revendiquée, le port de vêtements bariolés et informes, la consommation de drogues afin d'ouvrir bien grand "les portes de la perception"...

Ce festival constitue bien la manifestation d'une culture (ou plutôt d'une contre-culture), l'expression d'une communauté d'esprit et d'un mode de vie. On appelera d'ailleurs "Woodstock nation", la génération que ce concert gigantesque représenta. Surtout, Woodstock consacre l'avénement d'une musique de masse, savant mélange de folk, folk-rock, rock, psychédélique ou pas. Pour Yves Delmas et Charles Gancel:"Woodstock demeure (...) l'expression d'une volonté de changement, aussi collective qu'utopiste. Derrière la pacifique rébellion contre le racisme et la guerre du Vietnam se dresse l'incroyable capacité de la musique à rassembler la jeunesse et à incarner ses valeurs avec optimisme." Dans un article à venir, nous nous intéresserons aux concerts en eux-mêmes.

Pour terminer, laissons la parole à Max Yasgur, propriétaire opportuniste du terrain sur lequel se déroule les festival, qui lance à l'auditoire le dimanche 16 dans l'après-midi:"Je crois que vous avez prouvé au monde qu'un demi million de jeunes peuvent se rassembler pendant trois jours pour avoir du bon temps et de la musique. Que Dieu vous bénisse pour cela".

Sources :
- Yves Delmas et Charles Gancel:"Protest song. La chanson protestataire dans l'Amérique des sixties", Textuel, 2005.
- Jacques Barsamian et François Jouffa:"L'encyclopédie du rock américain", Michel Lafon, 1996.
- Jean-Yves Reuzeau:"Janis Joplin", folio biographies, 2007.

* Note Roger Ripert

J'ai bien failli participer à l'évènement que j'ai manqué, sans le savoir, à cause des embouteillages ! En voiture avec deux américaines qui allaient à Boston (là où j'ai rencontré ma première épouse), la conductrice a préféré ne pas s'arrêter, si j'ai bien compris.

 

 


Le festival de Woodstock (deuxième partie) : retour sur les principaux concerts

 

A la différence du festival de Monterey en 1967, l'idéal de gratuité n'est plus. L'industrie musicale, ainsi que les artistes, ont vite saisi l'intérêt de tels rassemblement. Aussi, les cachets touchés par quelques têtes d'affiches atteignent des sommes rondelettes. Hendrix, empoche 18 000 dollars, Joplin 7500. Les groupes moins connus en revanche sont loin de toucher de telles sommes. Santana ou Ten Years After sont loin des 1000 dollars.

Quelques grands absents peuvent être relevés (Stones trop violents au goût des organisateurs; Beatles qui ne tournent plus; Dylan, qui n'a que mépris pour les hippies, se remet lentement d'un accident de moto; Jim Morrisson, le leader des Doors, craint pour sa vie...), le festival rassemble néanmoins du beau monde: le meilleur de la scène californienne, ainsi que certaines éloiles montantes de la scène musicale internationale.

Tout au long des trois jours du festival, 32 artistes se succèdent sur scène lors de ces trois jours.

- le vendredi 14 août se succèdent sur scène les folkeux Richie Havens, Tim Hardin, Arlo Guthrie, Joan Baez, le sitariste Ravi Shankar.

- le samedi 15 est consacré à la musique rock : folk- rock avec Country Joe McDonald ou John B. Sebastian, rock latino avec Santana, blues-rock avec Canned Heat, Creedence Clearwater Revival, Janis Joplin et son Kozmic blues band, acid-rock avec le Grateful Dead et le Jefferson Airplane, funk psychédélique avec Sly and the Family Stone, enfin le rock brutal et efficace des Who.

- le dimanche 16 voit se succéder sur scène Joe Cocker, Country Joe & The Fish, Ten Years After, The Band sans Dylan (en froid avec le mouvement hippie), le guitariste de blues albinos Johnny Winter, Blood Sweat And Tears, Crosby, Stills, Nash & Young.

- Enfin, le Paul Butterfield Blues Band et Jimi Hendrix clôturent ce festival le lundi 17.

L'ordre de passage des artistes est bouleversé à de nombreuses reprises en raison de la paralysie des axes d'accès, mais aussi de la lucidité des artistes (Tim Hardin qui devait ouvrir le festival est tellement défoncé qu'il doit céder sa place). Ainsi, Richie Havens, qui n'était que cinquième sur la liste de passage, ouvre en fait le festival. Les organisateurs n'arrivent pas à faire venir les groupes sur le terrain. Les hôtels se situent à dix km de là, avec tout l'équipement.

Havens sort de scène après ses quarante minutes contractuelles. Michael Lang, un des organisateurs, le supplie de jouer encore, les artistes devant lui succéder sur scène se faisant toujours attendre. Il raconte : "je suis entré et sorti six fois. La dernière fois que je suis remonté sur scène, j'avais chanté tout ce que je connaissais (...)." Il entonne alors un "Freedom" poignant, qui se transforme en cours de route en "I feel like a motherless child".
Lorsque Havens quitte définitivement la scène, personne n'est encore prêt à lui succéder.

Quelques moments forts du festival peuvent être identifiés. Quatre concerts resteront longtemps gravés dans les mémoires.
- Country Joe McDonald, le hippie rouge, se trouve au pied de la scène et propose ses services aux organisateurs soulagés. On lui prête une guitare et il peut enfin ravir son auditoire. Il remporte un succès incontestable, notamment lors de son introduction à son ravageur Fixin'-to-die-rag (voir l'article sur les chansons contre la guerre du Vietnam). Il chauffe le public en lui faisant reprendre et égrainer les lettres F.UC.K. afin de protester contre l'engagement américain au Vietnam (" Donnez-moi un F ... donnez-moi un U ... donnez-moi un C... donnez-moi un K... qu'est-ce que ça donne?").

