LA GOUVERNANCE DES PEUPLES

NON CELLE DES ÉTATS/NATIONS

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A propos de :

LA BOLIVIE

L'agence gouvernementale aux mains des putschistes !

https://www1.abi.bo/abi

 

 

La kantuta, une fleur aux couleurs de la Bolivie

© Incahuella

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En deux mois passés en Bolivie, nous avons traversé des écosystèmes très différents pendant nos randonnées. Allant des hauts sommets enneigés de la Cordillère des Andes jusqu’aux confins des Yungas, les forêts pluvieuses d’altitude, nous nous sommes émerveillées sans répit devant la faune et la flore de ce pays. Et cela, sans même être allées en forêt tropicale (amazonienne), qui représente pourtant une grande partie du territoire national !

Parmi les fleurs les plus originales en forme et couleurs, la kantuta est une de nos préférées. C’est d’ailleurs la fleur emblématique de la Bolivie, quoique leurs voisins Péruviens en revendiquent aussi le symbole national.

Cet arbuste de deux à trois mètres de haut se reconnait bien grâce à ses fleurs se déclinant dans une palette de couleurs, allant des roses aux rouges en passant par le jaune. Il en existe même une variété tricolore : rouge, jaune, vert, imitant ainsi le drapeau bolivien, à moins que cela soit l’inverse! A l’état sauvage, on trouve cette plante dans les Andes boliviennes et péruviennes, entre 2300 et 3800 mètres d’altitude, et donc dans les hautes vallées des Yungas, où elle fleurit à longueur d’année. Elle est en particulier pollinisée par les colibris, adaptés à la la forme en clochette de sa corolle.

La kantuta est aussi appelée la «fleur sacrée des Incas», puisque ce sont ces derniers qui en ont commencé les premières cultures, à des fins ornementales ou rituelles. Elle était par exemple utilisée pour la cérémonie du huarachicuy, l’initiation des jeunes leur permettant de devenir des guerriers accomplis. Jusqu’au début du XXème siècle les communautés andines s’en servaient pour les cérémonies funéraires, pensant que la corolle de la fleur conservait l’eau nécessaire pour apaiser la soif du défunt pendant le voyage posthume. Aujourd’hui, les Quechuas maintiennent la tradition d’offrir un collier de fleurs de kantutas à leurs hôtes pour leur souhaiter la bienvenue. C’est d’ailleurs comme ça que nous avons été accueillies par la communauté Amaru, dans la région de Cuzco au Pérou !

 

La Bolivie rend au FMI un prêt « irrégulier et onéreux » de 351,5 millions de dollars
obtenu par Añez

 

20 février 2021

par Meriem Laribi

La Banque centrale de Bolivie a annoncé restituer au FMI un crédit contracté de manière «irrégulière» et «onéreuse» par le gouvernement «de facto» de Jeanine Anez, au pouvoir durant un an suite au coup d’Etat contre Evo Morales.

C’est une décision sans appel qui vise à protéger «la souveraineté et les intérêts du pays» à nouveau dirigé par la gauche. La Banque centrale bolivienne (BCB) a annoncé le 17 février avoir restitué un prêt de 346,7 millions de dollars, majoré des intérêts, au Fonds monétaire international (FMI) pour éviter d’endetter inutilement son économie.

«La Banque centrale informe l’opinion publique qu’en défense de la souveraineté économique du pays et conformément à la Constitution politique de l’Etat (CPE), elle a rendu 346,7 millions de dollars américains au FMI [d’un crédit] qui a été contracté de manière irrégulière par le gouvernement de facto», a fait savoir l’institution dans un communiqué. «Ce prêt, en plus d’être irrégulier et onéreux en raison des conditions financières, a généré des coûts supplémentaires qui se chiffrent en millions pour l’Etat bolivien», ajoute le communiqué. Le pays latino-américain a ainsi rendu un total de 351,5 millions de dollars au FMI, dont 4,7 millions de dollars en intérêts et commissions et 19,6 millions en raison de la variation du taux de change.

