LA GOUVERNANCE DES PEUPLES

NON CELLE DES ETATS/NATIONS

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A propos de :

L’URUGUAY

 

 

L’Uruguay, officiellement República Oriental del Uruguay, est un pays d’Amérique du Sud situé au sud du Brésil et à l’est de l’Argentine, dont il est séparé par le fleuve Uruguay qui lui a donné son nom. L'Uruguay a une superficie totale de 176 220 km² pour une population de 3 477 770 habitants.

La langue nationale est le castillan, fortement influencée par le rioplatense et par le portugais, d'ailleurs à la frontière avec le Brésil, les locaux parlent un Portunhol (ou Portuñol) riverense, mélange de portugais et de castillan. L'Uruguay a donné au portugais un statut égal à l'espagnol/castillan dans son système éducatif le long de la frontière nord avec le Brésil1. Dans le reste du pays, il est enseigné comme une matière obligatoire à compter de la 6.
Sa capitale est Montevideo, qui est également la plus grande ville du pays avec près de 1 500 000 habitants. Elle est considérée comme la ville d'Amérique Latine où la qualité de vie est la plus élevée, et fait partie des 30 villes les plus sûres du monde.
L'Uruguay est le pays le plus proche culturellement de l'Argentine, pays frère pour beaucoup d'Uruguayens. Le mode de vie européen y est bien plus développé que dans les autres pays latino-américains.
La monnaie nationale est le peso uruguayen.

Histoire

L'histoire de ce pays commence réellement avec celle du peuple Guaraní et des Charrúas. Ces derniers étaient le groupement le plus nombreux et le plus organisé. Jugés inassimilables, leur annihilation fut décidée peu après la déclaration d'indépendance du pays vers 1830.
En 1516, les Espagnols découvrent le territoire mais le délaissent au départ du fait de la faiblesse de ses ressources naturelles.
La menace causée par l'expansion des Portugais conduit les Conquistadores à édifier la ville fortifiée de Montevideo en 1726 et à coloniser le pays.

Le début du XIXe siècle vit l'émergence de mouvements indépendantistes un peu partout en Amérique du Sud, y compris en Uruguay — désigné alors sous le nom de Banda Oriental, c'est-à-dire «Région orientale»). Entre 1811 et 1817, le héros national de l'indépendance, José Gervasio Artigas, organisa les Orientaux dans le but d'obtenir l'indépendance des Provincias Unidas del Rio de la Plata — actuellement, une bonne partie de l'Argentine et l'Uruguay).
À la suite de trahisons et de multiples disputes entre les leaders locaux, les victoires initiales se transformèrent en défaites, et Artigas — suivi de dizaines de milliers de personnes — dut se réfugier en dehors de la Banda Oriental, puis s'exiler au Paraguay, d'où il ne revint jamais.

Le contrôle du territoire uruguayen fit l'objet d'un conflit entre les deux États naissants de l'Argentine et du Brésil : ce dernier finit par annexer la région en 1821 et la baptisa « Provincia Cisplatina ». Mais le 19 avril 1825, le groupe nationaliste Treinta y Tres Orientales (« les trente-trois Orientaux » en espagnol) conduit par Juan Antonio Lavalleja débarqua sur la plage de La Agraciada et commença la guerre d'indépendance contre le Brésil. Cette guerre se termina le 28 août 1828 par le Traité de Montevideo (1828). La première constitution de l'Uruguay fut signée le 18 juillet 1830.

Entre 1839 et 1851, l'Uruguay connut une guerre civile nommée «Grande Guerre» durant laquelle les Colorados, partisans de Fructuoso Rivera, et les Blancos, partisans de Manuel Oribe, s'affrontèrent. Les Colorados finirent par l'emporter. À la fin du siècle, le pays participa à la guerre de la Triple Alliance contre le Paraguay.

