FILMOGRAPHIE DU SOMMEIL ET DU RÊVE

 

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INDEX DES FILMS EN FRANÇAIS

 

Par Marius Moulin

 

LOST HIGHWAY, réalisé par David Lynch

Film en partie inspiré de la nouvelle d'Ambrose Bierce «A Coincidence at the Old Creek Bridge», clairement alimentée par une recherche sur le rêve (Marius M.).

Fred Madison, musicien dans des clubs de jazz, a une femme, Renée, belle, si belle et si mystérieuse que des doutes de plus en plus profonds l'assaillent un peu plus jour après jour quant à sa fidélité. Un matin, il reçoit une cassette vidéo… Bienvenue dans un univers unique, un monde fantasmé et lent, sensuel et noir, étrange et effrayant. Bienvenue dans une histoire schizophrène, aux personnages extrêmes, aux situations décalées, aux rebondissements imprévisibles. Bienvenue dans votre propre imaginaire, passage obligé, ouvert par les nombreuses portes de ce monde onirique et sombre, voyage déstructuré vers le plus profond. En un mot comme en cent, bienvenue dans l'univers de David Lynch, cinéaste d'exception, avec ce film qui reste l'une des meilleures expressions de son art et de son style, objet hermétique aux innombrables facettes, qui s'insinuera dans votre esprit pour ne plus jamais le quitter (David Rault, Amazon.com).

DVD, 10/4/2008. Format : PAL. Langues : Français, anglais (sous-titrage en français).

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ERASERHEAD (?), réalisé aussi par David Lynch.

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Persona, d'Ingmar Bergman (les Wild Strawberries sont déjà dans la liste).

Un Chien Andalou, et sans doute d'autres films de Bunuel dont Belle de Jour (avec Deneuve) ou l'Âge d'or (très collage surréaliste).

Narco, de Tristan Auroute et Gilles Lellouche, ou la vision du monde d'un personnage narcoleptique.

Un film de Chaplin joue de l'ambiguïté rêve-réel (il s'endort et croit sauver une femme mais en fait il rêve).

Fellini, dont La Cité des Femmes, mais la plupart de ses films lui ont été inspirés par ses rêves.

> Saint Jacques La Mecque – Coline Serreau
> Brazil – Terry Gilliam
> Freddy Krueger : Les Griffes de la nuit - Wes Craven
> Eyes Wide Shut – Stanley Kubrick (inspiré par le Traumnovelle de Schnitzler)
> Valse avec Bachir – Ari Folman
> D’un Rêve à l’autre – Alain Berliner (avec Demi Moore ; scénario intéressant mais réalisation médiocre)
> L’Histoire sans fin – Wolfgang Petersen (sur la lecture - est-ce le rêve ?)
> Cocteau (opiomane notoire)
> certains Jodorowski comme El Topo, très onirique, ou La Montagne sacrée
> Bertrand Blier a souvent un style volontiers onirico-absurde
> Tessie – Raul Ruiz
> Takeshis – Takeshi Kitano
> Agusti Villaronga (? : auteur très étrange mais clairement onirique)
> classe-t-on l'Alice de Tim Burton ici ??
> le Cabinet du Dr Caligari - Robert Wiene
> certains Fritz Lang (dont La Femme au portrait)
> Hitchcock : Spellbound est déjà cité bien sûr, mais d'autres encore ??
> René Clair, très surréaliste : Le Voyage imaginaire, Les Belles de Nuit, Entracte
> The Trial, du grand Orson Welles (a voulu retranscrire l'ambiance d'un de ses rêves)
> le Dreams déjà cité ds la liste en ligne est celui de Kurosawa (réalisé peu avant sa mort)
> The Last Wave, de Peter Weir sur le Dreamtime australien
> les Mystères d'une âme, de Georg Wilhelm Pabst
> à la Cité des Enfants perdus, déjà cité ds la liste pr le duo Jeunet-Caro, ne peut-on ajouter Delicatessen, dont l'action se situe dans un ailleurs insituable très onirique ?
> La Vallée de la Peur - Raoul Walsh
> Freud Passions secrètes - John Huston himself
> Peter Ibetson - Henry Hathaway (avec un hommage appuyé à Breton)
> le Three Women de la liste est celui de Robert Altman : il en aurait négocié le contrat à la suite d'un rêve, avec option sur deux rêves à venir
> Les Hallucinations du Baron Münchhausen, de Georges Méliès