La Bolivie est à nouveau libre, digne et souveraine

Ce prêt avait été contracté l’année dernière par le gouvernement intérimaire de Jeanine Anez, une conservatrice qui s’était autoproclamée présidente durant un an de transition à la suite du coup d’Etat ayant conduit à la démission contrainte de l’ancien président Evo Morales en novembre 2019. «Nous félicitons le frère président Luis Arce pour avoir rendu au FMI ce crédit de la capitulation, onéreux et conditionné, contracté par la dictature contre les intérêts de notre peuple. La Bolivie est à nouveau libre, digne et souveraine», s’est réjoui Evo Morales sur Twitter.

Ce prêt du FMI avait été accordé en avril 2020 «pour aider le pays à faire face aux besoins de balance des paiements dérivés du Covid-19, à prendre en charge les dépenses médicales nécessaires et les mesures d’aide pour protéger la population», rapporte le site panaméricain Nodal.

Les négociateurs de ce prêt seront poursuivis

Mais la BCB a souligné que ce crédit était en fait conditionné à une série d’impositions fiscales, financières, monétaires et de change. «Il n’est pas conforme aux dispositions des articles 158 et 322 de la Constitution et des autres réglementations connexes en vigueur, violant la souveraineté et les intérêts économiques du pays», précise le communiqué. La banque a également déclaré qu’elle entamerait des actions administratives, civiles et pénales contre les personnes qui ont négocié ce prêt avec le FMI.

A peine élu en novembre 2020, le président bolivien Luis Arce, ancien ministre de l’Economie de Evo Morales, avait estimé que l’économie de son pays mettrait deux ans à se relever de l’année de transition. «Il faudra jusqu’à deux ans et demi à notre gouvernement pour se remettre du désastre financier laissé par le régime de facto», avait-il déclaré. Avant et depuis le début de la pandémie, la gestion économique était «mauvaise» sous le gouvernement de transition de Jeanine Anez, dont la seule préoccupation était, poursuivait-il, «d’empêcher le retour au pouvoir du MAS», son parti.
L’ancien président Evo Morales, au pouvoir en Bolivie de 2006 à 2019, avait été contraint à démissionner en novembre 2019 après des accusations de fraude lors de l’élection présidentielle qu’il avait remportée au premier tour. Des accusations manifestées de façon violente dans la rue par l’opposition et alimentées par l’Organisation des Etats américains (OEA), basée à Washington. Le récit ayant entraîné son éviction a depuis été démenti par plusieurs études et Evo Morales a pu rentrer de manière triomphale dans son pays après l’élection de son allié Luis Arce en novembre 2020.

source: https://francais.rt.com/international/83987-bolivie-rend-fmi-pret-irregulier-onereux-351-millions-dollars-obtenu-anez


 

 

 

Retour triomphal de Evo Morales en Bolivie

L’ancien président bolivien, Evo Morales, est rentré d’exil. Il avait fui son pays lors du coup d’État ourdi par un groupe oustachi lié à la CIA et à l’OEA[1] à l’occasion de sa ré-élection, en octobre 2019.

La presse internationale avait alors mensongèrement affirmé qu’il avait été chassé par la colère populaire.

Les putschistes ont cependant été contraints de procéder à des élections, remportées dès le premier tour par le parti du président Morales, le 20 octobre 2020[2].

Lors de son retour chez lui, il était attendu par une foule gigantesque sur le tarmac de l’aéroport de Chimoré (Chapare). Il a été reçu triomphalement.

Il semble que les États-Unis n’aient accepté cet épilogue qu’à la condition que l’ex-président Morales ne retourne plus au pouvoir.

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[1] « La Bolivie, laboratoire d’une nouvelle stratégie de déstabilisation », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 26 novembre 2019.
[2] « Une gifle cinglante pour la « coalition occidentale » », par Général Dominique Delawarde, Réseau Voltaire, 21 octobre 2020.

 

La Bolivie annonce l'interdiction complète des banques Rothschild 

Auteur : Humans Are Free (Etats-Unis)  | Editeur : Walt | Mardi, 24 Nov. 2020

 

La Bolivie a suivi les traces de la Hongrie et a expulsé les banques Rothschild du pays.

La Bolivie a retrouvé son indépendance financière en ne répondant pas aux pressions financières du gouvernement américain ou des propres banques de Rothschild. Le pays sud-américain fait partie d'une liste croissante de nations qui s'opposent au Fonds monétaire international et se libèrent de l'esclavage financier et économique.

Rapports de YNW : Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, dominée par les États-Unis, sont des acteurs importants du paysage économique mondial depuis leur création en 1944.