De 1903 à 1920, l'Uruguay connut une période de prospérité sous la présidence de José Batlle y Ordóñez et fut surnommé la «Suisse de l'Amérique» (Suiza de América); le secret bancaire et le blanchiment d'argent qui s'y pratiquait n'était pas étranger non plus à ce qualificatif. L'ère Batlle donna son nom au «battlisme». L'Uruguay fut ensuite touché par la crise de 1929, ce qui provoqua le coup d'Etat, en 1933, de Gabriel Terra, et n'en sortit vraiment qu'à partir de 1950. Le pays renoua alors partiellement avec une prospérité qui rappela l'ère Batlle, tandis qu'en 1952, un Conseil national du gouvernement (direction collégiale de l'exécutif) fut mis en place.


À partir de 1959, l'Uruguay fut frappé de plein fouet par une nouvelle crise, d'abord économique et sociale, puis politique. Le Conseil national du gouvernement fut abrogé, et en décembre 1967, le vice-président Jorge Pacheco Areco accéda à la présidence, son prédécesseur étant mort quelques mois après avoir pris ses fonctions. L'inflation, qui dépasse les 100% annuels, est ramenée par Pacheco à 20%, qui établit un contrôle strict et pointilleux des salaires et des prix. Par ailleurs, pour faire face au mouvement social et syndical, Pacheco interdit plusieurs partis de gauche et promulgue des mesures de sécurité, les medidas prontas de seguridad (es) à partir de juin 1968, l'Uruguay étant alors influencé par le mai 68 parisien. Sans cesse renouvelées avec l'accord du Parlement, ces mesures se transforment en état d'exception durable, avec l'application de la censure et des détentions sans inculpation, tandis qu'une guérilla urbaine, les Tupamaros, commence à se faire connaître avec la prise de Pando d'octobre 1969.

La gauche met en place un Front large en vue des élections générales de 1971, afin de défier les deux partis traditionnels, blancos et colorados. Présidé par le général Líber Seregni, démissionnaire du gouvernement Pacheco, celui-ci rassemble du Parti démocrate chrétien au Parti communiste, en passant par des dissidents blancos et colorados, dont Zelmar Michelini. Pour réprimer la gauche, des communistes aux socialistes, le gouvernement Pacheco sponsorise des escadrons de la mort, lesquels tentent d'assassiner le général Seregni, tandis que la police commence à faire un large usage de la torture.

En novembre 1971, les élections sont remportées de justesse, dans un contexte de fraudes importantes, par le dauphin de Pacheco, Juan María Bordaberry. Celui-ci démantèle l'appareil de contrôle de l'économie mis en place par Pacheco, au risque de faire remonter l'inflation à un taux annuel de 100%. La montée en puissance de l'armée se poursuit, tandis que l'«état de guerre interne» est voté après l'assassinat, par les Tupamaros, du sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Armando Costa y Lara, qui dirigeait les escadrons de la mort. En février 1973, après l'échec d'une tentative de reprise en main de celle-ci par Bordaberry, elle lui impose le Pacte de Boiso Lanza, qui établit un Conseil de sécurité nationale partageant, de fait, le pouvoir avec lui. Le processus débouche finalement sur le coup d'Etat du 27 juin 1973, Bordaberry restant en place mais sous étroite surveillance de l'armée, tandis que les partis politiques sont dissous.

La dictature militaire dissout les partis politiques et suspend la Constitution, et bat des records mondiaux de répression en emprisonnant un habitant sur 450. Participant à l'opération Condor dès avant sa création officielle en 1975, les escadrons de la mort pourchassent les opposants, y compris hors des frontières (notamment en Argentine, où sont assassinés, en mai 1976, les parlementaires Michelini et Héctor Gutiérrez Ruiz, ainsi qu'un couple de Tupamaros et un communiste).