- Ten Years After est une formation britannique de blues-rock. Jusqu'à ce dimanche 16 août, la notoriété du groupe reste très confidentielle. Tout change avec leur passage sur la scène de Woodstock, le groupe y accomplit une prestation mémorable, avec pour point d'orgue les dix minutes du morceau I'm Goin' Home, long medley blues, rock et boogie. Le chanteur et guitariste Alvin Lee captive l'audience, sous le charme.

- La veille, un autre quasi-inconnu inscrit définitivement son nom sur la carte du rock : Santana. Sous mescaline, Carlos Santana et sa jeune formation (Santana a 22 ans, son batteur prodige Michael Schrieve, 19) enchaînent les titres rock teintés de rythmes latino. L'incendiaire Soul sacrifice fait entrer le public en transe, soulevé par une basse implacable et un jeu de batterie exceptionnel.

 

Soul Sacrifice - Fichier mp4

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- Le tout jeune chanteur de blues rock anglais Joe Cocker mystifie l'assistance en reprenant le "with a little help from my friends" des Beatles. Il livre une interprétation exceptionnelle et "habite" véritablement sa chanson. Pris d'une sorte de danse de saint Guy, il semble incapable de tenir en place.

- Enfin, alors que le festival touche à sa fin, Hendrix tire de son sommeille un public apathique. La prestation de son groupe est plutôt terne, en tout cas jusqu'à la version instrumentale de l'hymne américain le Star spangled banner, véritable "guernica sonore" selon la formule d'Yves Delmas et Charles Gancel. Utilisant les distorsions, les sons qui sortent de sa guitare évoquent des cris, bruits de bombes, d'avions, Hendrix entend dénoncer à sa manière la boucherie vietnamienne.
Charles Schaar Murray affirme : "un homme et une guitare en disent plus en trois minutes et demie sur cet immense gâchis et ses conséquences que tous les romans, récits et films mis ensemble. [...] elle [l'interprétation] dépeint, de façon aussi descriptive que peut le faire un morceau de musique, à la fois ce que les Américains ont fait aux Viêt-namiens et ce qu'ils se sont faits à aux-mêmes."

Parmi les autres moments forts du festival, retenons :
- le concert des Who. Le groupe britannique livre une prestation brute et efficace. Pour l'anecdote, Pete Townshend, guitariste du groupe, assène un coup de guitare sur la tête du meneur hippie Abbie Hoffman, qui débutait un discours politique alors que le groupe attendait pour jouer.

- L'interprétation poignante de la ballad of Joe Hill (barde, précurseur des chanteurs de folk engagé tels que Woody Guthrie, Pete Seeger, puis le jeune Dylan) par une Joan Baez enceinte. Elle dédie d'ailleurs ce titre à son mari, emprisonné, car il a refusé de servir au Vietnam.

- Grace Slick irradie de sa grâce le concert du Jefferson Airplane avec son ode aux substances hallucinogènes, White Rabbit.

Au rang des déceptions figure avant tout la piteuse prestation de Janis Joplin accompagnée de son nouveau groupe, le Kozmic blues band. Démotivé, molasson, le groupe fait regetter le Big Brother and Holding Company qui avait fait merveille à Monterey. Joplin, qui a attendu longtemps en coulisse avant de monter sur scène, est ivre morte lorsqu'elle commence à chanter. Sa prestation s'en ressent.

Le festival de Woodstock constitue l'acmè (et le chant du cygne) des grands rassemblements musicaux de la seconde moitié des années 1960. Jamais une série concert n'avait connu une telle affluence. La médiatisation de l'événement contibue aussi à la notoriété du festival, bien plus connu que ceux de Monterey (1967) ou de l'île de Wight (en 1968, 1969 et surtout 1970).

Le festival de Woodstock est devenu un mythe, avec son lot de légendes.

- Ainsi, contrairement à une idée reçue, la gratuité du festival fut imposée par un concours de circonstance. Il s'agissait pourtant bien d'une affaire commerciale à l'origine. Les billets devaient être payants (plus de 100 000 individus acquittent d'ailleurs les 18 dollars d'entrée), les artistes se font payer, parfois grassement. En tout cas, la gratuité concédée par les organisateurs (ils n'ont guère le choix) les placent au bord de la faillite, car ils doivent payer les dépenses liées à l'événement (les cachets des artistes, les factures d'électricité, la location des terrains). Seuls les produits dérivés vendus des années plus tard les sauveront de la faillite (droits sur les disques, le film).

- La très grande notoriété du festival fait un peu oublier d'autres grands rassemblements musicaux sans doute plus réussis d'un point de vue musical. Si la qualité musicale est souvent au rendez-vous à Woodstock, le festival ne souffre guère la comparaison avec celui de Monterey d'après les observateurs de l'époque (n'étant pas né à l'époque, nous devons leur faire confiance).

Quoi qu'il en soit, Woodstock reste un symbole d'unité très fort pour la génération "peace and love", qui aspirait à changer le monde, afin de le rendre meilleur.
On a beaucoup ironisé depuis sur cette jeunesse prétendument désoeuvrée. A l'époque, la presse conservatrice s'en donnait à coeur joie face à un phénomène qu'elle ne comprenait pas. Parmi la classe politique, la palme de la finesse revient à Ronald Reagan, alors gouverneur de la Californie, donc concerné directement par le mouvement hippie, qui décrit les hippies comme des "jeunes coiffés comme Tarzan, qui se comportent comme Jane et sentent comme Cheetah."

Le film.