 

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Petit préambule sur les critères de sélection des films sur le rêve

La difficulté à classer les films sur le thème du "rêve" quand il s'agit de création artistique est, d'une part, de bien cerner l'objet de ce thème et, d'autre part, d'établir le critère discriminant entre les oeuvres qu'on retient et celles qu'on ne retient pas. En effet :

1. Il y a souvent au moins un rêve dans un film, étant donné tout simplement que le sommeil constitue 1/3 de notre temps de vie, et le "sommeil paradoxal" [l'état de rêve] 1/4 de ce 1/3 (soit 1/12ème de notre temps de vie, mais quel 1/12ème !!).
Exemples : dans le film Le Fils de l'Epicier, il y a un très bon mais très court passage où la jeune nana rêve ; c'est le cas aussi de Saint-Jacques la Mecque, où le rêve tient un rôle important mais seulement dans les 20 dernières minutes du film, le thème principal restant la question de la spiritualité.

2. Tout ce qui ressort de la création artistique peut être rangé à l'article des productions de l'imaginaire et, vu la proximité entre imaginaire et rêve, on peut dire de quasiment toute oeuvre qu'elle est une sorte de rêve, ou de rêverie. Ainsi tout le fantastique (dont la Fantasy et la science-fiction. Exemples : Narnia, Matrix, Eternal Sunshine, etc) est ambigu par essence.

Exemples : les films de Bertrand Blier sont d'un absurde souvent jugés onirique. Pourtant rien ne permet vraiment le rapprochement thématique avec le rêve chez cet auteur. Idem pour la plupart des Fellini (E la nave va ou La Cité des Femmes, par exemple).

3. Certains cinéastes jouent à dessein de l'ambiguïté entre rêve et réel, refusant de dire clairement au spectateur : "Vous êtes maintenant en train d'assister au rêve du personnage". Cela parfois à un point tel que le lien du film au thème du rêve est difficile à détecter.
Exemples : Persona de Bergman ou Mulholland Drive de Lynch

EN BREF : à mon sens, les films de type 1 et 2 ne doivent pas être retenus pour tels; en revanche, les films de type 3. sont à garder, sous certaines réserves...
Je liste donc des films où :
- le rêve occupe une place importante en volume (par rapport au temps global du film) ou en qualité (place à ce point central dans l'intrigue qu'on peut dire que ce film parle du rêve, de son importance, etc.).
- le rêve est explicitement un sujet du film, même si c'est parfois au détour d'indices disséminés par l'auteur qu'on l'apprend.

LES FILMS INCONTOURNABLES

 

- Dreams - Akira Kurosawa : là pas d'ambiguïté vu le titre ; en plus, un film composé de 8 courts du grand maître (un de ces derniers films). Franchement, vous n'avez pas le choix. En plus, il est excellent et parfois à la lisière de l'expérimental...

- Mulholland Drive - David Lynch : en réalité, Lynch dissémine un grand nombre de petits indices qui révèlent que ce film est un récit strictement chronologique de la dernière journée avant suicide d'une actrice ratée d'Hollywood. Le génie de ce film est de ne pas hiérarchiser entre rêve, flashback, fantasme/fantasmagorie, hallucination et enfin réel. Pas d'effets cinéma (autres que ces indices, la musique notamment...) permettant au spectateur d'immédiatement situer où il est. ET pourtant la première moitié du film est un rêve, le dernier rêve avant réveil et début de journée du personnage principal (Naomi Watts). Ce qui fait de Mulholland Drive le récit cinématographique sans doute le plus empathique, le plus incroyablement compassionnel d'une tragédie individuelle (!).