L'échec de la dictature, entériné par le refus massif de la population lors du plébiscite de 1980 sur la réforme constitutionnelle visant à entériner la dictature, aboutit à une transition démocratique qui n'aboutit qu'avec les élections de 1984 et la libération des prisonniers politiques en 1985. L'armée continua toutefois à surveiller étroitement la scène politique jusqu'aux années 2000, tandis que les gouvernements civils élus, blanco (Luis Alberto Lacalle, 1990-1995) et colorado (Julio María Sanguinetti, 1985-1990 et 1995-2000), mettaient en place une politique néolibérale, bientôt inspirée du «consensus de Washington». L'une des principales réalisations de la période qui suivit fut le rapprochement de l'Uruguay avec ses voisins pour former le Mercosur. Ces échanges ont amené l'espoir pour le pays d'un retour à la prospérité dans un futur proche, déçus par la crise bancaire de 2002 provoquée par la crise argentine.

Après le gouvernement libéral de Batlle (2000-2005), les élections de 2004 marquèrent, pour la première fois, la victoire de la gauche, le Front large remportant massivement celles-ci, conduisant son candidat présidentiel, le socialiste Tabaré Vázquez, à assumer la présidence (2005-2010). Formant un gouvernement avec une majorité de socialistes, mais incluant d'ex-Tupamaros, réunis au sein du Mouvement de participation populaire (MPP), dont José Mujica et Eduardo Bonomi, Vázquez parvient à faire baisser de façon importante la dette, tout en augmentant les salaires minimums et en faisant baisser le chômage et la pauvreté.
L'Uruguay connaît alors des taux de croissance à 10%, qui baissent subitement en 2009, sous l'influence de la crise mondiale. Les élections générales de 2009 sont à nouveau remportées par le Front large, qui remporte une majorité absolue dans les deux chambres. Le MPP se confirme comme la force politique la plus importante de celui-ci, l'ex-Tupamara Lucía Topolansky étant la sénatrice élue avec le plus de voix. Son mari, José Mujica, est élu président.

 

 

Les anciens présidents de l’Uruguay ont publié une déclaration commune exprimant leur solidarité avec le peuple arménien


« MARMARA », Istanbul le 1 er novembre 2020 : Les anciens présidents de l’Uruguay Julio María Sanguinetti (1995-2000), Luis Alberto Lacalle de Herrera (1990-1995), Tabaré Vázquez (2005-2010, 2015-2020) et José Mujica (2010-2015) ont publié une déclaration commune exprimant leur solidarité avec le peuple arménien.

Leur communiqué indique : « À l’occasion des terribles événements qui se déroulent au sud du Caucase, nous exprimons notre solidarité historique au peuple arménien et notre souhait de reprendre immédiatement les pourparlers visant à parvenir au cessez-le-feu, à la paix, ainsi qu’à une solution durable à ce conflit »

par Stéphane le dimanche 1er novembre 2020
© armenews.com 2020

 

José Mujica

 

José Mujica serait en tête au second tour en Uruguay avec 51,2%


Conrado Hornos, version française Jean-Loup Fiévet

 

Reuters - 29/11/9 - L'ancien guérillero José Mujica, emprisonné pendant 14 ans sous la dictature militaire, est arrivé en tête du second tour de l'élection présidentielle disputé dimanche en Uruguay avec 51,2%, indique une projection réalisée l'institut Factum.

Cet homme de 74 ans, ancien Tupamaros dans les années 1960 et 1970, devance son rival de centre droit, l'ex-président Luis Lacalle, selon cette projection.

Lors du premier tour le 26 octobre, Mujica était arrivé largement en tête avec 48% des suffrages contre 29% à Lacalle.

 

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L'ancien guérillero José "Pepe" Mujica remporte la présidentielle en Uruguay,

selon des sondages sortie des urnes

Par Michael Warren


AP - 30/11/9 - L'ancien guérillero José "Pepe" Mujica, qui a passé près de 15 années en prison sous la dictature militaire, a remporté l'élection présidentielle dimanche en Uruguay, selon des sondages sortie des urnes.

Il s'est imposé avec un peu plus de 50% des suffrages, selon des sondages sortie des urnes des trois principaux instituts du pays.

Candidat du Frente Amplio, coalition de gauche au pouvoir en Uruguay, il affrontait au deuxième tour de l'élection le candidat du Parti national (droite), l'ancien président libéral Luis Alberto Lacalle, qui aurait obtenu 45% ou 46% des suffrages.