Ces organisations bancaires internationales, contrôlées de manière privée par la tristement célèbre famille bancaire Rothschild, sont les premières à faire pression sur les nations pour qu'elles déréglementent leur secteur financier afin que les banques privées puissent piller leurs économies.


De plus en plus de gens se rendent compte que 99% de la population mondiale est contrôlée par une élite de 1% - mais saviez-vous qu'une famille, les Rothschild, règne sur tout, même cette élite de 1% ?
Liste complète des banques détenues et contrôlées par Rothschild

Dès que les gouvernements sont obligés de sauver leur secteur financier déréglementé, le FMI ou la Banque mondiale ont mis en place un ensemble de prêts rédigé secrètement par les banquiers centraux et les ministres des finances qui mine leur souveraineté nationale et les oblige à poursuivre des politiques d'austérité qui nuisent aux travailleurs, aux familles et à l'environnement.

La Bolivie est le premier pays sud-américain à prendre conscience de cette ruse. Ils ont travaillé dur pour obtenir leur indépendance financière et sont maintenant en train de chasser les banques contrôlées par les Rothschild de leur pays.

Rapport de vrais militants

Avant qu'Evo Morales ne prenne ses fonctions, la Bolivie a souffert des effets des mesures d'austérité du FMI et de la Banque mondiale et des privatisations qui ont profité de sa population et de ses ressources. C'était aussi la nation la plus pauvre d'Amérique du Sud.

Bien que le peuple bolivien ait pu, grâce à de fortes manifestations de résistance populaire sur une période de plusieurs années, mettre un terme à certains des pires efforts de privatisation - en particulier la privatisation de l'approvisionnement en eau du pays -, bon nombre des entraves imposées par ces institutions contrôlées par Rothschild sont restées.

Morales, qui a été nommé 80e président de la Bolivie en 2006, a été le premier président de la population aymara à majorité indigène de la Bolivie et s'est depuis concentré sur la lutte contre la pauvreté et la lutte contre l'influence des États-Unis et des sociétés multinationales en Bolivie.

Dix ans plus tard, Morales, un socialiste démocratique, a réussi à faire de la Bolivie l’économie sud-américaine à la croissance la plus rapide tout en maintenant un budget équilibré et en réduisant sa dette nationale autrefois écrasante.
La nouvelle indépendance économique de la Bolivie a maintenant permis à Morales de rejeter les mêmes institutions qui envahissaient autrefois son pays.

Il y a quelques semaines à peine, Morales a annoncé que la Bolivie ne répondrait plus aux demandes ou au chantage des États-Unis, de la Banque mondiale ou du FMI.
Voici de quoi parle la Syrie : il ne reste plus que 4 pays sans banque centrale ROTHSCHILD.
Lors d'une visite à Tarija, dans le sud de la Bolivie, Morales a déclaré:

«Nous avions l'habitude de renoncer à une partie de notre pays pour obtenir des prêts du FMI, mais nous l'avons fait. nous ont libérés économiquement et politiquement et ne dépendent plus d’autres pays ou institutions ».

Morales a salué les mouvements sociaux et l'unité populaire pour la capacité du pays à résister et à rejeter la privatisation et l'influence étrangère.
Cependant, sous la direction de Morales, la Bolivie a fait bien plus qu'interdire aux cartels bancaires internationaux d'opérer à l'intérieur de ses frontières.

La Bolivie a déplacé de nombreuses multi-sociétés, dont McDonalds et Coca-Cola, depuis que Morales a pris ses fonctions, tout en refusant de coopérer avec la guerre catastrophique des États-Unis contre la drogue.

Le sionisme Rothschild - les dieux de l'argent et de la guerre.
Il dépense également 14% de son budget national pour l'éducation, le deuxième plus grand pays d'Amérique du Sud. En revanche, seulement 1,7% du budget de l'État est consacré à l'éducation aux États-Unis.

Morales a également contraint les sociétés pétrolières et gazières étrangères à verser 82% de leurs bénéfices au gouvernement bolivien, qui est utilisé pour financer une variété de programmes sociaux populaires au profit des pauvres. En conséquence, la pauvreté en Bolivie a considérablement diminué.

La transformation de la Bolivie sous Morales prouve que toute nation, aussi pauvre soit-elle, peut se débarrasser des entraves imposées par les banquiers internationaux et rendre le pouvoir au peuple.

