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II - COMMUNIQUER LIBREMENT

A L’ÉCHELLE PLANÉTAIRE

DANS LE RESPECT DE LA VIE PRIVÉE

Voir aussi : Contre les sectes (médiatiques)

-

AFFAIRE DIEUDONNÉ

Voir le site Dieudosphere

 

Dieudonné condamné à 3.000 euros d'amende pour avoir diffamé Arthur !

PARIS (AFP) - 13/6/6 - L'humoriste Dieudonné a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Paris à 3.000 euros d'amende pour avoir diffamé l'animateur de télévision Arthur dont il avait déclaré qu'il finançait l'armée israélienne «qui n'hésite pas à tuer des enfants palestiniens».
La 17e chambre du tribunal, présidée par Nicolas Bonnal, a également condamné l'humoriste à payer à Arthur 1.500 euros de dommages-intérêts et 3.000 euros au titre des frais de justice.

Dans une interview au magazine culturel The Source publiée le 29 décembre 2003, Dieudonné avait mis en cause l'animateur de télévision dans des propos repris ultérieurement dans un article du Monde daté du 8 janvier 2004.

Selon l'article, Dieudonné avait déclaré : «Il faut savoir qu'Arthur avec sa société de production finance de manière très active l'armée israélienne (Tsahal, ndlr) qui n'hésite pas à tuer des enfants palestiniens.»

Suivant l'analyse qui avait été faite lors de l'audience, le 5 mai, par la procureur de la République, Béatrice Vautherin, le tribunal a considéré que la phrase incriminée devait être raccrochée au contexte du reste de l'interview dans laquelle Dieudonné évoquait l'action d'un lobby juif à la tête des médias qui risquait de lui fermer les portes des plateaux de télévision.

En affirmant ainsi qu'Arthur pouvait être soupçonné de faire "prévaloir ses solidarités confessionnelles sur toute autre considération professionnelle ou artistique, en abusant du pouvoir qui serait celui du lobby (...) entendu au sens de groupe de pression occulte et illégitime", Dieudonné "a porté atteinte à son honneur et à sa considération", a considéré le tribunal.

A propos de Pascal Sevran et Marc-Olivier Fogiel, voir le monde de l'odieux visuel (fichier pdf)

 

Déjeuner avec Dieudonné


Par David L’Epée


AGORAVOX - 25/9/8 - Jeudi midi. Repas dans un restaurant neuchâtelois avec Dieudonné M’Bala M’Bala, l’humoriste français bien connu, et son équipe. Le menu vaut le détour, mais les plats arrivent au compte-goutte. Le personnel, en effet, refuse d’abord de nous servir : Dieudonné n’est pas le bienvenu ici.
Cette petite grève du service donne, je crois, tout son sens au mot "infréquentable", ce qualificatif qui, depuis quelques années, est régulièrement associé au nom de celui qui n’hésite pas à se présenter comme la branche humoristique d’Al-Qaïda.
Enfin, un jeune serveur, qui préfère en rire que de se draper dans sa vertu offensée, vient à la rescousse de nos estomacs affamés et nous apporte soupe, pâtes et hachis parmentier. La froideur de ses collègues est inversement proportionnelle à celle du chauffeur de taxi qui nous a déposés devant le restaurant. Ils étaient plusieurs "candidats" à sautiller devant leurs taxis, aux portes de la gare, se disputant entre eux pour savoir qui aurait la chance de véhiculer l’humoriste. Une fois en route, une discussion enthousiaste s’est engagée avec le chauffeur, un Sénégalais d’une quarantaine d’années, qui, après avoir gratifié notre visiteur d’un cordial «Bienvenue en Suisse!», l’a assuré de son soutien dans toutes ses "affaires" et lui a certifié qu’ici la parole était beaucoup plus libre qu’en France. Puisse-t-il dire vrai… «Quand je dirai à ma femme et à mon fils qu’aujourd’hui j’ai transporté Dieudonné !...» s’est-il exclamé encore une fois en nous déposant à bon port. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opinion est divisée – et peu nombreux sont les indifférents.

Dieudonné joue ce soir dans la région son nouveau spectacle à l’énoncé programmatique : J’ai fait l’con. Unique date en Suisse jusqu’à cet hiver. Ayant un peu de temps avant la représentation, il a accepté de m’accorder un entretien de table à bâtons rompus. Devant un plat de tortellini, il évoque son village au Cameroun, sa mère qu’il aimerait bien envoyer se reposer en Afrique, et son petit dernier, Judas, qui, du haut de ses trois mois et demi, a déjà fait couler beaucoup d’encre dans la presse. «Je n’avais pas les moyens de me payer une campagne de promotion sur TF1, explique-t-il, alors j’ai laissé entendre aux médias que j’avais fait parrainer mon fils par Jean-Marie Le Pen; ça a suffi pour lancer mon spectacle.» De l’alter-marketing en quelque sorte.

Assis à côté de moi, le fameux Jacky, que les spectateurs fidèles de Dieudonné connaissent bien, mange en silence, comme pour reprendre des forces en vue de ce soir où il apparaîtra sur scène déguisé en juif traditionaliste, chapeau noir et papillotes au vent, imposant à l’artiste sa présence en vertu d’une nouvelle loi sur les quotas de minorités visibles… Je n’en dirai pas plus sur le nouveau spectacle, mais vous aurez compris rien qu’à cette pointe que, non, Dieudonné ne s’est pas assagi. «C’est ma façon à moi d’incarner l’esprit de résistance, explique-t-il, sautant sans crier gare de l’humour pince-sans-rire à la profession de foi. J’ai été élevé avec des écrivains comme Aimé Césaire et je compte bien continuer le combat.» Mais quel combat au juste ? «Le combat contre l’Empire.»

Ce combat-là, Dieudonné le connaît bien, lui qui a beaucoup voyagé à travers le monde à la rencontre des différentes poches de résistance qu’il admire et dont il se permet de faire l’apologie malgré la chape de plomb du politiquement correct. Ses yeux brillent lorsqu’il parle de ses virées en Amérique latine et dans le monde arabe. Venezuela, Palestine, Iran, Liban… D’abord un peu taciturne au début, sa langue se délie et ses souvenirs affluent : sa rencontre avec Hugo Chavez dans un hôtel de Damas – «un vrai homme de scène et un passionné de l’Afrique» – sa discussion avec des représentants de la République islamiste iranienne, ses entretiens avec le Hezbollah au lendemain des frappes israéliennes sur le pays des cèdres… Lorsqu’il parle avec chaleur et fascination de tous ces combattants de l’ombre qui, à travers le monde, luttent au quotidien contre la colonisation et les agressions impérialistes, Dieudonné a un petit quelque chose de Jacques Vergès, autre libre penseur, métis tout comme lui, qui avait lui aussi su faire fi des clivages partisans pour constituer ses réseaux.

En effet, outre le fait de fréquenter à l’étranger des groupements considérés comme terroristes par la machine à penser du système, Dieudonné se fait un point d’honneur, à l’intérieur même de la France, de traîner avec tous les moutons noirs désignés d’office à la vindicte médiatique : Jean-Marie Le Pen, Kemi Seba et ses "damnés de l’impérialisme", le polémiste Alain Soral, l’équipe de La Banlieue s’exprime, Thierry Meyssan et son sulfureux Réseau Voltaire, ou encore – comble de la provocation – des rabbins antisionistes avec qui il a ouvert un dialogue constructif et propre à dérouter la plume inquiète des grands éditorialistes. D’autres, par contre, lui ont refusé son amitié, comme le syndicaliste paysan José Bové, qu’il a soutenu aux élections présidentielles de 2007, ou Siné, le vieux dessinateur anarchiste viré de Charlie Hebdo pour avoir osé rappeler que la fiancée du fils Sarkozy était juive… Dommage, ces trois lascars-là auraient pu s’entendre si la nouvelle chasse aux sorcières n’avait pas obligé certains – survie télévisuelle oblige – à crier haro sur le baudet et à se désolidariser de son combat. Dieudonné est déçu, certes, mais il ne leur en veut pas: il sait ce que c’est que les pressions de l’establishment et il est conscient que la lâcheté est humaine. Seulement, lui a choisi une autre voie, celle de la libre-pensée et, sur cette route-là, mieux vaut marcher seul que mal accompagné. Seul ? Pas tant que ça. Diabolisé dans la jet-set, populaire dans la rue; voilà qui qualifierait bien le succès de Dieudonné, qui ne mâche pas ses mots et qui, suivant la longue tradition de l’humour français, n’épargne personne et ose rire de tous – Chinois, intellectuels, gauchistes, chefs d’Etat africains, colons israéliens, racistes, mollah musulmans, etc. – avec des plaisanteries souvent féroces, mais jamais haineuses.

Notre conversation se poursuit, toujours aussi librement, sur la question du conflit israélo-palestinien et son "exportation" en Occident. Dieudonné rappelle que la paranoïa à l’antisémitisme que l’on subit actuellement, comme tous les autres coups de pression du lobby-qui-n’existe-pas, vise à faire pression sur la France (entre autres) pour la faire entrer de gré ou de force dans le front atlantiste aux côtés d’Israël et des Etats-Unis.
«Les déclarations de Kouchner sur l’Iran ou la gestion catastrophique de la crise géorgienne montrent le tournant que veulent imprimer ces gens-là à la politique extérieure française.» Et l’invitation du président de la République au dîner du Crif (Conseil de représentation des institutions juives de France), est-ce l’accomplissement de cet alignement de l’Etat français sur la ligne atlantiste ?
«Non, répond Dieudonné, ils invitent Sarkozy à leur table, les apparences sont encore sauves. Ce qu’ils voudraient et ce à quoi on va finir par arriver, c’est Sarko en chemise de nuit servant le thé aux officiels du Crif. Histoire de montrer qui est vraiment le maître dans ce pays.»
Heureusement, il y a les autres, les insoumis, plus nombreux chaque jour, et c’est à eux qu’il faut tendre la main, d’où qu’ils viennent, ce que l’artiste s’attelle à faire depuis quelques années. L’alliance des outsiders et de la majorité silencieuse.

Les serveurs, de loin, tendent l’oreille et nous jettent de temps à autre des regards noirs. Qu’importe: le public répondra présent ce soir, une fois de plus, car la parole de Dieudonné, son rire caustique, sa remise à plat des préjugés, sa pratique du doute, rencontrent un écho grandissant chez beaucoup de gens, tous ces gens qui ont compris, souvent à leurs frais, qu’il fallait se méfier des vérités officielles

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Liberté d'expression : qui décide de ce qui peut se dire ?

Par Valérie Boyer

 

Députée UMP de Marseille

http://valerieboyer.blogspot.fr/

 

En matière d'expression publique, trois événements sans lien apparent sont venus clore l'année 2013, dessinant les tendances lourdes de l'incohérence du gouvernement actuel.

Le premier, sur lequel je souhaite obtenir des explications officielles, est la profanation de l'église de la Madeleine à Paris par le mouvement Femen importé d'Ukraine et se revendiquant féministe. Voilà que quelques jours avant Noël, une femme membre du mouvement s'immisce dans une messe, poitrine dénudée, mimant un avortement sur l'autel avec un morceau de viande à la main, dans l'objectif de faire « annuler Noël », insultant de ce fait des millions de chrétiens, dans l'indifférence générale et un silence politico-médiatique assourdissant.

Quelques jours plus tard, le ministre de l'intérieur annonce son intention de faire interdire les spectacles du très controversé Dieudonné par voie de circulaire au nom des limites à la liberté d'expression. Le maire de Marseille demande également, à juste titre, à la préfecture l'annulation du spectacle de Dieudonné au Silo.

Au nom de la liberté d'expression la plus effrénée, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) rend, à la mi-décembre 2013, un arrêt alarmant sur l'absence de «besoin social impérieux» de condamner le négationnisme du génocide des Arméniens. Tous les génocides, y compris ceux reconnus par la loi, ne seraient donc pas égaux selon la CEDH qui organise ainsi la concurrence des mémoires.

Entre ces trois événements, où est la cohérence en matière de liberté d'expression ? C'est qu'à l'heure actuelle, la cohérence n'est plus un critère de l'action gouvernementale. Qui décide aujourd'hui de l'admissibilité de l'expression publique et des limites à sa liberté ? Le législateur vote la loi, conformément à son mandat.
Le Conseil constitutionnel la valide ou l'invalide, conformément à sa mission. Le juge l'interprète et l'applique selon une époque donnée, conformément à sa fonction créatrice de jurisprudence. Et aujourd'hui, l'exécutif l'instrumentalise. Il pioche ce qui l'intéresse, sans aucune vision d'avenir et en mettant en danger sa légitimité.
Avec ses effets d'annonce, Manuel Valls joue un jeu dangereux, cherchant l'opération de communication à tout prix, en véritable consommateur médiatique. Au regard de la jurisprudence actuelle de la CEDH, extrêmement protectrice de la liberté d'expression, la bataille juridique qui s'engage risque soit d'être courte et décevante, si le juge administratif donne raison à Dieudonné – qui contestera sans doute chacun des arrêtés municipaux qui interdiront son spectacle –, soit longue et dangereuse car le juge de Strasbourg pourrait un jour rendre un «arrêt Dieudonné» dramatique.
Pour l'heure, M. Valls semble ne pas mesurer l'ampleur des conséquences juridiques pouvant découler de sa circulaire, mais la publicité prime aujourd'hui sur l'efficacité, la justice et la morale. Les limites à la liberté d'expression sont déjà fixées par la loi de 1881 ; la circulaire Valls n'est qu'un dangereux coup médiatique surabondant.
Il est par ailleurs étonnant de constater que les nombreuses sanctions pénales et fiscales prises à l'encontre de Dieudonné ne soient pas appliquées. Peut-être qu'avant de brandir une nouvelle circulaire, le gouvernement devrait d'abord se préoccuper de faire appliquer les lois qui existent dans notre pays. Pourquoi ne pas simplement y avoir recours plutôt que de s'adonner au matraquage médiatique ?
Cela étant, pour le gouvernement actuel, la réussite ou l'échec n'est plus un paramètre : seul compte l'impact immédiat sur l'opinion publique. Le spectacle d'un "pseudo-humoriste" [sic] qui fait de "l'antisémitisme" [sic] un fonds de commerce mobilise; l'expression outrancière et haineuse des activistes Femen et leur intrusion dans un lieu de culte conduisant à un dépôt de plainte de la paroisse de la Madeleine ne suscitent paradoxalement aucune réaction de sa part.
Encore une fois, le deux poids deux mesures qui caractérise l'action du gouvernement actuel sur bien des sujets n'est pas acceptable et choque profondément. Si ces méthodes laissent indifférents les médias et une grande partie de la classe politique, nombreux sont nos concitoyens qui sont scandalisés et expriment leur mécontentement.
Il ne s'agit pas de tout autoriser ou de tout interdire. La liberté d'expression, comme ses limites, doivent être protégées. La liberté ne s'affranchit pas de la légalité et il appartient au gouvernement de prendre ses responsabilités en autorisant, s'il en est besoin, la représentation nationale à fixer le cadre et les limites de la liberté d'expression. Celle-ci est relative et non absolue et doit respecter les croyances et la mémoire des victimes.
Le problème réside dans le fait que le choix de l'expression acceptable s'opère désormais en fonction de l'impact médiatique. Hélas, dans cette démarche démagogique, le juge n'est pas tout à fait innocent. Celui de Strasbourg a ainsi cru comprendre que nier le génocide des Arméniens n'avait aucune conséquence, ce qui revient à cautionner une autorisation de causer de la douleur aux victimes. Et là aussi, ni le gouvernement ni même François Hollande, qui s'étaient pourtant engagés à punir la contestation de ce génocide, ne s'en sont émus. Pas un mot !

Une seule question doit se poser : qui décide de l'expression publique et de ce qu'il est acceptable de dire ou de ne pas dire ? Est-ce l'intérêt immédiat du politique ? Le gouvernement actuel est un consommateur de communication qui n'a aucun problème à afficher son incohérence, jusqu'à ce que les tweets atteignent le seuil d'alarme ou que les réactions de la population le contraignent.
Ce management attentiste, qui manque cruellement de personnalité et de conviction, n'est que le miroir de la perte de repères dans laquelle s'engouffre la France actuelle.


 


Dieudonné - Interdiction : La fin d’une époque

Par Boniface Musavuli

 

Dieudonné à Nantes, 9/1/14 (AFP)


Agoravox - 10/1/14 - Après l’interdiction du spectacle «Le Mur» de Dieudonné, par une ordonnance du juge des référés du Conseil d’Etat, la France vient peut-être de basculer dans une nouvelle ère en rapport avec les délicates notions de liberté de réunion et d’expression. Sur le strict plan du droit, plus rien ne sera comme avant, et des voix n’ont pas tardé à s’alarmer, au-delà du cas Dieudonné. On a ouvert la porte sur l’inconnu, les pouvoirs publics et les associations risquant d’exploiter cette ordonnance jusqu’aux excès. Ils ont maintenant la possibilité de faire interdire une réunion, «jusqu’à la dernière seconde», s’ils estiment qu’on risque d’y tenir des propos racistes ou antisémites.

En effet, une première décision dans la journée, du tribunal administratif de Nantes [1], tout à fait conforme à une longue tradition, avait autorisé le spectacle en rejetant l’arrêté d’interdiction du préfet pris en application de la «circulaire Valls [2]». Mais le Conseil d’Etat, saisi en référé, a rendu une ordonnance, favorable au gouvernement, interdisant le spectacle de l’humoriste. Les fans de Dieudonné et des anonymes sur les réseaux sociaux se sont alarmés. Devant le Zénith de Nantes on retient l’image d’un public entonnant «la Marseillaise» en signe de protestation ou de résignation face à une époque d’un certain rire qui devrait désormais appartenir au passé. D’autres, les adversaires de Dieudonné, ont exulté.