Luis A. Lacalle, 68 ans, agitait la menace d'une radicalisation socialiste en cas de victoire de son adversaire, M. Mujica, qui était donné favori. Les derniers sondages accordaient une avance de 7 à 9 points à José Mujica, âgé de 74 ans, pour succéder à Tabaré Vazquez, premier président de gauche du pays élu voilà cinq ans.

Le 26 octobre dernier, au premier tour de ce scrutin couplé à des élections législatives, M. Mujica avait obtenu 49% des voix, contre 29% pour le candidat du Parti national. Malgré le report attendu des voix du parti de droite Colorado, arrivé troisième du premier tour, ce retard semblait insurmontable pour M. Lacalle.

José Mujica a affirmé qu'il assurerait la continuité de la politique du président actuel, Tabaré Vazquez, et qu'il travaillerait à unifier l'Amérique latine.

Quelques heures avant l'ouverture des bureaux de vote, José Mujica a souligné que "gagner le scrutin ne signifie pas détenir la vérité absolue" et il a souhaité faire tout son possible pour éviter de créer une atmosphère de divisions et tension. Il a assuré qu'il privilégierait la négociation et le dialogue, disant tirer son inspiration du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

M. Lacalle a regretté que les gouvernements argentin, brésilien et vénézuélien aient ouvertement manifesté leur sympathie pour son adversaire. "Même les membres du parti au pouvoir devraient avoir honte de cette intervention, parce que personne ne va dire aux Uruguayens comment voter", a-t-il déclaré.

Le Parti national a partagé le pouvoir avec le Parti Colorado pendant 150 ans. Mais il y a cinq ans, le Frente Amplio, une coalition de gauche, est parvenu à rassembler suffisamment de factions de gauche pour donner la victoire à Tabaré Vazquez.

Si la victoire de M. Mujica est confirmée, il le devra en grande partie à M. Vazquez, un oncologue marxiste et ancien maire de Montevideo qui a imposé un impôt progressif sur le revenu, dont il a utilisé les recettes supplémentaires pour faire baisser le chômage et la pauvreté et fournir un accès égal aux services de santé pour les jeunes de moins de 18 ans. Ces mesures ont aussi contribué à la croissance de 1,9% de l'économie uruguayenne cette année, alors que beaucoup d'autres économies étaient en recul.

M. Lacalle, au contraire, a été un champion des privatisations pendant son mandat à la tête du pays, entre 1990 et 1995. Dans son programme, cette fois, il avait annoncé son intention de supprimer l'impôt sur le revenu. Mais il a aussi reconnu les réussites de M. Vazquez, affirmant qu'il ne ferait pas de changements majeurs dans sa politique économique.

M. Mujica est le co-fondateur des Tupamaros, un des nombreux mouvements rebelles gauchistes d'Amérique latine inspirés par la révolution cubaine dans les années 1960. Reconnu coupable du meurtre d'un policier en 1971, il a subi des tortures et connu les cellules d'isolement pendant les près de 15 années qu'il a passées en prison.

Il a affirmé que ces années passées derrière les barreaux lui avaient fait perdre ses illusions concernant l'instauration de changements sociaux durables par le biais de la révolution armée. A sa sortie de prison, il a contribué à transformer la guérilla en un mouvement politique légitime. AP

L’Uruguay rejette la corporatocratie mondiale

 

Par Don Quijones


Mondialisation.ca - 9/11/15 - Cette décision historique n’a rencontré aucun écho dans les médias.

Souvent désigné comme la Suisse de l’Amérique du Sud, l’Uruguay a, de longue date, l’habitude de faire les choses à sa façon. Il a été le premier état-providence d’Amérique latine. Il dispose également d’une importante classe moyenne, ce qui est inhabituel dans cette partie du monde ; et on y trouve pas d’importantes inégalités de revenu, contrairement à ses très grands voisins du nord et de l’ouest : le Brésil et l’Argentine.