Pour immortaliser l'événement, et pour des raisons plus bassement matérielles, un film fut réalisé par Michael Wadleigh, sobrement intitulé "Woodstock". Deux doubles albums de compilations des meilleurs moments du festival sortiront également. Certains artistes présents lors du festival n'apparaissent pas dans le film. Ainsi, il faudra attendre une réédition récente du film pour pouvoir observer fugacement Janis Joplin. Son manager (qui est aussi celui de Dylan et du Band), Grossman s'oppose à ce que la piètre prestation de Joplin ne figure dans le film.

Des lendemains difficiles.

Sitôt le festival terminé, plusieurs éléments empêchent la tenue de nouveaux rassemblements comparables aux Etats-Unis : la plus grande sévérité de contraintes légales, l'augmentation des taxes d'assurance, les violences traumatisantes du festival d'Altamont en décembre 1969, le massacre perpétré par la "Manson family". Bref, un terrible retour de bâton s'abat sur la jeunesse contestataire. Le conservatisme reprend ses droits comme l'atteste la campagne anti-hippie que lance en Californie le gouverneur de Californie, un certain Ronald Reagan.

Un prochain article reviendra sur le cauchemardesque festival d'Altamont et la fin de mouvement hippie.

Sources
- Yves Delmas et Charles Gancel : "Protest song. La chanson protestataire dans l'Amérique des sixties", Textuel, 2005.
- Jacques Barsamian et François Jouffa : "L'encyclopédie du rock américain", Michel Lafont, 1996.
- Jean-Yves Reuzeau:"Janis Joplin", folio biographies, 2007.
- Vibrations n° 101 : interview de Richie Havens (pp. 26-30).

 

 

 

 

 

En 1969, Joni Mitchell compose pour son compagnon d'alors, Graham Nash.
Elle même n'est pas à Woodstock et suit le festival par écran interposé. Le morceau sera repris par Crosby Stills and Nash

 

"Woodstock" Joni Mitchell (1969)

I came upon a child of God
He was walking along the road
And I asked him, where are you going
And this he told me
I'm going on down to Yasgur's farm
I'm going to join in a rock 'n' roll band
I'm going to camp out on the land
I'm going to try an' get my soul free

Je suis tombé par hasard sur un enfant de Dieu
Il cheminait le long de la route
Et je lui ai demandé où il allait
Et il m'a répondu ceci
Je descends à Yasgur's farm
Je vais rejoindre un groupe de Rock
Je vais camper à la campagne
Je vais essayer de libérer mon âme

We are stardust
We are golden
And we've got to get ourselves
Back to the garden

Nous sommes de la poussière d'étoiles
Nous sommes de l'or
Et il nous faut retourner
Au jardin d'Eden

Then can I walk beside you?
I have come here to lose the smog
And I feel to be a cog in something turning
Well maybe it is just the time of year
Or maybe it's the time of man
I don't know who l am
But you know life is for learning

Alors puis-je marcher à tes côtés ?
Je suis venu ici pour fuir le brouillard
Et j'ai le sentiment d'être un maillon du changement en cours
Eh bien c'était peut-être dû à l'époque de l'année
Ou peut être à l'époque de l'humanité
Je ne sais pas qui je suis
Mais tu sais que la vie permet d'apprendre

We are stardust
We are golden
And we've got to get ourselves
Back to the garden

Nous sommes de la poussière d'étoiles
Nous sommes de l'or
Et il nous faut retourner
Au jardin d'Eden

By the time we got to Woodstock
We were half a million strong
And everywhere there was song and celebration
And I dreamed I saw the bombers
Riding shotgun in the sky
And they were turning into butterflies
Above our nation

Quand nous arrivâmes enfin à Woodstock
Notre groupe était fort d'un demi-million
Et partout on chantait et on commémorait
Et je rêvais que je voyais les bombardiers
Transportant des armes dans le ciel
Et ils se métamorphosaient en papillons
En survolant notre nation

We are stardust
Billion year old carbon
We are golden
Caught in the devil's bargain
And we've got to get ourselves
Back to the garden

Nous sommes de la poussière d'étoiles
Du carbone vieux d'un milliard d'années
Nous sommes de l'or
Empétrés dans des marchandages avec le Diable
Et il nous faut retourner
Au jardin (d'Eden)

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Chansons anti-guerre du Vietnam

Manifestation de protestation contre la guerre du Vietnam

En 1968, quatre ans après le déclenchement de l’escalade américaine au Vietnam, de grandes manifestations anti-guerre parcouraient les Etats-Unis. Une manifestation rassemble 250 000 Américains à Washington le 20 novembre 1969 et même un demi million de personnes le 3 mai 1971. Parmi ces manifestants, on trouve de nombreux "hippies".

Ce mouvement, qui apparaît dans la seconde partie des années soixante sur la côte ouest des Etats-Unis, se développe dans ce contexte de contestation et de refus de l’ordre établi. Les manifestations contre la guerre du Vietnam rassemblent une partie de la jeunesse. Cette génération née au lendemain de la seconde guerre mondiale entend fuir la société de consommation, refuse la soumission au pouvoir en place. Elle se ressource dans les valeurs écologistes et égalitaires, souvent issues des philosophies orientales.

Quand ils ne militent pas activement et directement pour faire cesser le conflit au Vietnam. La plupart de ces jeunes prônent simplement la paix, l’amour du prochain (« peace and love ») et aspirent à un monde plus juste.

La musique fut l'un des vecteurs privilégiés de cette révolte, principalement la musique rock. Certains chanteurs prirent ouvertement position contre le conflit.
Dès 1964, le Lyndon Johnson told to the nation de Tom Paxton dénonce l'ambigüité du discours du président américain, à l'origine de l'engagement de son pays dans le conflit.

