LES PRISONS SECRETES DE L'EMPIRE

US-OTAN-CIA-SIC

EN EUROPE & AILLEURS...

Les "sites noirs", ça ne vous évoque rien ?
Moi si, les méthodes de la Gestapo

Roger Ripert

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Quatorze pays européens ont participé ou couvert la "toile d'araignée" mondiale dressée par la CIA pour détenir ou transférer des "terroristes présumés" [sic], selon le rapport du Conseil de l'Europe. Reuters - 7 juin 2006.

 

Quatorze pays européens impliqués dans les vols de la CIA

PARIS (Reuters) - 7/6/6 - Quatorze pays européens ont participé ou couvert la "toile d'araignée" mondiale dressée par la CIA pour détenir ou transférer des" terroristes" présumés, selon un rapport du Conseil de l'Europe.

Dick Marty, qui dirige l'enquête européenne sur les vols secrets de la centrale de renseignement américaine, soupçonne notamment la Pologne et la Roumanie d'avoir abrité des centres de détention illégaux.

"Il est désormais clair (...) que les autorités de plusieurs pays européens ont activement participé, avec la CIA, à des activités illégales, que d'autres les ont ignorées en connaissance de cause, ou n'ont pas voulu savoir", déclare-t-il en préambule de son rapport.

Le document affirme que sept Etats membres, dont la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et la Turquie, peuvent être "tenus pour responsables, à des degrés divers, de violations des droits des personnes".

Sept autres pays, notamment la Pologne et la Roumanie, pour le fonctionnement de centres de détention secrets, ou l'Irlande, le Portugal et la Grèce, en tant qu'escales pour des vols illégaux, seraient responsables de "collusion active ou passive".

Dick Marty a rendu son rapport public à Paris lors d'une réunion de la Commission des questions juridiques de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Il insiste sur les cas de la Roumanie et de la Pologne, pays mis en cause par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW).

"Des éléments de faits viennent corroborer l'hypothèse selon laquelle certains points d'atterrissage en Roumanie et en Pologne, à proximité de centres de détention secrets, servent à débarquer des détenus", écrit-il.

"UNE PARTIE DE LA VERITE"

Pour le parlementaire suisse, l'existence de ces centres secrets ne fait guère de doutes.

"Si des preuves au sens classique du terme ne sont pas encore disponibles à ce jour, de nombreux éléments cohérents et convergents indiquent que de tels centres secrets de détention ont bel et bien existé en Europe", écrit-il.

En annexe de son rapport, Dick Marty présente une carte dressant le circuit présumé mis en place par la CIA, de Kaboul à Guantanamo, sur l'île de Cuba, en passant par Rabat, Alger, Le Caire ou Bucarest et un réseau mondial de lieux de détention géré par divers services du gouvernement américain.

Il explique avoir utilisé des données fournies par les autorités nationales et internationales de contrôle du trafic aérien, ainsi que des informations provenant de sources internes aux services de renseignement, notamment américains.

"Nous ne connaissons encore qu'une partie seulement de la vérité et d'autres pays pourraient encore être concernés lors de prochaines recherches ou révélations", ajoute le rapport de 65 pages publié après sept mois d'enquête.

Lors d'une conférence de presse, Dick Marty a souligné la gravité de ces opérations illégales, qui risquent à ses yeux d'alimenter le terrorisme.

"Nous avons aussi un apartheid de type juridique et judiciaire. Des personnes non-américaines qui sont exclues de tout système judiciaire du simple fait d'être suspectées de terrorisme", a-t-il dit.

"Ces comportements illégaux, ce genre d'apartheid juridique que l'on fait avec les personnes qui ont une origine arabe ou musulmane, de les traiter en dehors de toute garantie judiciaire est extrêmement dangereux et ne peut que favoriser l'exaspération de ces populations et, finalement, créer de nouveaux terroristes".

Le 17 mai, une commission du Parlement européen avait indiqué que les Américains reconnaissaient que la CIA n'avait pu enlever ou faire transiter en Europe des suspects sans l'accord au moins tacite des Etats.


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La CIA gérerait des prisons secrètes à l'étranger

WASHINGTON (Reuters) - 2/11/04 - La CIA gère un réseau de prisons secrètes à l'étranger, dans lesquelles des personnes soupçonnées de "terrorisme" [sic] sont détenues et interrogées sans la moindre assistance juridique, rapporte le Washington Post.

Ces centres de détention se trouvent dans huit pays, dont l'un au moins est situé en Europe de l'Est, ajoute le Washington Post, citant des responsables américains et étrangers ayant connaissance de ce réseau. La Thaïlande et l'Afghanistan font partie des pays abritant ces prisons, d'après le Post, ce que Bangkok a démenti.

L'existence et l'emplacement de ces prisons ne sont connus que par une poignée de responsables aux Etats-Unis et par le chef d'Etat et quelques responsables du renseignement des pays concernés.

La CIA n'a pas reconnu l'existence de ce réseau, conçu après les attentats du 11 septembre 2001, précise le Post, et l'agence américaine du renseignement, sollicitée pour une réaction, n'a pas répondu dans l'immédiat.

Ces prisons sont désignées par le terme "sites noirs" dans les documents secrets américains et les autorités veillent à ne pas divulguer d'informations sur l'identité de ces détenus, sur leurs interrogatoires et sur la durée de leur détention, poursuit le Wahsington Post.

Une trentaine de responsables présumés d'Al Qaïda sont internés dans ces "sites noirs" tandis que plus de 70 autres, considérés comme secondaires, ont été remis à des services de renseignement étrangers.

Ces 30 prisonniers sont coupés du reste du monde, ne disposent d'aucun statut juridique et personne n'est autorisé à leur parler ni même à les voir en dehors des agents de la CIA, précise le journal.

Citant des responsables passés et actuels des services de renseignement et des dirigeants américains, le Washington Post explique que ces prisons ont été installées à l'étranger en raison du caractère illégal aux Etats-Unis de telles détentions.

Le journal précise qu'il ne cite pas les pays d'Europe de l'Est concernés à la demande des responsables américains. Ces derniers redoutent qu'une telle révélation expose ces pays à d'éventuelles représailles et nuise aux efforts des services secrets américains.

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White House uneasy on "secret" prisons

From "correspondent"s in Washington - 3/11/5.

The White House "has refused to confirm or deny" [sic] reports that the CIA operates secret prisons, known as "BLACK SITES", for Al-Qaeda suspects in Eastern Europe and other places around the world.

President George W. Bush's national security adviser, Stephen Hadley, said the United States will do "what is necessary" to fight and win the war on "terrorism" [sic].

"The president has been very clear we're doing that in a way that is consistent with "our values" and that is why he's been very clear that the "United States" will not torture," Mr Hadley said.

"The "United States" will conduct its activities in compliance with law, (and) international obligations," he said.

The Washington Post reported that the prisons are, or have been, located in eight countries including Thailand, Afghanistan and "several democracies in Eastern Europe" since the system was set up after the September 11, 2001 attacks.

The names of the eastern European countries were withheld by the Post "at the request of senior US officials," who argued that the disclosure might disrupt "counterterrorism efforts" [sic}.

Thailand denied there was a prison there...

Mr Hadley and White House spokesman Scott McClellan "refused to confirm or deny" [sic] the Post report.

"I would say that the president's most important responsibility is to protect the American people," McClellan said.

The refusal to discuss the matter was echoed by US Attorney General Alberto Gonzales and the Central Intelligence Agency (CIA).

But former president Jimmy Carter denounced what he said was "a profound and radical change in the basic policies or moral values of our country" in reaction to the report.

"This is just one indication of what has been done under this administration to change the policies that have persisted all the way through our history," said Mr Carter, who championed human rights during his 1977-81 presidency.

The existence of secret CIA detention centres has long been claimed. Amnesty International denounced an "archipelago" of prisons in June as a "gulag of our times."

But the report that eastern European countries were among the locations is new.

Czech Interior Minister Frantisek Bublan was quoted by the on-line news outlet Aktualne.cz as saying that the Czech Republic recently turned down a US request to set up a detention centre on its territory.

"The negotiations took place around a month ago," he was quoted as saying. The Americans "made an effort to install something of the sort here, but they did not succeed."

Separately, Hungary's intelligence chief, Andras Toth, said Budapest had not been approached, telling AFP, "The mere suggestion of this is absurd."

The Central Intelligence Agency has sent more than 100 suspects to the hidden global internment network, the Post said, indicating that the number was a rough estimate and did not include prisoners picked up from Iraq.

About 30 of the detainees, considered major terrorism suspects, have been held at "black sites" organised by the CIA in Eastern Europe and elsewhere, it said.

Locations in Thailand and at Guantanamo Bay, Cuba were closed in 2003 and 2004, the daily said. Another in Afghanistan known as the "Salt Pit" was moved inside Bagram Air Base.

Over 70 other detainees, with less direct involvement in alleged terrorism and having limited intelligence value, have been delivered to intelligence services in Egypt, Jordan, Morocco, Afghanistan and other countries, the daily added.

The Post said virtually nothing is known about who is kept in the secret facilities, what interrogation methods are employed with them, or how decisions are made about whether they should be detained or for how long.

The covert prison system is "known only to a handful of officials in the United States and, usually, only to the president and a few top intelligence officers in each host country," it said.

The system has been increasingly debated within the CIA where some consider it unsustainable and a diversion from its main espionage mission, the report said.

The idea of holding suspects outside the United States, where it is illegal to hold people in isolation and in secret prisons, was not under consideration before September 11, former government officials told the daily.

"The issue of detaining and interrogating people was never, ever discussed," said one former senior CIA intelligence officer. "It was against the culture and they believed information was best gleaned by other means."

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La CIA refuse de "commenter" l'existence ou non de prisons secrètes

AFP - 2/11/5 - La CIA a refusé mercredi de réagir aux informations parues dans le Washington Post, selon lesquelles l'agence de renseignement américaine détient des membres du réseau Al-Qaïda dans des prisons secrètes en Europe de l'Est et ailleurs.

"Nous refusons de commenter", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la "CIA".

Selon le Washington Post de mercredi citant des sources américaines et étrangères informées, ces prisons, surnommées "sites noirs", ont été ouvertes dans huit pays, y compris la Thaïlande, l'Afghanistan et "plusieurs pays "démocratiques" [sic] d'Europe de l'Est", dont les noms n'ont pas été dévoilés pour des raisons de sécurité [sic] .

La CIA aurait envoyé plus de 100 suspects dans ce réseau secret de prisons. Deux sites de ce type, en Thaïlande et à Guantanamo Bay (Cuba), ont été fermés en 2003 et 2004, toujours selon le quotidien.

Ce système de détention n'est connu que d'une poignée de hauts responsables américains, et en général du président et de quelques membres du renseignement de chaque pays hôte [qui ?], affirme encore le journal.

La Thaïlande a démenti mercredi avoir fourni à la CIA un quelconque centre secret de détention.

De son côté, le ministre tchèque de l'Intérieur, Frantisek Bublan, a affirmé que Prague avait récemment rejeté une demande des Etats-Unis lui demandant d'installer sur son territoire un centre de détention pour accueillir des prisonniers de la base de Guantanamo [sic]...