Traduction: Franck Sparce

 

 

 

Bolivie : Evo Morales en Bolivie !

 

 

9 Novembre 2020

Publié par Bolivar Infos

 

L’ex-président de la Bolivie dirigeant du Mouvement Vers le Socialisme (MAS), Evo Morales a déclaré dans son 1er  discours à Villazón, Bolivie, après être rentré d’exil ce lundi : « Nous avons rétabli la démocratie sans violence. nous avons récupéré la Patrie. »

Reçu par une multitude de personnes sur la place  Bolívar de la ville frontalière avec l’ Argentine, dans le département de Potosí, Morales a qualifié ce moment d’historique : « Dans le monde, il y a des coups d’Etat contre des Gouvernements révolutionnaires, anti-impérialistes, qui ne rétablissent pas rapidement la démocratie et le Gouvernement pour le peuple, » a-t-il ajouté.

Il a donné les raisons du coup d’Etat de novembre 2019 : « Le coup d’Etat n’est pas seulement le produit de la lutte des classes, pas seulement parce qu’ils n’acceptent pas que les indigènes puissent gouverner, ça a été un coup d’Etat contre notre modèle économique parce que notre modèle économique vient du peuple. »

Et il a ajouté que ce coup d’Etat était dirigé contre l’action de son Gouvernement pour récupérer les ressources naturelles : « L’impérialisme et le FMI ne l’acceptent pas, » a-t-il ajouté.

« L’Empire, le Fonds n’acceptent pas cela. La lutte de toute l’humanité des nouvelles générations est la lutte pour déterminer à qui à qui sont les ressources naturelles (...) Quand les empires veulent prendre nos ressources naturelles, ils nous divisent, ils nous dominent. En Bolivie, nous, les mouvements sociaux unis, nous décidons que ce sont les Boliviens sous l’administration de l’Etat. »

Il a aussi analysé l’importance de la lutte électorale et politique : « Seulement avec le pouvoir syndical, communal, social, nous ne pouvions pas nationaliser. Il était important de stimuler le pouvoir politique, de faire des élections nationales et de passer de la lutte orgnaique à le lutte politique. »

A propos des actions du Gouvernement étasunien avant les élections du 18 octobre dont le binôme Luis Arce-David Choquehuanca du MAS est sorti vainqueur, il a dit : « Quel était le but de l’empire nord-américain ? Interdire le MAS. Il n’a pas pu. »

« Quand le MAS y a participé, ils ont dit que le MAS ne pouvait pas revenir au Gouvernement ni Evo en Bolivie. Merci au peuple bolivien, » a-t-il déclaré.

Et il a demandé aux autorités actuelles,  Luis Arce et David Choquehuanca, de « faire un acte de justice envers les ex-membres du Tribunal Suprême Electoral et des Tribunaux départementaux pour les accusations de fraude aux élections »  d’octobre 2019.

Presque à al fin de son discours, Evo Morales a  souligné qu’il y a 3 raisons de se réjouir pour les Boliviens : la victoire de Luis Arce et de  David Choquehuanca aux  élections, le retour au pays d’ Evo Morales, de l’ex-vice-président Álvaro García Linera et d’autres exilés et la défaite aux élections étasuniennes du républicain Donald Trump.

Il a remercié le peuple de Villazón pour son accueil et a envoyé un salut aux présidents d’Argentine, Alberto Fernández, du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, du Venezuela, Nicolás Maduro, de Cuba, Miguel Díaz-Canel et « à tous ceux qui ont été inquiets et se sont occupé constamment » de sa situation.

Le président de la Fédération des Associations Municipales de Bolivia, Álvaro Ruiz, a également pris la parole : « Un dirigeant national, un homme qui a représenté la croissance pour notre Patrie revient sur sa terre, dans sa Patrie. Nous le recevons à bras ouverts. »

 

traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/news/evo-morales-bolivia-dice-hemos-recuperado-democracia-sin-violencia-20201109-0017.html

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/11/bolivie-evo-morales-en-bolivie.html

 

 

La Bolivie reprend ses esprits, Arce renoue les liens, Áñez sera jugée

  • 29 octobre 2020

Les bonnes nouvelles s’enchaînent en Bolivie. Les élections présidentielles du 18 octobre ont marqué le retour du Mouvement vers le Socialisme (MAS) à la tête de l’État et avec lui celui de l’élan de la fraternité entre les peuples d’Amérique Latine.

