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Législatives Pays-Bas : les conservateurs en tête, percée des anti-libéraux

Par Frédéric BICHON

 

LA HAYE (AFP) - 22/11/6 - Le parti chrétien-démocrate (CDA) du Premier ministre sortant Jan Peter Balkenende était en tête des législatives de mercredi aux Pays-Bas marquées par une percée de l'extrême gauche, et devrait prendre la tête d'une quatrième coalition, selon des résultats partiels.
"Nous sommes encore une fois le premier parti (...) Quatre années d'effort sont récompensées, et cela me rend fier", a déclaré M. Balkenende.

"Les résultats électoraux sont compliqués", a-t-il toutefois admis en prévoyant un "casse-tête".
Selon des résultats portant sur 83% des suffrages, les conservateurs ne parviendraient pas seuls à former de coalition. Les négociations durent traditionnellement des semaines voire des mois.

Une "grande coalition" chrétiens-democrates/travaillistes (PvdA), le type de gouvernement le plus fréquent aux Pays-Bas depuis la guerre, n'était mathématiquement pas acquise. Le petit parti Union chrétienne (6 sièges selon les résultats partiels) a déjà évoqué un gouvernement à trois avec le CDA et le PvdA.
"C'est le chaos", a commenté le ministre sortant des Finances Gerrit Zalm (parti libéral VVD), estimant que "le parti anarchiste" avait gagné.

Quelque 12 millions d'électeurs néerlandais renouvelaient leurs 150 députés, et le CDA de M. Balkenende était favori des sondages.
Selon ces résultats partiels, le CDA remporterait 41 sièges de députés, soit une perte de 3 sièges par rapport aux législatives de 2003. Le PvdA obtiendrait 33 sièges, soit une perte de 9 sièges.

Jan Peter Balkenende, un calviniste de 50 ans à l'allure rassurante qui lui vaut le surnom d'Harry Potter, a infligé au pays une cure d'austérité qui l'a fait un temps plonger dans les sondages mais semble porter ses fruits. Les indices économiques sont aujourd'hui au vert, avec notamment un chômage de 5,2% (juillet-octobre) et une prévision de croissance de 3,5%.

Le travailliste Wouter Bos, 43 ans, un ancien cadre supérieur de Shell, fut ministre délégué aux Finances de 2000 à 2002. Son physique avantageux et son aisance médiatique ont aidé le PvdA à enregistrer un score historique aux législatives de 2003 et aux dernières municipales, mais il souffrait d'un problème d'image : trop séduisant pour être tout à fait crédible, selon des enquêtes. Il a dit mercredi soir sa "déception".

La formation anti-libérale Parti socialiste (SP), aux lointaines racines maoïstes, a réalisé une percée spectaculaire avec 25 sièges, selon ces résultats partiels, contre 9 dans le parlement sortant.

Le SP a fait campagne contre les réformes économiques et sociales, contre la Constitution européenne en 2005, mais aussi contre les travaillistes qu'il accuse de complaisance à l'égard du libéralisme.

"Les Pays-Bas ont montré qu'ils voulaient un gouvernement plus social et plus humain", a commenté triomphalement le leader du SP, Jan Marijnissen, 54 ans, un ancien ouvrier et syndicaliste qui est une des figures politiques les plus populaires du royaume.

Les partenaires du CDA dans la coalition sortante, les libéraux du VVD, dont l'égérie est la controversée et populaire ministre de l'Immigration Rita Verdonk, n'auraient que 22 députés (- 6).

La brève campagne a été axée sur les question socio-économiques. L'immigration, l'intégration et les tensions intercommunautaires, des sujets qui ont alimenté les débats après le meurtre du leader populiste Pim Fortuyn en 2002 et l'assassinat du cinéaste Theo van Gogh par un jeune Musulman radical en 2004, ont été largement absents.

Les principaux partis s'accordent pour restreindre l'immigration comme l'a fait Mme Verdonk, et pour continuer à libéraliser l'économie.

Parmi les partis populistes, seul le Parti de la liberté de Geert Wilders, ex-député VVD qui siégeait seul dans le parlement sortant, pourrait peser sur le prochain gouvernement avec 9 sièges, selon les résultats partiels.

Conformément à la Constitution, M. Balkenende a remis dans la journée la démission de son gouvernement à la reine Beatrix, qui a chargé le cabinet sortant de gérer les affaires courantes.

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Jan Peter Balkenende

Bien cravaté, en signe de son allégeance à la S.I.C. !


Pays-Bas : aucune majorité majorité claire ne se dégage des résultats partiels

AMSTERDAM (AP) - 23/11/6 - Les démocrates-chrétiens du Premier ministre néerlandais sortant Jan Balkenende arrivent devant le Parti du travail de centre gauche à l'issue des législatives de mercredi, mais les résultats partiels semblent indiquer que ni la coalition gouvernementale sortante ni les partis de gauche ne sont en position de construire une majorité claire.

Les Néerlandais semblent n'avoir pas réussi à choisir entre la poursuite du durcissement actuel de la politique à l'égard des immigrés préconisée par la coalition sortante de centre-droit, ou le léger assouplissement proposé par l'opposition de gauche. Les résultats laissent présager de longues semaines de difficiles négociations pour la constitution d'une coalition.

Sur la base du dépouillement de 94% des bulletins, la télévision publique NOS attribuait environ 41 sièges à l'Appel chrétien-démocrate (CDA) de Balkenende et 32 à son principal rival, le Parti du travail (PvdA, social-démocrate), alors que la majorité est à 76 sièges.

Le vainqueur du scrutin semble être le Parti socialiste de gauche, arrivé troisième avec 26 sièges, contre neuf dans le Parlement sortant. "Nous pensions doubler le nombre de nos sièges, mais c'est absolument fantastique", a commenté la députée Agnes Kant, qui s'est dite "fière que les Pays-Bas souhaitent aller vers la gauche."