"Des négociations ont eu lieu il y a un mois à peu près. (Les Américains) ont fait des efforts pour installer ici quelque chose de ce genre, mais ils n'ont pas réussi", a déclaré M. Bublan au journal en ligne Aktualne.cz.

Depuis des mois, les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent l'existence de "prisonniers fantômes" détenus par la CIA dans des lieux inconnus. En juin, Amnesty International avait accusé les Etats-Unis d'avoir établi un "archipel" de prisons souvent secrètes à travers le monde.

Ces "prisonniers fantômes", dont l'identité est officiellement inconnue, sont pour la plupart des cadres de haut rang du mouvement "terroriste" [sic] Al-Qaïda, dont Ramzi ben Al-Shaiba, l'un des coordinateurs présumés des attentats de 2001, ou le numéro trois de l'organisation Khaled Cheikh Mohammed.

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La Croix-Rouge s'inquiète d'éventuels "sites noirs" de la CIA

GENEVE (Reuters) - 3/11/5 - Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a demandé à avoir accès aux terroristes présumés qui seraient détenus dans un réseau de prisons secrètes mis en place, selon la presse américaine, par la CIA.

Dans son édition de mercredi, le Washington Post écrivait que l'agence centrale américaine gérait un réseau de "sites noirs" à l'étranger, des prisons secrètes où seraient détenues et interrogées sans la moindre assistance juridique des personnes soupçonnées de terrorisme.

Mis en place juste après les attentats du 11 septembre 2001, poursuivait le journal en citant des responsables américains et étrangers, ces centres clandestins de détention se trouvent dans huit pays, dont l'un au moins est situé en Europe de l'Est.

"Nous sommes préoccupés par le sort d'un nombre indéterminé de personnes capturées dans le cadre de la soi-disant guerre globale contre le terrorisme et détenues dans des lieux non identifiés", a déclaré à Reuters la porte-parole du CICR, Antonella Notari.

"L'accès aux détenus est une priorité humanitaire importante pour le CICR et une suite logique à notre travail actuel en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo", a-t-elle ajouté.

Toujours d'après le Washington Post, l'existence et l'emplacement de ces prisons n'étaient connus que par une poignée de responsables aux Etats-Unis et par le chef d'Etat et quelques responsables du renseignement des pays concernés.

Le journal précise qu'il ne cite pas les pays d'Europe de l'Est concernés à la demande des responsables américains. Ces derniers redoutent qu'une telle révélation expose ces pays à d'éventuelles représailles et nuise aux efforts des services secrets américains.

Mais Human Rights Watch a désigné la Pologne et la Roumanie, proches alliés des Etats-Unis en Europe centrale.

DÉMENTIS DE LA POLOGNE ET LA ROUMANIE

Selon Caroll Bogert, de l'organisation de défense des droits de l'homme basée à New York, ces conclusions se fondent notamment sur des enregistrements de plans de vol. Ainsi, un Boeing 737 a effectué des rotations entre l'Afghanistan et des pays du Moyen-Orient et l'Europe de l'Est.

Human Rights Watch évoque plus particulièrement une liaison effectuée entre Kaboul et le nord-est de la Pologne le 22 septembre 2003, c'est-à-dire, poursuit Bogert, le mois où "nous savons que plusieurs prisonniers qui étaient détenus par la CIA en Afghanistan ont été transférés hors d'Afghanistan". Le lendemain, ajoute-t-elle, le même appareil a atterri sur une base militaire roumaine dont la piste avait été fermée au public et aux médias.

La Pologne et la Roumanie ont catégoriquement démenti toute implication dans ce réseau de "sites noirs".

"Il n'y a pas de bases de la CIA en Roumanie", a affirmé à la presse le Premier ministre roumain, Calin Tariceanu. "Détenir des ressortissants étrangers sur le territoire polonais serait illégal", a indiqué un nouveau responsable du gouvernement polonais investi lundi.

"L'ancien ministre de la Défense", Jerzy Szmajdzinski, est formel : "Nous ne détenons ni n'interrogeons aucun "terroriste" [sic], nous n'avons rien à avoir avec eux", a-t-il dit à la "station privée Radio Zet".

A Bruxelles, la Commission européenne a fait savoir qu'elle vérifierait ces affirmations. La Pologne, membre de l'UE depuis mai 2004, et la Roumanie, dont l'adhésion est prévue pour 2007 ou 2008, sont liées par la Charte des droits fondamentaux, qui n'est pas compatible avec la présence de prisons secrètes.

Le FSB, service de sécurité russe, et le ministère bulgare des Affaires étrangères ont pareillement démenti l'existence de "sites noirs" sur leur territoire, comme l'a fait la Thaïlande.

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Prisons secrètes de la CIA :

La Commission de Bruxelles appelle les gouvernements d'Europe orientale à la transparence

BRUXELLES (AP) - 4/11/5 - La Commission européenne a annoncé vendredi qu'elle encouragerait les gouvernements de l'Europe orientale à commenter publiquement les informations sur l'existence dans la région de prisons secrètes où la CIA américaine interrogerait des suspects de terrorisme.

La commission veut obtenir des commentaires des pays qui n'ont pas encore démenti l'existence de ces centres de détentions, "afin d'obtenir autant de transparence et de clarté que possible", a précisé le porte-parole de la Commission Friso Roscam Abbing.

Après les informations publiées mercredi dans les colonnes du "Washington Post", selon lesquelles la CIA interrogerait certains des membres présumés d'Al-Qaïda les plus importants dans des prisons datant de l'URSS, dix pays ont à ce jour démenti l'existence d'un tel centre sur leur territoire.

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Policies on Terrorism Suspects Come Under Fire
Democrats Say CIA's Covert Prisons Hurt U.S. Image; U.N. Official on Torture to Conduct Inquiry

By Dana Priest and Josh White
Washington Post Staff Writers

3/11/5 - The Bush administration's policies for holding and detaining suspected terrorists came under sharp scrutiny and criticism yesterday after disclosure that the CIA had set up covert prisons in several Eastern European democracies and other countries.

The U.N. special rapporteur on torture said he would seek more information about the covert prisons, referred to in classified documents as "black sites." Congressional Democrats and human rights groups warned that the secret system would damage the U.S. image overseas.

House Democrats said they plan to introduce a motion as early as today to endorse language in the defense spending package written by Sen. John McCain (R-Ariz.), which would bar cruel and inhuman treatment of prisoners in U.S. custody, including those in CIA hands. The motion would instruct House conferees to accept McCain's precise measure.

Rep. John P. Murtha (Pa.), ranking Democrat on the Appropriations defense subcommittee, urged the United States to adopt a doctrine of "no torture, no excuses," and said Congress needs to speak on the issue. "The United States of America and the values we reflect abhor human rights violators and uphold human rights," Murtha said in a statement.

McCain's amendment was endorsed last month by the Senate, 90 to 9, over the objections of the White House, which said it would restrict the president's ability to protect the country. The House Democrats said they already have 15 GOP supporters for their motion, and Republicans have told the White House they expect it to pass, an Appropriations Committee spokesman said.

The CIA and the White House are seeking language that would exempt prisoners held by the agency, which would include the 30 or so al Qaeda figures that sources said are being held in the black sites. Neither the White House nor the CIA will officially comment on the secret prison system, but intelligence officials have said in interviews that the arrangement is essential to gaining information about possible terrorist activities.

The Washington Post reported Wednesday that the CIA's covert detention system has at times established facilities in eight countries, including, among others, Thailand, Afghanistan and Guantanamo Bay, Cuba. Those facilities are now closed. The Post did not publish the names of Eastern European countries involved in the program, at the request of senior U.S. officials. They argued that doing so could damage counterterrorism efforts in those countries and elsewhere, and could lead to retaliation by terrorists.

The governments of Russia and Bulgaria issued statements saying no such facility existed in their countries, Reuters reported. Thailand also denied hosting such a facility.

Yesterday, administration officials were buffeted by questions about the black sites.

"The fact that they are secret, assuming there are such sites, does not mean" torture would be tolerated there, national security adviser Stephen J. Hadley told reporters.

"Some people say that the test of your principles [is] what you do when no one's looking," he said. "And the president has insisted that whether it is in the public or it is in the private, the same principles will apply and the same principles will be respected. And to the extent people do not meet up, measure up to those principles, there will be accountability and responsibility."

State Department spokesman Sean McCormack also declined to talk specifically about the sites, saying, "These are difficult issues. And we have ongoing discussions on a variety of different fronts with countries around the world about these issues, because the threat from terrorism . . . is a common threat to democracies and peace-loving nations."

Human rights groups said the al Qaeda prisoners should be brought to trial, rather than held indefinitely in covert prisons in which they have no recognized legal rights. "We think these people should be prosecuted and punished fully for the murders of thousands of people," said Tom Malinowski of Human Rights Watch. "What is really clear is that this is a dead-end policy and they are close to the dead end."

John D. Rockefeller IV (D-W.Va.), vice chairman of the Senate Select Committee on Intelligence, has been pushing for more than a year to conduct a review of the CIA's interrogation and detention practices. Yesterday, he lashed out at the administration for not being more forthcoming.

"They have made it clear that anyone who suggests that oversight is needed should be labeled as unpatriotic," he said.

Manfred Nowak, the U.N. special rapporteur on torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment, said he had heard allegations of secret detention facilities sponsored by the United States, but had not heard of any in Eastern Europe before yesterday.

"Every secret place of detention is usually a higher risk for ill treatment, that's the danger of secrecy," Nowak said in a telephone interview from Austria, adding that he wants to pursue access to all U.S. detention facilities outside its territory.

Nowak and his predecessor have been trying to gain access to the U.S. military detention facility at Guantanamo Bay since it opened in early 2002.

Last week, the Bush administration invited U.N. experts to Guantanamo but offered a one-day visit with no ability to talk to detainees. Nowak said he would not accept because a "guided tour" would not allow him to probe allegations of abuse.

"I have many allegations that detainees have been abused while in Guantanamo," he said. "If I didn't have plenty of allegations, I wouldn't bother the United States government with trying to visit."

A senior U.S. official, speaking anonymously yesterday, said the administration is unlikely to budge: "The offer they have is the final offer. We are not prepared to open Guantanamo up to just anyone who wants to come in and talk to detainees."

Staff writers R. Jeffrey Smith and Jonathan Weisman and researcher Julie Tate contributed to this report.
© 2005 The Washington Post Company

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Prisons secrètes de la CIA : Bruxelles va enquêter...

BRUXELLES (AP) - 3/11/5 - La Commission européenne a annoncé jeudi qu'elle allait ouvrir une enquête sur les informations de "Washington Post" selon lesquelles la CIA aurait mis en place des prisons secrètes dans l'est de l'Europe. Dix pays ont démenti l'existence d'un tel centre sur leur territoire.

Les gouvernements des 25 Etats membres seront interrogés sur ces accusations, a précisé devant la presse le porte-parole de l'UE, Friso Roscam Abbing. "Nous devons découvrir ce qui s'est exactement passé. Nous avons tous entendu parler de cela, maintenant, nous devons vérifier si c'est confirmé."