Le 10 Novembre 2019 sera gravé dans l’histoire bolivienne comme un coup d’arrêt dans la marche progressiste impulsée par les trois mandats présidentiels de Evo Morales. Contraint par l’armée de quitter son poste après une réélection largement obtenue (et méritée), le fondateur du Mouvement vers le Socialisme a dû se réfugier au Mexique et assister impuissant à la prise de pouvoir de la seconde Vice-Présidente de la Chambre des Sénateurs Jeanine Áñez, après les démissions successives du Vice-Président Álvaro García Linera, du Président de la Chambre des Députés Víctor Borda et du Premier Vice-Président de la Chambre des Sénateurs, Rubén Medinace. Cette ancienne directrice de chaîne de télé s’est retrouvée propulsée par un concours de circonstances à la tête du gouvernement sans la moindre expérience dans la prise de décisions politiques.

Tirant ses instructions de la mafia impériale US, sa tâche a été d’essayer de déconstruire le plus vite possible les succès du MAS, de privatiser tout ce qui pouvait l’être et de condamner tout ce qui concerne de près ou de loin les gouvernements cubain et vénézuélien. Le peuple bolivien a pu assister au déploiement des forces d’ingérence se précipitant pour dévorer leur proie affaiblie. Le pays a connu des troubles particulièrement violents initiés par des manifestations appelant au retour de Evo Morales qui ont dégénéré après l’infiltration d’une poignée de saboteurs à la solde des États-Unis, justifiant de violentes interventions de police. Un modus operandi devenu classique aux lendemains de résultats d’élections insatisfaisants pour les faucons du Beltway.

Jeanine Áñez est devenue le bras de la répression, une exécutante aveugle grassement payée pour nuire à ses concitoyens. Son discours raciste dicté de l’extérieur s’est répandu et les populations autochtones sont devenues les cibles du pouvoir. L’arrivée de Luis Arce à la présidence bolivienne vient mettre fin à cette ségrégation systémique après presque un an de décisions arbitraires. L’espoir d’un État plurinational apaisé renaît mais certains comptes doivent être réglés.

Áñez sera jugée

Lundi 26 octobre, l’Assemblée Législative Plurinationale a décidé de lancer une procédure à l’encontre de Jeanine Áñez pour sa responsabilité dans les massacres de Sacaba (Cochabamba, le 15 novembre 2019) et de Senkata (El Alto, le 19 novembre 2019) et d’autres événements. Les forces armées et la police ont utilisé des armes létales pour réprimer des manifestations contre le gouvernement autoproclamé de Áñez. Aucun soin médical n’a été fourni aux victimes de la répression. Au contraire, dans les deux évènements, des témoins affirment que les personnes essayant de leur porter secours ont également été visées par des tirs. Au cours de ces opérations militaires et policières, 37 personnes ont été tuées, dont 27 par balles.

Par la suite, certaines preuves ont été détruites, de nombreux témoins ont été victimes de tortures et de menaces et les forces armées ont refusé de donner au Procureur de la République des informations sur les personnes qui commandaient les opérations, les unités mobilisées ou les armes qu’elles ont utilisées.

La Commission Parlementaire spéciale chargée d’enquêter sur les massacres a suggéré l’ouverture de poursuites pénales contre plusieurs ministres : Karen Longaric des Affaires Étrangères, Yerko Núñez de la Présidence, Arturo Murillo du Gouvernement, Fernando López de la Défense, Álvaro Coímbra de la Justice, Álvaro Rodrigo Guzmán de l’Énergie, et María Pinckert de l’Environnement et de l’Eau.

Jeanine Áñez devra également répondre devant la Justice de la signature du Décret Suprême 4078 autorisant les opérations de répression des manifestations et garantissant aux militaires l’exemption de toute responsabilité pénale.

Nul ne sait encore si l’équipe de criminels mise en place par les États-Unis à la tête du pays pendant cette période sombre de l’histoire bolivienne bénéficiera d’une protection quelconque de ses employeurs impérialistes.

Evo, persona grata

Depuis l’Argentine qu’il a rejoint en décembre dernier, