LA GOUVERNANCE DES PEUPLES ET DES CITOYENS

NON CELLE DES ETATS/NATIONS

*

A propos de :

LA THAÏLANDE

*

 

Annulation du sommet asiatique à Pattaya en Thaïlande

Par Bill Tarrant

Reuters - 11/4/9- Le sommet asiatique qui devait se tenir ce week-end à Pattaya, dans le sud de la Thaïlande, a été annulé en raison de violentes manifestations antigouvernementales et l'état d'urgence a été imposé pendant quelques heures dans la cité balnéaire.

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a déclaré à la télévision que sa priorité était d'assurer la sécurité des dirigeants venus à Pattaya afin qu'"ils puissent rentrer chez eux sans encombre".

La moitié environ des dirigeants asiatiques ont dû être évacués de la ville par hélicoptère, a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Tharit Charungvat.

Les représentants de 16 pays devaient participer samedi et dimanche à cette réunion - les dix pays de l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est), la Chine, le Japon, l'Inde, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

L'état d'urgence, décrété par Abhisit dans la station balnéaire, a été levé dans la journée après le départ des dirigeants gouvernementaux.

Ces incidents viennent encore souligner l'instabilité politique en Thaïlande, où quatre Premiers ministres se sont succédé en quinze mois, au rythme de manifestations monstres.

Des centaines de "chemises rouges", militants de l'opposition qui multiplient leurs actions pour obtenir la démission d'Abhisit, ont réussi samedi à franchir les cordons de policiers près de l'hôtel Royal Cliff Beach Resort, où se trouvaient plusieurs dirigeants, et ont envahi la salle de presse du sommet.

Une fenêtre a volé en éclats et des violents affrontements ont opposé les policiers aux manifestants, partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui agitaient des drapeaux et hurlaient des slogans contre le gouvernement.

Les policiers se sont dégagés de la mêlée pour se regrouper le long de la route conduisant à l'hôtel afin de protéger les leaders présents.

Après avoir saccagé la salle de presse, les "chemises rouges" - parmi lesquelles une vieille dame de 90 ans dans un fauteuil roulant - ont tenu des conférences de presse improvisées avec les journalistes, dénonçant la politique d'Abhisit dirigée selon eux "contre les pauvres".

RETOUR A BANGKOK DES "CHEMISES ROUGES"

Des "chemises bleues", partisans d'Abhisit, se sont également invités sur les lieux du sommet pour s'en prendre aux opposants. Les "chemises rouges" ont même accusé leurs adversaires d'avoir ouvert le feu sur eux.

Les partisans de Thaksin ont ensuite déserté la station balnéaire, réputée pour sa vie nocturne, pour regagner la capitale, qui fête le Nouvel An thaï, afin d'y reprendre les manifestations.

"Nous partons pour Government House (NDLR: siège du gouvernement, dans la capitale) afin de poursuivre la lutte", a expliqué l'une des "chemises rouges", Kittisak Chimplewanasom. "Nous avons gagné cette fois-ci en montrant à l'Asean que nous voulons pas de ce Premier ministre".

Les ministres des Affaires étrangères chinois, japonais et sud-coréen avaient déjà dû annuler en début de journée une rencontre trilatérale sous la pression de manifestants.

Le ministre japonais Hirofumi Nakasone n'avait pu accéder au lieu de la rencontre, proche de son hôtel et avait dû joindre ses deux homologues par téléphone. La réunion devait être consacrée à la Corée du Nord.

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a déploré l'annulation du sommet, au cours duquel les pays de l'Asean devaient signer un accord d'investissements avec la Chine.

"J'espère que la Thaïlande va retrouver bientôt une situation normale, en réglant les désaccords par le dialogue et des moyens pacifiques", a-t-il dit.

Vendredi, les forces de l'ordre thaïlandaises avaient repoussé les opposants lorsqu'ils avaient voulu pénétrer dans le Royal Cliff Beach Resort. Les manifestants avaient été autorisés à remettre une lettre à un officiel.

Ces derniers demandent la démission du Premier ministre, jugeant que son accession au pouvoir en décembre s'est faite à la faveur de défections parlementaires orchestrées, selon eux, par l'armée.

Ils soutiennent l'ancien chef du gouvernement Thaksin, renversé par un putsch en 2006 et qui vit aujourd'hui en exil.

Mercredi, quelque 100.000 "chemises rouges" s'étaient massées autour du bureau d'Abhisit à Bangkok et avaient dressé des barrages dans les rues.

Avec le bureau de Bangkok, version française Jean-Stéphane Brosse, Guy Kerivel et Jean-Loup Fiévet

 

RETOUR A PEUPLES-UNIS