J'ai reçu une lettre de L.B.J. / elle disait que c'est un jour de chance / il est temps que tu mettes tes pantalons kaki / bien que cela puisse paraître très étrange / on n'a pas de travail pour toi ici / alors on t'envoie au Vietnam / Lyndon Jhonson a dit au pays: / "n'ayez pas peur de l'escalade / j'essaie de faire plaisir à tout le monde / bien que ce ne soit pas vraiment la guerre / on en envoie 50 000 en plus / pour aider à sauver le vietnam des Vietnamiens"

L'attaque est frontale à un moment où les libéraux ménagent Johnson en raison de sa lutte contre la pauvreté. Quelques années plus tard, Paxton récidive avec Talking Vietnam potluck blues, peinture cruelle d'une armée en déroute, dont les soldats ne trouvent de réconfort que dans la consommation de drogues.

Ainsi, le prodige de la guitare qu’est Jimi Hendrix revisite et «maltraite» à sa manière l’hymne américain («The Star Spangled Banner»), afin de protester contre ce conflit sanglant, lors de sa prestation à Woodstock, en août 1969. Le son qui sort de sa guitare, saturé, strident, n’est pas sans rappeler les explosions et bombardements d’une guerre.
D'autres titres d'Hendrix évoquent le Vietnam. All along the watchtower empruntée à Dylan, sort juste après l'offensive du Têt, en 1968. Le tableau apocalyptique dressé (inspiré du livre d'Isaïe), les références à la souffrance, à l'évasion et le son stupéfiant qui sort de la guitare valent une grande popularité au titre auprès des troupes. Sur scène, Hendrix prend aussi l'habitude de dédicacer son Machine gun à ceux qui luttent "au Vietnam ou à Berkeley".

The letter interprétée par les Box tops en 1967, évoque le retour des soldats au pays après les rudes combats. Son succès est immédiat chez les combattants : "Donnez-moi un ticket d'avion [...]/ je rentre chez moi, car mon amour m'a écrit une lettre".

Dans le même état d'esprit, les Fugs manie l'humour noir dans leur fougeux Kill for peace, qui se termine dans un fracas d'obus et de balle:

Si tu n'aimes pas leurs manières / ou la façon dont ils marchent / tue tue tue pour la paix (2x) [...]
Si tu leur laisses la vie sauve / ils pourraient soutenir les Russes [...] / tue tue tue pour la paix
Mitraille ces connards de niakoués / le seul niakoué / auquel un Américain puisse faire confiance / et celui dont la tête jaune / a été dégommée / tue tue tue pour la paix.

Toujours à Woodstock, le groupe Country Joe and the Fish interprète «I feel like I’m fixin to die rag», chanson phare de la protestation contre la guerre. En introduction de la chanson, il fait scander "Fuck " à la foule en guise de condamnation de ce stupide conflit. La chanson dénonce l’absurdité de la guerre, l’envoi d’innocents à l’abattoir :
rappliquez, vous les grands gaillards / oncle Sam a besoin de votre aide / il est dans un sacré pétrin / tout là-bas au Vietnam / alors laissez tomber vos livres / et prenez un fusil / on va vraiment bien se marrer

(« Sent your sons off before it's too late / To have your boy come home in box » = « dites au revoir à vos fils avant qu’il ne soit trop tard / avant qu’ils ne reviennent d’en une boîte »).

Country Joe and the fish

 

L'infatigable Pete Seeger adapte au conflit vietnamien son Waist deep in the big muddy ("embourbé jusqu'au cou"), initialement consacré à la seconde guerre mondiale. Il y narre l'absurdité d'un capitaine qui conduit ses hommes à l'abattoir, en l'occurence des sables mouvants. L'allusion au "grand crétin qui dit qu'il faut continuer" est limpide, elle vise Johnson et entraîne donc une censure implacable du titre.
Il milite encore pour le retrait des toupes américaines avec la chanson If you love your Uncle Sam (bring them home) ("si tu aimes ton oncle Sam, ramène-les à la maison"). Sans verser dans le pacifisme béat, il affirme : "Je ne suis pas vraiment pacifiste, [...]/ si une armée envahissait mon pays / tu me verrais au front".

Le 7 o'clock silent night de simon and Garfunkel dénonce avec subtilité les violences sans fins qu'engendre la guerre. Une voix de speaker égrène les informations toutes plus sinistres les unes que les autres et termine son journal par une citation d'un Nixon péremptoire: "L'opposition à la guerre dans ce pays est la plus grande arme oeuvrant contre les Etats-Unis". Aussitôt, les deux bardes entonnent la berceuse "douce nuit", dont la beauté paisible tranche avec la brutalité des messages précédents.

 

Un étudiant abbatu sur le campus de l'université de Kent

 

Le célèbre chanteur canadien Neil Young, quant à lui, revient dans son titre «Ohio» sur le massacre de 4 étudiants tués par la garde nationale, le 4 mai 1970, sur le campus de l’université de Kent (Ohio), alors qu’ils manifestaient contre l’envoi de soldats dans le sud-est asiatique.

Arlo Guthrie, fils du barde contestataire Woody Guthrie, compte l’histoire d’un jeune homme qui parvient à échapper à la guerre en se faisant condamner pour vandalisme dans son "Alice's restaurant".

Dans leur titre «Fortunate son» (1969), le Creedence Clearwater Revival dénonce ces «fils privilégiés» exemptés de service militaire (et de guerre du Vietnam) grâce à leur statut de fils d'hommes de pouvoir ou de célébrité (l’auteur s’est inspiré du fils Eisenhower).
"Certains types sont nés pour agiter le drapeau / oh, ils sont bleus, blancs et rouges / et l'orchestre joue "vive le chef" / ils pointent le canon sur vous / seigneur, c'est pas, c'est pas moi / je sui pas fils de sénateur / c'est pas moi / je sui pas un chanceux."