Une victoire politique par justice interposée

Il faut toutefois reconnaître qu’on est plus en face d’une victoire essentiellement politique, le recours au Conseil d’Etat n’ayant servi que d’arme ultime à un ministre de l’intérieur qui commençait à perdre la face. Le gouvernement s’était mobilisé de façon tellement impressionnante qu’on se serait cru dans une journée électorale. Un impressionnant dispositif médiatique avait été déployé depuis une dizaine de jours et des invités de «gros calibre» défilaient sur les plateaux de la télévision.

Difficile d’imaginer que la justice se prononce de manière sereine dans un environnement aussi tendu. Le Conseil d’Etat a donc suivi la ligne du gouvernement et rejeté les prétentions de l’humoriste. Mais les choses ne sont pas aussi simples sur le plan du droit, et on peut rappeler quelques éléments importants.

Tout d’abord, l’ordonnance du Conseil d’Etat est intervenue moins de trois heures après le jugement du tribunal administratif de Nantes, ce qui fait dire à certains commentateurs qu’à ce rythme, c’est plutôt le ministre de l’intérieur qui risque de générer des «troubles à l’ordre public». La police doit désormais se préparer non seulement à assurer la tenue d’une réunion, mais aussi à empêcher sa tenue, jusqu’à la dernière minute, même lorsque de milliers de gens seraient munis de leurs billets.

Par ailleurs, la rapidité avec laquelle le juge Bernard Stirn a rendu sa décision étonnait plusieurs avocats familiers de la juridiction.

Dieudonné rentre dans l’histoire… du droit français

Plus important, il s’agirait d’un virage historique de la doctrine administrative. En effet, depuis le fameux arrêt Benjamin du 19 mai 1933 [3], le juge administratif a toujours été très exigeant faisant prévaloir le principe de liberté de réunion et d’expression, sur les risques liés au trouble à l’ordre public. Dans le cas de Dieudonné, La décision du Conseil d'Etat constitue également un tournant, les tribunaux administratifs ayant, à une quinzaine de reprises, ces dernières années, invalidé des arrêtés d'interdiction de ses spectacles.

Dieudonné peut toutefois introduire une requête sur le fond de l’affaire. En principe, il a une chance de retourner la situation puisque, à l’état actuel du droit, la liberté est toujours la règle dominante et que pour y porter atteinte, le Conseil d'Etat pose des conditions très rigoureuses.

Mais l’environnement ne lui est pas favorable. Le juge Bernard Stirn, qui a rendu l’ordonnance de référé, est le deuxième personnage le plus important de l’Institution. On voit mal comment les avocats de Dieudonné s’y prendraient pour faire désavouer un homme par l’institution dans laquelle il occupe une position aussi dominante. Ce qui peut amener Dieudonné et ses conseils à porter l’affaire à la Cour européenne des droits de l’homme avec la possibilité de faire condamner la France pour atteinte à la liberté de réunion et d’expression.

La fin d’une époque

En attendant, la France sera entrée en plein dans une autre dimension, il faut bien le reconnaître. La victoire obtenue par les associations étiquetées «juives» fera inévitablement des émules. Demain, un humoriste devra «tourner sept fois sa langue dans la bouche» avant de lancer des vannes sur les Arabes, les Noirs, les Roms,… les Belges.

La «jurisprudence Dieudonné» signifie que désormais, en achetant un billet pour aller au spectacle, il faut s’attendre à la possibilité qu’il soit annulé à la dernière minute. Parce qu’un maire, un préfet, des associations «communautaristes» ont maintenant de quoi se battre jusqu’au bout pour faire interdire les réunions. Et ce, en se basant sur le pressentiment que des propos racistes ou antisémites y seront tenus. L’humour, en France, va devenir fade.

Enfin, «le combat contre Dieudonné» étant annoncé pour se poursuivre jusque sur internet, il faut bien reconnaître que la France est en train de basculer dans une nouvelle ère.

C’est sûrement la fin d’une époque. L’époque du «rire sans conséquence».

Boniface MUSAVULI
Militant des droits de l'homme

[1] http://www.lepoint.fr/societe/dieud...

[2] http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/c...

[3] René Benjamin était un critique virulent de l'enseignement laïc. Quand il annonça son intention de tenir une conférence à Nevers, les instituteurs syndiqués du lieu tentèrent d'organiser une contre-manifestation. Le maire de la ville, soucieux du maintien de l'ordre public, et pour des raisons liées à ses propres convictions politiques, prit deux arrêtés successifs pour interdire la conférence. Le Conseil d’Etat annula les deux arrêtés.

Réactions

 

 

Hollande pleure après Closer et Dieudonné..., par Allain Jules (10/1/14)


Les sept pleurs du président Hollande, après le terrorisme d’Etat contre un noir, sont plutôt rigolotes, ce matin. François Hollande déplore les «atteintes au respect de la vie privée» et «examine des suites judiciaires» contre le magazine Closer. Ce dernier révèle, photo à l’appui, sa relation «adultère» supposée, avec l’actrice Julie Gayet. Nous n’avons pas vu les photos. Dans le même temps, Hollande valide la censure contre l’humoriste Dieudonné, privant 6000 personnes de la liberté d’expression. S’ils veulent interdire Dieudonné à priori, qu’ils interdisent aussi la Poste car, la femme de Jamel Debouzze, Mélissa Theuriau, reçoit des lettres d’insultes via la…Poste.

En dehors de tout cadre légal, l’humoriste Dieudonné a donc été interdit de faire son spectacle «Le Mur», à Nantes. Même les personnes les plus stupides, les plus bêtes, les plus naïves, bref, les nigauds, ont compris…La dérive totalitaire a franchi un nouveau palier hier soir lorsque le Conseil d’Etat a été saisi dans la précipitation. En moins d’une heure, il a pu se réunir et a pu annuler, dans la foulée, une décision de la chambre administrative de Nantes. Justice expresse et surtout violation flagrante du droit. C’est dire que les membres du conseil étaient déjà réunis et attendaient juste l’arrêt de la Chambre administrative nantaise. Elle n’a donc pas pu statuer impartialement, qui plus est, un seul juge, qui n’est même pas sur le terrain et qui voit depuis Paris des risques de troubles à l’ordre public. Une négrophobie d’Etat qui ne dit pas son nom, validée par la couardise de la negresse de service Christiane Taubira.

Quand on sait que le lien vers la procédure dite «jurisprudence Dieudonné», sur le site du Conseil d’Etat était déjà desactivé avant que la décision du Tribunal administratif de Nantes ne soit connue, on peut aisément se dire que le joker de Valls-Hollande était préparé depuis belle lurette. Il y a donc bien quelque chose ou quelqu’un qui a empêché les Français de se renseigner sur la validité de la procédure, et par anticipation. C’est le comble. les soi-disant défenseurs de la liberté sont aux abris. Les fossoyeurs de la démocratie, ces mamamouchis de la liberté d’expression, osent même encore s’exprimer au lieu de raser les murs avec le faux grossier exécuté par le Conseil d’Etat. J’ai vu, hier, sur I-Télé, Alain Finkielkraut, crier sa haine de Dieudonné, avec une hystérie sans précédent face à Plantu. Quand on sait que ce dernier déclarait, après que les Martiniquais aient dit NON à l’agression contre l’humoriste, que «Les Antillais sont des assistés», vous aurez tout compris. Si Dieudonné est raciste, lui, c’est un bon raciste, puisqu’il est encore invité à la télévision et Dieudonné interdit.

Ils auront beau dire ce qu’ils veulent, Dieudonné avait raison, la liberté d’expression, en France, n’est reservée qu’à certains. « Au dessus, c’est le soleil ! », dit souvent l’artiste. Quand on sait que les gamins de l’Essonne, qui ont effectué une quenelle ont été exclus de leur lycée, on se demande où va la France ? Mais, le pire, c’est le mensonge médiatique véhiculé autour de l’humoriste. Après avoir fait sa pub nauséabonde, qui se révélait contre-productive, il ne fallait pas que les gens découvrent le pot aux roses, qui allait montré qu’il ne demande aucunément la mort de Cohen, qui a le droit de faire des listes, d’où cette interdiction qui n’est que de la censure déguisée, du racisme déguisée, sous prétexte de lutter contre le racisme. Foutaise ! Aujourd’hui, les mêmes médias scrutent l’aurevoir de l’humoriste à ses fans de Nantes. « salut nazi » se demandent-ils ? Quel acharnement ! Au lieu de poser les vraies questions, à savoir l’ouverture de la boîte de Pandore par le Conseil d’état, ils veulent encore lyncher un homme qu’ils veulent achever. Face à cette férocité blanche, fait des élites uniquement, Dieudonné gagnera, même s’il ne joue pas son spectacle « Le Mur », à travers la France. Il fait salle comble hors du territoire.

Dans un article intitulé « DICTATURE. La jurisprudence Dieudonné ou l’arbitraire au coeur du pouvoir !!? », nous disions déjà ce qui se préparait et nous avions raison. Le Conseil d’Etat croit certainement pouvoir protéger les libertés mais, fait pire, avec son arrêt liberticide qui va plutôt exposer les juifs. En effet, ils seront vus, si ce n’est déjà fait, comme les seuls qu’il ne faut pas critiquer. Car en effet, n’en déplaise aux esprits chagrins, Dieudonné critique toutes les communautés. Il n’y a que les autistes et ceux qui portent des oeillères pour refuser de voir la vérité vraie, celle dont Dieudonné a toujours montré…Il fallait passer par l’illégalité pour le censurer. Avec une fraude indescriptible contre un homme, parce que noir sans doute, insulté, brocardé ici et là, le Conseil d’Etat retient même l’atteinte à la dignité de la personne humaine du fait du contenu du spectacle. Un spectacle vivant pourtant dont on ne peut présager du contenu. Cherchez l’erreur ! C’est du jamais vu dans le monde et, ceux qui critiquent tout le temps la Russie, accusant Vladimir Poutine d’être un dictateur doivent savoir que la liberté d’expression est plus respectée là-bas qu’en France.

Vive Dieudonné !
Vive la liberté d’expression !
Et vive la vraie République, pas celle des fossoyeurs !
Allain Jules

 



Lettre à Manuel Valls d’un chercheur accusé d’être «antijuif»

Par Maurice Nivat

Professeur honoraire à l'Université Paris VII

 

Rue89 - 18/1/14

TRIBUNE

Monsieur le ministre,

Vous avez employé le mot «antijuif» pour qualifier et stigmatiser les propos et toute l’attitude de l’humoriste Dieudonné. Vous avez condamné violemment sa petite entreprise de haine et son spectacle attentatoire à la dignité humaine.

Tous les antijuifs ont été répétitivement et, sans doute à juste titre, condamnés par vos soins à l’opprobre, notre république ne veut plus voir ni entendre de gens qui distillent la haine des juifs en tant que tels.

Malheureusement pour moi et quelques autres, vos propos ne distinguent pas les vrais antijuifs des faux et vous avez ainsi livré à l’opprobre et à la vindicte publique quelques personnes, dont moi, qui suis traité d’antijuif par une certaine propagande pro-israélienne qui s’exprime sur plusieurs sites internet.

Si vous tapez «antijuif» sur le moteur de recherche Google, vous ne tarderez pas à voir apparaître mon nom et vous pourrez lire des textes aussi insultants que mensongers me concernant.


Dans la liste des «normaliens antijuifs»

Qui ne me connaît pas peut ainsi voir en moi un pâle émule de tous les antisémites notoires qui ont sévi dans notre pays, encore que la liste des antijuifs soit assez surprenante puisqu’on y trouve Voltaire et Proust, mais pas Céline, pas les sinistres auteurs des lois elles vraiment antijuives de Vichy, Brasillach, Alain Badiou sorte d’antijuif-chef, Alain Juppé, etc.

Je sais pourquoi j’apparais dans la liste des normaliens antijuifs que publie un dénommé Marcus Dornbusch et qui est reprise dans plusieurs sites de propagande pro-israélienne.

Je me suis élevé contre l’interdiction de la venue à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Stéphane Hessel en décembre 2011, dans un message adressé à la directrice de cette école ayant pris la décision d’interdiction et à une trentaine de personnes à peu près toutes anciens ou anciennes élèves de l’ENS.

J’y faisais part de ma conviction profonde que la colonisation israélienne dans les territoires occupés est, comme toute colonisation, dégradante pour le colonisateur comme pour le colonisé : l’essentiel de ma vie militante a été consacrée de 1956 jusqu’à 1962 à la lutte pour la décolonisation et contre la guerre d’Algérie.

Je m’en prenais au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui, bien qu’elle s’en défendit, avait fait pression sur Madame Canto-Sperber pour la faire revenir sur une première autorisation qu’elle avait donnée à la venue à l’école de Hessel.

Ce n’était pas Hessel qui menaçait l’ordre public, c’était les jeunes excités se recommandant du Crif qui menaçait de venir en découdre avec la «racaille gauchiste» qui comme chacun sait pullule au 45, de la rue d’Ulm. C’est ce message qui a déclenché les injures que m’a adressées à plusieurs reprises depuis un de mes camarades de promotion Marcus Dornbusch et que ces injures fleurissent sur le Net.

« Je suis un quart de juif »

Maintenant, je suis obligé de me présenter à vous : je suis un quart de juif, ma grand mère paternelle était tout à fait juive. Mon père professeur agrégé de français-latin-grec a été mis à pied par la deuxième vague de lois antijuives du gouvernement de Vichy.

Je vis depuis 48 ans avec une femme juive, mon épouse, aussi juive qu’on peut l’être, de ces juifs qui au XVe siècle ont été chassés d’Espagne par les rois catholiques.

Mon activité professionnelle, pour l’essentiel dédié à l’enseignement et à la recherche au sein de l’université Paris-Diderot, m’a valu d’être plusieurs fois décoré, je suis officier de l’ordre du national du mérite, officier de la légion d’honneur, commandeur des palmes académiques, je suis aussi membre correspondant de l’académie des sciences et docteur honoris causa de deux université étrangères.

Je suis, comme beaucoup de gens, hostile à la politique israélienne dans les territoires occupés et par dessus tout hostile à la colonisation qui se poursuit en dépit de multiples condamnations de l’ONU ou, concernant le mur, l’arrêt du Tribunal international de La Haye qui le juge illégal et exige sa démolition par le gouvernement d’Israël. Cela ne me fait pas antijuif, ni antisémite, ni raciste.

Officines de propagande racistes

Il devrait être clair à vos yeux qu’à visage presque découvert opèrent en France et sévissent sur le Net des groupes de propagande pro-israéliens qui utilisant les mêmes méthodes que celle des antisémites traditionnels c’est-à-dire pratiquent le mensonge, l’insinuation, la grasse plaisanterie, la calomnie, la menace.

Le B.A.-BA de cette méthode est de traiter d’antisémite, d’antijuif, toute personne, juive ou non, qui ose désapprouver publiquement la politique israélienne, l’opération plomb durci, le mépris de toutes les résolutions des Nations Unies et ce qui en fait justifie tout cela à savoir la certitude que le peuple juif est le peuple élu (n’est-ce pas lui qui a le plus grand nombre de prix Nobel ) et que leur occupation des terres palestiniennes est légitime.

Ces officines de propagande sont parfaitement complètement racistes, ont des buts et des méthodes racistes.

Je fus en Palestine, envoyé par mon université en je crois 1995, peu après les accords d’Oslo, en un temps où la situation était meilleure qu’aujourd’hui et j’ai vu comment les Palestiniens, quelque soit leur rang, leur situation, leur savoir étaient soumis à des humiliations quotidiennes et sans fin par la soldatesque israélienne, outre qu’ils sont de fait prisonniers dans leur propre pays.

Critiquer Israël n’est pas un acte antisémite

Je pense, Monsieur le ministre qu’il est de votre devoir de ministre de la République de faire deux choses :

de dire de la façon la plus claire que les citoyens, juifs ou non juifs, qui désapprouvent même publiquement la politique israélienne ne sont pas pour autant antisémites, ni antijuifs, ni racistes ;
de faire cesser les agissements des sites et officines de propagande pro-israélienne qui polluent le Net d’imprécations, de mensonges, d’insultes et de menaces.
Votre action ne peut être crédible donc efficace que si elle s’adresse à tous les racismes, celui dont souffrent les Palestiniens, victimes d’un apartheid de fait, n’est pas plus tolérable que le autres.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de ma très haute estime et de mes sentiments les plus dévoués.


 


La compagne de Dieudonné entendue par les gendarmes


N.F avec Reuters (http://lci.tf1.fr/) - 21/1/14 - La compagne de l'humoriste controversé Dieudonné, Noémie Montagne, a été entendue comme témoin mardi à la gendarmerie d'Anet, en Eure-et-Loir à la suite du passage mouvementé d'un huissier au domicile du couple.

L'épouse de Dieudonné a été auditionnée en tant que témoin mardi soir à la gendarmerie d'Anet (Eure-et-Loir). Selon nos informations, il s'agit bien d'une simple audition libre en tant que témoin et non d'une garde à vue comme indiqué par plusieurs médias.

D'après les premiers éléments, cette audition ferait suite au passage mouvementé ?d'un huissier au domicile du couple. Selon une de ces sources, un huissier s'est présenté lundi soir à Saint-Lubin-de-la-Haye, où le polémiste et sa compagne vivent. Cette source n'a pas précisé les raisons de ce déplacement. L'huissier a alors été "molesté", a-t-elle ajouté.

Noémie Montagne avait repoussé lundi des inconnus qui tentaient de pénétrer dans son domicile et signalé l'intrusion à la gendarmerie, estime son avocat. "Mais il s'avère aujourd'hui que ce sont des huissiers qui ont porté plainte", a dit Me Sanjay Mirabeau , son avocat, à Reuters, précisant qu'il se rendait sur place pour assister sa cliente.

La justice a tenté à plusieurs reprises de saisir des biens de l'humoriste, qu'elle soupçonne d'avoir organisé son insolvabilité, pour payer ses amendes pénales. Parallèlement, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris sur les appels aux dons lancés par Dieudonné pourpayer ses amendes pénales, a-t-on appris mardi de source judiciaire. L'enquête préliminaire ouverte sur signalement d'une association anti-raciste, la Licra, a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (la BRDP). [sic]

Le polémiste doit au Trésor public plus de 65.000 euros d'amendes liées à ses condamnations pour propos antisémites. Dieudonné poste régulièrement des vidéos sur internet sous forme d'appels aux dons, soit pour l'aider à payer ses amendes,?soit, comme l'an dernier, pour l'aider à racheter sa maison. Le 10 janvier, France Info précisait que l'humoriste s'était?engagé à rembourser ses fans avant l'été 2013. La justice poursuit parallèlement deux enquêtes ouvertes il y a environ un an contre Dieudonné, soupçonné d'avoir organisé?son insolvabilité et aussi d'avoir blanchi de l'argent.

Après l'interdiction de plusieurs de ses représentations en province, Dieudonné a annoncé le 11 janvier l'abandon de son spectacle et en a présenté un nouveau qui a été finalement autorisé.Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a toutefois souligné que l'humoriste restait sous surveillance.



Dieudonné de nouveau en garde à vue

Par Le Nouvel Observateur avec AFP

Le Nouvel observateur - 22/1/14 - Une confrontation entre le polémiste et l'huissier qui l'accuse de violence est en cours à la gendarmerie de l'Eure-et-Loir.

Dieudonné M'bala M'bala était à nouveau en garde à vue mercredi 22 janvier à la suite d'une plainte d'un huissier de justice pour violences et une confrontation était en cours à la gendarmerie de l'Eure-et-Loir, le polémiste ayant contesté les faits, a indiqué le procureur de la République de Chartres.

Lors d'une première garde à vue dans la nuit de mardi à mercredi, Dieudonné a "contesté toute présence sur les lieux le soir des faits et être l'auteur du coup de feu, raison pour laquelle une confrontation est actuellement en cours", précise Patrice Ollivier-Maurel, procureur de la République de Chartres.

Sa compagne, Noémie Montagne, a également été entendue mardi par les gendarmes d'Anet (Eure-et-Loir), dans le cadre d'une audition libre, dont elle est ressortie vers 22 heures.

Le polémiste était arrivé libre mardi à la gendarmerie d'Anet vers 23h30 dans une berline noire. Il a été entendu sous le régime de la garde à vue, à sa demande, afin que son avocat Me Mirabeau puisse assister à l'audition. L'audition a officiellement duré trois heures, mais selon Europe 1, Dieudonné aurait été entendu pendant cinq heures. L'avocat de Dieudonné a expliqué que son client avait déposé plainte à son tour pour "violation de domicile".

Que s'est-il passé mardi soir ?

Des huissiers se sont présentés lundi soir à Saint-Lubin-de-la-Haye, où le polémiste et sa compagne vivent, pour une notification de justice. Ce qu'il s'est passé ensuite est encore flou.

Selon l'avocat de Dieudonné, ils venaient "faire exécuter un jugement sur le paiement d'amendes" et auraient "essayé de passer par dessus la palissade". "La compagne de Dieudonné et le service de sécurité leur ont demandé de partir", a expliqué Sanjay Mirabeau.

Selon des sources proches du dossier, un huissier a été "molesté", ce qui l'a amené à déposer plainte pour violences.

Un engin de type "flashball" retrouvé au domicile

L'huissier a notamment évoqué un tir, lors de son passage chez le couple, qui pourrait provenir d'un engin lanceur de projectiles en caoutchouc. C'est dans le cadre de cet incident que Noémie Montagne a été convoquée chez les gendarmes. Une perquisition a également été menée mardi au domicile de Saint-Lubin. Elle a permis aux enquêteurs de mettre la main sur un engin de type "flashball".

"Dieudonné voudrait qu'on le laisse tranquille ou du moins qu'on le traite de façon normale, c'est-à-dire que les huissiers viennent à des heures normales pour lui remettre des plis", a déclaré Me Mirabeau.

L'une des avocates de Noémie Montagne, Isabelle Coutant-Peyre, a dénoncé pour sa part une "histoire artificielle" et accusé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls "de fabriquer des provocations dans le cadre de sa guerre personnelle contre Dieudonné". "Faire pression sur des femmes, ce n'est pas correct", a-t-elle déclaré.

Noémie Montagne dirige les deux entreprises essentielles de la "galaxie Dieudonné". Elle possède, à part égale avec la mère de Dieudonné, les Productions de la Plume, qui engrangent l'argent des spectacles : 1,8 million d'euros en 2012.Elle dirige également e-quenelle, société en charge du merchandising créée en janvier 2012.

Plusieurs enquêtes en cours

Dieudonné a été au centre d'une vive polémique ces dernières semaines en raison de son spectacle "Le Mur", dont Manuel Valls a réussi à obtenir l'interdiction dans plusieurs villes pour antisémitisme. Depuis, le comédien a adapté son one-man-show en l'expurgeant de ses attaques les plus frontales contre les juifs.

La justice, qui a condamné à plusieurs reprises Dieudonné pour antisémitisme, a de son côté ouvert plusieurs enquêtes au sujet de ses finances. Une enquête préliminaire a ainsi été ouverte à Paris sur les appels aux dons lancés sur internet par le polémiste pour payer ses amendes, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Il était déjà visé par une enquête préliminaire, également conduite par le parquet de Paris, pour "organisation frauduleuse d'insolvabilité", "blanchiment" et "abus de biens sociaux".


 


La garde à vue de Dieudonné est levée


EgalitéEtRéconciliation - 22/1/14 - La garde à vue de Dieudonné M’bala M’bala a été levée mercredi soir après une confrontation avec un huissier qui a porté plainte pour violence après avoir essuyé lundi soir un tir de flashball au domicile du polémiste, a-t-on appris auprès du procureur de la République de Chartres.

La garde à vue entamée mercredi en milieu de matinée à la gendarmerie de Dreux a été levée à 20h25. "Il a fait l’objet d’une confrontation avec l’huissier de justice et a maintenu avoir été absent de la propriété du Mesnil-Simon (Eure-et-Loir) au moment des faits", a indiqué dans un courriel Patrice Ollivier-Maurel, procureur de la République Chartres.

Dieudonné "a par ailleurs indiqué qu’était en revanche présent sur les lieux un de ses frères dont l’identité reste à vérifier et qu’il met en cause comme étant l’auteur du coup de feu", a-t-il ajouté. La compagne de Dieudonné, Noémie Montagne, ainsi qu’un témoin "ont fait des déclarations convergentes sur son absence du domicile", a précisé le procureur. Mme Montagne "a par ailleurs déposé plainte pour violation de domicile contre l’huissier de justice", a noté M. Ollivier-Maurel.

De son côté l’huissier de justice a maintenu que Dieudonné était présent à son domicile lors de sa venue et il a même précisé "le connaître pour lui avoir déjà signifié des actes par le passé". "Il est intervenu à une heure légale et a décliné son identité et sa qualité", selon le procureur. "Une perquisition est intervenue dans l’après midi au domicile" de Dieudonné, a ajouté M. Ollivier-Maurel.

Lors d’une première garde à vue dans la nuit de mardi à mercredi, Dieudonné avait déjà contesté toute présence sur les lieux le soir des faits et être l’auteur du coup de feu, d’où la confrontation organisée dans la journée de mercredi. Mme Montaigne avait été auditionnée elle-aussi par les gendarmes dans la nuit avant d’être à nouveau auditionnée et confrontée comme Dieudonné à l’huissier mercredi.


 

Dieudonné ou David contre Goliath

Par Djamel Labidi

Mondialisation.ca - 16/1/14 - En France, une campagne d’une violence inouïe a été menée contre l’humoriste Dieudonné. Tout le pouvoir d’Etat, tous les médias français, les partis politiques de droite comme de gauche se sont mobilisés, acharnés, contre un seul homme. Dieudonné avait toujours affirmé qu’il menait son combat contre “le système” et que ce système était une réalité. “Le système” vient d’en donner lui-même la preuve.

Sur les plateaux de chaines de télé françaises, pas un seul débat contradictoire. Pas une seule voix pour dire qu’il faut au moins donner la parole à l’accusé, qu’il n’est pas bon pour la vérité qu’il n’y ait qu’un seul son de cloche, et qu’il faut un minimum de débat démocratique. On assiste, en direct, à un véritable lynchage médiatique. Le seul point de vue différent toléré est celui consistant à douter de l’efficacité de la méthode d’interdiction du spectacle de Dieudonné, et encore faut-il, avant, montrer patte blanche, reconnaître que Dieudonné est “antisémite” et “raciste”, et faire assaut d’injures à son égard. “Abject”, ignoble” “infect” “lâche”, tel est le lexique employé sur les médias concernant Dieudonné.

La violence de la campagne est si grande qu’elle va effrayer, tétaniser ceux qui ont la velléité de s’y opposer. Ainsi, le 10 janvier, sur France 2 (émission “Ce soir ou jamais), le président de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) demandera à tous les participants au débat de ne plus employer le mot humoriste en parlant de Dieudonné. Puis, parlant d’une autre personne, il dira qu’elle est “un pseudo écrivain”. Un des participants au débat essaie alors de lui faire remarquer qu’il n’est pas qualifié pour en décider, et qu’il s’agit là d’une dérive dangereuse mais sa remarque est si imide, sa voix si faible qu’il n’est pas entendu.

La campagne contre Dieudonné révèle la dérive totalitaire du système médiatique français aussi bien dans le contenu de l’information que dans les méthodes. La connivence entre le monde politique et le monde médiatique s’affiche au grand jour, sans qu’on se soucie même de sauver les apparences. Sur les plateaux de télé, journalistes et hommes politiques renchérissent les uns sur les autres dans une entente parfaite. La pensée est unique. La campagne est monolithique. Cela devient de la pure propagande. Les mêmes thèmes, et même les mêmes mots sont utilisés aussi bien par les responsables politiques que par les animateurs des chaines et émissions d’informations: “Dieudonné n’est plus un humoriste”"c’est un antisémite, un raciste” “ses spectacles sont des meetings politiques” “Ce sont des entreprises de la haine “etc.. La ministre de la culture française vient, elle-même, le proclamer, sur toutes les chaines sans se soucier des exigences de sa fonction et des précédents sinistres qu’évoque cette intervention du pouvoir dans le domaine de la culture.

Des extraits de vidéos, toujours les mêmes, sont passés en boucle sur les chaines télé. Ce ne sont même pas des extraits du spectacle, “Le mur”, mis en cause, mais des extraits de vidéo internet d’interventions de Dieudonné sur son site. Rien n’est dit de la grande variété de sujets qu’abordent les sketchs de Dieudonné. Tout doit laisser penser qu’il a une obsession: les juifs. Mais personne, sur les plateaux, pour s’étonner de ces procédés. D’ailleurs, comme cela apparaîtra vite, fait notable: pas un de ceux qui s’acharnent sur Dieudonné, CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), LICRA, hommes politiques, députés, journalistes, n’a même vu un seul des spectacles de Dieudonné. Il semblerait même que ce soit le cas du Conseil d’Etat lorsqu’il a statué.

Taubira et Anelka

Répétés, assenés, les mensonges tiennent lieu de vérités et servent ensuite de base à d’autres accusations contre Dieudonné. Les extraits de vidéo à charge contre Dieudonné ont été soigneusement choisis et retirés de leur contexte. Sur l’un d’eux, on entend Dieudonné dire que “la vérité est intrinsèquement antisémite”. La phrase est présentée au premier degré alors que Dieudonné veut dire tout simplement là, que, dans le contexte du système régnant en France, toute vérité qu’il énonce est systématiquement qualifiée de discours antisémite par ses détracteurs. Sur une chaîne d’informations, on va affirmer que Dieudonné s’est attaqué “comme par hasard uniquement à des artistes juifs”, ici, en l’occurrence Gad Elmaleh, Patrick Timsit, Patrick Bruel, Arthur et son ancien partenaire Elie Semoun. La chaîne oublie simplement de préciser que ce sont eux qui se sont attaqués soudainement, l’un après l’autre, à lui, dans une campagne qui s’annonçait déjà et qu’il n’a fait que leur répondre. Sur la chaîne française d’information I télé, dans une présentation de Dieudonné, on signale ” qu’il a fait le salut nazi dans une émission de télévision“. On omet de préciser que ce geste accompagnait un jeu de mots “Isra-Heil !” qu’il avait fait pour résumer le fait que les méthodes d’Israël contre les palestiniens lui rappelaient les méthodes nazis. Le public du plateau de télé ( France 3, émission “on ne peut pas plaire à tout le monde”, 1er Décembre 2003) avait alors bien ri de ce sketch mais le spectacle avait déclenché de vives réactions officielles, y compris du Premier ministre de l’époque, Jean Pierre Raffarin et du CSA français (Conseil supérieur de l’audiovisuel ). C’est depuis ce jour qu’il avait été frappé d’ostracisme dans les médias français. Cela fait plus de 10 ans…

Il reste de tout cela une impression très forte de manipulation de l’opinion. Jusqu’aux sondages réalisés qui donnent eux-mêmes l’impression de participer à la manipulation tant ils sont contradictoires. Le 30 Décembre, deux sondages (journaux “Le Point” et “Le Progrès”) donnent plus de 70% d’opinions contre l’interdiction des spectacles de Dieudonné. Mais ils sont 52% à être, soudainement, en faveur de l’interdiction, dans un sondage du CSA publié le 8 janvier 2014. Il devient difficile de vérifier la véracité d’un sondage, dés lors que la crédibilité du sondeur n’est pas soumise à la réalité des faits, comme c’est le cas par exemple pour la prévision du résultat d’élections.

Les méthodes sont elles aussi totalitaires. Elles visent à avilir l’adversaire, à ternir son image. Dieudonné est présenté” comme un petit entrepreneur faisant commerce de l’antisémitisme”, que “ce qu’il fait, il le fait pour le fric”, que“l’antisémitisme est pour lui une entreprise juteuse”. Dans des insinuations, à connotation raciste, on laisse entendre que Dieudonné M’bala M’bala “prépare sa retraite au Cameroun” et “aurait blanchi” de l’argent dans ce but.

Comme dans toute pression totalitaire, celui qui veut rester neutre ou se tait, en devient lui-même suspect. Il va en être ainsi de la ministre de la justice française, Mme Taubira, qui va se voir reprocher, dans les médias, son silence. Ceux qui expriment leur sympathie pour Dieudonné sont menacés de sanction ouvertement dans les médias, comme le fait la ministre de la jeunesse et des sports pour le joueur de football Anelka, et beaucoup préfèrent se taire par peur pour leur carrière.

La Quenelle

Et puis, il y a l’aboutissement final de toute vision totalitaire : le délire paranoïaque. Le geste de protestation, de provocation et de dérision de Dieudonné, ” la Quenelle”, est qualifié de “salut nazi inversé”. Dieudonné, en quittant le Zénith de Nantes, où son spectacle vient d’être interdit, fait de loin, à son public, un petit geste d’adieu rapide et affectueux de la main. Mais son bras est levé et l’animateur de l’émission de 22h d’ I télé” (émission d’information de 22h de Olivier Galzi, 10 janvier) y voit “un geste ambigu”, un “salut nazi”. “L’information” va être reprise immédiatement en boucle par les médias.

Il y a donc dérive totalitaire lorsque ces deux pouvoirs se confondent, celui politique et celui de la presse, plus généralement des médias. Un autre aspect de cette dérive, c’est lorsque le pouvoir politique s’approprie le pouvoir judiciaire. La campagne contre Dieudonné va être émaillée de tels empiétements. Les contradictions entre l’arrêt du tribunal administratif de Nantes avec celui du Conseil d’Etat, l’un autorisant le spectacle, l’autre l’interdisant, comme les contradictions avec toute la jurisprudence précédente sur la liberté d’expression, donnent la mesure évidente des énormes pressions politiques qui se sont exercées sur les instances judiciaires.

L’opération anti Dieudonné se dessine dans la deuxième semaine de Décembre dans la grande presse écrite et télévisée française, “Le Monde ”, “ Le Figaro ”, “BFM TV”, “France 2″ etc…Elle est centrée contre le signe de ralliement de Dieudonné, “la Quenelle”. Pourquoi celle-ci ? En réalité, ce qui inquiète c’est la large diffusion dans la jeunesse, dans tous les milieux, et surtout dans les corps constitués, l’armée, la police, de ce geste que Dieudonné qualifie conne un geste antisystème. C’est Alain Jacubowicz, président de la Licra, qui, le premier, s’était alarmé, dans une lettre écrite le 9 Septembre 2013 au Ministre de la Défense français “avec copie au ministre de l’intérieur français Manuel Valls”, de la reprise de ce geste par des soldats. Et c’est d’ailleurs lui, dans la même lettre, qui définit alors, de façon hallucinante, ce geste comme “correspondant au salut nazi inversé signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah”.

Le 11 Décembre 2013, le journal “Le Monde” consacre un long article à “la Quenelle”. Le 13 Décembre, la chaine d’information française BFMTV publie un reportage:” le succès tabou et inquiétant de Dieudonné”. Immédiatement Dieudonné annonce qu’il va porter plainte pour diffamation contre les médias participant à cette campagne ainsi que contre Manuel Valls qui multiplie les interventions publiques contre lui. Le 27 Décembre, en pleine “trêve des confiseurs”, le ministre de l’Intérieur, celui qui, on s’en souvient, était revenu, selon la boutade de François Hollande, “sain et sauf d’Algérie”, annonce qu’il ” étudie les moyens d’interdire les spectacles de Dieudonné”.

Les 2 et 3 Janvier, étrange coïncidence, Arno Klarsfeld, annonce que lui et sa famille vont manifester contre le spectacle de Dieudonné au Zénith de Nantes et appelle “les non juifs” aussi à le faire. L’argumentaire du “risques de trouble à l’ordre public” est mis en place. Les Klarsfeld n’iront jamais manifester à Nantes, ni les” non juifs” d’ailleurs. L’arrêté pris par le préfet de Nantes d’interdiction du spectacle permettra à la famille Klarsfeld, selon le fils, “d’annuler la manifestation de Nantes”.

Arno David Emmanuel Klarsfeld est le fils de Serge et Beate Klarsfeld, un couple rendu célèbre par son opiniâtreté dans “la chasse aux nazis”. Il est franco-israélien. Il a pris la nationalité israélienne à 37 ans, en 2002, et s’est engagé dans l’armée israélienne (unité des gardes frontières), sur laquelle il a fait un long reportage apologétique. Il est avocat. Mais surtout, il est, par nomination de l’ex Président Nicolas Sarkozy et depuis 2010, membre du Conseil d’Etat, la plus haute instance judiciaire administrative française. Or, on va retrouver, aussi bien dans la circulaire de Manuel Valls ordonnant aux préfets d’interdire le spectacle de Dieudonné que dans les arrêts du Conseil d’Etat entérinant ces interdictions, exactement les deux principaux arguments développés ouvertement par Arno Klarsfeld sur les plateaux de télé, ceux “d’atteinte à la dignité humaine” et de “risques de trouble pour l’ordre public.

L’Inquisition

Au milieu de cette campagne contre Dieudonné, ma fille, révoltée, m’envoie un email où elle me dit: “C’est un procès en sorcellerie, ils n’ont plus qu’à le brûler sur un bucher, on se croirait au Moyen âge ! ” J’ai été surpris de voir comment la nouvelle génération résumait de façon simple la situation.

Il s’agit bien en effet d’Inquisition. La nouvelle génération est sur Internet. Le nombre de visiteurs du site de Dieudonné, comme de celui de son ami Alain Soral, qui a été d’ailleurs lui aussi l’objet d’accusations de même nature, se compte par centaines de milliers, c’est-à-dire bien plus que les journaux français et même que les médias traditionnels, tels que les chaines télé d’information. Internet échappe jusqu’à présent au contrôle et à l’emprise que l’establishment français a acquis sur les médias traditionnels. La campagne contre Dieudonné a donc été aussi une campagne contre Internet au cours de laquelle ont été réclamées des mesures de contrôle par l’Etat sur “la Toile”. Certains, sur les medias, sont allés jusqu’à faire le parallèle entre les mesures prises sur l’Internet contre les sites pédophiles aux mesures à prendre contre le site de Dieudonné. Dieudonné serait donc le diable. N’est-ce pas là un procès en sorcellerie de quelqu’un, accusé, comme l’avait été Socrate, de pervertir la jeunesse.

C’est un aspect récurent de l’Histoire: le progrès technologique a toujours exigé de nouveaux progrès sociaux en même temps qu’il rencontrait l’hostilité des forces conservatrices et leur peur de perdre le contrôle de la société. L’inquiétude de l’establishment français rappelle celle des institutions religieuses, à la sortie du Moyen Age, lorsque l’invention de l’imprimerie représentait alors le progrès technologique. Le livre imprimé avait représenté un progrès formidable dans la communication et la diffusion des idées. Il avait été interdit alors dans bien des universités au profit du maintien du vieux manuscrit.

Il s’agit aussi d’Inquisition lorsque des personnes investis du pouvoir d’Etat, tels les ministres français de l’Intérieur, de la culture, de la jeunesse et des sports, ou des organisations civiles, telles que la LICRA, le CRIF, la Ligue de Défense juive, décident de quoi on doit rire et de quoi on ne doit pas rire, qui est un humoriste et qui est un “pseudo humoriste”, qui est un écrivain et qui est un “pseudo écrivain”.

Tour cela s’est fait au nom de la lutte contre l’antisémitisme. Reste à comprendre alors pourquoi un thème aussi légitime peut aboutir à une chasse aux sorcières, et pourquoi c’est précisément sur ce thème que s’est faite la mobilisation de tout “le système” contre un seul homme.

Antisionisme ou antisémitisme

Dieudonné se situe comme antisioniste. La campagne menée contre lui a voulu montrer que l’antisionisme n’était pour lui qu’un masque à son antisémitisme, certains allants jusqu’à affirmer que l’antisionisme est par nature un antisémitisme.

Or la réalité est exactement à l’inverse : c’est le sionisme qui se cache régulièrement derrière l’argument de la lutte contre l’antisémitisme. Le sionisme est arrivé, jusqu’à présent, à s’assurer le soutien de la plus grande partie des juifs dans le monde, et le quasi-monopole de leur représentation, en s’appuyant sur le sentiment exacerbé d’appartenance, de solidarité et d’identité qui a suivi l’antisémitisme européen et leurs terribles souffrances de la deuxième guerre mondiale. Mais se faisant, il leur a fait courir le risque de s’isoler au fur et à mesure qu’il apparaissait comme une idéologie nationaliste agressive et qu’il se mettait au service de l’entreprise occidentale de contrôle des richesses énergétiques du Moyen Orient. Beaucoup de juifs, de plus en plus, ressentent ce danger d’isolement et expriment leurs réserves à l’égard du sionisme. Dieudonné avait fait d’ailleurs participer deux rabbins antisionistes à l’un de ses spectacles, ce qui ne lui avait pas été pardonné par certaines organisations juives.

Le sionisme, depuis plus de 60 ans, avec la création de l’Etat d’Israël, s’est donc retrouvé au cœur du système de domination occidentale du Moyen Orient. En faisant la critique du sionisme, Dieudonné faisait celle du système. Celui-ci ne pouvait l’accepter même, et peut être encore moins, sous la forme humoristique. Le rire ou le sourire que fait naître l’humoriste n’est-il pas celui du plaisir que donnent l’esprit critique et la liberté.

Mais l’offensive contre Dieudonné ne pouvait se faire, sur le plan des idées, en prenant le contre pied de sa dénonciation du sionisme. Le terrible isolement moral de celui-ci et de l’Etat d’Israël est apparu dernièrement encore clairement aux funérailles de Nelson Mandela où les dirigeants israéliens ont été les seuls dans le monde à ne pouvoir y assister, pour avoir soutenu jusqu’au bout le régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Et tout récemment, les funérailles d’Ariel Sharon, et le peu de sympathies et de résonance qu’elles ont soulevées à l’échelle internationale, comparées à celle, on s’en souvient, de Yasser Arafat, ont confirmé cet isolement.

C’est donc la lutte contre l’antisémitisme qui a servi d’argumentaire à l’opération anti Dieudonné. L’accusation d’antisémitisme offre en effet, l’avantage de pouvoir s’appuyer en France sur une base juridique, la loi Gayssot de 1990, qui est susceptible d’être utilisée pour faire l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme.

Cette loi Gayssot veut réprimer “tout acte raciste, antisémite ou xénophobe”. Mais elle a introduit une nouveauté puisqu’elle va plus loin que le cadre juridique classique, celui de répression des actes, pour considérer comme délit aussi toute expression niant des” crimes contre l’humanité tels que définis par le tribunal militaire international” de Nuremberg en 1945. C’est la fameuse question du “révisionnisme “concernant les crimes commis contre les juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Dans ce domaine délicat de l’expression et de son interprétation forcément arbitraire, car subjective, politique ou idéologique, il y a précisément matière à manipulation comme de qualifier d’antisémitisme le simple fait d’accuser le sionisme d’instrumentaliser, à des fins de domination, les persécutions subies par les juifs.

C’est le procès fait d’ailleurs à Dieudonné. L’argument d’antisémitisme offre aussi l’avantage de faire appel à des ressorts émotionnels et passionnels. Tous ces éléments additionnés peuvent expliquer qu’on puisse arriver à une atmosphère d’interprétations délirantes, d’Inquisition, comme cela a été le cas dans la campagne officielle contre Dieudonné.

Cette atmosphère violente et passionnelle tranchait avec celle du public de Dieudonné, empêché du spectacle de son humoriste favori et qui restait bon enfant. Il réclamait la liberté d’expression. Il était difficile d’y voir la description fantasmatique qu’en donne les médias français.

De tout cela, il reste, au fond, un grand motif d’espoir et de réconfort. Tel David contre Goliath, Dieudonné a osé affronter “le système” et ses énormes moyens. Mais “le système”, en se mobilisant contre Dieudonné, a fourni la preuve qu’un homme seul, sans moyens, par sa seule force morale et celle de son talent, pouvait lui résister. C’est là le secret de l’immense popularité accumulée par Dieudonné depuis 10 ans et qui fait que les gens n’ont jamais voulu le laisser seul.

Djamel Labidi

Paru dans “Le Quotidien d’Oran” le 16 Janvier 2014


 


Elie Semoun : Dieudonné "révélateur d'une population qui se sent mal aimée"

Voila.fr - 23/1/14 - L'affaire Dieudonné "a été le révélateur de quelque chose, d'une certaine population française qui se sent mal aimée, qui ne se sent pas respectée et qui sent qu'elle n'a pas le droit à la parole", a déclaré l'humoriste Elie Semoun, dans un entretien sur BFMTV jeudi soir.

Interrogé à la veille de la pièce "Le placard" où il incarne François Pignon, au Théâtre des Nouveautés, à Paris, l'humoriste s'est dit "bouleversé" par la polémique autour de son ancien complice.

"Dieudonné, c'est le porte-parole de tous ces gens qui veulent hurler leur rage et leur colère. Malheureusement, dans tout ce tas de gens, il y a beaucoup de racistes", a-t-il dit avec tristesse.

"Si j'étais sociologue, je me pencherais là-dessus et je me dirais que la société française va mal. Peut-être parce qu'on est en temps de crise et que des rancoeurs, des jalousies, du racisme ressortent", a-t-il ajouté.

"Toute cette histoire m'a bouleversé. Il nous a pris tous en otage, et moi en particulier", a-t-il souligné, tout en se disant opposé à l'interdiction "des spectacles en règle générale, parce que de toute façon, ça fait de l'artiste un martyre, et puis ça donne encore plus aux gens envie d'aller le voir".

"Il faut interdire le fait qu'on soit raciste et méprisant, pour un peuple, les juifs, mais interdire des spectacles, non. Moi, je suis pour la liberté d'expression", a-t-il expliqué.

L'humoriste avait réagi début janvier aux propos antisémites de Dieudonné par un court sketch diffusé sur Canal+, où il rappelait "quand on a débuté avec Dieudonné, on était le symbole même de l'antiracisme, à tel point que j'avais oublié que j'étais Noir et qu'il était juif ! On s'en foutait à l'époque de tout ça, maintenant c'est un problème pour tout le monde... Dommage, moi j'aimais bien être Noir".


 

 

Le phénomène Dieudonné

Par Serge Uleski

 

Agoravox - 24/1/14 - A propos de ce «phénomène» d’aucuns avancent une explication qui répond au nom de «populisme».

Soit. Mais alors à la définition suivante « Le populisme désigne un type de discours et de courants politiques, prenant pour cible «les élites» et prônant le recours au «peuple» s’incarnant dans une figure charismatique » on opposera celle-ci : «Le populisme, c'est l’autre, toujours ! L'adversaire ! Celui par qui le scandale et le danger arrivent ! Sa dénonciation n'explique rien mais révèle tout : un parti pris… de classe le plus souvent dans le style "Si c'était différent, ce serait pire encore ! "... tendance « grands bourgeois lettrés ou non mais pétés de tunes et morts de trouille - classe politique, journalistes-chroniqueurs des médias dominants inclus -, à l’idée de devoir répondre à la question suivante : qu’avez-vous fait de notre souveraineté et de notre liberté ?»

Ce qui recadre sensiblement le propos de ceux qui n’ont qu’un objectif : discrédité Dieudonné et son public : «Dieudonné est un populiste dangereux et son public des moutons égarés», ce qui pourrait, si l’on n’y prend pas garde, justifier toutes les mesures répressives et liberticides à l’endroit du coupable d’un tel méfait.

Et comme un fait exprès, ces mesures ont déjà été prises contre l’intéressé et par ricochet… contre son public privé de spectacle.

Ce qui n’est pas sans rappeler ce qui suit : le fascisme langagier - intimidation et dissuasion -, consiste à exposer un individu à un vocabulaire qui n'admet aucune ambivalence ni aucun "oui mais". Le fascisme langagier et sa dictature, c’est donc le choix d’un vocabulaire contre lequel personne n’osera énoncer de contradictions sans courir le risque d'un verdict-anathème qui équivaut à une mort sociale, médiatique et professionnelle.

Aussi, tout individu qui refuse d'adhérer à l’univers conceptuel de ce vocabulaire et de le valider pour mieux l’intérioriser et le reprendre à son compte jusqu’à l’adapter à sa propre personnalité, - l’ajuster à sa taille -, peut se voir qualifié ou bien plutôt disqualifié en tant que…

Fasciste, raciste, antisémite, complotiste paranoïaque, nationaliste, populiste, homophobe, islamophobe, démagogue, anti-européen, anti-américain...

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Toujours à propos du « phénomène Dieudonné » d’autres, plus téméraires mais guère courageux, évoquent «la crise» privilégiant, faute d’imagination, son aspect exclusivement social : chômage, précarité et pauvreté.

Soit.

Si on évoque « la crise », encore faut-il, là aussi, définir cette crise : qui (et quoi) est en crise et pourquoi ? Sans oublier cette autre question : qui sont les responsables ?

Car si crise il y a, c’est bien d’une crise démocratique, une crise de la représentation dont il est question - et pas seulement au Sénat et à l’Assemblée, loin s’en faut ! Représentation dans le sens de : qui est autorisé à représenter qui, quoi, et comment ? Qui a la légitimité et l’autorité morale et intellectuelle pour le faire ? Et plus important encore : qui est autorisé à parler, de quoi, de qui, comment, à qui, avec qui et où ?

Dans les médias dominants - médias de masse-, ou bien dans un cagibi ou autre placard à balais ? Des médias aux ordres qui ont sciemment coupé les ponts, tué la communication, l’échange, voilà trente ans déjà, en tarissant toute relation aussi lacunaire soit-elle avec des pans entiers de la population de ce pays ; stratégie concomitante avec la désertion des urnes des classes populaires qu’une classe politique du renoncement a précipité dans les abîmes d’une condition ouvrière en rupture de contrat social.

Or, à ce sujet, il semble que la réponse suivante s’impose : on ne peut guère parler de quoi que ce soit, pas plus que l’on ne peut guère décider de quoi que ce soit pour nous-mêmes qui n’ait pas été au préalable validé par ceux qui, autre coïncidence, prennent des décisions ou bien valident celles des autres sous la contrainte et sans nous consulter, tout en sachant que dans le cas contraire, si d’aventure notre vote ne convient pas, ils passent outre.

Ceux qui ont pu se réjouir de l’annulation d’un spectacle de Dieudonné à Nantes par un juge, un seul, du Conseil d’Etat, - avis rendu en 1H30 -, n'ont sans doute pas réalisé que cette attaque frontale contre la liberté d’expression n'était finalement qu’une attaque de plus contre tous ceux qui, bon an mal an, seraient appelés à remettre en cause des politiques économiques qui plongent toutes les sociétés occidentales dans une remise en cause intraitable des protections, et autres acquis sociaux, et des chances de progrès pour le plus grand nombre.

Concomitance historique troublante cette menace quotidienne exercée sur la liberté d’expression, le verrouillage des médias, et cette politique de remise en cause de tous nos acquis démocratiques et sociaux, ici en Europe !

Il faut n'avoir jamais eu rien à dire ou bien, pas grand-chose à craindre de ceux qui décident de qui parle, de quoi, où et à qui, pour oublié ce B. A. BA de la liberté d'expression : la liberté de parole d’un Dieudonné nous protège tous de la censure qui pourrait alors nous frapper dans notre dénonciation de ce nouvel ordre sans honneur ni justice.

A propos du public de Dieudonné, un rien pusillanime , on évoque une quête identitaire.

Soit.

Encore faut-il prendre son courage à deux mains et dire les choses : dans les faits, il n’y a pas de crise d’identité mais… le refus de voir cette identité qui est bien plus qu’une identité mais un véritable projet… porté par nos élites au sortir de la seconde guerre mondiale regroupées autour du Conseil national de la Résistance… le refus donc de voir ce projet littéralement saboté par des hommes qui n’en ont aucune idée faute de pouvoir l’assumer car, là encore, leur carrière dépend de leurs seules capacités à passer outre une Nation, un Etat, un contrat social et un concept à la fois européen et mondial.

Paradoxalement, ce sont les pays étrangers qui nous le rappellent à chaque fois que nous renonçons à notre indépendante en matière de politique étrangère (et ce n’est qu’un exemple). Certes, ce ne sont pas les Allemands, ni les Britanniques ni les Etats-Unis qui nous rafraichissent la mémoire mais… des dizaines de pays de par le monde… des pays dominés aux populations opprimées et qui ne reconnaissent plus cette France de Jeanne d’Arc, de Victor Hugo, de Jaurès, de Bernanos, de Mendès France et de de Gaulle ; celle des Cathédrales et des Misérables - notre véritable bible républicaine ; une France avec tout son passé, telle une force qui chemine sans entraves et sûre de sa destination, non pas seule mais… accompagnée de tous ceux qui devraient pouvoir trouver auprès d’elle une main et un bras fermes.

Crise d’identité, crise économique… crises , crises… en veux-tu en-voilà ! Le mot est lâché : délitement.

Mais quel délitement ? Qui en est responsable ? Et délitement de qui, de quoi ?

Certes, le délitement est là : à la fois dans l’ignorance et dans toutes les stratégies de sabotage d’un héritage et d’une ambition ; sabotage au profit d’individus pour lesquels le monde n’est qu’un Hôtel… taudis pour les uns, Palace pour les autres, de Paris à New York, en passant par Tel Aviv, Casablanca et Hong- Kong.