Il y a deux ans, durant le mandat du président José Mujica, l’Uruguay a été le premier pays à légaliser la marijuana en Amérique latine, un continent déchiré par le trafic de drogue qui engendre violence et corruption de l’État.

Aujourd’hui, l’Uruguay a fait quelque chose qu’aucun autre pays neutre de cette planète n’avait osé faire : il a rejeté les avances de la corporatocratie mondiale.

Le traité dont on ne prononce pas le nom

Au début de ce mois, le gouvernement de l’Uruguay a décidé de mettre fin à sa participation aux négociations secrètes relatives à l’accord sur le commerce des services (TISA pour Trade In Service Agreement). Après plusieurs mois de pression exercée par les syndicats et d’autres mouvements populaires, avec un point d’orgue lors de la grève générale sur ce sujet, la première de ce genre au monde, le président uruguayen Tabare Vazquez s’est incliné face à l’opinion publique et a abandonné l’accord commercial voulu par les États-Unis.

Bien qu’elle soit, ou plutôt parce qu’elle est symboliquement importante, la décision historique de l’Uruguay a été accueillie par un silence assourdissant. Au-delà des frontières du pays, les grands médias ont refusé d’évoquer ce sujet.

Ce n’est pas vraiment une surprise étant donné que le commun des mortels n’est même pas supposé connaître l’existence du TISA ; bien qu’il soit, ou plutôt, une fois encore, parce qu’il est sans doute le plus important volet de la nouvelle vague d’accords commerciaux internationaux. Selon Wikileaks, il s’agit «de la plus grande composante du trio de traités “commerciaux” stratégiques des États-Unis», trio qui inclut également le Partenariat TransPacifique (Trans Pacific Partnership ou TPP) et le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TransAtlantic Trade and Investment Pact (TTIP).

Le TiSA concerne plus de pays que le TTIP et le TPP réunis : les États-Unis et les 28 pays membres de l’Union Européenne, l’Australie, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa-Rica, Hong-Kong, l’Islande, Israël, le Japon, le Liechtenstein, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Pakistan, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la Corée du Sud, la Suisse, Taiwan et la Turquie.

Ensemble, ces 52 pays forment le groupe joliment nommé des “Très Bons Amis de l’accord sur les Services” qui représente quasiment 70% du commerce mondial des services. Jusqu’à sa récente volte-face, l’Uruguay était censé être le 53e “Bon Ami”.

TiSA Trailer

Ces deux dernières années TiSA a pris forme à l’abri des portes hermétiquement closes de lieux hautement sécurisés partout dans le monde. Selon le texte provisoire de l’accord, le document est censé rester confidentiel et hors de vue de l’opinion publique pour au moins cinq ans après sa signature. Même l’Organisation Mondiale du Commerce a été écartée des négociations.

Mais grâce aux sites lanceurs d’alertes comme Wikileaks, les lanceurs d’alerte associés Press et Filtrala, des éléments cruciaux ont été dévoilés. Voici un bref aperçu de ce qui est connu à ce jour (pour plus de détails, cliquer ici, ici et ici) :

1. Le Tisa verrouillerait la privatisation des services – même dans les cas où les services privés échoueraient dans leur mission – ce qui signifie que les gouvernements ne pourraient jamais ramener l’eau, la santé, l’éducation et les autres services dans le domaine public.

2. Le TiSA restreindrait le droit des gouvernements signataires à réglementer des normes plus strictes d’utilité publique. A titre d’exemple, les réglementations environnementales, les autorisations d’établissements de santé et des laboratoires, les centres de traitement des déchets, les centrales électriques, les accréditations d’écoles et d’universités ainsi que les licences de diffusion seront concernées.

3. Le TiSA limiterait la capacité des gouvernement à réguler l’industrie des services financiers, à un moment où l’économie globale a encore de la peine à se rétablir d’une crise ayant comme cause principale la dérégulation financière. Plus précisément, cet accord une fois signé aurait les conséquences suivantes :

Restreindre la capacité des gouvernements à instaurer des limites à la négociation des contrats dérivés – ces armes de destruction financière massives non régulées ont participé au déclenchement de la crise financière globale de 2007-2008.
Exclure toute nouvelle réglementation financière n’allant pas dans le sens de la déréglementation. Les états signataires s’accorderont à ne pas appliquer de nouvelles mesures de politique financière qui contrediraient, d’une manière ou d’une autre, les mesures de déréglementation prévues dans l’accord.
Interdire aux gouvernements nationaux de contrôler le capital pour prévenir ou atténuer les crises financières. Les textes qui ont fuité interdisent toute restriction des apports financiers – utilisés pour éviter les variations rapides des devises, les bulles spéculatives et d’autres problèmes macroéconomiques – ainsi que sur les sorties de capitaux, utilisés pour empêcher la fuite soudaine des capitaux en temps de crise.
Exiger l’acceptation de produits financiers encore à inventer. Malgré le rôle essentiel qu’ont joué dans la crise financière les produits financiers nouveaux et complexes, le TiSA exigerait que les gouvernements autorisent la vente de nouveaux produits et services financiers, incluant aussi ceux encore inconnus, sur leurs territoires.
4. Le TiSA se propose de bannir toute restriction à l’accès aux données des flux transfrontaliers et de bannir toute obligation de localisation dans le pays des fournisseurs de services numériques. Une proposition des négociateurs US éliminerait toutes les conditions de transfert des informations personnelles vers un pays tiers, conditions actuellement en place dans l’UE dans le cadre de lois protégeant les données. Autrement dit, les multinationales auraient carte blanche pour s’immiscer dans chaque moment de la vie privée et professionnelle des habitants d’environ un quart des 200 pays du monde.

Comme je l’ai écrit dans LEAKED : les négociations secrètes permettent à Big Brother de s’étendre sur la planète, Si le TiSA est signé dans son contenu actuel – et nous ne saurons pas ce qu’il contient exactement avant au moins cinq ans après sa signature – nos données personnelles seront négociées sur le marché sans que nous en ayons connaissance ; entreprises et gouvernements pourront les conserver aussi longtemps qu’ils le souhaitent et les utiliser dans n’importe quel but.

5. En conclusion, le TiSA (avec ses traités frères TPP et TTIP) mettrait en place un système global cherchant à imposer aux 52 gouvernements signataires un cadre rigide de “lois d’entreprises internationales” destiné à protéger exclusivement les intérêts des entreprises et les déchargeant des risques financiers de leurs responsabilités sociales et environnementales. En bref ce serait le dernier clou dans le cercueil déjà bien déglingué de la souveraineté nationale.

Un précédent dangereux

Compte tenu de sa petite taille (3,4 millions d’habitants) et de son influence géopolitique ou géoéconomique limitée, le retrait de l’Uruguay de TiSA est peu susceptible de bouleverser l’avancement du traité. Les gouvernements des principales nations commerçantes continueront leurs discussions à huis clos et loin des regards indiscrets de ceux qu’ils sont censés représenter. Le congrès américain a déjà donné à l’administration d’Obama le pouvoir d’accélérer l’approbation des accords de libre-échange comme TiSA tandis qu’il est attendu de la Commission Européenne qu’elle fasse tout ce que la corporatocratie exige.

Cependant, comme le souligne le rédacteur technologique Glyn Moody, la défection de l’Uruguay – comme le refus des Islandais d’assumer les dettes de ses banquiers voyous – est d’une énorme portée symbolique :

Celle-ci dit que, oui, il est possible de se retirer de négociations mondiales, et que ce soi-disant irréversible accord de marché, allant inexorablement de l’avant, peut être annulé. Cela crée un précédent important que d’autres nations commençant à douter du TiSA – ou peut-être du TPP – peuvent examiner, et peut-être même imiter.