- Spellboun /La Maison du Dr Edwards : Hitchcock c'est comme les Beatles, faussement simple et souvent génial... Ici le rêve est un élément central de l'intrigue et il a le privilège ici d'avoir été désigné par Salvador Dali lui-même. A l'origine, il faisait parait-il 20 minutes. Le producteur a décidé qu'on en garde que 5-6 minutes seulement : dommage (il y a peut-être un Director's cut ??). Le film dans son ensemble est plus exactement un hommage appuyé aux théories freudiennes, mais le lien thématique avec le rêve est clair : le rêve du personnage principal contient en réalité de façon mystérieuse la résolution de toute l'intrigue hitchcockienne de l'oeuvre… Et franchement, cinématographiquement parlant, quel rêve !!!

- La Science des Rêves : tout le génie bricoleur de Gondry pour approcher esthétiquement le génie bricoleur de notre machinerie à rêver. Une confusion rêve-réalité appuyée. La nostalgie de l'enfance. Bref une approche qui déploie d'autres thèmes… Pas mon préf de Gondry mais très bien sur le thème.

- 8 et 1/2 : un des chefs d'oeuvre de Fellini, où 40 ans avant Lynch le réalisateur se plaît à gommer les frontières entre réel du récit, rêve, réminiscence, production artistique et délire d'un homme à bout de nerfs… pour tout noyer dans une métaphore de la vie de Fellini lui-même !! Mise en abyme magistrale, que Clouzeau souhaitera égaler avec son film avorté L'Enfer. Réflexion sur l'omniprésence de l'imagination dans l'expérience que nous faisons du réel (pas loin en cela de l'essai "Les Vases communicants" dans lequel Breton parle spécifiquement du rêve…).

- Brazil - Terry Gilliam : le personnage n'échappe à un quotidien mécanique et déshumanisé que grâce au rêve, même au moment de la mort de l'esprit, la fin du film, une pirouette de scénario en conclusion qui s'inspire de 'An Occurence at the Old creek Bridge' d'Ambrose Bierce. Le rêve comme refuge ultime de la liberté, axe thématique digne d’un Ismaïl Kadaré, prix nobel de littérature albanais…

- La Cité des Enfants perdus, réalisé par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro.
Krank est malade, comme son nom l'indique, car il ne peut plus rêver. Donc il vole les rêves des enfants, dans un décor sans doute inspiré à Caro par un rêve sous acide (ça peut aider...). Très beau, bien sûr, même si à mon avis moins réussi que Delicatessen...

Synopsis
Vivant sur une plate-forme en mer, perdu dans le brouillard, au-delà d'un champ de mines, le vieux Krank, privé de la faculté de rêver, fait enlever les enfants perdus de la cité portuaire afin de leur voler leurs rêves. Parmi eux : Denrée, "petit frère" adoptif de One, saltimbanque à gros bras, qui est déterminée à le retrouver coûte que coûte...

Commentaire du 5/12/2009 par Johan Rivalland (Levallois-Perret, France) in Amazon.fr

Très belles images, mais une histoire un peu dure à suivre
Je l'avais vu au cinéma à sa sortie et me rappelais surtout des superbes images et magnifiques couleurs. J'ai donc voulu le revoir avec mes deux aînés.
Finalement, quelques années après et sur petit écran, je n'ai plus retrouvé les mêmes sensations.

Côté positif :
- Un film original. Comme le dit l'un des commentateurs, ici pas de stéréotypes habituels (surtout dans les films français, bien souvent, à mon sens) avec d'un côté les gentils et de l'autre les méchants,
- De superbes décors et de magnifiques couleurs, une ambiance particulière et une réussite sur le plan technique,
- Des acteurs excellents. Des personnages, pour la plupart antipathiques, comme le note l'un des commentateurs, mais en même temps parfaitement bien imaginés,
- Un vrai scénario de science fiction, nullement stéréotypé comme le sont parfois les films français qui veulent imiter les américains avec moins de talent.