Run through the jungle, toujours du Creedence, décrit sans fard la dureté de cette guerre. Un même réalisme frontal entraîne la censure du unknown soldier des Doors ("une balle frappe le devant du casque et c'est fini pour le soldat inconnu").

Les artistes afro-américains ne sont pas en reste cependant. Il s'agit du premier conflit au cours duquel les Noirs combattent dans les mêmes unités que les Blancs. De très nombreux Noirs, pourtant majoritairement hostiles à ce conflit, sont envoyés au Vietnam.

De nombreuses voix s'élèvent contre le conflit au Vietnam: Martin L. King dans un discours de 1967, Mohammed Ali qui refuse de servir au Vietnam en 1967, devient objecteur de conscience. Il lance: " ils veulent que j'aille au Vietnam pour tuer des Vietcongs, alors qu'eux, ne m'ont jamais lynché, jamais traité de nègre, n'ont jamais assassiné mes leaders". Malcolm X, quant à lui, s'étonne de voir " l’homme jaune tué par l’homme noir se battant pour l’homme blanc".

Il n'est donc pas surprenant que cette guerre "inspire" la musique noire américaine. Dans son blues "I don't wanna go to Vietnam", John Lee Hooker chante:"Lord have mercy, Lord have mercy, don't let me go to Vietnam/I have my wife and my family, I don't wanna go to Vietnam/We got so much trouble at home, we don't need to go to Vietnam/Yeah yeah there's a whole lot of trouble right here at home, don't need to go to Vietnam".
J.B. Lenoir rédige un vibrant plaidoyer contre la guerre avec son Vietnam blues (1965) :

Vietnam, Vietnam, tout le monde pleure à propos du Vietnam / d'ici peu ils me tueront là bas au Mississippi / personne ne semble s'en préoccuper / oh mon Dieu, si tu pouvais entendre ma prière / s'il te plaît aide mes frères là bas au Vietnam / ces pauvres garçons qui se battent, tuent, se cachent dans des trous / qui tuent peut-être leurs pauvres frères, ils ne savent pas"

Comme beaucoup d'Afro-américains, Lenoir voit aussi dans cet enlisement au Vietnam, un bon moyen pour faire lanterner les Noirs en pleine lutte pour les droits civiques. M. Luther King, qui soutenait initialement la politique de Johnson, dénonce bientôt sa stratégie belliqueuse et souligne à quel point les sommes engagées pour tuer seraient utiles pour venir en aide aux populations misérables des ghettos.

Côté soul, Edwin Starr entonne son hymne antimilitariste «War» (1970); Freda Payne qui enregistre en 1971 un morceau pacifiste au titre explicite : Bring the boys home», aussitôt banni des ondes par le gouvernement. Bill Withers, dans son "I can't write left handed", revient sur les amputations et blessures provoquées par les combats.

Deux superbes compilations de deep soul retracent le conflit du point de vue des Afro-Américains: "A soldier's sad story_ Vietnam through the eyes of black America 1966-1973" et "Does anybody know i'm here ? Vietnam through the eyes of black America 1962-1972" . Sur la première, quelques titres particulièrement réussis peuvent être mentionnés: Marching off the war de William Bell, Soldier's sad story de Tiny Watkins, quintescence de la deep soul sudiste.

Enfin, bien après la fin du conflit, le «Straight to hel» des Clash en 1982 s’intéresse aux enfants nés de l’union de soldats américains et de Vietnamiennes et le sort peu enviable qui est réservé à ceux qui souhaitent se rendre aux Etats-Unis.

Sources principale :
- Yves Delmas et Charles Gancel :"Protest song", Textuel musik, 2005
- Un TPE original et intéressant : "que chantait l'Amérique ?" (lors de la guerre du vietnam).

Lien :
- Les principaux concerts du festival de Woodstock (notamment celui d'Hendrix).
Publié par J. Blottiere à l'adresse 08:18
Libellés : chanson, Etats-Unis, Lire-écouter-voir en 1968, musique, Playlist, Rock, sixties, Soul, Vietnam


1 commentaire :

M.AUGRIS a dit…
Merci pour ce tour d'horizon passionnant. Je ne connais pas la plupart de ces chansons, mais, pour celles qui sont plus connues, on ne prête pas toujours attention au texte et à l'intention de l'auteur.

*

Top 10 des meilleures performances musicales du légendaire festival de Woodstock


PAR ARNIO

Topito.com - 31/7/9 - Et Oui, c’est cette année (mi-août) que l’on fêtera le quarantième anniversaire du festival.

Si Woodstock est devenu si légendaire, il le doit en très grande partie à sa portée sociale & politique puisque ce festival sera l’un des sommets de la culture hippie américaine. Si aujourd’hui l’imagerie populaire (parfois très cliché) reste encore très vivace parmi nous : tout le monde a en tête ces images de foule, de boue, d’hommes & de femmes au cheveux longs sous acide), on en oublie trop souvent et malheureusement que ce festival fut tout d’abord un formidable moment de musique.

Retour donc sur les meilleures performances musicales de ce festival dont vous verrez les anecdotes racontées ci-dessous, participent grandement à la légende de Woodstock.

Joe Cocker With A Little Help from My Friends (Quasiment inconnu à l’époque, Woodstock sera pour Joe Cocker, un formidable accélérateur de carrière, grâce notamment à cette reprise des Beatles. Ce morceau symbolise à lui seul Woodstock. Il faut souligner que son interprétation est exceptionnelle où il parait complètement habité. Ce morceau sera la fin de sa session car une tempête se lèvera ensuite & provoquera une interruption de plusieurs heures… Même les éléments climatiques seront impressionnés par sa performance.)