Le Parti populaire pour la liberté (VVD, droite), qui participait au gouvernement minoritaire au pouvoir depuis juin, obtiendrait 22 voix. Le Parti de la Liberté de Geert Wilders, très à droite et très ferme contre l'immigration, est crédité de neuf sièges, contre un seul dans le Parlement sortant.

Même dans l'hypothèse d'une "grande coalition", il faudra dans ces conditions qu'au moins trois partis s'accordent pour former un gouvernement. Celui-ci semble déjà condamné à la fragilité et pourrait bien ne pas tenir pendant les quatre années du mandat des nouveaux députés.

Malgré ce résultat difficile, Jan Balkenende a affirmé qu'il entendait "construire à partir des fondations que nous avons posées". Il a reconnu que la situation était "difficile" et que les négociations à venir demanderaient de la "persévérance". "Si les sondages sont justes, je suis très heureuse parce que nous sommes toujours le parti le plus important", avait lancé la présidente du CDA, Marja van Bijsterveld, plus tôt dans la soirée.

"Le casse-tête peut être résolu de différentes manières", a affirmé Nebahat Albayrak, numéro deux de la liste du Parti du travail. "Ce qui est clair, c'est que ce gouvernement n'a pas de mandat pour continuer", s'est félicité Michiel van Hulten, qui a dirigé la campagne du parti. "C'est une bonne nouvelle. Les Pays-Bas ont choisi le changement."

Du côté des petits partis, on note l'arrivée au Parlement, inédite en Europe, d'un parti défendant les droits des animaux, qui obtiendrait deux voix.

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Pays-Bas : un parlement atomisé issu des législatives

Par Alix RIJCKAERT

LA HAYE (AFP) - 23/11/6 - Les législatives de mercredi aux Pays-Bas ont créé un parlement atomisé où les extrêmes, singulièrement de gauche, entrent en force, laissant augurer des négociations de coalition encore plus compliquées que d'habitude, estimaient jeudi la plupart des analystes.
Dès mercredi soir, le Premier ministre chrétien-démocrate sortant et victorieux Jan Peter Balkenende, évoquait un "casse-tête" et "des résultats (...) compliqués".

Son rival travailliste (PvdA) Wouter Bos, attaqué sur sa gauche par un spectaculaire Parti socialiste (SP, extrême gauche), est "dépité", selon le quotidien NRC Next. Le PvdA a perdu 10 sièges au parlement par rapport à 2003, à 32 députés (21,2% des suffrages).
Les titres de la presse étaient sans appel : "émiettement dans un pays polarisé", titrait NRC Next. "Les électeurs fuient le centre", renchérissait le quotidien chrétien Trouw. C'est un "chaos", avait estimé mercredi soir l'ancien ministre des Finances Gerrit Zalm, dont le parti libéral VVD a laissé six sièges dans la bataille, perdant du même coup l'opportunité de redevenir partenaire de coalition des chrétiens-démocrates du CDA.

Selon des résultats complets provisoires, dix partis seront représentés au parlement, dominé par le CDA avec 41 sièges (26,6% des suffrages), contre 44 en 2003. Les négociations pour la formation d'un gouvernement de coalition durent traditionnellement des semaines voire des mois. Mais pour Paul Scheffer, politologue à l'Université d'Amsterdam et membre du PvdA, les négociations de coalition "ne seront pas si compliquées que cela".

"Le CDA et le PvdA vont former une +grande coalition+ et s'allier avec un troisième parti, les Verts ou l'Union chrétienne", a-t-il assuré à l'AFP. Ce petit parti chrétien aux fortes valeurs sociales et environnementales (4% des votes, soit 6 sièges) s'est déjà déclaré partant. Grand gagnant, le SP, un parti aux lointaines racines maoïstes qui avait efficacement mené campagne contre la Constitution européenne au printemps 2005, jubilait de sa percée spectaculaire, avec 16,6% des suffrages qui lui donnent 26 députés (+ 17).

"Nous allons faire en sorte que les Pays-Bas deviennent plus humains et sociaux", a promis à l'annonce des résultats Jan Marijnissen, son leader charismatique depuis 1989. "Le PvdA ne peut nier que le SP est devenu l'aimant du mécontentement social", estimait Het Financieele Dagblad, le quotidien du monde des affaires. Pour l'éditorialiste du Volkskrant (gauche), "la victoire est chez ceux qui ont mené la politique d'opposition la plus reconnaissable (...) Ce n'est pas un hasard si ce sont aussi les partis qui l'an dernier ont mené une campagne fructueuse contre la Constitution européenne".

Très à droite, le parti de la liberté du député populiste Geert Wilders, solitaire dans le parlement précédent, a raflé 5,9% des voix et aura 9 sièges. M. Wilders avait lui aussi fait campagne contre la Constitution européenne, et il est à l'origine du projet de loi exigeant l'interdiction du port de la burqa en public annoncé par le gouvernement sortant. Pendant sa campagne, il a plusieurs fois dénoncé un "tsunami d'islamisation".

Reste que la reconduction attendue de M. Balkenende confirmait "la règle historique qu'un Premier ministre en place avec le vent économique en poupe ne peut être battu", selon Het Algemeen Dagblad. Et la situation ne semblait pas inquiéter les milieux des affaires jeudi matin: la Bourse d'Amsterdam a ouvert inchangée.

Jeudi, la reine Beatrix, chef de l'Etat, devait recevoir ses conseillers politiques, et rencontrer vendredi les chefs de partis. Au vu de ces discussions, elle nommera un "informateur" chargé de négocier un programme de coalition.

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