Côté négatif :
- l'ambiance très glauque du film, comme le note l'un des commentateurs, parfois un peu trop;
- un scénario, surtout, trop compliqué à mon sens. Mes enfants n'ont rien compris et ont abandonné le visionnage en cours de route, chose rare. Moi-même, j'étais souvent un peu perdu. On déconseillera, d'ailleurs, au passage le visionnage de ce film aux plus jeunes. Je dirais qu'à partir de 15-16 ans cela peut convenir. En-dessous de cet âge, c'est probablement trop compliqué et certaines scènes un peu trop pénibles.

Au total, et malgré les évidentes qualités techniques, le scénario ne m'a pas séduit pour cette fois. D'où mes deux étoiles. Mais je comprends que cela puisse plaire. Ce n'est donc qu'un modeste avis de ma part, à considérer donc avec tout le recul nécessaire.


- Tous les Freddy de Wes Craven : ou l'invention d'un tueur en série qui officie dansles cauchemars. Culte ! Et une nuit films d'horreur à Lhybride ne devrait pas vous faire peur...

- Belle de Jour par Luis Bunuel au sommet de son art. Très documenté (tous les rêves sont issus de témoignages réels de femmes) avec l'aide de Jean-Claude Carrière (dans tous les bons coups celui-là). Excellent, avec une fin énigmatique à souhait en cerise sur le gâteau !

- Arizona Dream par Emir Kusturica : je pense que tu l'as vu, pas besoin de terésumer, impossible de le faire d'ailleurs, vu la confusion entre rêve et réalité…

Je ne mets pas Inception, par Christopher Nolan, que j'ai trouvé très bon mais qui est sorti récemment dans les salles. Sortie en DVD le 8 décembre 2010.

Résumé
Dom Cobb est un voleur expérimenté – le meilleur qui soit dans l’art périlleux de l’extraction : sa spécialité consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’un individu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu’il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l’univers trouble de l’espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d’avant – à condition qu’il puisse accomplir l’impossible : l’inception. Au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent faire l’inverse : implanter une idée dans l’esprit d’un individu. S’ils y parviennent, il pourrait s’agir du crime parfait. Et pourtant, aussi méthodiques et doués soient-ils, rien n’aurait pu préparer Cobb et ses partenaires à un ennemi redoutable qui semble avoir systématiquement un coup d’avance sur eux. Un ennemi dont seul Cobb aurait pu soupçonner l’existence.

Commentaire de Gaudet Djamila "pitt" (Paris) sur Amazon.fr :

Un rêve assommant, 20 août 2010

Le 7 eme art c'est le rêve et là ça tombe bien puisqu'on parle de rêve, sauf qu'on a pas le droit de rêver puisque Nolan met 90 min a tout nous expliquer des fois qu'on serais trop bêtes pour comprendre.
Le timing de la chute du bus est navrant !
Je pourrais continuer longtemps comme ça, en bref ce film n'a pas réussi à me faire rêver mais a bien failli m'endormir, donc mission a moitié réussie pour un film qui m'a rappelé par sa construction MEMENTO sous bien des aspects.
Que NOLAN fasse attention a ne pas devenir le nouveau SHYAMALAN !

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LES FILMS QUE JE N'AI PAS VUS MAIS A PRIORI INTÉRESSANTS


* Narco : sur la confusion réel et rêve chez un individu (G Canet) atteint de Narcolepsie (film sous-estimé à sa sortie paraît-il)
* Raoul Ruiz joue apparemment souvent de l'ambiguïté entre rêve et réalité.
* Takeshis - Kitano : sur le thème du double, le 8 et 1/2 de Kitano, pas si mal paraît-il mais complexe...
* Les Belles de Nuit - René Clair : par un fameux surréaliste, avec Gérard Philipe, une petite pépite cinéma dit-on...
* Les Fraises sauvages - Ingmar Bergman : plus explicitement sur le rêve que Persona, très bien il paraît.
* Cette femme-là – Guillaume Nicloux : Balasko en femme-flic dépressive qui perd pied entre rêve et réalité. Pas mal dit-on…


Je ne mets pas dans la liste certains films sur le Dreamtime des aborigènes d’Australie, tel The Last Wave (La Dernière vague) réalisé par Peter Weir, parce que je ne les ai pas vus non plus. Film en noir et blanc sous-titré en français.