Il a indiqué que de telles prisons contreviendraient à la législation européenne sur les droits de l'Homme. Mais il a prévenu que Bruxelles ne prendrait aucune mesure contre un de ses membres en cas de violation. "En ce qui concerne le traitement des prisonniers (...) il est clair que la totalité des Vingt-cinq qui ont signé la Convention européenne des droits de l'Homme et la Convention internationale contre la torture sont censés respecter et appliquer les obligations de ces traités", a ajouté Roscam Abbing.

Le département d'Etat américain a déclaré qu'il n'avait pas reçu de demande de coopération de l'UE dans une enquête sur l'existence de ces prisons. "Si nous recevons une requête, nous l'examinerons", a affirmé le porte-parole des Affaires étrangères, Sean McCormack.

Le "Washington Post" a rapporté que la CIA interrogeait certains des responsables d'Al-Qaïda les plus importants dans une prison secrète datant de l'époque soviétique en Europe de l'Est. Ce centre de détention fait partie d'un système carcéral clandestin créé par l'Agence centrale américaine de renseignement (CIA), qui a compté à certains moments des sites dans huit pays, dont la Thaïlande, l'Afghanistan, plusieurs Etats d'Europe de l'Est et un petit centre sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, note le quotidien.

Ce réseau de détention secret créé il y a près de quatre ans est un élément-clé de la guerre non conventionnelle des services secrets américains contre le terrorisme, souligne le "Washington Post".

Le conseiller à la sécurité nationale Stephen Hadley a refusé mercredi soir de confirmer ou d'infirmer les allégations du quotidien mais a assuré que le président George W. Bush "avait été très clair sur le fait que les Etats-Unis ne tortureraient pas". "Les Etats-Unis mèneront leurs activités dans le respect de la loi et des obligations internationales", a affirmé ce haut responsable.

Dix pays ont démenti l'existence de telles prisons sur leur territoire. "Je le répète, nous n'avons pas de bases de la CIA en Roumanie", a affirmé jeudi le Premier ministre Calin Popescu Tariceanu. Un proche du président polonais Aleksander Kwasniewski a pour sa part déclaré n'avoir "aucune information" sur l'installation de centres de détention américains en Pologne.

Boglar Laszlo, un porte-parole du Premier ministre hongrois, a expliqué à l'agence Associated Press qu'un rapport officiel serait rédigé, après consultation avec plusieurs responsables, notamment du transport aérien, "pour que nous puissions clore ce débat". Dans les pays baltes, le chef de la police lettone, Janis Reinikis, a affirmé que de tels centres de détention "n'existent pas ici". La Géorgie et l'Arménie ont également opposé des démentis formels à ces informations.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a contacté les Etats-Unis pour leur demander de "l'informer sur la détention de ces personnes et d'autoriser l'accès aux délégués du CICR aux personnes détenues dans des lieux tenus secrets", a expliqué à l'AP Antonella Notari, la porte-parole du Comité.

Un porte-parole de Terry Davis, le président du Conseil de l'Europe, a précisé que l'organisation paneuropéenne allait suivre le dossier "de très près". "Des enquêtes devront probablement être mises en oeuvre", a ajouté Matjaz Gruden. "Il est difficile de prendre des mesures tant que nous n'aurons pas un rapport. Mais si cela s'est effectivement déroulé sur notre territoire, ce serait une violation du traité européen sur les droits de l'Homme."

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Prisons secrètes : la CIA a saisi le département américain de la Justice

WASHINGTON (AP) - 9/11/5 - La CIA a saisi le département américain de la Justice concernant la fuite à destination de journalistes du "Washington Post" d'informations potentiellement classées secrètes sur l'existence de prisons clandestines dirigées par l'agence de renseignements, a affirmé mardi un responsable américain.

La CIA a adressé un rapport au département de la Justice sur un article du "Washington Post" paru le 2 novembre révélant l'existence de prisons secrètes de la CIA à travers le monde dans lesquelles l'agence détiendrait des suspects dans des affaires de terrorisme [sic], selon "ce responsable ayant requis l'anonymat" [sic].

Le département de la Justice peut désormais décider de l'ouverture d'une enquête criminelle en bonne et due forme. Le "Washington Post" n'a fait aucun commentaire.

Selon ce responsable, le rapport de la CIA a été adressé au département de la Justice peu après la parution de l'article du 2 novembre. L'enquête sur "l'affaire Valerie Plame" - du nom de cet agent de la CIA dont la couverture avait été dévoilée - avait débuté suite à une procédure similaire et avait notamment conduit à l'inculpation et à la démission de Lewis Libby, directeur de cabinet du vice-président américain Dick Cheney.

Au Congrès, le chef de la majorité républicaine au Sénat Bill Frist et le président de la Chambre des représentants Dennis Hastert, républicain lui-aussi, ont appelé mardi à l'ouverture d'une enquête parlementaire sur cette affaire.

La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a, quant à elle, évité de répondre aux questions sur ce dossier, affirmant que les Etats-Unis étaient engagés dans "une guerre différente" [sic] et avaient l'obligation de se défendre.

Le "Washington Post" a rapporté que la CIA interrogeait certains des responsables d'Al-Qaïda dans une prison secrète datant de l'époque soviétique en Europe de l'Est. Selon le quotidien, ce centre de détention fait partie d'un système carcéral clandestin créé par la CIA, qui a compté à certains moments des sites dans huit pays, dont la Thaïlande, l'Afghanistan, plusieurs Etats d'Europe de l'Est.

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Covering Up Torture ?


At Pentagon's Request the Washington Post Refuses To Report on Location Of Secret CIA Jails in Europe

 

Democraty Now ! - 8/11/5 - We speak with Peter Kornbluh of the National Security Archives on the paper's decision to abide by a Pentagon request not to name which European nations house these secret facilities. Kornbluh compares this decision to the New York Times' refusal to report on details of the U.S. invasion of the Bay of Pigs in Cuba in 1961. [includes rush transcript]
Recently, the Washington Post revealed the existence of a secret Soviet-era prison used by the CIA to detain prisoners in Eastern Europe. The prison is part of a small global network of secret CIA and military compounds used to detain and interrogate prisoners, including the Guantanamo Bay prison in Cuba.

At the request of U.S. officials, the Washington Post did not disclose the location of the Eastern European prison. Human Rights Watch says it's likely Poland or Romania. This is based on records the group obtained of military flights from Afghanistan. Officials from both Poland and Romania have denied the allegations. The Post declined to come on our program to discuss their decision. Instead, a spokesperson referred us to a statement made by Executive Editor Len Downie on CNN last Thursday. Downie said, "In this case, we agreed to keep the names of those particular countries out, because we were told, and it seems reasonable to us, that there could be terrorist retaliation against those countries, or more importantly, disruption of other very important intelligence activities, antiterrorist activities." The Post has drawn criticism for acquiescing to the government's demand. Commenting on the Post's rationale, the media watch-dog group FAIR (Fairness and Accuracy in Reporting) said, "The possibility that illegal, unpopular government actions might be disrupted is not a consequence to be feared, however-it's the whole point of the First Amendment."

• Peter Kornbluh, senior analyst at the National Security Archive, a public-interest documentation center in Washington.
RUSH TRANSCRIPT

This transcript is available free of charge. However, donations help us provide closed captioning for the deaf and hard of hearing on our TV broadcast. Thank you for your generous contribution.
Donate - $25, $50, $100, more...

AMY GOODMAN: Joining us in our Washington, D.C. studio is Peter Kornbluh, senior analyst at the National Security Archive, a public-interest documentation center in Washington. Your response to the Washington Post decision to comply with the Pentagon's demand they not name the countries where the secret prisons are?

PETER KORNBLUH: Well, I think first of all, we need to give the Washington Post and the reporter, Dana Priest, a great deal of credit for breaking a very, very significant story. This story has the potential truly to enhance the debate, really accelerate the debate, over whether we should be involved in torturing and secretly detaining prisoners in the war on terrorism. But the Post obviously capitulated to kind of suspect arguments by very high U.S. officials, and in so doing, really I think that the Post bears a responsibility for the continuation of these abuses that we know have taken place in the past and are clear -- probably are taking place in the present.

These arguments are suspect about attacks on these several Eastern European countries, which probably include Romania and Poland; but I think the bottom line is that the C.I.A. fears that if the names of these countries are published, the people in those countries, Eastern Europeans who have, you know, pushed away from the gulags of the past and are trying to rebuild democracies in the present, will say: ‘Hey, this is not what we want in our countries!’ And this is exactly what happened with the C.I.A. detention center in Thailand. When it was revealed the C.I.A. was running a secret center in the war on terrorism in Thailand, the Thai government said: ‘We want to be able to deny that we have such a detention center here, and you have to shut it down.’ That is what the C.I.A. is truly worried about, is losing its ability to sustain these facilities.

AMY GOODMAN: Peter Kornbluh, you say this is the most egregious censorship of a paper in decades, going back to the Bay of Pigs. Can you explain?

PETER KORNBLUH: Well, there are many examples (and there are many that we don't even know about) of the U.S. government stepping in with very high executives of the New York Times and the Washington Post and the New Republic and other newspapers and media outlets across the country and saying: ‘Please don't run this story because it will compromise our national security interest.’ And the most famous is the -- in 1961 when the New York Times was going to run a story on the pending invasion at the Bay of Pigs in Cuba, and John Kennedy picked up the phone and called the publisher of the New York Times and said: ‘Please don't run this story.’ The Times did run the story but they whittled it down significantly, eliminating exactly those types of details: when, where, who, how many, etc. And afterwards, of course, the President and his advisors said they wished that the Times had run the full story so that the invasion, which failed, would have been aborted.

But you have a similar situation here in terms of the magnitude of this issue, but the arguments are different. In this case, we don't have U.S. soldiers whose lives are on the line. We basically have a situation where our immediate security is not compromised and where one has to evaluate whether the security of these actual countries truly is compromised. And I think if, you know, the presidents of Romania and Poland had picked up the phone and called the Washington Post and said: ‘We know this is a secret operation. We are worried about it being published,’ then, perhaps, you know, you could have had an argument that there was an issue here. But to simply buy into this presentation by high Pentagon, C.I.A. and White House officials that our national security is at stake in keeping the locations of these secret detention centers secret, I think, is wrong. What is at stake is these secret detention centers. And the Romanians, the Poles and other Eastern European citizens have been building a civil society focused on the abuses of the past—museums, monuments, efforts to say, you know, ‘Never again!’ And here the poetic, you know, irony is that the C.I.A. appears to be using actually Soviet gulags that were in place in these countries when the Soviet Union was running them.

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Le Conseil de l'Europe s'inquiète de méthodes anti-terroristes

PARIS (Reuters) - 22/11/5 - Des moyens "non conformes" au respect des droits de l'homme ont pu être utilisés sur le continent européen dans la lutte contre le terrorisme, estime le rapporteur de la commission des questions juridiques de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Selon un communiqué de cette organisation, Dick Marty a informé la commission, lors d'une réunion à Paris, "qu'il ne disposait pas à ce stade de preuves" de l'existence de centres de détention secrets dans des Etats membres.

Mais il a fait état "d'indices laissant croire que des moyens de lutte contre le terrorisme non conformes aux exigences du Conseil de l'Europe en matière des droits de l'homme auraient été appliqués."