Car, dans les faits, si extrême droite il y a, elle est bien là cette extrême droite ! Dans une mondialisation qui n’a que l’alternative suivante à nous proposer : se soumettre ou bien périr ; et aucune sphère ne sera épargnée : vie publique, vie privée, de l’entreprise à la chambre à coucher - celle du couple comme celles des enfants -, de la cellule familiale au quartier, la ville, le canton, le département, la région...

Finalement, rien n’est plus régressif que cette mondialisation-là ; régression archaïque caractéristique d’une Oligarchie pourrie, gâté, mentalement pré-pubère et onaniste dans la pratique qui s’en met ras la gueule depuis trente ans, et qui n’en a jamais assez ! Une mondialisation que l’on pourrait facilement se représenter, à peine caricaturale, dans la position du foetus, à sucer son pouce et le sang de ses victimes… tellement les pulsions qui la dominent sont primitives et de l’ordre des instincts pré-civilisationnelle : une mondialisation de Neandertal finalement pour une psychologie non pas de comptoir mais de cavernes.

Et cette mondialisation-là relève sans aucun doute de l’étude psychanalytique.

D’autres encore prétendent que Dieudonné et son public seraient porteurs de revendications qui ont du mal à être conceptualisées feignant d’ignorer sans doute que cette conceptualisation a déjà eu lieu, de l’instauration d’un Etat dit « de droit » de Montesquieu à la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : droits qui se voulaient inaliénables et qui, pourtant, n’ont pas cessé de faire l’objet d’attaques brutales depuis trente ans, véritable harcèlement, jour après jour, majorité après majorité, élection présidentielle après l’autre.

Et puis, et alors…

La contestation faisant rage, ici et là, comme à bout de souffle, une fois les médias verrouillés, une fois acquis le soutien de la quasi-totalité de la classe politique, et le monde des affaires conforté… c’est alors qu’arrive le grand chantage à l’anti-sémitisme contre la critique d’un univers unidimensionnel et liberticide d’une intolérance inouïe.

La critique d’une politique d’un Etat qui n’a plus rien à envier à l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid ? Antisémite. La critique des médias et de ceux qui y cumulent salaires et fonctions ? Antisémite. La critique d’un sionisme (judaïsme politique) corrupteur de nos élites au plus haut niveau de l’Etat ? Antisémite. La critique du bourrage de crâne avec le génocide juif ? Antisémite. La dénonciation de l’’instrumentalisation de ce génocide ? Antisémite. La demande d’une juste répartition des commémorations et de la transmission de la mémoire, de tous les crimes coloniaux et de la traite négrière ? Antisémite. Une blague à propos d’un tueur toulousain ? Antisémite. La critique d’un CRIF entre les mains d’une extrême droite venu d’une région du monde qui ne trouve son salut que dans le meurtre, les assassinats, l’occupation et les bombes ? Antisémitisme. La critique de la banque ? Antisémite. La quenelle anti-système ? Antisémite. La lutte contre la mondialisation ? Antisémite. La remise en cause d’une Europe qui est une véritable guerre contre les salaires et les droits sociaux ? Antisémite. La remise en cause de la version officielle du 11 Septembre ? Antisémite et Négationniste.

Mais alors… si tout est anti-sémitisme et négationnisme… c’est que tout est juif ?

Oui ? Non ?

Ou bien, alors… si tout est anti-sémitisme et négationnisme c’est que plus rien ne l’est.

Oui ? Non ?

Allô ? Vous êtes là ?

Il semblerait que le piège se soit refermé sur ceux qui l’ont pensé et posé car «la ruse la mieux ourdie peut nuire à son inventeur et souvent la perfidie retourne sur son auteur» - Jean de La Fontaine : la grenouille et le rat.

Et pour finir… ajoutons ceci : rien n’est plus politique que Dieudonné, son public, ses détracteurs, ses soutiens et tout ce qu’un gouvernement est capable de mettre en oeuvre pour tenter de le faire taire ; à défaut, de le discréditer. Même le silence de ceux qui se taisent, terrés et terrorisés, hurle politique, hurle à la politique.

Oui ! Tout est éminemment politique sur l’affaire, le phénomène Dieudonné. Et c’est là que toutes les forces coalisées se rejoignent et œuvrent et tirent dans un seul sens, jusqu’à l’épuisement, tous tenus d’obtempérer : nous tromper en affirmant haut et fort que Dieudonné n’est pas politique mais… antisémite, dans l’espoir de le disqualifier et que l’on se détourne de lui.

Alors oui ! Dieudonné est leur psyché à tous... tous détracteurs : cet ensemble de phénomènes psychiques qui constitue non pas leur individualité à tous indépendamment de tous les autres, mais bien plutôt tout ce à quoi ils sont soumis, tout ce à quoi il leur est demandé de souscrire. Aussi, chacune des paroles de notre humoriste, chacun de ses sketchs, chaque spectacle leur apporte non pas tant la contradiction qu'une honte ingérable ; d'où la gêne des uns, la colère des autres, et la haine pour les plus affectés d'entre eux par cette entreprise de désindividuation dans laquelle tous se sont laissé entraîner comme on vend son âme au diable, un diable au sourire angélique, car c'est là le prix à payer pour quiconque souhaite prospérer au mieux de ses intérêts - donneurs d'ordres, exécutants et supplétifs confondus... tous au service d'un impératif qui frôle à terme l'anéantissement psychique -, au profit d'une solidarité ethnique, professionnelle ou de classe (c'est au choix ! et tous les choix sont possibles à la fois) aux intérêts bien compris et jalousement préservés : poison qui condamne une société à d'incessants conflits tantôt larvés, tantôt ouverts que cette démission de l'être... étant !

Ressentiment et guerre d'usure, pourrissement et instrumentalisation politique...

Rien de surprenant que tous - classe politique, monde du spectacle et médias -, souhaitent s’en débarrasser. Un Dieudonné contre lequel une guerre sans pitié et dissymétrique est menée, une de plus... (c'est à noter une fois encore... une guerre dissymétrique de plus après celle qui ont été et sont menées ailleurs dans le monde contre des pays tout juste capable de se défendre).

Le public de Dieudonné, cette France Black-Blanc-Beur qui a trouvé refuge dans les salles de ses spectacles, cette France Black-Blanc-Beur dont personne ne veut en l’état, et cette France-là, Black-Blanc-Beur, n’a qu’un ennemi : le mépris, l’arrogance et la voracité d’un système pour lequel les êtres humains ne sont que des ventres à remplir ou bien, à affamer si ces ventres refusent de marché droit (des ventres ici, et des Peuples ailleurs aussi… c’est selon... leur niveau de soumission ou de résistance !), et du temps de cerveau disponible à distraire jusqu'à l'abrutissement et à manipuler jusqu’au renoncement à une quelconque résistance.

En attendant, Dieudonné a certainement besoin de se protéger de quelques "élites" communautaires et de leurs supplétifs qui depuis dix ans cherchent à abattre celui qu'il faut bien se résoudre à considérer comme notre plus talentueux humoriste satirique de langue française depuis Molière, fils de Voltaire, sans aucun doute le plus grand anti-tartuffe de la société du spectacle médiatique et politique.

Et que l’on nous montre un honnête homme, un seul, ou qu’il se fasse connaître dans les meilleurs délais, qui ne soit ni un politique aux arrières pensées inavouables ni juge et partie, ni un pleutre, ni un imbécile ou bien une gourde, un honnête homme donc qui soit d’avis qu’il n’y a rien à sauver chez Dieudonné… car on l’attend encore !

Et c'est bien là que tout soutien à Dieudonné trouve son sens.


 

 

Le nouveau spectacle

Asu Zoa s'inspire de mythes ancestraux et de croyances primitives.
Avec de la danse, de la musique, du mime et quelques mouvements de Taï Chi !

 

Limoges : "nocturne républicaine" samedi face au spectacle de Dieudonné


Voila.fr - 24/1/14 - Une "nocturne républicaine" pour "dénoncer toute forme de racisme" [sic] aura lieu samedi soir à Limoges, à l'initiative du député-maire PS Alain Rodet, au moment même où le polémiste Dieudonné donnera son nouveau spectacle au Zénith de la ville.

La mairie de Limoges avait été l’une des premières à manifester fin décembre son opposition à la venue de l'humoriste controversé et de son spectacle "Le mur". La nouvelle version du spectacle, intitulée "Asu Zoa", a finalement été maintenue.

"Selon les informations que nous avons, le spectacle a bien été expurgé de ses propos antisémites. Il nous était donc difficile de prendre un arrêté sans s’exposer à des difficultés judicaires, d'autant qu’une mesure d'interdiction n'est pas toujours bien comprise du public", a expliqué le maire à une correspondante de l'AFP.

"Mais il nous a semblé capital de marquer le coup. On n’est pas n'importe quelle ville. Il y a ici une mémoire collective, qui n’a pas besoin de l’actualité pour rester à fleur de peau. Il fallait que l’on montre notre vigilance à M. M’bala M’bala qui, quelles que soient les modifications apportées à son spectacle, n'est pas avare de commentaires antisémites", a-t-il ajouté.

Placée sous l'égide de la municipalité et fédérant un collectif d’associations de défense des droits de l’homme, cette "nocturne républicaine", la première du genre, se tiendra au Musée de la Résistance, lieu symbolique de mémoire d'un des maquis les plus actifs de France.

La soirée, à laquelle sont conviées "toutes les personnes attachées aux valeurs et aux principes de la République", "dépasse la seule question antisémite", a estimé le maire : "Il s’agit de dénoncer toutes les persécutions, les stigmatisations, toute forme de racisme", a-t-il ajouté.

Militants de partis politiques, membres de syndicats ou d'associations anti-racistes et de défense des droits de l'homme ont annoncé leur participation.


 

La campagne contre Dieudonné
vue par Diana Johnstone pour le magazine américain Counter Punch

 

Alterinfo - 3/1/14 - Un bon article très remarqué de Diana Johnstone sur les développements autour du geste de la quenelle popularisé par l’humoriste Dieudonné.

L’article est publié par Counter Punch, un magazine américain de gauche, c’est-à-dire extrémiste dans la terminologie politique en vigueur aux Etats Unis, pays où dominent traditionnellement un centre gauche et un centre droit.
Je en ferai pas de commentaires même si ce n’est pas l’envie de le faire qui manque.

La tentative de museler Dieudonné M’Bala M’Bala :
la Bête Noire [en français dans le texte, NdT] de l’establishment français


par DIANA JOHNSTONE

à Paris, Counter Punch (USA) 1er janvier 2014, traduit de l’anglais par Djazaïri

Les médias traditionnels et les politiques commencent la nouvelle année avec une résolution partagée pour 2014 : museler définitivement un comédien franco-africain qui devient trop populaire auprès des jeunes gens.
Entre Noël et la Saint-Sylvestre, ce n’est personne d’autre que le Président de la République, François Hollande qui, lors d’une visite en Arabie Saoudite pour de (très grosses) affaires commerciales, a déclaré que son gouvernement devait trouver un moyen d’interdire des spectacles de l’humoriste Dieudonné M’Bala M ‘ Bala, ainsi qu’a appelé à le faire le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls.
Le leader du parti conservateur d’opposition, l’UMP Jean-François Copé, a fait immédiatement chorus en apportant un «soutien total» à la réduction au silence de l’incontrôlable comédien.
Au milieu de ce choeur médiatique unanime, l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur a écrit en éditorial que Dieudonné est «déjà mort,» lessivé, fini. La rédaction débattait ouvertement de la meilleure tactique entre essayer de le faire emprisonner pour «incitation à la haine raciale», l’annulation de ses spectacles sur la base de potentielles «menaces de trouble à l’ordre public,» ou l’exercice de pressions en menaçant les communes de diminuer le montant des subventions pour la culture si elles l’autorisent à se produire.
L’objectif de Manuel Valls, le patron de la police nationale, est clair, mais le pouvoir tâtonne quant à la méthode.

La quenelle a un effet dévastateur sur Manuel Valls

Le cliché méprisant qui est constamment répété est que «Dieudonné ne fait plus rire personne.»
En réalité, c’est le contraire qui est vrai. Et c’est là le problème. Dans sa récente tournée dans les villes françaises, des vidéos montrent de grandes salles archi combles pliées de rire devant leur humoriste préféré. Il a popularisé un geste simple qu’il appelle la «quenelle.» Ce geste est imité par des jeunes gens dans toute la France. Elle veut dire tout simplement et à l’évidence : on en a marre.
Pour inventer un prétexte pour détruire Dieudonné, la principale organisation juive, le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, équivalent français de l’AIPAC) et la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), qui jouit de privilèges particuliers dans le droit français (la journaliste parle du droit de se porter partie civile, NdT) ont sorti une histoire extravagante pour qualifier Dieudonné et ceux qui le suivent de «nazis.» La quenelle n’est selon toute évidence qu’un geste grossier signifiant à peu près «dans ton cul» avec une main placée en haut de l’autre bras pointé vers le bas pour préciser la longueur de la quenelle.
Mais pour le CRIF et la LICRA, la quenelle est «un salut nazi à l’envers». (On n’est jamais assez «vigilant» quand on cherche un Hitler caché)
Comme quelqu’un l’a remarqué, un «salut nazi à l’envers» peut tout aussi bien être considéré anti-nazi. Si encore le geste a quelque chose à voir avec Heil Hitler. Ce qui n’est manifestement pas le cas.
Mais le monde des médias reprend cette affirmation, en signalant tout du moins que «certains considèrent la quenelle comme un salut nazi à l’envers. » Peu importe si ceux qui pratiquent ce geste n’ont aucun doute sur ce qu’il veut dire : N…e le système !
Mais jusqu’à quel point le CRIF et la LICRA sont-ils «le système» ?


La France a un grand besoin de rire

L’industrie française est en train de disparaître, avec des usines qui ferment les une s après les autres. L’imposition des citoyens à faibles revenus est à la hausse, pour sauver les banques et l’euro. La désillusion vis-à-vis de l’Union européenne est de plus en plus forte. Les règles de l’UE empêchent toute action sérieuse pour améliorer l’état de l’économie française. Pendant ce temps, les politiciens de gauche et de droite continuent leurs discours creux, émaillés de clichés sur les «droits de l’homme» – en grande partie comme prétexte pour aller à la guerre au Moyen-Orient ou pour des diatribes contre la Chine et la Russie. Le pourcentage d’opinions positives sur le président Hollande a dégringolé à 15%. Pourtant les gens votent, avec pour résultat les mêmes politiques, décidées par l’UE.
Pourquoi alors la classe dirigeante concentre-t-elle sa vindicte sur «l’humoriste le plus talentueux de sa génération" (ainsi que le reconnaissent ses confrères, même quand ils le dénoncent)?
La réponse en bref est probablement que la popularité montante de Dieudonné auprès de la jeunesse illustre un accroissement de l’écart entre générations. Dieudonné fait rire aux dépends de l’ensemble de l’establishment politique. Ce qui a eu pour conséquences un torrent d’injures et de démarches pour interdire ses spectacles, le ruiner financièrement et même le faire aller en prison. Les attaques verbales fournissent le contexte propice à des agressions physiques contre lui. Il y a quelques jours, son assistant Jacky Sigaux a été agressé physiquement en pleine journée par plusieurs hommes masqués devant la mairie du 19ème arrondissement – juste en face du parc des Buttes Chaumont. Il a déposé plainte.
Mais quelle protection peut-on espérer de la part d’un gouvernement dont le ministre de l’intérieur, Manuel Valls – en charge de la police – a promis de trouver les moyens de faire taire Dieudonné ?
Cette affaire est importante mais il est pratiquement certain qu’elle ne sera pas traitée correctement dans les médias hors de France – exactement comme elle n’est pas traitée correctement dans la presse française qui est la source de presque tout ce qui est rapporté à l’étranger. Les problèmes liés à la traduction, une part de malentendus et de contrevérités ajoutent à la confusion.

Pourquoi le haïssent-ils ?

Dieudonné M’Bala M’Bala est né dans la banlieue parisienne il y a 48 ans Sa mère était une blanche originaire de Bretagne, son père était un Africain originaire du Cameroun. Ce qui devrait faire de lui l’enfant-modèle du «multiculturalisme» que l’idéologie dominante de la gauche affirme promouvoir. Et durant la première partie de sa carrière, en duo avec son ami juif Elie Semoun, il était exactement ça : il faisait campagne contre le racisme, concentrant ses attaques sur le Front National allant même jusqu’à se présenter aux élections municipales contre une candidate du Front National à Dreux, une cité dortoir à environ 90 kilomètres à l’ouest de Paris où il réside. Comme les meilleurs humoristes, Dieudonné a toujours ciblé les événements de l’actualité, avec un engagement et une dignité peu courants dans la profession. Sa carrière était florissante, il jouait dans des films, était invité à la télévision et travaillait désormais en solo. Très bon observateur, il excelle dans des imitations assez subtiles de divers types de personnalités et groupes ethniques, des Africains aux Chinois.
Il y a dix ans, le 1er décembre 2003, en tant qu’invité dans une émission de télévision traitant d’actualité intitulée «On ne peut pas plaire à tout le monde,» un nom tout à fait approprié, Dieudonné était arrivé sur le plateau sommairement déguisé en «converti au sionisme extrémiste», suggérant aux autres de «rejoindre l’axe du bien israélo-américain. ». Cette mise en cause relativement modérée de « l’axe du mal » de George W. Bush semblait complètement dans l’air du temps. Ce sketch se terminait par un bref salut «Isra-heil». On était loin du Dieudonné des débuts mais l’humoriste populaire avait été néanmoins salué avec enthousiasme par les autres comédiens tandis que le public présent sur le plateau lui avait fait une standing ovation.
C’était dans la première année de l’attaque américaine contre l’Irak à laquelle la France avait refusé de s’associer, ce qui avait amené Washington à rebaptiser ce qu’on appelle là-bas « french fries » (belges en réalité) en «freedom fries» .
Puis les protestations ont commencé à arriver, concernant particulièrement le geste final vu comme posant une équivalence entre Israël et l’Allemagne nazie.
« Antisémitisme ! » criait-on même si la cible du sketch était Israël (et les Etats Unis et leurs alliés au Moyen Orient). Les appels se multipliaient pour interdire ses spectacles, le poursuivre en justice, détruire sa carrière. Dieudonné a essayé d’expliquer que son sketch ne visait pas les Juifs en tant que tels mais, à la différence d’autres avant lui, il n’a pas présenté d’excuses pour une offense qu’il considère ne pas avoir commise.Pourquoi n’y-a-t-il pas eu de protestations de la part des Africains dont il s’est moqué ? Ou des Musulmans, Ou des Chinois ? Pourquoi une seule communauté a-t-elle réagi avec autant de rage ?
A commencé alors une décennie d’escalade. La LICRA entama une longue série d’actions en justice contre lui (« incitation à la haine raciale »), les perdant au début mais ne relâchant pas la pression. Au lieu de céder, après chaque attaque Dieudonné a poussé plus avant sa critique du « sionisme », Dans le même temps, Dieudonné était graduellement exclu des studios de télévision et traité comme un paria par les médias grand public. C’est seulement la profusion récente sur internet d’images montrant de jeunes gens en train de faire le geste de la quenelle qui a poussé l’establishment à conclure qu’une attaque frontale serait plus efficace que d’essayer de l’ignorer.