Résumé

D'étranges phénomènes atmosphériques se manifestent en Australie. Selon les aborigènes, ils annoncent un prochain cataclysme...

Commentaire de "malb210" sur Amazon.fr :

«Un pur chef d'oeuvre... A découvrir par tous les passionés de fantastique et surnaturel. Basé sur les rites ancestraux des aborigènes d'Australie, mêlant suspense et aventures, c'est un film qui vous tient en haleine jusqu'à la fin.
Remarquablement interprété par Richard Chamberlain et des acteurs aborigènes.
C'est un des meilleurs films du réalisateur Peter Weir.»

Commentaire de Roger Ripert : un film onirique à caractère prémonitoire annonçant les cataclysmes liés au changement climatique ?

Il y a également certains films parfois cités (de Raoul Walsh, John Huston…) que je n’ai pas vus non plus…

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LES FILMS INSPIRÉS PAR UN RÊVE DU RÉALISATEUR

* Trois Femmes - Robert Altman : assez délirant, très onirique, visuellement très réussi (musicalement aussi), mais le rêve n'est un sujet du film que lorsqu'on connaît l'anecdote rapportée par le réalisateur
* The Trial - Orson Welles : tentative du réalisateur de reproduire l'ambiance d'un de ses rêves, mais idem que film précédent.

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LES COURTS-MÉTRAGES



* Meshes of the Afternoon – Maïa Deren & Alexander Hammid : un must ! Les courts de Maïa Deren ont inspirés les plus grands et constituent une vague surréaliste cinéma d’Amérique du Nord. Ce court est un bijou ; le personnage principal est assez explicitement en rêve. Les symboles et la narration sont étranges à souhait. Vous l’avez repassé dans une soirée Deren l’an dernier dans le Festival du Court.
* courts-métrages de Bouvier-Obadia : La Chambre notamment, mais aussi La Lampe et L’Etreinte (que je n’ai pas vu). Les deux chorégraphes, autrefois associés, ont poussé les limites de la vidéo-danse pour déployer leurs thèmes de prédilection dans une autre direction. La Chambre est assez beau, même si l’esthétique a pris un petit coup de vieux sur certains passages…
* côté surréalisme européen, il y a des choses (cf Magritte et le musée de Bruxelles, ou bien le Chien andalou, René Clair…). Mais souvent le thème du rêve n’est pas explicite…
* Voir aussi du côté des clips de Gondry : par exemple, le Let Forever be des Chemical Brothers, hallucinant et explicitement sur le rêve.


Article publié par l'INREES

Rêves lucides au Cinéma

Par Virginie Gomez


12 Mai 2011

 

Le terme «rêve lucide» fut introduit en 1913 par le psychiatre hollandais Frederik van Eeden. Il en avait lui-même eut plusieurs centaines qu’il avait répertoriés et classifiés. Les recherches scientifiques se sont poursuivies pour aboutir à la mise en évidence du phénomène en laboratoire dans les années 70. Ces développements sont contemporains de ceux du septième art.

La maîtrise du rêve lucide constitue le thème central de plusieurs films récents dans des registres très différents : la comédie romantique avec The Good Night, l’interrogation philosophique et existentielle avec Waking Life, ou plus récemment le film à suspense avec Inception.

Certains réalisateurs n’hésitent pas à faire référence au rêve lucide comme une source d’inspiration essentielle. Le film fantastique Le labyrinthe de Pan en est issu directement, de même que, dans un tout autre style, la comédie dramatique La Science des Rêves ou encore certaines scènes d’Avatar de James Cameron. Selon le réalisateur à succès, l’humanité ayant le rêve en partage, l’utilisation de l’ambiance des rêves lucides « créerait une connexion entre les spectateurs au-delà des particularismes ».

Les frères Andy et Larry Wachowsky, réalisateurs de la trilogie Matrix, sont-ils aussi des rêveurs lucides comme le suggèrent certaines sources sur le net ? Plusieurs aspects de la matrice semblent inspirés directement du phénomène. Toutefois, les grilles d’interprétation du film sont nombreuses, à tel point qu’elles ont suscité un livre, Matrix Machine Philosophique paru en 2003.