Le Washington Post a fait état le 2 novembre d'un réseau de prisons secrètes, ou "sites noirs", gérées par la CIA, dans au moins huit pays dont un en Europe de l'Est, où des prisonniers soupçonnés de terrorisme seraient interrogés sans la moindre assistance juridique.

Selon la presse américaine, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a demandé à avoir accès à ces détenus.

Une porte-parole du CICR a déclaré le 3 novembre à Reuters que son organisation était "préoccupée" par le sort "d'un nombre indéterminé de personnes (...) détenues dans des lieux non identifiés".

"Faire disparaître des personnes en les soustrayant à tout contrôle judiciaire et administratif est un acte contre la dignité humaine", a déclaré mardi Dick Marty, selon le communiqué du Conseil de l'Europe. "Seule la lutte contre le terrorisme avec des moyens 'propres' sera efficace."

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"Prisons secrètes" de la CIA : le Conseil de l'Europe étudie des "faits troublants"

PARIS (AP) - 22/11/5 - Le président d'une commission du Conseil de l'Europe souhaite approfondir l'enquête sur de présumées "prisons secrètes" de la CIA dans des pays de l'est de l'Europe. Il cherche notamment des informations sur 31 vols suspects et souhaite recueillir des images satellites de sites en Pologne et Roumanie.

Si le Conseil de l'Europe ne dispose pas de réels moyens, "le but de l'exercice est de faire savoir qu'il y a de nombreuses forces sur ce continent qui ne sont pas d'accord que l'Europe soit usée et abusée de cette façon", a expliqué à l'Associated Press Dick Marty, président de la commission des questions juridiques et des droits de l'Homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Le 2 novembre dernier, le "Washington Post" rapportait, sans citer les pays concernés, que la CIA interrogerait des suspects supposés liés à al-Qaïda dans des centres secrets de détention dans l'est de l'Europe. Le lendemain, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, basée à New York, annonçait avoir recueilli des informations sur des transferts par la CIA de suspects capturés en Afghanistan vers la Pologne et la Roumanie.

L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, instance des droits de l'Homme sur le vieux Continent, a désigné il y a deux semaines le Suisse Dick Marty pour étudier les allégations du "Washington Post".

Pour l'heure, il n'existe pas de "preuves" mais des "indices", a-t-il précisé dans un entretien à AP. "Il y a quand même des faits assez troublants, il y a des mouvements d'avion suspects pour lesquels on a aucune explication claire, et dans différents pays, les gouvernements sont très mal à l'aise pour donner des explications sur ces vols".

Pour lui, "il ne s'agit pas de mettre en discussion la lutte contre le terrorisme, il ne s'agit pas de l'affaiblir", mais "si nous avons recours à des moyens illicites, je crois que nous faisons le jeu des terroristes".

Dick Marty devait présenter lors d'une réunion à huis clos à Paris une note d'information devant la commission qu'il préside.

Selon cette note, que s'est procurée l'Associated Press, le président estime qu'il ne faut pas se limiter à la question des "prisons secrètes" mais inclure "l'utilisation" -ou "l'abus"- d'infrastructures situées en dehors des Etats-Unis à des fins de détention illégale.

Dick Marty a ainsi demandé à Eurocontrol (Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne) des précisions sur 31 vols suspects dont la liste a été communiquée par Human Rights Watch.

M. Marty a également reçu de HRW des informations sur des vols suspects, utilisant fréquemment certains aéroports comme celui de Palma de Majorque -qui a suscité l'ouverture d'une enquête en Espagne-, Larnaca à Chypre et Shannon en Irlande. Il a aussi recueilli une liste de traversées et d'atterrissages de tels avions en Suisse.

Dans sa note, Dick Marty précise avoir contacté le centre satellitaire de l'UE à Torrejon (Espagne) pour obtenir des images de sites en Pologne et en Roumanie, qui pourraient abriter, selon Human Rights Watch, des possibles centres secrets de détention de la CIA. D'après HRW, il s'agit de la base aérienne militaire de Kogalniceanu (Roumanie) et de l'aéroport Szczytno-Szymany (Pologne).

Ces centres présumés seraient de "petits centres" pour Dick Marty: "le terme de camp selon moi est totalement faux, selon moi ce n'est pas des camps, mais c'est des tout petits centres où il y a peut-être un ou deux détenus", a-t-il expliqué à AP.

En Allemagne et en Italie la justice a ouvert des enquêtes sur des "enlèvements" de personnes transférées ensuite à Guantanamo. En Italie, des mandats d'arrêt ont été lancés contre des agents de la CIA après l'enlèvement d'un imam, Abou Omar, à Milan en février 2003.

Les autorités norvégiennes, suédoises et suisses auraient par ailleurs demandé des informations sur l'atterrissage sur leurs aéroports nationaux d'avions qui auraient été utilisés pour des transferts supposés extrémistes.

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CAMP BONDSTEEL : GUANTANAMO SECRET DE L'OTAN

Un responsable du Conseil de l'Europe évoque l'existence d'une "prison secrète" américaine au Kosovo

PARIS (AP) - 25/11/5 - En pleine polémique sur l'affaire des prisons secrètes de la CIA, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe Alvaro Gil Robles déclare, dans un entretien publié dans "Le Monde" daté de samedi, avoir vu en 2002 une "prison secrète" américaine dans un camp de l'OTAN au Kosovo.

Le site incriminé, la base militaire américaine de Camp Bondsteel, s'étend sur 300 hectares au sud de Pristina, la capitale de la province serbe administrée par l'ONU, précise le quotidien. Il est doté d'une prison gérée par l'armée américaine, qui constitue le principal centre de détention de la KFOR, la force multinationale de l'OTAN déployée au Kosovo depuis 1999.

M. Robles, qui a visité les lieux un jour de septembre 2002, évoque une sorte de réplique du camp de Guantanamo Bay à Cuba. "Vu du haut d'une tourelle, l'endroit ressemblait à une reconstitution de Guantanamo en plus petit", explique-t-il. "De petits baraquements en bois étaient entourés de hauts barbelés. J'ai vu entre quinze et vingt prisonniers, enfermés dans ces maisonnettes, revêtus de combinaisons orange comme celles des détenus de Guantanamo."

Les détenus "étaient assis pour la plupart, certains enfermés dans des cellules isolées. On voyait parmi eux des barbus. Certains lisaient le Coran".

"'Choqué' par ce qu'il venait de voir à Camp Bondsteel, Gil Robles a demandé, au lendemain de sa visite (...) que les méthodes du centre de détention cessent et que les installations ressemblant à Guantanamo soient démantelées", précise "Le Monde". "Il dit avoir reçu l'assurance que cela a été fait, dans l'année qui a suivi."

Gil Robles estime toutefois que de nombreuses questions restent en suspens sur le Camp Bondsteel, par exemple sur le fait de savoir s'il a abrité ou s'il abrite encore des lieux de détention secrets. "Je ne peux pas établir de lien" entre l'affaire des prisons secrètes de la CIA et le camp "car je ne dispose pas d'éléments concrets à ce sujet", précise-t-il. "Mais j'estime qu'il faut exiger des explications sur cette base au Kosovo, comme sur d'autres sites qui peuvent être soupçonnés" en Europe.

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Détenus secrets de la CIA : première enquête officielle au niveau européen

STRASBOURG (Conseil Europe) (AFP) - 23/11/5 - Répondant à l'émotion suscitée en Europe, le Conseil de l'Europe a annoncé mercredi l'ouverture de la première enquête officielle lancée sur des informations faisant état du transport ou de la détention par la CIA de terroristes islamiques.
Alors que plusieurs pays dont l'Espagne, le Portugal, la Suède et la Finlande ont été mis en cause pour des escales présumées d'avions-prisons de la CIA sur leur territoire, l'organisation pan-européenne basée à Strasbourg et chargée de défendre les droits de l'homme a entrepris de descendre dans l'arène.

"Considérant la nature très sérieuse des allégations, la réponse de l'Europe doit aller au-delà des déclarations politiques et des enquêtes. J'ai donc décidé de faire usage de l'article 52 de la Convention européenne des Droits de l'homme en demandant formellement des informations aux 45 Etats contractants" a indiqué le Secrétaire général du Conseil de l'Europe Terry Davis dans un communiqué.

Il a donné aux gouvernements de ces Etats jusqu'au 21 février 2006 pour fournir des informations sur l'implication éventuelle de leurs fonctionnaires "dans la privation de liberté non reconnue d'un individu ou dans le transport d'individus ainsi privés de leur liberté, y compris lorsque cette privation de liberté a été commise par ou à l'instigation d'une agence d'un autre Etat".

Au delà des informations de presse faisant état d'escales présumées d'avions-prisons de la CIA dans plusieurs pays européens, l'organisation américaine de Défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé la CIA d'avoir aménagé des prisons secrètes en Europe de l'Est, notamment en Pologne et en Roumanie.

Ces pays ont tous deux démenti, tandis qu'une enquête judiciaire a été ouverte dans l'archipel des Baléares, où des avions affrétés par la CIA auraient fait dix escales entre janvier 2004 et janvier 2005, selon des informations de presse.

L'Union Européenne a de son côté fait savoir lundi, par la voix du ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw, qu'elle allait demander des explications à Washington.

Dick Marty, le rapporteur d'une commission juridique au sein du Conseil de l'Europe a pour sa part lancé le débat en déclarant mardi à Paris qu'il n'existait pas de preuves, mais des "indices sérieux" sur l'existence de prisons secrètes de la CIA en Europe.

Il avait indiqué à cette occasion avoir demandé aux autorités américaines des explications sur une liste de l'organisation Human Rights Watch de "31 avions qui auraient des liens directs ou indirects avec la CIA".

Si elles sont avérées, ces méthodes, qui visent à "kidnapper les gens et les soustraire à tout contrôle judiciaire et administratif", sont "absolument inacceptables", avait ajouté M. Marty, estimant qu'elles donnaient "une légitimité aux terroristes" auprès de leurs "sympathisants".

Instrument de coopération intergouvernementale créé en 1949 pour promouvoir les droits de l'homme et la démocratie parlementaire, le Conseil de l'Europe, dont le siège est à Strasbourg, regroupe aujourd'hui 46 pays, dont 45 ont ratifié la Convention européenne des droits de l'homme. Il dispose de peu de moyens mais d'une grande autorité morale.

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L'Espagne dit avoir agi légalement dans l'affaire des avions de la CIA

MADRID (AFP) - 24/11/5 - Le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos a assuré jeudi que Madrid avait agi légalement dans l'affaire des escales d'avions-prisons présumés de la CIA et que sa comparution devant une commission parlementaire, prévue dans l'après-midi, allait "tranquilliser" les esprit.
Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero qui avait retiré les troupes espagnoles d'Irak peu après son arrivée au pouvoir, a promis "la plus grande transparence" sur cette affaire susceptible de compromettre ses relations avec les Etats-Unis et sa crédibilité interne.

Ces avions sont soupçonnés de transporter des prisonniers islamistes dans des prisons secrètes à travers le monde.