Jimi Hendrix Star Spangled Banner (Après les multiples retards des 3 premiers jours, Jimi Hendrix clôt en définitive le festival au petit matin du lundi 18 août : il ne restait alors plus que 30 000 spectateurs dont les trois jours de musique, de veille, d’intempéries, et de drogues, avaient rendus plutôt apathiques. Mais Jimi arriva alors à tirer le public de sa torpeur avec cette version dissonante de l’hymne américain, véritable «guernica sonore» où les sons qui sortirent de sa guitare évoquèrent les cris, les bruits des bombes & des avions. Ce morceau deviendra l’un des morceaux légendaires de la contestation contre la guerre au Vietnam.)

Santana – Soul Sacrifice (Encore sous hallucinogène quand il monta sur scène, le très jeune & quasi-inconnu Carlos Santana fera entrer le public complètement en transe grâce notamment à ce brulot qu’est «Soul Sacrifice». 10 mn de folie rythmique soulevé par une basse implacable et un jeu de batterie exceptionnel mené par Michael Schrieve, prodige de 19 ans et plus jeune musicien du festival…

Richie Havens – Freedom (Le nom de Richie Havens, un chanteur de folk noir peu connu, entra dans le mythe Woodstock, puisqu’il inaugura le festival lorsqu’on s’aperçut que Sweetwater, le groupe qui devait se produire au lever de rideau, était pris dans un embouteillage de 15 km. Michael Lang, un des organisateurs, le suppliera de jouer au-delà de sa session, les artistes devant lui succéder sur scène se faisant toujours attendre. Il raconte: »je suis entré et sorti six fois. La dernière fois que je suis remonté sur scène, j’avais chanté tout ce que je connaissais (…). » Il finira alors par ce fantastique « Freedom » complètement improvisé… MAGIQUE & MAGNIFIQUE !!)

The Who – My Generation (Si cette chanson a eu un impact musical par la violence de ses sonorités & de ses innovations rythmiques, son impact sera surtout culturel car le premier couplet introduira l’une des phrases les plus célèbres de toute l’histoire de la musique Rock, message repris par toute la génération de l’époque : «Hope I die before I get old » !!)

Ten Years After – I’m Going Home (Autre groupe dont la notoriété du groupe était très confidentielle à l’époque. Et pourtant tout changera avec leur passage sur la scène de Woodstock, le groupe y accomplit une prestation mémorable, avec pour point d’orgue les dix minutes du morceau «I’m Goin’ Home», long medley de Blues Rock où le chanteur et guitariste Alvin Lee captivera l’audience et l’histoire en devenant latéralement en transe avec sa guitare.)

Country Joe McDonald – Feel Like I’m Fixing To Die (Autre moment mythique du festival puisque cet hippie contestataire remporta un succès incontestable notamment lors de son introduction à son ravageur Fixin’-to-die-rag. Il chauffa le public en lui faisant reprendre et égrainer les lettres F.U.C.K. afin de protester contre l’engagement américain au Vietnam («Donnez-moi un F … donnez-moi un U … donnez-moi un C… donnez-moi un K… qu’est-ce que ça donne? »). Le moment deviendra magique quand le public se lèvera d’un seul homme & reprendra en chœur le refrain de «Feel Like I’m Fixing To Die».)

Janis Joplin – Summertime (Joplin, qui avait attendu longtemps en coulisse avant de monter sur scène, était ivre morte lorsqu’elle commença à chanter. 3 personnes ont dû carrément la soutenir pour monter sur scène et l’approcher du micro. Et pourtant elle délivrera cet énormissime «Summertime» devant un public tout aussi perché qu’elle)

Sly & The Family Stone I want to take you higher (Et oui, Sly était à Woodstock. On osait à peine y croire quand on voit la programmation essentiellement Folk Rock du festival. Et petit secret entre nous, quel bonheur d’écouter à un moment autre chose, qui tranche avec tous ces bandes de Rockers grateux.)

Sha Na Na – A The Hop (Le clin d’oeil humoristique & kitsch de ce top … Loin de tout ce que vous aurez vu dans les vidéos précédentes & de ce que l’on peut se représenter artistiquement de Woodstock, mais ce morceau symbolise à la perfection une musique pas si lointaine que ça : le Rock’n’ Roll des années 50 de Papa. Personne n’a pu reproduire la choré depuis.)

Commentaire : Crosby, Stills and Nash oubliés !

 

 

 

Vue aérienne sur le site du festival de Woodstock, le 16 août 1969.

Organisé au départ du 15 au 17 août 1969 et devant accueillir 50.000 personnes, le festival de Woodstock s'est déroulé finalement jusqu'au 18 août, à Bethel, dans l'Etat de New York, devant près de 500.000 spectateurs. A l'occasion des 50 ans de l'événement, 20 Minutes revient en images sur l'un des points culminants du flower power et de la culture hippie.969.

Réalisation : Olivier JUSZCZAK

Publié le 14 Août 2019 par 20minutes.fr

50 ans de Woodstock : Plan B, absents, morts...

Cinq choses que vous ignoriez sur le festival

 

HISTOIRE  Si l'événement musical, qui fête cette année son cinquantième anniversaire, est entré dans la légende, certains de ses aspects demeurent méconnus.

Publié le 14/08/19 par 20minutes.fr

Le Festival de Woodstock, qui a eu lieu en août 1969 à... 70 km de Woodstock, a attiré dix fois plus de monde que prévu. Résultat : des embouteillages. — REX FEATURES/SIPA
  • Le Festival de Woodstock a eu lieu du 15 au 18 août 1969.
  • Plus de trente artistes ont participé à l’événement, dont Jimi Hendrix qui fut le dernier à passer sur scène, devant 30.000 spectateurs, alors que l’affluence était estimée à un demi-million de personnes quelques jours plus tôt.
  • Si Bob Dylan a refusé l’invitation, Martin Scorsese, lui était dans les parages avec une cam
A l’évocation de Woodstock, vous pensez sans doute à une foule hippie pataugeant toute « peace and love » dans la boue ou bien à l’hymne américain revisité et déstructuré à la guitare par Jimi Hendrix ou tout simplement à un jalon historique de l’histoire de la musique. Si ce festival, organisé du 15 au 18 août 1969, est entré dans la légende, il n’échappe pas aux idées reçues. A l’occasion de son cinquantième anniversaire, retour sur les aspects méconnus d’un événement mythique.

Le festival de Woodstock n’a pas eu lieu à Woodstock

Woodstock, petite ville de 4.000 habitants dans l’Etat de New York, était précédée d’une excellente réputation artistique, notamment pour ses peintres de la Byrdcliffe Colony qui s’y étaient installés au début du XXe siècle. Les organisateurs du Festival espéraient donc que la musique résonne en ces lieux. Or, comme le relate Time, la communauté locale n’était pas chaude du tout pour accueillir autant de public – l’affluence envisagée était de 50.000 personnes mais dans les faits, elle sera dix fois supérieure. Les promoteurs de l’événement ont donc dû se rabattre sur d’autres options. D’abord Saugerties, puis Wallkill respectivement à 16 km à l’Est et à 56 km au sud de Woodstock. Mais dans les deux cas, ils se sont fait claquer la porte au nez. A quelques semaines à peine de la date annoncée, le festival trouve son point de chute à Bethel, dans un champ de 243 hectares loué par un fermier, Max Yasgur, pour 50.000 dollars de l’époque. Le lieu est à une heure et demie de route de Woodstock, mais il est trop tard pour changer de nom.

Bob Dylan a disparu de l’affiche

La présence de Bob Dylan au festival semblait couler de source, à la fois parce qu’il était à l’époque l’une des voix les plus audibles de la contre-culture américaine, mais aussi, plus prosaïquement, parce qu’il avait une maison à Woodstock. Or, si son nom a bien été évoqué, l’artiste a fini par décliner l’invitation. Dans ses Mémoires, il a confié que les légions de fans hippies qui débarquaient devant chez lui avaient fini par le dégoûter. Le fait que son fils soit tombé sérieusement malade quelques mois plus tôt a aussi pesé dans la balance. Malgré tout, l’esprit dylanien se sera fait entendre lors de l’événement, via les reprises I Shall Be Released par The Band et Joe Cocker. Ce dernier a également repris le With a Little Help From My Friends des Beatles... qui eux aussi avaient refusé de faire le déplacement. Les Doors et Led Zeppelin sont d’autres absents de marque. Les Rolling Stones, quant à eux, n’avaient pas été conviés.

Le festival a duré plus longtemps que prévu

L’affiche promettait, « trois jours de paix et de musique », du 15 au 17 août. Or, en raison de nombreux retards, c’est le 18 août au matin que les dernières notes se sont fait entendre, devant quelque 30.000 irréductibles spectateurs. Et pas n’importe lesquelles puisque Jimi Hendrix fut le dernier de la trentaine d’artistes à passer sur la scène. C’est là, au cours d’une prestation de deux heures, qu’il livre sa version du Star Spangled Banner à la guitare. Une adaptation déchirante de l’hymne américain à l’heure où le conflit au Vietnam s’enlise.

Deux morts à déplorer

L’événement a attiré quelque 500.000 personnes, dont un grand nombre consommait de la drogue, dans des conditions météo éprouvantes – sols et scène étaient trempés faisant craindre des risques d’électrocution – alors que la logistique de l’organisation était prise de court, autrement dit, tout semblait réuni pour que le festival vire à la catastrophe. Or, signale le Time Magazine, l’équipe médicale a pris en charge un peu plus de 3.000 personnes sur l’ensemble des trois jours. Deux morts sont cependant à déplorer. Raymond Miszak, 17 ans, a été écrasé par un tracteur alors qu’il se trouvait dans son sac de couchage le 16 août au matin. Les causes de la mort de Richard Bieler, 18 ans, elles, varient selon les sources. Certaines l’imputent à une overdose. D’autres à une hypothermie couplée à une inflammation du muscle cardiaque qui pourrait résulter d’un effet secondaire de la Thorazine injectée pour remédier à une overdose. Dans l’ensemble, le festival s’est déroulé dans le calme. A l’inverse des concerts du trentième anniversaire, en 1999, marqué par de nombreuses violences.

Martin Scorsese derrière la caméra

Le Festival de Woodstock doit beaucoup de sa pérennité aux images d’archives entrées dans la mémoire collective. Beaucoup d’entre elles proviennent du documentaire de Michael Wadleigh, intitulé sobrement Woodstock, et sorti dans les salles en 1970. Un film au montage duquel a participé Martin Scorsese, également crédité comme assistant réalisateur. A l’époque, le cinéaste avait 26 ans et n’avait réalisé qu’un long-métrage, Who’s That Knocking At My Door, distribué deux ans plus tôt.

 

Woodstock... Capote !

Agoravox

par George L. ZETER (son site) 
jeudi 1er août 2019

Il y a 50 ans (déjà !), eut lieu le plus grand festival de musique en plein air du XXème siècle. Cette folie qui réunit plus de 1 demi million de spectateurs se tint à Bethel, à l’extrême sud-ouest de l’Etat de New York entre le 15 et le 18 août 69.

Les coulisses du festival

Le lieu : sur les 235 hectares sur les terres de la ferme laitière du fermier Max Yasgur.

L’organisateur : Le festival est né d'une idée commerciale : Michael Lang le producteur, jeune hippie, organisateur du Miami Pop festival qui avait attiré 100 000 personnes, veut tirer de la recette d'un nouveau festival les fonds suffisants à l'achat de son studio d'enregistrement.

La publicité : « Trois jours de paix et de combats. Des centaines d'hectares à parcourir. Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l'air pur. »

Le déroulement : 180.000 tickets avaient été prévendus, mais le soir du 15 août, vu le monde qui s’entassait sur les routes, le concert devient gratuit. Ce soir là, 200.000 personnes en + écrasant les barrières qui vinrent grossir la foule déjà compacte. A tel point que certains artistes furent bloqués dans les embouteillages et ne purent jouer. Sur les 3 jours, des artistes les plus en vue, tels que Jimmy Hendrix, Janis Joplin, les Who et bien d’autres, qui deviendront en un instant des stars internationales telles que : Joe Cocker, Richie Havens et son « freedom, freedom », l’hymne de Woodstock, Simon & Garfunkel ; tous ces musiciens firent, que beaucoup de festivaliers présents se rappellent « qu’ils jouaient comme si cela était leur dernier concert avant de disparaître ». A signaler que les Doors, les Beatles, les Stones et Bob Dylan avaient refusé de venir... Pour eux déjà c’était : money talks.(l’argent parle !)

Les conditions : On peut dire qu’elles furent apocalyptiques : une tempête de vent qui fit voler les tentes, des trombes d’eau qui poussa l’organisation à couper le courant par risque d’électrocution, le manque de ravitaillement en eau potable, en aliments pour des spectateurs transis de froid, pataugeant dans une marée de boue, et des toilettes qui débordent...Pourtant, drogue aidant, tout se passa bien, et il n’y eu à déplorer aucune violence, aucun blessé ou mort, il y eu même deux naissances alors que le Jefferson Airplane jouait. Quant au passage des artistes sur scène, ce fut un vrai capharnaüm, à tel point que Jimmy Hendrix, qui devait clôturer le festival, ne put jouer que le lundi matin à 9 heures... Devant une foule qui se clairsemait et s’en allait, car, pour la plupart, il fallait retourner au boulot tout hippies qu’ils étaient.

L’aftermath  : L’organisation perdit une fortune, mais se rattrapa sur les droits du film, le fermier lui, fut poursuivi par ses voisins et en moins de 3 ans Janie, Jimmy et Jim s’étaient tus à jamais, et entraient dans la légende du Rock & Roll of fame...

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Juillet/Août 2019

Annoncé comme ça : « Hippies are back. Or eventually not » = Les hippies sont de retour, ou peut-être pas...

Le 31 juillet, le grand concert anniversaire du festival de Woodstock entre le 15 et 18 août a été annulé.[1] Michael Lang, l’organisateur du 1er festival d’il y a 50 ans à mis les clefs sous la porte... Défections des artistes, trop de changements de lieux et en plus des problèmes de financements, avec un sponsor principal qui lâche 2 mois avant ; tout ça accumulé fait, qu’il n’y aura pas de Woodstock 2 ; Et pour beaucoup, c’est un bien.

En remettant dans son contexte d’époque, en fond de toile il y avait cette énorme contestation contre la guerre au Vietnam et la lutte ouverte contre la ségrégation et le racisme. En cet été 69, suite à un raid de la police américaine au bar du Stonewall Inn, à New-York, des émeutes marquèrent le point de départ de la lutte pour les droits civiques des homosexuels.

Durant ce summer of love, l’Amérique réalise qu’elle peut engendrer des génies musicaux, mais aussi des Charles Manson qui a fait assassiner l'actrice Sharon Tate, épouse de Roman Polanski et quatre autres de ses amis par trois membres de sa secte. Pour beaucoup, ce mois d’août est ce qui est appelé « la fin de l’innocence »... Sur seulement quelques années, il y eu une jeunesse habitée par un rêve utopique, celui, de construire un monde harmonieux, de paix et bien meilleur...Cependant, déjà, les grands méchants loups veillaient au grain et... « Ils », cette meute assoiffée a pris le control total en cet an 2019. Qu’aurait été cet événement historique point 2 ? A coup sur, une machine à cash, car quelle idéologie et aspiration eut motivé ce « revival » du peace & love ? D’ailleurs, les artistes pressentis ont été payés d’avance, et comme tout est annulé, ils garderont leur cachet ; L’organisateur a proposé qu’ils versent 10% à une association... Qui attend encore. Et puis, Beyoncé, Jay-Z, Miley Cyrus, vus dans leurs clips sur MTV « ça le fait  », mais, là, au milieu d’un champ d’herbe (qui se fume ?), sous la pluie, la gadoue, l’odeur de merguez, ben « ça le fait pas »... Et puis, toutes ces normes de sécurité, sans compter les prix délirants des billets, les exigences des stars, les retransmissions du barnum, les contrats longs comme le bras, fait que le showbiz s’est lui-même sabordé, pourtant il n’y a pas de meilleur business comme le show-business. Ce n’est plus qu’un truc parmi tant d’autres qui est là pour engranger des pépettes et ne fait plus rêver... Prenez vos rêves pour des réalité qu’ils disaient. L’esprit Woodstock est bien mort et tous ces jeunes gens à l’époque pétris d’idéaux, sont à l’heure de leurs 70 ans devenus des petits vieux peureux, content en comptant leurs sous... Hargggg ! La vie, quelle bitch !

Woodstock... Capote, car kaput ! 

Georges Zeter/août 2019

Beaucoup d’infos pour cet article viennent de wikipedia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Festival_de_Woodstock

L'histoire de Woodstock en 4,18 minutes

 

 

 

 

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