D’autres films ont un sérieux parfum de rêve lucide, même si ce n’est pas leur sujet central. Citons dans cette catégorie eXistenZ et Ouvre les yeux - titre original Abre los ojos - dont la version américaine est intitulée Vanilla Sky.

Certains commentateurs critiques notent que l’univers du rêve lucide au cinéma est souvent mis en scène dans un contexte futuriste regorgeant de haute technologique, alors que l’atteindre, dans sa forme la plus aboutie, nécessite tout au plus… un oreiller !

8 films sur les rêves lucides à voir ou à revoir

 

Inception (2010) de Christopher Nolan, avec Leonardo DiCaprio, Ellen Page, Ken Watanabe : Ce dernier incarne Cobb, un personnage passé maître dans l’art de s’introduire dans les rêves d’autrui et de les manipuler. C’est un architecte des rêves qui se charge de concevoir les décors des opérations. Mais Cobb doit compter avec ses propres obsessions et avec les névroses des rêveurs dont il infiltre les songes. Dans ce film, les potentialités du rêve lucide s’allient à celles de la télépathie. L’univers de Christopher Nolan séduit un large public. Le succès d’Inception a dépassé celui de Dark Night.

The good night (2007) de Jake Paltrow, avec Gwyneth Paltrow, Penélope Cruz et Danny Devito : Gary Sheller est à un tournant de son existence. Sa femme le rend fou, son travail ne le mène nulle part. C’est alors qu’il rencontre Anna, la fille de ses rêves… qu’il ne voit qu’en rêve, justement. Pour continuer de la voir, il décide de maîtriser l’art du rêve lucide. C’est Dany De Vito qui joue le rôle du professeur chargé de lui enseigner ces techniques. Par exemple, Gary Sheller se retrouve à pratiquer des tests de réalité, qui permettent de différencier entre rêve et veille : allumer et éteindre des interrupteurs – car la lumière n’est pas la même en rêve ou en état d’éveil ; ou encore regarder ses mains – car en rêve il arrive qu’elles soient plus longues qu’en réalité, ou encore qu’il manque des doigts.

Waking Life (2001) de Richard Linktaker, avec Julie Delpy, Ethan Hawke, Steven Soderbergh: « Etes-vous un somnambule dans la vie ou au contraire un marcheur bien éveillé dans vos rêves ? » C’est le thème qu’explore ce film d’animation rotoscopique - entièrement tourné avec une caméra numérique et dont les images ont été retravaillées par des artistes en infographie qui ont ajouté sur chacune des lignes et des couleurs. Le héros déambule en état de rêve lucide, et a des échanges philosophiques avec les personnages qu’il rencontre. Il finit par se rendre compte qu’il ne parvient pas à se réveiller.

La science des rêves (2006) de Michel Gondry, avec Gael Garcia Bernal, Charlotte Gainsbourg, et Alain Chabat : Lassé d’une vie monotone, Stéphane s’invente une émission de télévision devant des caméras en carton,s. Un jour, il tombe amoureux de sa voisine. Ne sachant comment la séduire, il décide de chercher la solution là où l’imagination est reine… Dans une interview au Guardian en 2007, Michel Gondry a affirmé avoir développé l’art du rêve lucide, y compris la capacité d’ajuster le volume sonore et le focus. « Quand j’ai un rêve lucide, je finis généralement avec la première fille que je peux trouver » dit-il avant de préciser à l’intention du journaliste dubitatif qu’il s’agit d’une relation sexuelle en rêve, expérience volontiers répétée car, précise Michel Gondry , « vous réalisez que personne ne vous regarde. »

Le Labyrinthe de Pan (2006), de Guillermo del Toro, avec Ivana Baquero, Doug Jones et Sergi Lopez : Le réalisateur mexicain de films d’horreur affirme que c’est au cours des rêves lucides de son enfance, particulièrement vivaces, qu’il s’est familiarisé avec les monstres. Le Labyrinthe de Pan met en scène l’une des créatures que le réalisateur dit avoir rencontré à cette époque de sa vie, au cours d’un rêve. Il s’agit d’un faune qui garde l’entrée d’un labyrinthe dans une maison où vit la jeune Ofélia. Le film a obtenu trois oscars en 2007 (photographie, maquillage, direction artistique) qui ont récompensé la qualité de cet univers surréaliste.

Matrix (1999), d’Andy et Larry Wachowsky, avec Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Laurence Fishburne : ce grand classique de science-fiction met en scène un univers virtuel dont les protagonistes, l’immense majorité des êtres humains, sont maintenus dans un sommeil artificiel par des machines qui les exploitent en utilisant leur énergie vitale. Cette réalité virtuelle se nommé « La matrice ». Une poignée d’humains éveillés lutte pour la reconquête de leur liberté. Dans la matrice, ils voyagent en esprit et, comme ils se savent dans une réalité virtuelle, ils peuvent utiliser des capacités qu’ils ne possèdent pas dans la réalité « dure » : voler, faire des sauts de plusieurs centaines de mètres etc… Néo, « l’élu », modèle à volonté la matrice, non s’en s’être entraîné au préalable. Le film a donné lieu à de multiples interprétations, certains le considèrent comme une métaphore parfaite du rêve lucide, voire un manuel d’entraînement.

eXistenZ (1999), de David Cronenberg, avec Jude Law, Jennifer Jason Leigh : Dans un futur proche, les joueurs de jeu vidéo sont reliés ensemble à un monde virtuel grâce à une console appelée Pod. La démonstration du dernier jeu créé par Allegra Geller tourne mal avec l’intervention d’un groupe de « Réalistes », opposés à cet univers virtuel. Le thème du film n’est pas le rêve lucide en soi, mais il existe une forte parenté, dans la mesure où la conscience éveillée est convoquée dans l’univers du jeu, qui prend peu à peu force de réalité. C’est sur cette ambiguïté que repose le dénouement du film qui s’achève sur cette phrase : « Sommes-nous encore dans le jeu ? » Notons que dans deux épisodes de la saison 3 de la série Alias, David Cronenberg fait une apparition remarquée en docteur excentrique qui tente d’aider l’héroïne à retrouver ses souvenirs perdus grâce à un cocktail de drogues destinées à la mettre en état de rêve lucide.

Ouvre les yeux (1997), d’Alejandro Amenabar, avec Eduardo Noriega et Penélope Cruz : César était riche et beau, il venait de trouver l’amour de sa vie en la personne de Sofia. Tout bascule lorsque son ex petite amie Nuria, provoque un accident de voiture. Elle meurt, et César est horriblement défiguré. Une opération de chirurgie esthétique lui rend son ancienne apparence. Mais les hallucinations commencent à se succéder et sa vie devient un cauchemar. Un remake, Vanilla Sky avec Tom Cruise et, de nouveau, Penélope Cruz, est sorti en 2001. A moins de dévoiler le pot-aux-roses, il nous est difficile ici de vous expliquer en quoi ce film traite du rêve lucide. Disons que conscience en éveil et conscience en rêve sont au coeur de l’intrigue

 

INDEX DES FILMS EN ANGLAIS

 

par Deirdre Barrett

 

Voir : INDEX OF FILMS AND DOCUMENTARIES

(http://www.asdreams.org/videofil.htm#d1990)


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5000 FINGERS OF DR. T. (1953)
AGE OF MAN (1990)
ARIZONA DREAM (1994)
BLOOD TEA AND RED STRING (2006)
BRAINSTORM(1983)
- CITY OF THE LOST CHILDREN (1996) - La Cité des enfants perdus réalisé par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro.
THE CLOCKMAKER'S DREAM (1904)
CLOCKS WERE STRIKING 13 (1993)
DEAD OF NIGHT (1946)
DEADLY DREAMS (1988)
DONNIE DARKO (2001)
DREAM LOVER (1986)
DREAMCHILD (1986)
DREAMLAND EXPRESS (1995)
DREAMS (1990)
DREAMS COME TRUE (1984)
DREAMS THAT MONEY CAN BUY (1947)
DREAMSCAPE (1984)
DREAMSTONE (1990)
ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND (2004)
FINAL FANTASY - THE SPIRITS WITHIN (2001)
GOODNIGHT MOON AND OTHER SLEEPYTIME TALES (2000)
GOTHIC (1986)
HOUSE OF CARDS (1993)
I (HEART) HUCKABEES (2004)
ILLICIT DREAMS (1994)
IN DREAMS (1999)
INLAND EMPIRE (2004)
INSTITUTE BENJAMENTA, OR THIS DREAM CALLED HUMAN LIFE (1996)
THE LAST DREAM (2000)

http://www2.cfwb.be/av/KIOSK/HTM/FILMS/Fdereve.htm

Réalisation et scénario: Emmanuel Jespers
Images: Yves Cape
Son: Alain L’Helgoual’ch et Yves Ruellot
Interprétation: Cécile de France, Eric De Staercke, Quentin Milo, Jerry Besem, Bruno Georis
Montage: Anne-Laure Guegan
Production: Ezechiel 47-9 Films avec l'aide du Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel

Projectionniste dans un cinéma, Nick est terrassé par un violent infarctus. Emmené en urgence à l’hôpital, une équipe médicale tente de le réanimer par tous les moyens… quand soudain l’image du film vacille, fond, et casse en deux !

L’instant d’après Nick se réveille en sursaut dans sa cabine de projection. Dans la salle, un film a réellement sauté pendant son sommeil. Il y a urgence pour le réparer. Mais cette course contre la montre se révélera plus inquiétante encore, l’entraînant aux frontières ultimes séparant la vie de la mort.

Ezechiel 47-9 Films, Rue du Conseil 15, 1050 Bruxelles Tél. : 32/2/511.48.06 Fax : 32/2/511.38.66


LATHE OF HEAVEN (1979)
LATHE OF HEAVEN (2002)
LIVING IN OBLIVION (1995)
MANCHURIAN CANDIDATE (1962)
MANCHURIAN CANDIDATE (2004)
MATRIX (1999)
MIRRORMASK (2005)
MONKEY KING (1970'S)
MULHOLLAND DRIVE (2001)
NIGHT ON THE GALACTIC RAILROAD (1986)
NIGHTMARE (1954)
NIGHT WALKER (1964)
OPEN YOUR EYES (1997)
PAPERHOUSE (1989)
PAPRIKA (2007)
PIANO TUNER OF EARTHQUAKES (2006)
POTSWORTH & CO. (1990)
PRINCESS MINKY MOMO (1982)
PRINCESS TUTU (2002)
RUSSIAN ARK (2002)
SCIENCE OF SLEEP (2006)
SECRETS OF A SOUL (1926)
SHERLOCK JUNIOR (1924)
SPELLBOUND (1945)
STILL OF THE NIGHT (1982)
TEN NIGHTS OF DREAMS (2007)
THREE WOMEN (1977)
UN SOIR, UN TRAIN (1968)
UNTIL THE END OF THE WORLD (1991)
WAKING LIFE (2001)
WHO KILLED JESSE ? (1966)
WILD STRAWBERRIES (Smultronstället) (1957)
THE WIZARD OF OZ (1939)
WORLD TRAVELER (2001)

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DOCUMENTARIES AND EDUCATIONAL FILM INDEX

APPOINTMENT WITH THE WISE OLD DOG : DREAM IMAGES IN A TIME OF CRISIS
DREAMS : DRAMAS OF THE NIGHT (1996)
I MUST BE DREAMING (1983)
JOURNEY INTO THE NIGHT--SLEEP AND ITS SECRETS (1997)
KEEP US AWAKE (1977)
MATTER OF HEART (1986)
POWER OF DREAMS, Part I: THE SEARCH FOR MEANING.(1994)
POWER OF DREAMS PART II: THE CREATIVE SPIRIT (1994)
POWER OF DREAMS, Part III : SACRED SLEEP (1994)
VICTIMS OF DREAMS (1994)
WAY OF THE DREAM (1987)
WAY OF THE DREAMER (2005)

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