Evidemment, les représentants des plus grandes corporations uruguayennes aimeraient en dire autrement. Cette décision du gouvernement, fondée sur « une discussion superficielle des implications du traité », a été l’une des plus grosses erreurs de ces dernières années, d’après Gabriel Oddone, un analyste de la firme de conseils financiers, CPA Ferrere.

Ce que Oddone omet soigneusement de dire, c’est que l’Uruguay est le seul pays au monde qui ait eu un débat public, superficiel ou non, à propos de TiSA et ses implications potentiellement révolutionnaires. Peut-être le temps du changement est-il venu ?

Don Quijones

Article original L Raging Bull Shit

Le “timing” n’aurait pu être plus mal choisi. Lire… Le Brésil s’apprêterait-il à couler la plus grande banque d’Espagne ?

Source : Wolf Street, le 22/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

La source originale de cet article est Wolf Street
Copyright © Don Quijones, Wolf Street, 2015

 

 

© Photo. Capture d'écran : Youtube

 

Le plus humble ex-président du monde

 

Sputnik - 8/2/16 - Si l'ancien Président de la République d’Uruguay est le plus pauvre de tous les autres ex-chefs d'Etats, ce n'est pas parce que son Etat l'a privé de moyens de subsistance.

Pauvre, l'ex-chef d'Etat José Mujica, 80 ans, ex-partisan, ascète, athée et végétarien, affectueusement surnommé par ses compatriotes “Pépé Mujica“, l'est devenu volontairement.

?M. Mujica, né d'une famille de paysans pauvres, a toujours voulu rester parmi les plus défavorisés, et s'il s'est engagé et a milité depuis son plus jeune âge, c'est justement pour défendre les plus pauvres et les opprimés.

A l'époque de sa présidence (entre 2010 et 2015), il a fait redistribuer 90% de son salaire à des associations caritatives.

Il vit dans une baraque de 45 mètres carrés avec sa femme Lucia et sa chienne handicapée, à trois pattes. Même une fois devenu président, il n'a jamais cessé de vivre dans cette baraque. Et pas question pour lui d'y renoncer pour les ors de la République et le Palais présidentiel. Trop luxueux à son goût, écrit le chroniqueur Pierre Martial.

?Dans les années 60, José Mujica était l’un des fondateurs du groupe emblématique des Tupamaros. Sortes de “Robin des Bois” uruguayens, les Tupamaros s'étaient donné pour mission de protéger le peuple et contenir la montée des paramilitaires qui voulaient faire la loi et prendre le pouvoir dans son pays.

En 1973, alors que la dictature militaire fait rage, il est fait “prisonnier-otage” par la junte et est emprisonné dans des conditions insoutenables. Il en sortira en 1985, à demi fou.

?Dès sa sortie de prison, l'ex-Tupamaro reprend le combat, un combat plus pacifique cette fois mais toujours aussi acharné et sans concession.

En 1994, il devient député. En 1999, il est élu sénateur et est réélu aux mêmes fonctions en 2004. Tout en continuant de travailler comme agriculteur.

Pendant sa présidence, il a réussi à développer considérablement l'économie de son pays. Il a pu faire de l'Uruguay agraire un Etat exportateur d’énergie et un endroit moins attirant pour les cartels de la drogue. Il a également légalisé les avortements et les mariages homosexuels. Sous la présidence de Mujica, l'Uruguay est devenu le premier pays à adopter des mesures visant à limiter la consommation de tabac, mais… il a aussi légalisé la marihuana.

Quand on lui demande ce que cela lui fait d'être l'ex-président le plus pauvre du monde, il hausse les épaules.

“Beaucoup de personnes sont pauvres, très pauvres, partout dans le monde. Moi, je ne suis pas pauvre, j'ai seulement décidé de vivre de manière modeste pour être plus près de ceux qui le sont. Je ne fais pas l'apologie de la pauvreté, mais celui du partage et de la sobriété“.

 

Lire la suite :

http://fr.sputniknews.com/insolite/20160208/1021565907/uruguay-le-plus-pauvre-president.html#ixzz3zlYGmXet

 

 

 

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