La comparution spéciale de M. Moratinos se déroulera à partir de 17h00 locales (16h00 GMT) devant la commission des Affaires étrangères du parlement et non celle des secrets officiels pour que cela se fasse "en pleine lumière", selon le gouvernement.

"Cet après-midi, les députés et la société espagnole seront tranquillisés, le gouvernement et les différents ministères ont agi conformément à la loi", a affirmé M. Moratinos jeudi matin.

Le ministre a dit qu'il s'expliquerait sur "ce que le gouvernement a fait une fois qu'il a senti l'inquiétude de la part des citoyens espagnols sur des escales et la présence d'avions américains dans divers aéroports espagnols".

M. Moratinos pourra être amené à confirmer si, comme le dit jeudi le journal El Pais, le précédent gouvernement de José Maria Aznar, proche de Washington, avait assoupli les contrôles sur les avions américains transitant par l'Espagne à partir des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Selon le journal, un Protocole d'Amendement à l'Accord de Coopération pour la Défense datant d'avril 2002 a éliminé l'obligation d'informer du "type et (de) la finalité de la mission" des avions survolant ou faisant escale en l'Espagne.

Mais l'obligation de présenter le plan de vol a été maintenue, les autorités espagnoles étant donc forcément au courant des destinations de ces avions, selon le journal.

Le ministère de la Défense n'interroge pas Washington sur ce qu'il y a dans les avions, mais les Etats-Unis violeraient l'Accord s'ils transportaient "des passagers ou charges qui pourraient prêter à controverse pour l'Espagne", assure la même source.

L'ambassadeur des Etats-Unis en Espagne, Eduardo Aguirre, avait affirmé mercredi que "les lois espagnoles n'ont à aucun moment été violées".

Il a ajouté avoir "des conversations continues avec le gouvernement espagnol à ce sujet et sur beaucoup d'autres", tandis que M. Moratinos a qualifié d'"excellentes" les relations de l'Espagne avec les Etats-Unis.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw va demander à Washington au nom de l'Union européenne des explications sur cette affaire qui concerne plusieurs pays européens (Suède, Hongrie, Norvège, Italie, Roumanie, Pologne, Allemagne, Espagne).

Le Conseil de l'Europe a annoncé mercredi le lancement d'une enquête sur les allégations sur des centres de détention secrets de la CIA en Europe.

La justice espagnole enquête sur 10 escales d'avions suspects dans l'archipel des Baléares entre janvier 2004 et janvier 2005 et pourrait faire de même pour l'archipel des Canaries, où la presse affirme qu'entre janvier et octobre 2005, 10 escales d'avions affrétés par l'Agence centrale d'Information américaine (CIA) ont été enregistrées.

Pour l'instant, il n'existe "pas d'indice de délit significatif", a affirmé mardi le procureur général de l'Etat espagnol, Candido Conde-Pumpido


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Prisons secrètes de la CIA : Le Parlement européen va constituer une commission d'enquête

BRUXELLES (AP) - 12/1/6 - Les responsables du Parlement européen ont décidé jeudi la création d'une Commission temporaire afin d'enquêter sur les allégations sur le transport et la détention illégale de prisonniers par la CIA dans des pays européens.

Cette décision doit recevoir l'aval de l'Assemblée plénière du Parlement, lors de sa session le jeudi 18 janvier à Strasbourg. La composition de la commission, qui comptera 46 membres, sera approuvée le 19 janvier, précise la Conférence des présidents dans un communiqué.

Il s'agira de la première enquête concernant toute l'UE sur le sujet. Plusieurs Etats-membres ont entamé des enquêtes au niveau national et le Conseil de l'Europe également.

Selon le porte-parole du Parlement Neil Corlett, cette Commission aura un premier mandat de un an, mais publiera son premier rapport d'étape quatre mois après le début de l'enquête.

"Nous avons besoin d'examiner toutes les preuves disponibles pour voir si les droits fondamentaux en Europe ont été respectés ou non", a expliqué Graham Watson, président du groupe des Libéraux-démocrates.

Il s'agit, selon la conférence des présidents, de rassembler et d'analyser les informations permettant de déterminer notamment si "l'Agence américaine de renseignement, CIA ou d'autres services de renseignements de pays tiers ont procédé à des enlèvements, des 'remises extraordinaires', à la détention dans des sites secrets, à des actes de torture, de traitements inhumains ou dégradant à l'égard de prisonniers, sur le territoire de l'UE, pays candidats et adhérents compris, et ont utilisé, à ces fins, le territoire de l'UE pour le transport (par avion) de ces détenus".

Les premières révélations selon lesquelles la CIA aurait transféré et interrogé en secret des suspects importants membres d'Al-Qaïda dans des prisons datant de l'ère soviétique en Europe orientale remontent à novembre, via le "Washington Post".

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch dit avoir des preuves circonstanciés de ces transports de personnes capturées en Afghanistan vers la Pologne et la Roumanie. Ce que démentent ces deux pays, et tous les autres mentionnés dans la presse, dont la Bulgarie, la dernière en date ce jeudi.

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Les Etats européens sans doute au courant des prisons de la CIA

STRASBOURG (Reuters) - 24/1/6 - Les Etats européens ne pouvaient ignorer l'existence de prisons secrètes de la CIA en Europe, étant donné l'ampleur du phénomène, estime Dick Marty, chargé d'enquêter sur ce dossier par le Conseil de l'Europe.

"Il n'est simplement pas vraisemblable que les gouvernements européens ou du moins leurs services secrets n'aient pas été au courant", affirme le conseiller aux Etats (sénateur) suisse dans un rapport intérimaire de 25 pages, publié mardi à Strasbourg.

"Les 'restitutions' (enlèvements ou transferts de détenus vers les Etats-Unis où des pays tiers) intéressant l'Europe semblent concerner plus de cent personnes au cours de ces dernières années. Des centaines de vols d'avions affrétés par la CIA sont passés par de nombreux pays européens", ajoute-t-il.

Pour Dick Marty, le cas de Hassan Moustafa Ossama Nasr, dit Abou Omar, réfugié égyptien enlevé en juin 2003 à Milan (Italie) par des hommes de la CIA et transféré en Egypte, via la base militaire américaine de Ramstein, en Allemagne, constitue la meilleure illustration de ses dires.

"Le cas italien est tout à fait irréfutable", assure l'ancien procureur, qui a pu consulter l'ensemble de la procédure ouverte par la justice italienne. Celle-ci a identifié les 25 agents ayant participé à l'opération et pu reconstituer leurs emplois du temps. Elle a lancé un mandat d'arrêt international à l'encontre de 22 d'entre eux.

"Si le gouvernement italien ne le savait pas, ne pensez-vous pas qu'il aurait dû au moins protester qu'il y ait 25 agents d'un autre pays qui viennent chez eux pour enlever une personne ?", s'est-il interrogé lors d'une conférence de presse.

"Non seulement il ne proteste pas, mais, en tout cas jusqu'à il y a trois jours, le ministère de la Justice a refusé de transmettre les mandats d'arrêt aux Etats-Unis et la demande d'assistance judiciaire", a-t-il ajouté.

Quant aux méthodes employées par la CIA (Central Intelligence Agency), dans le cadre de la lutte antiterroriste, le sénateur suisse estime qu'"il existe de très nombreux indices, cohérents et convergents, qui permettent de conclure à l'existence d'un système de 'délocalisation' et de 'sous-traitance' de la torture" (auprès de pays tiers).

"Il n'existe pas de preuves formelles et irréfutables de l'existence de véritables centre de détention secrets de la CIA en Roumanie, en Pologne ou dans d'autres pays", affirme-t-il en revanche.

"Les sources qui font état de tels centres sont multiples, fiables et, de par leur fonction, très bien informées", a précisé Dick Marty, lors d'un débat d'actualité organisé par l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

"Il est faux de se concentrer exclusivement sur ces deux pays, la Roumanie et la Pologne. C'est toute l'Europe qui est concernée".

COLÈRE DU BRITANNIQUE MACSHANE

Dick Marty n'a cependant pas encore pu examiner les informations du Centre satellitaire de l'Union européenne, ni les données d'Eurocontrols relatives au mouvements aériens, dont de premiers éléments lui ont été communiqués lundi.

Ses convictions sont pour la plupart fondées sur la compilation et l'étude de données connues, dont certaines publiées "depuis plusieurs années" dans la presse américaine.

Mettant l'accent sur l'absence d'informations nouvelles, Denis MacShane, ancien ministre des Affaires européennes de Tony Blair et actuel membre de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, a fustigé un rapport qui "recycle des allégations journalistiques et relaie la propagande anti-américaine".

"Le rapport Marty a plus de trous que le fromage suisse. Je l'ai lu attentivement et n'y ai rien trouvé de nouveau, ni preuve, ni témoignage, ni document qui justifie les déclarations", s'est indigné Denis MacShane, ancien journaliste.

"Votre rapporteur n'est pas une autorité judiciaire, il n'a aucun moyen d'investigation, il dispose d'une logistique très réduite", a admis Dick Marty devant l'assemblée. Il a toutefois jugé que sa mission était "difficile mais pas impossible".

Parmi les informations qu'il a pu recueillir directement durant son enquête figure le témoignage de Craig Murray, ancien ambassadeur britannique en Ouzbékistan.

"Les documents qu'il m'a transmis semblent accuser les autorités britanniques, qui, en connaissance de cause, auraient continué à utiliser des informations fournies par les services secrets ouzbeks obtenues sous la torture et, de ce fait, encouragé la continuation de l'usage de celle-ci", indique Dick Marty.

Craig Murray avait alors démissionné de son poste.

Dick Marty devrait présenter son rapport définitif au Conseil de l'Europe en mars.

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Prisons secrètes : Dick Marty dénonce un système de "sous-traitance" de la torture

STRASBOURG (AP) - 24/1/6 - Il n'y a toujours pas de preuve irréfutable de l'existence de prisons secrètes de la CIA en Europe, mais un faisceau d'indices permet de conclure à un système de "sous-traitance" de la torture, probablement connu des gouvernements européens. C'est ce qu'a expliqué l'enquêteur du Conseil de l'Europe, le sénateur suisse Dick Marty, dans un rapport intermédiaire présenté à Strasbourg.

Réagissant à ce rapport d'étape, le commissaire européen chargé de la Justice, de la Liberté et de la Sécurité, l'Italien Franco Frattini, a immédiatement appelé "fermement" l'ensemble des gouvernements de l'UE à coopérer pleinement avec cette enquête.

Pour M. Frattini, l'enquête Marty "doit continuer", et son rapport préliminaire, très dense, "exige de nous de l'étudier et de l'analyser en détail, ce qui va être fait dans les jours à venir".

Selon Dick Marty, il a été prouvé que des personnes, une centaine, ont été enlevées et transportées sur le Vieux Continent pour être remises à des pays où elles ont été torturées. A ses yeux, il est fort improbable que les gouvernements européens, ou tout au moins leurs services secrets, n'aient pas été au courant des "restitutions" de ces centaines de personnes, selon le communiqué du Conseil de l'Europe.

"De nombreux indices, cohérents et convergents, permettent de conclure à l'existence d'un système de 'délocalisation' ou de 'sous-traitance' de la torture", a ajouté Dick Marty, se référant notamment aux déclarations de fonctionnaires américains. "Les actes de torture ou d'atteinte à la dignité des détenus sont effectués en dehors du territoire national et en dehors de l'autorité des services secrets nationaux", précise-t-il.

Le sénateur a toutefois reconnu qu'à ce stade, il n'y avait pas de preuves formelles et irréfutables de l'existence de centres de détention de la CIA en Roumanie, en Pologne ou dans d'autres pays. "Néanmoins, il subsiste de nombreux indices provenant de sources que l'on doit considérer comme fiables qui justifient la poursuite du travail d'analyse et de recherche", a-t-il affirmé.

Pour Dick Marty, "c'est toute l'Europe qui est concernée (...) et il serait trop simple de pointer le doigt seulement contre la Roumanie et la Pologne. Il importe que l'Europe dise clairement qu'elle n'entend pas tolérer de pareils agissements sur son territoire, ni ailleurs".

Plusieurs questions subsistent. Y a-t-il une véritable coopération des Etats européens avec les Etats-Unis? La torture "en réseau" a-t-elle vraiment pu échapper aux Etats membres du Conseil de l'Europe? Et sinon, quelle est leur responsabilité si des transports de détenus appelés à être torturés ont été transportés grâce à leurs aéroports? Autant d'interrogations auxquelles il faudra apporter des réponses.

L'enquêteur spécial s'est également félicité de l'arrivée lundi d'informations détaillées de l'Agence européenne du trafic aérien, Eurocontrol. Il a aussi salué la mise à disposition des images satellite notamment de sites en territoire roumain par le Centre satellitaire de l'UE.

La Pologne et la Roumanie ont été montrées du doigt par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) comme deux des pays ayant pu accueillir des prisons secrètes de la CIA. Varsovie et Bucarest ont formellement démenti.

Le sénateur suisse enquête sur mandat du Conseil de l'Europe, qui a décidé de lancer des investigations suite aux informations publiées en novembre par le "Washington Post" concernant l'existence de prisons secrètes américaines en Europe de l'est.

Selon le quotidien américain, des agents de la CIA auraient interrogé illégalement des terroristes présumés dans ces centres de détention, avant de les transférer dans d'autres pays, moyennant des vols clandestins dans plusieurs pays européens.

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Prisons de la CIA : quatre pays européens pointés du doigt

STRASBOURG (Reuters) - 1/3/6 - A la lumière de son enquête sur les éventuelles activités illégales de la CIA en Europe, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis, déplore les lacunes du droit européen en la matière.

Dans un rapport publié mercredi, il vise en particulier quatre pays membres - Bosnie-Herzégovine, Italie, Macédoine et Pologne - dont il critique le manque de coopération dans ses recherches.

Ces quatre pays sont ceux qui sont le plus souvent cités comme ayant pu abriter des prisons secrètes de la CIA ou être utilisés pour faire transiter des personnes détenues illégalement.

"La majeure partie de l'Europe semble être un excellent terrain de chasse pour des services secrets étrangers", estime Terry Davis.

"Pratiquement aucun pays, à la nette exception de la Hongrie, ne s'est doté de dispositions juridiques lui permettant de surveiller effectivement les activités des services de sécurité étrangers sur son territoire", précise-t-il.

Même constat en ce qui concerne l'espace aérien européen, que la CIA aurait utilisé pour faire transiter ses prisonniers.

"Il semble que très peu de pays aient adopté un moyen adéquat et efficace de savoir qui et quoi transite dans leurs aéroports et leur espace aérien", souligne Terry Davis.

Il soulève enfin le problème de l'immunité diplomatique derrière laquelle s'abritent fréquemment les services secrets étrangers.

IMPROBABLE PROCESSUS DE SANCTIONS

"Immunité ne peut signifier impunité", dit le secrétaire général pour qui les exceptions existantes, relatives à la torture, devraient être étendues "à d'autres violations graves des droits de l'homme telles que les disparitions forcées".

La Bosnie-Herzégovine, l'Italie, la Macédoine, la Pologne ont manqué "et c'est regrettable, l'occasion de fournir des réponses complètes et pertinentes, afin de dissiper tous les doutes quant à leurs fautes alléguées", a déclaré Terry Davis lors d'une conférence de presse à Strasbourg.

Il s'est dit "déçu" par la Pologne. Dans son rapport, il souligne également le cas de l'Italie qui "s'est abstenue de donner des informations relatives à l'enquête en cours sur l'enlèvement supposé d'Abou Omar (un réfugié politique égyptien soupçonné de terrorisme) par des agents de la CIA en Italie".

Terry Davis avait demandé en novembre dernier aux 46 Etats-membres de lui fournir des informations concernant leur éventuelle implication dans ces réseaux et de lui préciser l'arsenal juridique dont ils disposaient pour s'en prémunir.

Cette démarche faisait suite à des informations publiées par le Washington Post puis relayées par d'autres médias et des organisations non gouvernementales comme Human Rights Watch.

Des informations complémentaires seront demandées aux Etats ayant fourni des réponses insuffisantes avant la mise en oeuvre d'un éventuel - et improbable - processus de sanctions

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Selon M. Gijs de Vries, le coordinateur de la "lutte antiterroriste" [sic] :
aucune preuve d'activités illégales de la CIA en Europe !

M. GIJS DE VRIES serait-il au service de la CIA ?!

BRUXELLES (AP) - 20/4/6 - Les enquêtes menées sur la détention présumée de prisonniers de la CIA dans des sites secrets en Europe n'ont pas révélé pour l'instant des preuves d'activités illégales de l'agence américaine, a fait savoir jeudi le coordinateur européen de la lutte contre le terrorisme, Gijs de Vries.

Le Parlement européen et le Conseil de l'Europe ont ouvert des enquêtes sur la présence éventuelle de prisons secrètes sur le territoire européen. Malgré une cinquantaine d'heures de témoignage par des militants des droits de l'Homme et personnes ayant affirmé avoir été enlevés par des agents de la CIA, aucune preuve d'activités illégales n'a été découverte, a-t-il déclaré devant une commission parlementaire.

"Nous avons entendu toutes sortes d'allégations, d'impressions. Nous avons également entendu des démentis. C'est à votre commission d'établir si elles sont exactes. Elles ne semblent pas prouvées au-delà du doute acceptable", a poursuivi Gijs de Vries. Il a également démenti tout transferts secrets de terroristes présumés sur le territoire européen. "Il n'y a, à ma connaissance, aucune preuve que de telles arrestations illégales aient eu lieu".

Le coordinateur de la lutte antiterroriste a été critiqué par les parlementaires européens pour avoir refusé de tenir compte des premiers témoignages d'un Allemand et d'un Canadien. Ces derniers avaient raconté à la commission leur enlèvement par des agents étrangers et leur détention. Il a également écarté les déclarations de l'ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Ouzbékistan, Craig Murray, qui affirmait que les services secrets de Sa majesté avaient utilisé des informations obtenues sous la torture.

Gijs de Vries a expliqué à la commission qu'il n'y avait aucun accord américano-européen autorisant les arrestations secrètes de terroristes présumés. Il a ajouté qu'il n'y avait pas eu des centaines de vols clandestins en Europe, comme l'ont rapporté "certains médias" [sic]. Enfin, il a dit ne disposer d'aucun élément prouvant que des pays européens auraient utilisé des informations obtenues sous la torture.

Le coordinateur européen a précisé que les Etats-membres avaient l'intention d'attendre la fin des enquêtes avant d'y répondre. "La présidente européenne tirera ensuite les conclusions qui conviennent", a-t-il déclaré.

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Javier Solana déclare ne pas disposer d'informations sur les prisons secrètes en Europe !

M. SOLANA roule-t-il pour l'Empire US ?!

BRUXELLES (AP) - 2/5/6 - Le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne, Javier Solana, a affirmé mardi ne pas disposer d'informations sur des interrogatoires par des agents de la CIA de membres présumés d'Al-Qaïda dans des prisons secrètes en Europe.

La semaine dernière, la commission d'enquête du Parlement européen sur les présumées prisons secrètes de la CIA en Europe a rendu public un rapport d'étape selon lequel plus d'un millier de vols clandestins auraient transité par le vieux continent depuis 2001.

Le rapport, rédigé par le député européen Giovanni Fava, est le résultat de trois mois d'auditions et de plus de 50 heures de témoignages de militants pour les droits de l'homme, de responsables de l'Union européenne et de personnes affirmant avoir été enlevées et torturées par des agents américains. Les données fournies par Eurocontrol, l'agence européenne de la sécurité aérienne, ont également été examinées.

L'enquête avait débuté en janvier dernier, après la révélation en novembre par le "Washington Post" de l'existence de prisons secrètes de la CIA en Europe de l'Est, où auraient été interrogés des personnes soupçonnées de terrorisme. Ces suspects auraient également été transportés dans des vols secrets transitant par des aéroports européens avant de rallier leur destination finale, la prison de Guantanamo à Cuba.

A l'époque, Human Rights Watch avait identifié la Roumanie et la Pologne comme abritant ces centres de détention présumés. "Pour ce qui est de ces prisons, nous avons plus de questions que de réponses", note M. Fava. Du coup, le rapport d'étape n'en parle pas vraiment mais la commission devrait se rendre en Pologne et Roumanie en septembre.

Javier Solana, qui s'exprimait mardi devant la commission d'enquête, a déclaré ne disposer "d'aucune information d'aucune sorte" lui permettant de vérifier avec "certitude les accusations, allégations, rumeurs" ayant circulé à ce sujet.

Les Etats-Unis, a-t-il fait valoir, ont assuré ne pas recourir à la torture contre des suspects de terrorisme en détention. Il a également dit avoir la garantie qu'aucun pays de l'UE n'utilise de renseignements obtenus sous la torture. "Certains Européens, y compris moi bien entendu, saluerions de semblables assurances" de la part de Washington "sur les détentions au secret", a ajouté M. Solana.

Il a déclaré ne pas avoir mandat pour demander aux Etats-membres de l'UE de s'expliquer sur leur gestion du dossier, rappelant que la lutte contre le terrorisme était uniquement du ressort des gouvernements européens. Il s'est ainsi attiré les critiques de députés, qui lui ont reproché des réponses jugées trop évasives.

"Vous vous lavez les mains de fait de toute responsabilité. Vous ne pouvez pas dire simplement que c'est hors de votre portée", a lancé le député espagnol Willy Meyer. La députée britannique Sarah Ludford a de son côté jugé que Javier Solana donnait "une image pathétique de l'UE" en affirmant qu'il n'avait pas la compétence d'interroger les Etats-membres sur un tel sujet.

"Nous ne connaissons toujours pas les faits. Les procureurs se penchent dessus, mais il est difficile de faire des commentaires", a déclaré M. Solana à la presse après la réunion. AP

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Prisons secrètes de la CIA : des eurodéputés regrettent le manque de coopération de Washington

WASHINGTON (AP) - 12/5/6 - Le président de la délégation de parlementaires européens venus à Washington obtenir des informations sur les vols clandestins de la CIA en Europe a jugé jeudi ne pas avoir eu suffisamment de contacts avec l'administration Bush et les parlementaires américains.

"Cela ne contribue pas à une meilleure compréhension des points de vue de chacun, pas plus qu'à la nécessaire réaffirmation des valeurs communes que nous sommes censés partager des deux côtés de l'Atlantique", a déclaré le Portugais Carlo Coelho lors d'une conférence de presse.

Il a ajouté que la coopération entre les Etats-Unis et l'Union européenne était essentielle dans la lutte contre le terrorisme. "Mais cette coopération doit avoir lieu dans la transparence la plus complète et en évitant d'avoir recours aux pratiques utilisées par les terroristes et qui ne peuvent que conduire à la haine et à la poursuite du phénomène", a-t-il souligné.

Au dernier jour de sa visite entamée lundi, la délégation européenne a notamment rencontré le président de la Commission judiciaire du Sénat, le secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires européennes et eurasiennes Dan Fried, le conseiller juridique du département d'Etat John Bellinger, l'ancien directeur de la CIA James Woolsey, et des organisations non-gouvernementales.

En revanche, les parlementaires n'ont pas pu rencontrer Porter Goss, le patron de la CIA qui a démissionné la semaine dernière.

De son côté, le conseiller juridique du département d'Etat John Bellinger a déclaré avoir demandé aux Européens de démentir les "allégations" [sic] selon lesquelles plusieurs centaines de vols transportant des terroristes présumés auraient transité en Europe. Rien ne peut prouver "les allégations selon lesquelles les vols étaient au nombre de 1.000, 100 ou même 10", a-t-il affirmé.

La visite de parlementaires intervient alors que la commission d'enquête du Parlement européen a rendu public fin avril un rapport d'étape selon lequel plus d'un millier de vols clandestins auraient transité par le Vieux continent depuis 2001.

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Le président du CICR (la Croix-Rouge) déplore le refus de l'administration US
d'autoriser les visites dans les "prisons secrètes"

Quelles prisons dites "secrètes" ?!

GENEVE (AP) - 12/5/6 - Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, a déploré vendredi le refus de l'administration américaine d'autoriser les visites de ses délégués dans les centres de détention secrets.

"Quel que soit la légitimité des motifs de détention, il n'existe aucun droit de dissimuler les informations sur le sort d'une personne et de nier qu'il ou elle est détenue", a déclaré M. Kellenberger à l'issue de rencontres avec de "hauts responsables à Washington" [sic].

"M. Kellenberger a déploré le fait que les autorités américaines n'aient pas accordé au CICR l'accès à des personnes détenues dans des endroits non divulgués", a ajouté le CICR dans un communiqué.

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Plusieurs pays européens réfutent les accusations d'un rapport sur les vols secrets de la CIA...

VARSOVIE - 7/6/6 - Plusieurs pays européens ont rejeté mercredi les conclusions d'un rapport du Conseil de l'Europe qui les a accusés de violations des droits de l'homme en autorisant la CIA, au moins tacitement, à transférer ou détenir sur leur sol des terroristes islamistes présumés.
Soupçonnées d'avoir abrité des prisons clandestines des services secrets américains, la Pologne et la Roumanie, deux fidèles alliés des Etats-Unis depuis la chute du communisme, ont réfuté les accusations figurant dans le rapport écrit par le parlementaire suisse Dirk Marty pour le Conseil de l'Europe.

"Ce sont des calomnies qui ne reposent sur aucun fait", a brièvement déclaré le Premier ministre polonais, Kazimierz Marcinkiewicz.
"Il est possible qu'il y ait eu des vols (d'avions de la CIA), mais j'ignore tout d'un transport ou d'une détention en Pologne de terroristes d'Irak", a déclaré Marek Biernacki, un ex-ministre polonais de l'intérieur.

"Le rapport de M. Marty ne fournit pas de preuves sur la présence de centres de détention en Roumanie", a dit à l'AFP la présidente de la commission parlementaire d'enquête sur les vols supposés de la CIA en Roumanie, Norica Nicolai.
Mme Nicolai, dont la commission doit publier son rapport prochainement, a également ajouté qu'il n'y avait pas de preuves que des avions appartenant à la CIA aient même atterri en Roumanie.

Par le passé, le président roumain Traian Basescu a cependant affirmé qu'il y avait eu des "atterrissages d'avions" dans le cadre de la coopération entre services secrets roumains en américains.

Dirk Marty a indiqué ne pas disposer de preuves formelles contre la Roumanie et la Pologne. "Si des preuves au sens classique du terme ne sont pas encore disponibles, de nombreux éléments, cohérents et convergents, indiquent que de tels centres ont bel et bien existé en Europe", a-t-il écrit dans son rapport.

"Le rapport du Conseil de l'Europe n'ajoute absolument rien", a déclaré pour sa part le Premier ministre britannique Tony Blair lors de la séance de questions hebdomadaires à la Chambre des communes. "Nous avons dit tout ce que nous avions à dire sur ce (sujet) et il n'y a rien à ajouter".

Le ministère britannique des affaires étrangères a précisé que le rapport n'apportait pas de preuve que les vols américains qui ont transité par la Grande-Bretagne aient été utilisés pour un transfèrement de prisonniers.

"Le rapport du Conseil de l'Europe n'ajoute absolument rien", a déclaré pour sa part le Premier ministre britannique, Tony Blair, lors de la séance de questions hebdomadaires à la Chambre des communes. "Nous avons dit tout ce que nous avions à dire sur ce (sujet) et il n'y a rien à ajouter".

Dans le rapport, le Royaume-Uni figure sur une liste de sept pays (avec la Suède, la Bosnie-Herzégovine, l'Italie, la Macédoine, l'Allemagne et la Turquie) pouvant "être tenus pour responsables, à des degrés divers et pas toujours établis de façon définitive, de violations des droits des personnes" suspectées de terrorisme lors de transfèrements illégaux.

L'Espagne a également rapidement réagi. "Nous rejetons de façon ferme et catégorique" les conclusions du rapport, a affirmé mercredi à l'AFP un porte-parole du ministère espagnol des Affaires étrangères.

"L'Espagne n'a aucunement participé, de façon active ou passive, à des opérations de transfèrement de prisonniers", a affirmé le porte-parole espagnol, ajoutant que son pays n'avait "pas la moindre information à ce sujet".

Le rapport affirme que l'Espagne peut, avec la Pologne, la Roumanie, Chypre, l'Irlande, le Portugal et la Grèce être tenue pour responsable "de collusion, active ou passive, en matière de détentions secrètes et de transferts inter-étatiques illégaux".

Amnesty International s'est félicitée pour sa part des conclusions du rapport Marty, un "signal ferme et clair envoyé par le Conseil de l'Europe aux gouvernements européens et aux Etats-Unis"

Le rapport de M. Marty sera débattu le 27 juin à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Le Conseil de l'Europe, basé à Strasbourg, en France, est distinct de l'Union européenne. Cette organisation, destinée à défendre la démocratie et l'Etat de droit, regroupe 46 pays européens, dont les 25 membres de l'UE.

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Prisons et vols secrets : un rapport de parlementaires européens accuse la CIA

STRASBOURG (AP) - 13/6/6 - Une commission d'enquête du Parlement européen a approuvé lundi un rapport qui affirme que les preuves de violations des droits de l'Homme par les Etats-Unis se font de plus en plus nombreuses et qui accuse la CIA de s'être servie de fausses compagnies aériennes pour transférer des détenus de pays européens vers des pays où ils ont pu être torturés, pratique interdite par les traités européens en vigueur.

Ce rapport marque la fin d'une enquête de six mois sur les allégations de vols aériens et de prisons secrets dirigés par la CIA en Europe. Approuvé par 25 voix contre 14, avec sept abstentions, il conclut que des détenus ont été transférés dans des pays tels que l'Egypte, la Jordanie, la Syrie et l'Afghanistan.

La publication du rapport intervient une semaine après celui du sénateur suisse Dick Marty, qui conclut que 14 pays européens, et notamment la Pologne et le Roumanie, ont collaboré avec les services secrets américains pour transférer des détenus soupçonnés d'actes terroristes vers des centres de détention illégaux.

Le rapport des parlementaires européens n'accuse pas de pays nommément, mais "met au clair que des activités illégales, dont la reddition de prisonniers dans la guerre contre le "terrorisme" [sic], ont eu lieu à l'intérieur de l'Union européenne", a déclaré Jan Marinus Wiersma, vice-président néerlandais du groupe socialiste. Le rapport stipule cependant que des investigations supplémentaires sont nécessaires.

En avril dernier, les parlementaires européens avaient conclu que la CIA a orchestré plus de 1.000 vols clandestins en Europe depuis 2001, dont certains ont secrètement transféré des suspects, et que les gouvernements européens en étaient probablement informés.

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Vols secrets de la CIA : des services nationaux ont coopéré en Europe

STRASBOURG (AFP) - 27/6/6 - Des "agents de services nationaux" ont collaboré en Europe à des remises à la CIA de personnes suspectées de "terrorisme" [sic], a indiqué mardi à Strasbourg le parlementaire suisse Dick Marty, chargé d'enquêter sur des activités illicites de la CIA en Europe.
Il s'agit notamment d'agents bosniaques et italiens, a précisé M. Marty à l'AFP à l'occasion d'une rencontre avec la presse après avoir présenté son rapport à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).

Le ministre bosniaque des Affaires étrangères Mladen Ivanic a reconnu durant l'enquête avoir remis le 18 janvier 2002, sans aucune procédure légale et formelle d'extradition, six personnes d'origine algérienne, toujours détenues sans jugement sur la base américaine de Guantanamo.
M. Marty a également évoqué la complicité d'un agent italien dans l'enlèvement le 17 février 2003 en Italie de l'ancien imam d'une mosquée de Milan, Osama Mustafa Hassan, connu également sous le nom d'Abou Omar.

Visé par une enquête dans le cadre de la lutte antiterroriste, il a été emmené en Egypte, où il affirme avoir été torturé. Le procès par contumace de 22 agents de la CIA accusés d'avoir enlevé l'imam devrait s'ouvrir avant la fin de l'année.

M. Marty a encore estimé que "si des agents d'un pays participent à un enlèvement par la CIA, Condoleezza Rice (secrétaire d'Etat américaine) était légitimée à déclarer en décembre dernier que les Etats-Unis n'ont jamais violé la souveraineté d'un Etat".

S'exprimant devant l'APCE un peu plus tôt, M. Marty avait déclaré que "des agents des services officiels nationaux ont collaboré à des enlèvements, à des remises et à des transports pour soustraire des personnes au système judiciaire institutionnel, cela est prouvé".

Le rapport de M. Marty, déjà dévoilé le 7 juin à Paris, épingle quatorze pays européens pour leur implication dans les vols secrets de la CIA et, dans le cas de la Pologne et de la Roumanie, pour avoir abrité des centres de détention clandestins.

Il met en cause sept pays pour "violations des droits de la personne" lors de transfèrements illégaux : Suède, Bosnie-Herzégovine, Royaume-Uni, Italie, l'ancienne république yougoslave de Macédoine, Allemagne et Turquie.

Sept autres pays - Pologne, Roumanie, Espagne, Chypre, Irlande, Portugal, Grèce - y sont cités pour "collusion".

M. Marty a préconisé l'adoption d'instruments plus efficaces face à la menace terroriste dans le respect des normes de protection des droits de l'homme.

"Nous devons avoir un ordre juridique mondial avec "nos amis et alliés des Etats-Unis" [sic], mais il faut le faire sur des valeurs conduites notamment par le Conseil de l'Europe", a souligné M. Marty.

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Prisons secrètes de la CIA : un suspect de "terrorisme" [sic] raconte sa détention et les sévices dont il a été victime

WASHINGTON (AP) - 27/2/7 - Détenu clandestinement pendant deux ans et demi par les Américains et les Pakistanais, Marouan Jabour, un Palestinien soupçonné de "terrorisme" [sic], a été battu, brûlé au fer rouge, enchaîné, maintenu sans vêtements pendant un mois... Un témoignage rare sur les prisons secrètes de la CIA, rapporté par l'organisation Human Rights Watch (HRW).

Jabour, 30 ans, pense avoir été détenu dans un "centre de détention secret en Afghanistan". Il a ensuite été transféré l'été dernier en Jordanie, puis remis aux Israéliens en septembre. Six semaines plus tard, il était libéré dans la bande de Gaza où est sa famille.

Les responsables américains de la lutte antiterroriste ont refusé de confirmer les propos de Jabour, qu'ils considèrent toujours comme un dangereux membre d'Al-Qaïda. Selon l'un d'eux, qui a requis l'anonymat, Jabour était en contact direct avec les chefs opérationnels du réseau d'Oussama ben Laden, avait des liens avec ses programmes chimiques et bactériologiques et projetait d'attaquer les soldats américains en Afghanistan.

HRW, qui a interviewé Jabour en décembre, demande que le président américain George W. Bush révèle le sort de l'ensemble des suspects de terrorisme arrêtés depuis 2001, dont au moins 16, selon l'organisation de défense des droits de l'homme, dont on reste à ce jour sans nouvelles aucunes, ont été détenus dans des prisons secrètes de la CIA.

L'ONG cherche également à savoir ce qui est arrivé à 22 autres prisonniers, peut-être passés par les geôles clandestines de l'Agence centrale du renseignement, ces "limbes" dont le président George W. Bush a publiquement reconnu l'existence en septembre dernier, annonçant que les 14 derniers détenus de ce programme avaient été transférés sur la base de Guantanamo, à Cuba.

Dans un communiqué, Paul Gimigliano, porte-parole de la CIA, assure que le programme d'interrogatoires de l'agence a été mené dans le respect de la légalité et qualifie le transfert de détenus vers d'autres pays "d'outil essentiel et licite dans la lutte contre le terrorisme". "Les Etats-Unis ne se livrent pas à la torture (...) et ne transfèrent personne vers d'autres pays à des fins de torture", affirme-t-il.

Au cours de son entretien avec HRW, Jabour a reconnu seulement avoir eu des liens avec des militants arabes. Il a admis s'être entraîné dans un camp afghan en 1998, être retourné en Afghanistan en 2001 quelques semaines et avoir aidé des militants arabes qui ont fui le pays en 2003.

Jabour raconte avoir été arrêté à Lahore, au Pakistan, en mai 2004. Il a déclaré avoir subi de graves sévices pendant plus d'un mois aux mains de geôliers pakistanais: passages à tabac, brûlures au fer rouge et une ficelle serrée autour du pénis pour l'empêcher d'uriner.

Plus tard, sous la garde des "Américains" [sic], il a été maintenu sans aucun vêtement pendant six semaines. Il a fait état de conditions de détention déjà rapportées par d'autres détenus: musique diffusée à un volume élevé, chaînes, petites cellules isolées. Il raconte également avoir été enchaîné au mur de sa cellule de telle manière qu'il ne pouvait se mettre debout.

Il précise toutefois que ses conditions de détention se sont améliorées progressivement : Jabour a fini par être transféré dans une pièce plus grande et tranquille et a eu accès à des livres. Un an après le début de sa détention, il a été autorisé à voir un film par semaine.

Après avoir été remis aux Israéliens le 18 septembre, il a rencontré un avocat et un juge, et a été libéré quelques semaines plus tard.

HRW a une liste de 16 personnes dont elle pense qu'ils ont été entre les mains de la CIA, notamment Mohammed Omar Abdel-Rahman, fils du "cheikh aveugle" commanditaire du premier attentat contre le World Trade Center de New York, en 1993.

L'organisation craint que certains aient été renvoyés vers des pays où la torture est monnaie courante, comme la Syrie, l'Algérie, l'Egypte et la Libye.

Le fait que le gouvernement américain ait recours à de telles pratiques "sape gravement son autorité morale sur les droits de l'homme", affirme HRW.

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Le parlementaire suisse Dick Marty à Strasbourg le 27 juin 2006
Olivier Morin (AFP/Archives - vendredi 8 juin 2007)


Pologne et Roumanie ont eu des centres de détention de la CIA, selon le rapporteur du Conseil de l'Europe


Par Elisabeth ZINGG

 

STRASBOURG (AFP) - 8/6/7 - La Pologne et la Roumanie ont sciemment abrité des centres de détention de la CIA entre 2003 et 2005, a révélé vendredi Dick Marty, le rapporteur du Conseil de l'Europe, "suscitant de vives dénégations de la part des pays concernés" [sic].

Un an après ses premières révélations concernant les transferts illégaux de terroristes présumés à travers l'espace aérien européen, le sénateur suisse a sensiblement durci le ton dans son 2e rapport sur les activités illégales de la CIA en Europe.

"Ce qui n'était auparavant que des allégations est désormais une certitude" a souligné M. Marty pour qui il "subsiste aujourd'hui suffisamment d'éléments pour affirmer que des centres secrets de détention gérés par la CIA ont bien existé en Europe, entre 2003 et 2005, notamment en Pologne et en Roumanie".
Ces deux pays ont aussitôt démenti, soulignant que le nouveau rapport n'apportait "aucune preuve".

Le sénateur suisse, qui se fonde notamment sur les services de renseignements des Etats-Unis d'autres pays concernés, a également accusé certains gouvernements européens, notamment allemand et italien, d'avoir fait obstacle à la recherche de la vérité en invoquant la notion de "secret d'Etat".

Lors d'une conférence de presse à Paris, il a fustigé l'attitude du gouvernement de Romano Prodi qu'il a accusé d'avoir été "encore plus loin" que celui de Silvio Berlusconi pour "faire obstacle" au procès sur l'enlèvement d'un ex-imam égyptien par des agents de la CIA.

L'Italie - où un procès historique contre 26 agents de la CIA, accusés du rapt d'un ex-imam égyptien en Italie, s'est ouvert par contumace vendredi à Milan (nord) - n'a pas immédiatement réagi mais le gouvernement allemand a rejeté les allégations, affirmant avoir "toujours fait part clairement de ses connaissances et des informations dont il disposait".

Dans son rapport, M. Marty affirme que l'ex-président polonais Aleksander Kwasniewski "connaissait et a approuvé" le rôle de son pays dans les activités secrètes de détention de la CIA sur le territoire polonais.

Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau présumé des attaques du 11-Septembre, a été secrètement transporté de Kaboul à Szymany (Pologne) en mars 2003 à bord d'un vol "délibérément camouflé au moyen de plans de vol fictifs", ajoute le sénateur suisse.

L'ancien président roumain Ion Iliescu se voit pour sa part reprocher d'avoir négocié et signé le 30 octobre 2001 un accord avec les Etats-Unis prévoyant "une extension du volume et de la portée des activités américaines sur le sol roumain", notamment un régime d'accès spécial au territoire national et la création d'une "zone sécurisée" au bénéfice des Américains dans le sud-est du pays.

Des collaborations tant "publiques" que "secrètes" se sont, selon lui, développées entre les Etats-Unis et leurs alliés de l'Otan sur la base d'un accord conclu le 4 octobre 2001 et qui aurait servi de "plate-forme pour des accords bilatéraux, eux aussi, bien entendu, secrets".

Les Etats-Unis et leurs partenaires européens ont aussi éludé toute responsabilité dans l'enlèvement de Khaled el-Masri, citoyen allemand kidnappé et détenu par erreur pendant quelques mois à Kaboul, et dans d'autres opérations clandestines de la CIA, selon le rapporteur.

Le contenu du rapport a en revanche été salué par le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe René Van der Linden qui a dénoncé les "efforts éhontés" de certains gouvernements européens "pour empêcher que la lumière soit faite sur leurs agissements".

La Commission européenne a pour sa part appelé les Etats membres de l'Union européenne à "mener des enquêtes impartiales" pour déterminer les responsabilités.

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Des activités illégales passées de la CIA rendues publiques

WASHINGTON (AP) - 26/6/7 - La CIA a publié mardi des rapports internes surnommés "bijoux de famille" qui portent sur d'anciennes activités illégales de l'agence: complots en vue d'assassiner des dirigeants étrangers, comme le Cubain Fidel Castro, ou encore expérimentation de drogues telles que le LSD sur des citoyens américains non volontaires.

Les 693 pages rendues publiques évoquent également la mise sur écoute de journalistes américains, l'espionnage de défenseurs des droits civiques et d'opposants à la guerre du Vietnam, l'ouverture de courriers entre les Etats-Unis d'une part et l'Union soviétique et la Chine de l'autre ou encore des cambriolages au domicile d'anciens employés de la CIA.

Les documents, qui reposent principalement sur des souvenirs d'agents actifs de la CIA en 1973, avaient été remis à l'époque à trois commissions d'enquête dont les conclusions ont déclenché un scandale aux Etats-Unis dans les années 70. Scandale qui a terni la réputation des services secrets américains et conduit à l'instauration de nouvelles règles pour la CIA, le FBI et d'autres agences de renseignement.

Ces documents sont également une conséquence de l'affaire du Watergate. Suite à des articles peu flatteurs sur l'implication d'agents de la CIA dans ce scandale, le directeur de l'Agence centrale du renseignement (CIA) de l'époque, James Schlesinger, avait ordonné que toutes les activités potentiellement illégales de ses services présentes ou passées lui soient notifiées.

Le résultat, ce sont ces centaines de pages, que le successeur de Schlesinger à la CIA, William Colby, a ultérieurement transmis au département de la Justice. M. Colby désignait les documents sous le nom de "squelettes", mais un autre surnom s'est rapidement imposé pour les qualifier: "les bijoux de famille".

Ils ont été évoqués publiquement pour la première fois le 22 décembre 1974 dans un article du "New York Times" sur l'espionnage par la CIA de militants anti-guerre et d'autres dissidents aux Etats-Unis. La CIA avait créé des dossiers sur quelques 10.000 personnes.

Les documents publiés détaillent notamment un projet d'assassinat contre Fidel Castro: en août 1960, la CIA a recruté l'ancien agent du FBI Robert Maheu pour approcher un membre de la mafia Johnny Roselli en se faisant passer pour un représentant de sociétés internationales voulant la mort du dirigeant cubain. Le but était de confier à des membres de la mafia la tâche d'empoisonner Castro. Le projet a finalement été abandonné après l'échec de l'invasion de la Baie des Cochons, mais d'autres complots ont par la suite été ourdis contre Castro.

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