L’arrière-plan idéologique

Pour essayer de comprendre la signification de l’affaire Dieudonné, il est nécessaire d’appréhender le contexte idéologique. Pour des raisons trop complexes pour qu’on les présente ici, la gauche française – la gauche dont la préoccupation principale était autrefois le bien-être des travailleurs, l’égalité sociale, l’opposition aux guerres d’agression, la liberté d’expression – n’existe pratiquement plus. La droite a gagné la bataille décisive de l’économie avec le triomphe de politiques qui favorisent la stabilité monétaire et les intérêts du capital dfinancier international (le « néolibéralisme »). Comme prix de consolation, la gauche jouit d’une certaine prééminence idéologique basée sur l’anti-racisme, l’anti-nationalisme et l’engagement en faveur de l’Union Européenne – et même de l’hypothétique « Europe sociale » qui s’éloigne à grands pas pour rejoindre le cimetière des rêves disparus. En fait, cette idéologie coïncide parfaitement avec une mondialisation fondée sur les exigences du capitalisme financier international.
En l’absence de toute véritable gauche sociale et économique, la France a sombré dans une sorte de «politique de l’identité » qui fait à la fois l’éloge du multiculturalisme et réagit avec véhémence contre le «communautarisme », c’est-à-dire l’affirmation de n’importe quel particularisme jugé indésirable. Mais certains particularismes ethniques sont encore moins les bienvenus que d’autres. Le voile islamique a été d’abord interdit dans les écoles, et les demandes pour le faire interdire dans l’espace public se font de plus en plus pressantes. Le niqab et la burqa, quoique rares, ont été interdits par une loi. Des controverses éclatent sur la nourriture halal dans les cantines, les prières sur la voie publique, tandis que des caricatures raillent régulièrement l’Islam. Quoi qu’on puisse penser de tout ça, la lutte contre le communautarisme peut être vue par certains comme dirigée contre une communauté en particulier. Dans le même temps, les dirigeants politiques français ont pris la tête de ceux qui appellent à la guerre dans des pays musulmans comme la Libye et la Syrie tout en affichant leur dévotion pour Israël.
En même temps, une autre communauté fait l’objet d’une sollicitude de tous les instants. Ces vingt dernières années, alors que la pratique religieuse et l’engagement politique ont considérablement décliné, l’holocauste, appelé Shoah en France, est devenu progressivement une sorte de religion d’Etat. Les écoles commémorent la Shoah chaque année, elle domine de plus en plus dans une conscience historique en recul sous les autres aspects tout comme nombre d’approches en sciences humaines. En particulier, de tous les événements de la longue histoire de France, le seul protégé par une loi est la Shoah.. La loi dite Gayssot prohibe tout questionnement sur l’histoire de la Shoah, une interférence absolument sans précédent avec la liberté d’expression. En outre, certaines associations comme la LICRA, se sont vues accorder le privilège de pouvoir poursuivre des individus en justice sur la base de « l’incitation à la haine raciale » (interprétée de manière très large et inégale) avec la possibilité d’encaisser des dommages et intérêts au nom de la « communauté insultée ». En pratique, ces lois servent surtout à poursuivre «l’antisémitisme» présumé et le «révisionnisme» par rapport à la Shoah. Même si elles sont souvent rejetées par les tribunaux, de telles actions en justice participent du harcèlement et de l’intimidation. La France est un des rares pays où le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre la colonisation israélienne peut aussi être attaqué devant les tribunaux pour «incitation à la haine raciale.»
Organisation violente, la Ligue de Défense Juive (LDJ), illégale aux Etats Unis et même en Israël, est connue pour avoir saccagé des librairies ou frappé des individus isolés, parfois âgés. Quand les agresseurs sont identifiés, la fuite en Israël est une bonne porte de sortie. Les victimes de la LDJ n’inspirent jamais dans l’opinion publique quoi que ce soit de comparable à l’indignation publique massive quand un citoyen juif est victime d’une agression gratuite. Par ailleurs, les politiciens se rendent au dîner annuel du CRIF avec le même zèle que ceux des Etats Unis pour aller au dîner de l’AIPAC -pas pour financer leurs campagnes électorales mais pour prouver la bienveillance de leurs sentiments.
La France possède la plus importante communauté juive d’Europe occidentale, une population qui a en grande majorité échappé à la déportation pendant l’occupation allemande au cours de laquelle les immigrés juifs avaient été expulsés vers les camps de concentration. En plus d’une communauté juive établie depuis très longtemps, il y a beaucoup de nouveaux venus originaires d’Afrique du Nord. Tout cela contribue à une population aux succès très dynamiques, très présente dans les professions les plus visibles et les plus populaires (le journalisme, le show business ainsi que la science et la médecine entre autres)
De tous les partis politiques français, le Parti Socialiste (en particulier via le Parti Travailliste de Shimon Peres qui est membre de l’Internationale Socialiste) est celui qui a les liens historiques les plus étroits avec Israël. Dans les années 1950, quand la France combattait le mouvement de libération nationale algérien, le gouvernement français (via Peres) avait contribué au projet israélien de production d’armes atomiques. Aujourd’hui, ce n’est pas le Parti Travailliste qui gouverne Israël mais l’extrême droite. La récente visite amicale faite par Hollande à Benjamin Netanyahou a montré que la dérive droitière de la vie politique en Israël n’a absolument pas tendu les relations – qui semblent plus étroites que jamais.
Il n’empêche que la communauté juive est très petite en comparaison du grand nombre d’immigrés arabes venus d’Afrique du Nord ou des immigrés noirs originaires des anciennes colonies françaises en Afrique. Il y a quelques années, Pascal Boniface, un intellectuel de renom membre du PS, avait prudemment averti les dirigeants du parti que leur biais en faveur de la communauté juive pourrait finir par causer des problèmes électoraux. Cet avertissement qui figurait dans un document d’analyse politique avait provoqué un tollé qui lui avait presque coûté sa carrière.
Mais le fait demeure : il n’est guère difficile pour les français d’origine arabe ou africaine d’avoir le sentiment que le «communautarisme » qui a vraiment de l’influence est le communautarisme juif.

Les usages politiques de l’holocauste

Norman Finkelstein a montré il y a quelques temps que l’holocauste peut être exploité à des fins pour le moins dénuées de noblesse : comme extorquer des fonds à des banques suisses. La situation en France est cependant très différente. Il ne fait guère de doute que les rappels constants de la Shoah fonctionnent comme une sorte de protection pour Israël contre l’hostilité que génère le traitement infligé aux palestiniens. Mais la religion de l’holocauste a un autre impact politique plus profond qui n’a pas de relation directe avec le destin des Juifs.
Plus que toute autre chose, Auschwitz a été interprété en tant que symbole de ce à quoi mène le nationalisme. La référence à Auschwitz a servi à donner mauvaise conscience à l’Europe, et notamment aux Français si on tient compte du fait que leur rôle relativement marginal dans cette affaire [Auschwitz] avait été une conséquence de la défaite militaire et de l’occupation du pays par l’Allemagne nazie. Bernard-Henri Lévy, l’écrivain dont l’influence s’est accrue dans des proportions grotesques ces dernières années (il a poussé la président Sarkozy à la guerre contre la Libye), avait commencé sa carrière en soutenant que le «fascisme» est l’authentique «idéologie française». Culpabilité, culpabilité, culpabilité. En faisant d’Auschwitz l’événement le plus significatif de l’histoire contemporaine, un certain nombre d’écrivains et de personnages publics justifient par défaut le pouvoir croissant de l’Union Européenne en tant que remplacement indispensable des nations européennes intrinsèquement «mauvaises.» Plus jamais Auschwitz ! Dissoudre les Etats nations dans une bureaucratie technocratique libérée de l’influence émotionnelle de citoyens qui pourraient ne pas voter correctement. Vous vous sentez français ? Ou allemand ? Vous devirez en éprouver de la culpabilité – à cause d’Auschwitz.
Les Européens sont de moins en moins enthousiastes devant l’UE car elle ruine leurs économies et leur retire tout contrôle démocratique sur elles. Ils peuvent voter pour le mariage gay, mais pas pour la moindre mesure keynésienne et encore moins socialiste. La culpabilité pour le passé est néanmoins supposée maintenir leur fidélité à l’égard du rêve européen.
Les fans de Dieudonné, si on en juge par les photos, semblent être en majorité des hommes jeunes, âgés entre 20 et 30 ans. Ils sont nés deux bonnes générations après la seconde guerre mondiale. Ils ont passé leurs vies à entendre parler de la Shoah. Plus de 300 écoles parisiennes arborent une plaque commémorant le sort funeste d’enfants juifs déportés dans les camps de concentration nazis. Quel peut bien être l’effet de tout ça ? Pour beaucoup de ceux qui sont nés longtemps après ces terribles événements, il semble que tout le monde est supposé se sentir coupable – si ce n’est pas pour ce qu’ils n’ont pas fait, alors c’est pour ce qu’ils auraient été supposés avoir fait s’ils en avaient eu la possibilité [s'ils avaient vécu à l'époque, NdT].
Quand Dieudonné a transformé Chaud Cacao, une vielle chanson «tropicale» un peu raciste, en Shoah Ananas, le refrain a été repris en masse par les fans de Dieudonné. J’ose croire qu’ils ne se moquent pas de la véritable Shoah mais plutôt de ceux qui leur rappellent tout le temps des événements qui sont supposés les faire se sentir coupables, insignifiants et impuissants. Une bonne partie de cette génération en a assez d’entendre parler de la période 1939 – 1945 alors que son propre avenir est sombre.
Personne ne sait quand s’arrêter
Dimanche dernier, Nicolas Anelka, un footballeur très connu d’origine afro-belge [la famille d'Anelka est en fait originaire des Antilles, NdT] qui évolue en Angleterre a fait une quenelle après avoir marqué un but – en signe de solidarité avec son ami Dieudonné M’Bala M’Bala. Suite à ce geste simple et à la base insignifiant, le tumulte a atteint de nouveaux sommets.
’Assemblée Nationale française, Meyer Habib représente les «Français de l’étranger» – dont 4 000 Israéliens d’origine française [plus de 78 000 inscrits sur les registres électoraux en réalité, NdT]. Lundi dernier, il a twitté «La quenelle d’Anelka est intolérable ! Je vais déposer une proposition de loi pour punir ce nouveau salut nazi pratiqué par les antisémites.»

Meyer Habib

La France a adopté des lois pour « punir l’antisémitisme » [aucune de ces lois ne concerne exclusivement l'antisémitisme, NdT]. Le résultat est à l’opposé. De telles dispositions tendent simplement à confirmer la vieille idée selon laquelle «les juifs dirigent le pays» et participent à la montée de l’antisémitisme. Quand de jeunes français voient un Franco-israélien essayer de transformer en délit un simple geste, quand la communauté juive se mobilise pour interdire leur humoriste préféré, cela ne peut que faire monter l’antisémitisme et même encore plus rapidement.
Il reste que dans cette escalade le rapport de forces est très inégal. Un humoriste n’a pour armes que des mots et des fans qui pourraient bien se disperser quand la situation va se corser. De l’autre côté se trouvent l’idéologie dominante et le pouvoir de l’Etat.
Dans ce genre de conflit, la paix civile dépend de la sagesse et de la capacité de ceux qui ont le plus de pouvoir à faire montre de retenue. S’ils n’agissent pas en ce sens, alors cela pourrait être un jeu sans vainqueurs.

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Diana Johnstone revient sur la campagne contre Dieudonné
pour le magazine américain Counter Punch

 

Alterinfo 27/1/14 - Après son premier article très remarqué sur la campagne contre Dieudonné, Diana Johnstone récidive en complétant l’analyse du contexte idéologique et religieux dans lequel a pris place cette campagne.
Elle attire particulièrement notre attention sur le caractère quasi-religieux attribué à ce qu’on appelle la shoah ou l’holocauste. Je dirai simplement que cette religion n’est pas la nouvelle religion juive comme le pense Yeshayahu Leibowitz, mais la nouvelle religion pour les non Juifs avec le « peuple juif » comme divinité et une hiérarchie cléricale et doctrinaire dominée par des Juifs.
De fait, il n’y a pas eu de shoah ou d’holocauste. Ces deux termes n’ont pas été introduits par des historiens qui auraient jugé utile de qualifier ainsi les persécutions subies par les Juifs sous le nazisme, mais correspondent à des titres de productions "artistiques", à savoir le "documentaire" de Claude Lanzmann pour le mot "shoah" et un feuilleton télévisé américain pour le mot "holocauste".
Quand on parle d’enseigner la mémoire de l’holocauste ou de la shoah, on parle donc en réalité d’autre chose que d’histoire.
Je ne commenterai pas plus avant ce texte de Diana Johnstone, sauf pour dire qu’il invite à réfléchir sur la place du religieux dans la société. Le religieux correspond en effet à un besoin, non seulement des individus et des divers groupes qui constituent la société, mais c’est aussi un besoin de l’Etat lui-même.
Chassé par la porte, il revient par la fenêtre sous des formes parfois surprenantes à première vue mais qui correspondent toujours en réalité aux structures connues du fait religieux.


La Shoah comme religion d’Etat ?
Blasphème dans la France laïque

par DIANA JOHNSTONE,

Counter Punch (USA) 24 janvier 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri


Paris - La campagne menée par le gouvernement français, les médias et des organisations influentes pour faire taire l’humoriste franco-camerounais Dieudonné M’Bala M’Bala continue à mettre en lumière une coupure radicale dans l’opinion publique française. La «mobilisation» officielle contre l’artiste comique, appelée d’abord par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls lors d’un rassemblement du parti socialiste au pouvoir l’été dernier, dépeint l’artiste dépeint comme un dangereux agitateur antisémite, dont le geste de la "quenelle" * est interprété comme un " salut nazi inversé ".
Pour ses fans et ses supporteurs, ces accusations sont fausses et absurdes.
Le résultat le plus significatif du tapage autour der Dieudonné est sans doute pour l’instant le début d’une prise de conscience chez de plus en plus de gens, que la «Shoah», ou l’Holocauste, fonctionne comme la religion d’État semi-officielle de la France.
Sur RTL télévision le 10 janvier dernier, le commentateur non conformiste bien connu Eric Zemmour (qui se trouve être juif) observait qu’il était « ridicule et grotesque » d’associer Dieudonné au IIIème Reich. Zemmour décrivait Dieudonné comme un produit du multiculturalisme français de gauche. « C’est la gauche qui nous a appris depuis mai 68 qu’il est interdit d’interdire, c’est la gauche artistique qui nous a enseigné qu’il fallait choquer le bourgeois. C’est la gauche anti-raciste qui a fait de la Shoah la religion suprême de la République… »
Zemmour suggérait que Dieudonné provoquait «la bourgeoisie bien pensante de gauche» et qu’il «reproche aux Juifs de vouloir conserver le monopole de la souffrance et de voler aux descendants d’esclaves la primauté du malheur.»
L’enjeu est plus large. Les rappels de la Shoah servent indirectement à justifier une politique étrangère de la France au Moyen Orient de plus en plus pro-israélienne. Dieudonné était opposé à la guerre contre la Libye, au point de se rendre sur place pour montrer sa solidarité avec ce pays qui était bombardé par l’OTAN.
Dieudonné a commencé sa carrière comme militant antiraciste. Au lieu de s’excuser pour son sketch de 2003 où il moquait un « colon sioniste extrémiste », Dieudonné a répliqué en étendant le domaine de son humour pour inclure la Shoah. La campagne conte lui peut être vue comme une volonté de rétablir le caractère sacré de la Shoah par une action de répression d’une forme contemporaine de blasphème.
Confirmant cette impression, une convention « historique » a été conclue le 9 janvier entre le Parquet de Paris et le Mémorial de la Shoah pour permettre à tout adolescent reconnu coupable d’antisémitisme d’être condamné à suivre un cours de « sensibilisation à l’histoire de l’extermination des Juifs. » L’étude du génocide est supposée leur apprendre les « valeurs républicaines de tolérance et de respect d’autrui. »
C’est peut-être précisément ce dont ils n’ont pas besoin. Le Parquet n’a peut-être pas conscience de tous ces jeunes gens qui disent qu’ils ont reçu plutôt trop que pas assez d’éducation à la Shoah.
Un article atypique dans Le Monde du 8 janvier citait des opinions qu’on peut facilement entendre auprès de la jeunesse française mais qui sont habituellement ignorées. Après avoir interviewé des spectateurs de la classe moyenne et ayant des sympathies de gauche et qui réfutent out antisémitisme, Soren Seelow citait Nico, un étudiant en droit à la Sorbonne qui vote à gauche et adoré Dieudonné parce qu’il « libère le rire dans ce qu’il considère comme étant une société conformiste, compassée et « bien-pensante.» Quant à la Shoah, Nico se plaint que « On nous en parle depuis la primaire, soupire Nico. A 12 ans, j’ai vu un film où des tractopelles poussaient des cadavres dans des fosses. Nous subissons une morale culpabilisatrice dès le plus jeune âge. ». »
En plus des cours d’histoire, les enseignants organisent des commémorations de la Shoah et des voyages à Auschwitz. Les rappels de la Shoah dans les médias sont presque quotidiens. Cas unique dans l »histoire de France, la loi dite Gayssot dispose que toute déclaration niant ou minimisant la Shoah est passible de poursuites voire de prison.
Les nombreux messages que j’ai reçus de la part de citoyens français en réaction à mon précédent article (Counter Punch, 1er janvier 2014) ainsi que des conversations privées ont rendu clair pour moi que les rappels à la Shoah sont très souvent vécus par des personnes nées des dizaines d’années après la défaite du nazisme comme des invitations à ressentir de la culpabilité ou au moins mal à l’aise pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Comme beaucoup d’événements qui exigent de la solennité, la Shoah peur être ressentie comme un sujet qui impose un silence gêné. Le rire est alors vécu comme une libération.
Mais pour d’autres, ce genre de rire ne peut être qu’abomination.
Dieudonné a été condamné à 8 000 euros d’amende pour sa chanson « Shoananas » et d’autres condamnations semblables pointent à l’horizon. Ces poursuites devant les tribunaux, à l’instigation surtout de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) ont aussi pour but de le ruiner financièrement.
“Haine”
Un des refrains du choeur anti-Dieudonné affirme qu’il « n’est plus un comédien » mais a transformé ses spectacles en « réunions politiques antisémites » qui répandent la « haine ». Même le lointain magazine New Yorker a accusé l’humoriste de faire carrière en propageant la « haine ». Ce qui évoque des images de choses terribles qui sont très éloignées de ce qu’est un spectacle de Dieudonné ou de ses conséquences.
Il n’y avait pas d’atmosphère de haine chez les milliers de fans qui n’avaient pas pu assister le 9 janvier au spectacle de Dieudonné à Nantes, interdit à la dernière minute par le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative. Personne ne se plaignait d’avoir été privé d’un « rassemblement nazi ». Personne ne songeait à faire du mal à qui que ce soit. Tous disaient être venus pour profiter du spectacle. Ils représentaient un échantillon normal de jeunes Français de la classe moyenne avec souvent un bon niveau d’éducation. Le spectacle avait été interdit sur la base « de trouble public éventuel ». La foule déçue s’est dispersée pacifiquement. Les spectacles de Dieudonné n’ont jamais donné lieu à un quelconque trouble à l’ordre public.
Mais on ne se trompera pas en parlant d’une haine virulente contre Dieudonné
Philippe Tesson, un commentateur écouté, a annoncé lors d’une récente interview radio, qu’il se «réjouirait profondément» de voir Dieudonné exécuté par un peloton d’exécution. «C’est, pour moi, une bête immonde. Donc qu’on le supprime !» s’était-il exclamé.
Rav Haim Dynovisz, le rabbin qui professe sur internet, a admis dans un de ses cours de théologie que la théorie darwinienne de l’évolution qu’il rejette avait été prouvée par Dieudonné comme vérifiée pour «certaines» personnes qui doivent descendre du gorille.
Deux adolescents âgés de 17 ans ont été renvoyés définitivement de leur lycée pour avoir fait le geste de le quenelle considérée comme [apologie de] «crimes contre l’humanité». Le webzine franco-israélien JSSNews a activement enquêté sur les identités des personnes qui ont fait le geste de la quenelle pour qu’elles soient licenciées de leurs emplois, se vantant qu’il allait «faire monter le chômage en France.»
Les propriétaires du petit théâtre parisien de «La main d’Or», loué par Dieudonné avec un bail qui expire en 2019 ; sont récemment rentrés précipitamment d’Israël en exprimant leur intention de trouver un point de droit permettant de rompre le bail et de lui faire quitter les lieux.
Pour ce que j’en sais, la pire chose jamais dite par Dieudonné pendant ses spectacles était une insulte personnelle contre le présentateur radio Patrick Cohen. Cohen avait plaidé avec insistance pour que des personnes qu’il qualifie de «cerveaux malades» comme Dieudonné ou Tariq Ramadan soient exclus des studios de télévision. En décembre dernier, la télévision française (qui le reste du temps tient Dieudonné à l’écart de ses émissions) avait filmé Dieudonné disant «quand j’entends parler Patrick Cohen, je me dis, vous savez, les chambres à gaz… Dommage…»
Avec l’offensive anti-Dieudonné déjà en bonne voie, on s’était emparé de ces propos insultants comme s’ils étaient caractéristiques des spectacles de Dieudonné. C’était une réaction excessivement brutale de Dieudonné face à des attaques très virulentes contre sa personne.
Que ça plaise ou pas, l’irrévérence est un ingrédient du comique. Et les références de Dieudonné à l’Holocauste ou à la Shoah sont toutes à ranger dans la catégorie de l’irrévérence.
Sur des sujets autres que la Shoah, ce n’est pas l’irrévérence qui manque en France.
Les religions traditionnelles, ainsi que des personnalités importantes, sont régulièrement caricaturées d’une manière caricaturale que la quenelle apparaît prude. En octobre 2011 , la police parisienne était intervenue contre des Catholiques traditionalistes qui essayaient d’interrompre une pièce de théâtre dans laquelle on mettait (apparemment) des excréments sur le visage de Jésus. La classe politico-médiatique avait défendu avec vigueur la pièce, sans se préoccuper du fait que certaines personnes la percevaient comme « insultante ».
La France a récemment fait très bon accueil à une organisation ukrainienne qui se fait appeler « Femen », des jeunes femmes qui semblent avoir étudié les doctrines de provocation de Gene Sharp et se servent de leurs poitrines dénudées en guise d’affirmations (ambiguës). Ces femmes ont obtenu rapidement des titres de séjour(si difficiles à obtenir pour nombre de travailleurs immigrés) et ont eu la permission de s’installer au cœur du principal quartier musulman de Paris où elles ont immédiatement essayé (sans succès) de provoquer les habitants incrédules. La leader blonde des Femen a même été choisie pour incarner le symbole de la république, Marianne, sur les timbres poste français alors qu’elle ne parle pas français.
Le 20 décembre dernier, ces « nouvelles féministes » ont pénétré dans l’église de la Madeleine près du palais de l’Elysée à Paris, mimé « l’avortement de Jésus » avant d’uriner devant l’autel. Il n’y a eu aucune expression d’indignation de la part du gouvernement français. L’Eglise Catholique a protesté, mais ce genre de protestations n’a qu’un faible écho aujourd’hui en France.
Pourquoi la Shoah doit être sacrée
Quand Dieudonné chante la Shoah avec légèreté, il est considéré par certains comme quelqu’un qui nie l’Holocauste et appelle à sa répétition (une proposition contradictoire si on y réfléchit). Le caractère sacré de la Shoah est défendu avec l’argument selon lequel maintenir vivant le souvenir de l’Holocauste est essentiel pour empêcher qu’il « se produise une nouvelle fois. » En évoquant la possibilité d’une répétition, on entretient la peur.
Cette thèse est le plus souvent acceptée comme une loi de la nature. Nous devons continuer à commémorer le génocide pour empêcher qu’il se reproduise. Mais existe-t-il quelque preuve pour étayer cette thèse ?
.Rien ne prouve que des rappels répétés d’un événement historique très important qui s’est produit dans le passé puissent l’empêcher de survenir à nouveau. Ce n’est pas ainsi que marche l’histoire. Dans le cas de la Shoah, des chambres à gaz et tout le reste, il est assez absurde d’imaginer que cela puisse se reproduire si on considère tous les facteurs qui ont permis que ça se produise une première fois. Hitler avait le projet d’asseoir le rôle des Allemands en tant que race « aryenne » dominante en Europe et il haïssait les Juifs en tant que dangereuse élite rivale. Qui aujourd’hui entretient un tel projet ? Certainement pas un humoriste franco-africain ! Hitler n’est pas de retour, pas plus que Napoléon Bonaparte ou le Hun Attila.
Le rappel constant de la Shoah dans des articles, des films, l’actualité ainsi qu’à l’école, loin de prévenir quoi que ce soit, peut créer une fascination morbide pour les « identités ». Il induit la « concurrence victimaire. » Cette fascination peut amener à des résultats inattendus. Quelques 300 écoles parisiennes arborent des plaques en mémoire d’enfants juifs déportés dans les camps de concentration nazis. Comment les enfants juifs réagissent-ils à ça aujourd’hui ? Trouvent-ils que c’est rassurant ?
C’est peut-être utile à l’Etat d’Israël qui a lancé un programme triennal pour encourager plus de Juifs parmi les 600 000 que compte la France à quitter ce pays pour aller en Israël. En 2013, le nombre d’aliyah [prétendu retour à Sion] a augmenté pour atteindre plus de 3 000, une tendance attribuée par l’European Jewish Press « à une mentalité sioniste de plus en plus présente dans la communauté juive française, particulièrement chez les jeunes et aux actions de l’Agence Juive, du gouvernement israélien et d’autres organisations non gouvernementales pour cultiver l’identité juive en France. »
« Si nous avons vu cette année l’aliyah en provenance de France passer de moins de 2 000 à plus de 3 000, je vois ce chiffre passer dans un proche avenir à 6 000 et plus parce que nous connectons toujours plus de jeunes gens à la vie juive et à Israël, » déclarait Nathan Sharansky, président de l’Agence Juive pour Israël. Il est vrai qu’une des manières d’encourager l’aliyah est d’effrayer les Juifs avec la menace de l’antisémitisme, et prétendre que des nombreux fans de Dieudonné sont des nazis déguisés est une bonne manière d’y parvenir.
Mais pour les Juifs qui veulent rester vivre en France, est-il vraiment sain de continuer à rappeler aux enfants juifs que, s’ils ne se tiennent pas sur leurs gardes, leurs compatriotes pourraient un jour vouloir les entasser dans des wagons de marchandises et les expédier à Auschwitz ? J’ai entendu des gens dire en privé que ce rappel permanent s’apparentait à de la maltraitance d’enfants.
Une personne qui voit les choses ainsi est Jonathan Moadab, un journaliste indépendant àgé de 25 ans qui a été interviewé par Soren Seelow. Moadab est à la fois juif pratiquant et antisioniste. Enfant, on l’a emmené visiter Auschwitz . Il a expliqué à Seelow que vivre avec dette «endoctrination victimaire» a engendré une sorte de «syndrome de stress pré-traumatique.»
« Les plaisanteries de Dieudonné sue la Shoah, comme sa chanson Shoananans, ne visent pas la Shoah en tant que telle,» dit-il, «mais l’exploitation de l’Holocauste décrite par le sociologue américain Norman Finkelstein».

Le 22 janvier, Jonathan Moadab a appelé ouvertement sur son site web Agence Info Libre à «séparer l’Etat de la religion de l’Holocauste». Moadab cite le professeur Yeshayahu Leibowitz comme étant le premier à relever les nombreux aspects par lesquels l’Holocauste est devenue la nouvelle religion juive. Si tel est le cas, tout le monde a le droit de pratiquer la religion de la Shoah. Mais doit-elle être la religion officielle de la France ?
Les politiciens français ne cessent de vanter la “laïcité”, la sécularité, de la république française. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui proclame sa dévotion personnelle pour Israël a récemment qualifié la Shoah de «sanctuaire qu’on ne peut pas profaner». Moadab conclut que si la Shoah est un sanctuaire, alors l’Holocauste est une religion et la République n’est pas laïque.
Des changements se font dans l’attitude des jeunes gens en France. Ce changement n’est pas dû à Dieudonné. Il est dû au temps qui passe. L’Holocauste est devenu la religion de l’Occident à une époque où la génération de l’après seconde guerre mondiale était encline à blâmer ses parents. Aujourd’hui, ce sont les petits enfants ou arrières petits enfants de ceux qui ont traversé cette période et ils veulent regarder devant eux. Aucune loi ne peut l’empêcher.
« Comme je l’ai dit dans mon article précédent, la « quenelle » est un geste vulgaire signifiant à peu près « dans ton c.., » avec une main placée en haut de l’autre bras en extension vers le bas pour préciser sa longueur. Reprenant le nom d’un mets français, Dieudonné avait commencé à utiliser ce geste dans un contexte complètement différent il y a des années de ça, pour exprimer la méfiance, le scepticisme ou l’indifférence.

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Dieudonné : perquisitions dans ses propriétés et à la Main d'Or

Voila.fr - 28/1/14 - La police a perquisitionné mardi des propriétés de Dieudonné ainsi que le Théâtre de la Main d'Or, à Paris, où se produit l'humoriste controversé, a appris l'AFP de sources proches de l'enquête.

Ces perquisitions se déroulent dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet de Paris pour organisation frauduleuse d'insolvabilité, blanchiment et abus de biens sociaux, ont précisé ces sources.

Outre le théâtre, sont notamment visés plusieurs domiciles de Dieudonné, notamment celui en Eure-et-Loir, ainsi que des sociétés qui gèrent son activité.

Des documents comptables ont été saisis par les enquêteurs de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales et de la Direction centrale de la police judiciaire, a indiqué une de ces sources.

Passage de la Main d'Or, dans l'est de Paris, la perquisition était terminée et le théâtre fermé en fin de matinée, a constaté une journaliste de l'AFP. Des voisins ont confirmé avoir vu des policiers sur place entre environ 09H00 et 10H30.

Dieudonné est visé par plusieurs enquêtes sur ses finances.

Dans celle qui lui a valu les perquisitions, les enquêteurs veulent se pencher sur son patrimoine et des mouvements de fonds, notamment plus de 400.000 euros expédiés au Cameroun depuis 2009, alors que le polémiste n'avait acquitté le montant d'aucune de ses amendes (plus de 65.000 euros en tout) début janvier.

L'enquête pourrait aussi porter sur les conditions dans lesquelles la boîte de production gêrée par sa compagne, Noémie Montagne, a racheté pour 550.000 euros une propriété de Dieudonné, mise aux enchères publiques forcées en raison d'une dette fiscale de près de 900.000 euros.

Parallèlement, une information judiciaire est ouverte au pôle financier à Paris pour "organisation frauduleuse d'insolvabilité" après une plainte avec constitution de partie civile de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), qui a fait condamner le polémiste à des dommages et intérêts mais affirme n'avoir jamais pu récupérer les sommes.

Une enquête préliminaire a également été ouverte par le parquet de Paris sur les appels aux dons lancés par Dieudonné sur internet pour payer ses amendes. Le fait "d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires" est passible de six mois d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. L'enquête a été lancée après un signalement de la Licra.

 

Perquisition à la Main d'or autour de Dieudonné, le 28 janvier 2014

 

Par Julien Beaumont


MyTF1News - 28/1/14 - La police a perquisitionné mardi dans les propriétés de l'humoriste en Eure-et-Loir et au Théâtre de la Main d'Or à Paris, où il se produit. Des documents comptables ont été saisis.

La police a perquisitionné mardi des propriétés de Dieudonné ainsi que le théâtre de la Main d'Or, à Paris, où se produit l'humoriste controversé, a appris l'AFP de sources proches de l'enquête. Les perquisitions se sont déroulées dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet de Paris pour organisation frauduleuse d'insolvabilité, blanchiment et abus de biens sociaux, ont précisé ces sources. Outre le théâtre, sont notamment visés plusieurs domiciles de Dieudonné, notamment celui en Eure-et-Loir, ainsi que des sociétés qui gèrent son activité.

Des documents comptables ont été saisis par les enquêteurs de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales et de la Direction centrale de la police judiciaire, a informé une de ces sources. Passage de la Main d'Or, dans l'est de Paris, des voisins ont confirmé à l'AFP avoir vu des policiers, qui sont repartis dans la matinée.

Plusieurs procédures en cours

Dieudonné est visé par plusieurs enquêtes sur ses finances. Dans celle qui lui a valu les perquisitions, les enquêteurs veulent se pencher sur son patrimoine et des mouvements de fonds, notamment plus de 400.000 euros envoyés au Cameroun depuis 2009. Le polémiste n'avait acquitté aucune de ses amendes (plus de 65.000 euros en tout) début janvier. L'enquête pourrait aussi porter sur les conditions dans lesquelles la maison de production gérée par sa compagne, Noémie Montagne, a racheté pour 550.000 euros une propriété de Dieudonné, mise aux enchères publiques forcées en raison d'une dette fiscale de près de 900.000 euros.

Parallèlement, une information judiciaire est ouverte au pôle financier à Paris pour "organisation frauduleuse d'insolvabilité" après une plainte avec constitution de partie civile de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). La Licra a fait condamner le polémiste à des dommages et intérêts mais affirme n'avoir jamais pu récupérer les sommes. Une enquête préliminaire a également été ouverte par le parquet de Paris sur les appels aux dons lancés par Dieudonné sur internet pour payer ses amendes. Le fait "d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par es condamnations judiciaires" est passible de six mois d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. L'enquête a été lancée après un signalement de la Licra.

Par ailleurs, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a assigné Dieudonné en référé (procédure d'urgence) pour demander à la justice de lui ordonner de retirer la vidéo "2014 sera l'année de la quenelle", diffusée sur YouTube. L'UEJF estime que plusieurs passages sont susceptibles de constituer les délits de contestation de crime contre l'Humanité, de diffamation raciale, de provocation à la haine raciale et d'injure publique. L'audience est prévue mercredi matin devant le tribunal de grande instance de Paris.

Dieudonné relaxé pour la diffusion d'une vidéo

Reuters - 7/2/14 - PARIS (Reuters) - Le polémiste Dieudonné a été relaxé vendredi par le tribunal correctionnel de Paris pour la diffusion d'une vidéo en avril 2010 dans laquelle il tenait des propos jugés antisémites.

Le parquet, à l'origine des poursuites, avait requis 200 jours d'amende à 100 euros à son encontre.

Mais le tribunal, qui ne s'est pas prononcé sur le fond de ses propos, a estimé que la diffusion de cette vidéo sur plusieurs sites internet, notamment Youtube, ne pouvait pas être imputée à Dieudonné M'bala M'bala.

"Pour une fois, la 17e chambre du tribunal correctionnel a appliqué correctement les règles de droit", a déclaré son avocat, Me François Danglehant.

La diffusion est un élément constitutif du délit en matière de délits de presse.

Stéphane Lilti, avocat de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et de J'accuse, deux associations qui se sont portées partie civile dans le dossier, a de son côté dénoncé une "décision incompréhensible" et une "appréciation très stricte des textes".

"Auparavant, on se contentait d'un faisceau d'indices démontrant que Dieudonné M'bala M'bala était bien à l'origine de ces vidéos puisqu'il en était le héros", a-t-il dit à la presse.

"Aujourd'hui, il y a un changement de jurisprudence", a-t-il regretté, annonçant qu'il ferait appel.

L'humoriste controversé, célèbre pour sa "quenelle", geste interprété comme un salut nazi inversé par des associations mais qu'il présente comme une manifestation "antisystème", a été condamné à de multiples reprises dans des dossiers similaires.

Dans la vidéo pour laquelle il était poursuivi cette fois-ci, Dieudonné évoque l'influence supposée des juifs et scande "Libérez Fofana", en référence à l'ex-chef du "gang des barbares", condamné en 2009 pour avoir enlevé, séquestré et assassiné le jeune juif Ilan Halimi, explique Stéphane Lilti.

Dieudonné est confronté à de nombreuses poursuites judiciaires, notamment car il est soupçonné d'avoir blanchi de l'argent et organisé son insolvabilité.

La justice cherche entre autres à vérifier la régularité des appels aux dons lancés pour payer ses amendes ou le rachat, par sa compagne, de sa propriété qui avait été saisie par le fisc.

Un huissier l'accuse d'avoir tiré dans sa direction alors qu'il venait lui signifier un commandement à payer.

Sur impulsion du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, plusieurs villes ont interdit en début d'année la production de son spectacle "Le Mur" dans lequel il tenait des propos antisémites, selon les autorités.

Il a finalement été autorisé à reprendre sa tournée après avoir renoncé à ce spectacle pour en présenter un autre.

Dans un courrier adressé vendredi aux autorités britanniques, qui l'ont récemment interdit de séjour sur leur territoire, les avocats de Dieudonné dénoncent "l'acharnement et la volonté de censure de l'Etat français" contre leur client.

Chine Labbé, édité par Yves Clarisse

Dieudonné : des "excuses", mais pas de "remords"

THOMAS GUIEN AVEC AFP

Metronews - 5/2/14 - POLEMIQUE - Dieudonné n'a "aucun remords", jure ne pas être antisémite et voit dans le sionisme une cause du "malheur de ce monde", dans sa première interview accordée à un média français depuis le début de la polémique sur son dernier spectacle.

Dieudonné sort de son silence. Au coeur de la polémique depuis plusieurs semaines, l'humoriste controversé a répondu aux questions du mensuel Causeur. Son spectacle "Le Mur", les attaques et l'antisémitisme... aucune question n'a visiblement été écartée. Même si Dieudonné conserve parfois une certaine ambiguité.

"Soyons clairs : je n'ai absolument aucun remords", dit Dieudonné à propos de son spectacle "Le Mur" dont les attaques antisémites lui ont valu des interdictions de représentation et un bras de fer avec le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. "Certes, il m'arrive de faire des saillies plus piquantes que d'autres", reconnait-il mais "heurter, choquer, c'est notre métier". Avant d'ajouter : "Si certains ont été heurtés (...) par certains de mes propos, je m'en excuse le plus sincèrement du monde". En particulier ceux qui ont valu à Dieudonné d'être taxé d'anti-juif.

"Je ne suis pas du tout spécialisé dans ces choses-là"

"Je ne me sens pas du tout antisémite. Je n'ai absolument aucune haine particulière vis-à-vis du peuple juif, mais aucune attirance non plus", assure Dieudonné avec l'ambiguïté qui accompagne beaucoup de ses propos. S'il ne se sent pas antisémite, Dieudonné cible le "sionisme" comme une cause du malheur du monde. "Le seul problème de la France est le mensonge, dont le sionisme est l'une des expressions les plus flamboyantes", ajoutant que "le sionisme repose sur une logique et un esprit d'apartheid qui font le malheur de ce monde". Et de considérer Mohamed Merah, le tueur de Toulouse qui avait mitraillé une école juive, comme un "sioniste car il a commis des actes violents".

Il va même plus loin au fil de l'interview. A une question sur l'authenticité du génocide juif, il répond sans s'étendre: "Je ne suis pas du tout spécialisé dans ces choses-là."

Dieudonné est actuellement en tournée pour son spectacle "Asu Zoa", une version édulcorée de son show "Le Mur" qui avait été interdit dans plusieurs villes françaises en raison de sa tonalité antisémite. Une tournée qu'il assure malgré des difficultés judiciaires qui s'accumulent : dans le cadre d'une enquête sur son patrimoine et des mouvements de fonds, la police française a saisi la semaine dernière à son domicile 650.000 euros et 15.000 dollars en liquide. Il vient aussi d'être interdit d'entrée au Royaume-Uni quelques semaines après avoir apporté son soutien au footballeur Nicolas Anelka, qui avait célébré l'un de ses buts en faisant une "quenelle".

 

Patrick Cohen et la fourberie

 

Par N. Le Noble

 

Agoravox - 7/2/14 - «Les mots sont des armes, ceux qui en font profession sont payés pour le savoir». Qui a écrit cette jolie phrase ? PPDA ? Non. Pujadas ? Non plus. El Kabbach ? Trois fois non. C’est celui-là même qui s’est rendu célèbre en listant les « cerveaux malades » qu’il ne faudrait jamais inviter. Des gens qu’on n’aurait « pas forcément envie d’entendre ». Sauf que ces gens qu’on n’a pas forcément envie d’entendre font des centaines de milliers de vues sur le net. Allez savoir pourquoi.

J’observe, M. Cohen, que dans votre billet contre Daniel Schneidermann [1] vous avez habilement retiré les noms de Nabe et Ramadan pour ne plus garder que Soral et Dieudonné. C’est une belle avancée démocratique que de réduire votre liste ! Mais nous n’y croyons pas : sous le feu des critiques, il faut montrer patte blanche. Inviteriez-vous demain Nabe et Ramadan ? Pas sûr.

Vous avez également dit que vous (France Inter donc) n’inviteriez jamais quelqu’un qui a déjà été condamné par la loi. Pas sûr non plus : Alain Juppé, Jean-Christophe Cambadélis, Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo, Brice Hortefeux, Harlem Désir, Jean-Paul Huchon, Jean-Marc Ayrault, Bernard Tapie…[2] Liste peu exhaustive, je précise. Nouvelle fourberie.

Non, M. Cohen, vous n’êtes pas une victime. Ou alors victime de votre opinion de censeur. Ce qui est un juste retour des choses. Ne voyez-vous pas que des journalistes comme vous discréditent leur métier. Est-ce le fruit d’un complot si les gens n’accordent plus de confiance dans votre profession ? Qu’il y ait des imbéciles qui confondent votre opinion avec votre ascendance, certes, ce doit être fortement condamnable. Mais les autres ? Sont-ils tous des dieudonnistes, des soralistes ? Etes-vous comme cette Caroline Fourest qui voit dans la contestation de son travail tous des réseaux « indigéno-ramadano-bonifaciens » ? [3]

Le billet que vous avez consacré à Schneidermann montre bien que vous n’avez pas compris l’enjeu du débat. Il porte moins sur l’antisémitisme que sur les médias, moins sur Dieudonné (qu’on n’invitera quand même pas) que sur une certaine idée de la démocratie. [4]

A la vérité, le vrai «idiot utile du dieudonnisme» c’est bien vous Patrick Cohen qui en faisant une liste de proscrits avez donné du grain à moudre à ceux qui n’attendent que ça, comme Soral et M’bala M’bala.

Liens

[1] http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1142068-daniel-schneidermann-l-idiot-utile-des-dieudonnistes.html

[2] http://sergeuleski.blogs.nouvelobs.com/archive/2014/01/22/la-veritable-liste-noire-de-patrick-cohen-520165.html

[3] http://carolinefourest.wordpress.com/2012/03/20/les-ya-bon-awards-deshonorent-lantiracisme/

[4] http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/caroline-fourest-vs-taddei-une-147275

 

 

Pour Manuel Valls, la suspension de Nicolas Anelka pour sa quenelle est «un signe important» !

 

20 minutes.fr - avec AFP - 27/2/14 - FOOTBALL - Le Français a été sanctionné de cinq matchs par la Fédération anglaise...

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a estimé à Toulouse que la sanction infligée jeudi par la fédération anglaise de football au joueur français Nicolas Anelka pour avoir fait une «quenelle» était «un signe important», répétant qu'il jugeait ce geste «antisémite».

Interrogé par un journaliste sur la suspension pour cinq matchs de l'attaquant français de West Bromwich Albion (Premier league), M. Valls a déclaré: «Je n'ai pas à commenter les sanctions qui sont celles de la fédération anglaise de football, mais c'est un signe important».

«Chacun doit savoir que ce geste est un geste antisémite» [sic]

«Aujourd'hui, chacun doit savoir que ce geste (de la quenelle, ndlr) est un geste antisémite. Chacun doit comprendre que l'initiative que j'ai prise (en janvier, ndlr) empêche M. (Dieudonné) M'bala M'bala de tenir les propos qu'il allait tenir dans sa tournée de la haine», a ajouté Manuel Valls.

Le ministre de l'Intérieur, qui avait qualifié le polémiste Dieudonné de «petit entrepreneur de la haine», avait publié le 6 janvier une circulaire pour demander aux préfets et maires d'interdire les représentations du spectacle «Le Mur». Le Conseil d'Etat avait donné raison au gouvernement en validant l'interdiction du spectacle de Dieudonné.

Le ministre s'exprimait à Toulouse juste avant de prendre part à un dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) de Midi-Pyrénées.

Anelka plaidait non-coupable

Utilisée par Dieudonné et ses fans, la «quenelle» - un bras tendu vers le bas, l'autre bras replié touchant l'épaule - a été qualifiée de «salut nazi inversé» par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme).

Nicolas Anelka, qui avait célébré d'une «quenelle» son premier but de la saison avec West Bromwich Albion contre West Ham (3-3) le 28 décembre, a plaidé non coupable. Il a présenté son geste comme une «dédicace» anti-système à son ami Dieudonné, l'inventeur de la «quenelle». «Je ne suis ni antisémite ni raciste», n'a eu de cesse de répéter l'international français.

JUSTICE Une peine de 30.000 euros avait été requise contre le polémiste...

Dieudonné condamné à deux mois de prison avec sursis pour son

«Je me sens Charlie Coulibaly»



20minutes.fr - 18/3/15 - Dieudonné a été condamné ce mardi à deux mois de prison avec sursis pour apologie d'actes de terrorisme. Après la manifestation républicaine du 11 janvier dernier, le polémiste avait écrit sur les réseaux sociaux «Je me sens Charlie Coulibaly».
Le parquet avait requis 200 jours amende à 150 euros, soit au total 30.000 euros. Une peine de jours amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende.

Dans un message posté sur Facebook le 11 janvier, alors que des millions de personnes venaient de défiler en France contre les attentats, Dieudonné qualifiait cette marche d'«instant magique égal au big bang qui créa l'univers».


Dieudonné absent
Il ajoutait, dans ce message rapidement retiré: «Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly», associant le slogan de soutien au journal satirique Charlie Hebdo, «Je suis Charlie», au nom d'Amédy Coulibaly, qui a tué quatre Juifs dans un supermarché casher et une policière municipale.
Assurant condamner «sans aucune retenue et sans aucune ambiguïté» les attentats, Dieudonné avait affirmé à l'audience qu'il avait souhaité participer à la marche à Paris, mais que sans retour du ministère de l'Intérieur qu'il avait sollicité, il s'en était senti «exclu» et traité comme un «terroriste». Ni Dieudonné ni ses avocats n'étaient présents devant le tribunal pour le délibéré.

 

Le CRIF s’en prend (à nouveau) à Dieudonné et un humoriste juif va jouer à la Main d’Or

RTen français - 10/2/16 - Le Conseil représentatif des institutions juives de France en appelle à la ministre de la Culture. L’organisation se dit «choquée» que l’humoriste puisse se produire prochainement dans plusieurs salles de province.

Entre le CRIF et Dieudonné, c’est une longue histoire. Depuis plusieurs années, Roger Cukierman, président de l’institution, s’acharne à faire taire par tous les moyens le comique. Alors qu’il doit entamer prochainement une tournée dans plusieurs villes de l’Hexagone, le CRIF a décidé de solliciter Fleur Pellerin pour que l’humoriste voit ses représentations de Dieudonné en paix interdites. D’un autre côté, Yonathan Sayada, un jeune comique juif, se produira à partir du 12 février au théâtre de la Main d’Or.

Des précédents


Si, pour le moment, la justice n’a rien trouvé à redire sur le contenu de son dernier opus, Dieudonné s’est déjà vu, dans un passé récent, interdit de monter sur scène. Le 9 janvier 2014, le locataire de la Main d’Or est à l’origine d’une décision jusque là inédite. A la demande du Premier ministre Manuel Valls, le Conseil d’Etat se réunit. Il doit décider si l'humoriste pourra produire son spectacle Le Mur, le soir même, au Zénith de Nantes. L’issue sera défavorable pour le principal intéressé et ses représentations annulées.

Un an plus tard, le président de Fimalac, Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire de plusieurs salles de spectacles où devaient jouer Dieudonné, décidait de ne pas le programmer. Le CRIF a d’ailleurs fait parvenir ses doléances aux exploitants des salles concernées, «notamment le Groupe Fimalac».

Mais quelles sont-elles au juste ? Sur ce point, rien de nouveau sous le soleil : «Le Crif est choqué qu'un multirécidiviste de la haine antisémite puisse encore être considéré comme un 'artiste' et ait accès à des salles qui font l'objet de délégations ou de concessions de service public.»

Roger Cukierman, «réitère» sa demande à la ministre de la Culture Fleur Pellerin «d'intervenir rapidement pour que de telles dérives ne puissent pas se produire impunément».

Celui qui est considéré comme l’un des tous meilleurs comiques de sa génération a été condamné en France à plus de 60 000 euros d'amendes pour des propos qualifiés d’antisémites dans plusieurs affaires.

Le 28 janvier, il a été refoulé de Hong Kong, où il devait donner deux spectacles. Sagi Karmi, consul d’Israël sur place, avait personnellement alerté les autorités au sujet des «vues ouvertement racistes et antisémites du personnage, ainsi que de sa sympathie avérée pour les jihadistes».

Cet épisode intervient peu de temps après que la directrice des relations internationales du CRIF, Eve Gani, ait fait une demande particulière au président russe Vladimir Poutine. Dans le cadre d’une rencontre avec une délégation d’associations juives européennes, l’organisation communautaire «a remis au Président russe une demande particulière du CRIF pour faire en sorte que des criminels français comme Dieudonné M’bala M’bala et Alain Soral n’utilisent pas les médias russes pour diffuser des thèses antisémites.»

Au même moment, un comique juif jouera à la Main d’Or


Les nouvelles demandes d’interdiction du CRIF prennent place dans un contexte particulier. Un coup de tonnerre est sur le point d’avoir lieu dans le milieu du spectacle. Yonathan Sayada, humoriste juif âgé de 27 ans, se produira à partir du 12 février dans l’antre du comique maudit. Il a accepté de jouer son spectacle Ma réponse à Dieudonné après de longues discussions avec ce dernier.

Le jeune humoriste jouera son spectacle au théâtre de la Main d'Or à partir du 12 février.
Dans un entretien au magazine en ligne Vice, celui qui considère qu’«aujourd'hui, on a plus de chance de passer inaperçu si on prononce le nom Hitler en public que celui de Dieudonné» explique sa démarche : «Moi je dis OK, tu veux rire de nous, pas de problème : je vais rire avec toi. Je vais aller sur ton terrain. Je ne suis pas en désaccord avec le fait de te parler, t'es un être humain. Je suis contre la fermeture, la ‘sectarisation’. Il a voulu dire, en gros, que les juifs on était trop entre nous, et pour le condamner, on s'est encore plus repliés sur nous-mêmes. Donc on a donné raison aux antisémites. Moi, ça m'énerve. Je parle aux antisémites en fait. Les juifs, je n'ai pas besoin de les convaincre de ne pas être antisémites. On ne peut faire la paix qu'avec son ennemi.»

Le jeune homme a subi de nombreuses attaques de la part de sa propre communauté. Des attaques qui le touchent : «Jamais de ma vie on m'avait soupçonné de ne pas être juif. Je suis quand même le cliché absolu du petit juif dit ‘Chalala’. Mais là apparemment, je ne suis plus juif. Ça me fait de la peine.»

Mais il ne se résigne pas pour autant. Il veut montrer une autre facette de sa communauté : «On a désormais une image genre ‘on ne peut pas rigoler avec nous, on ne peut pas nous toucher, on est seuls dans notre coin’. Moi j'en peux plus. Je veux montrer une autre image, vraiment.»

 

 

 

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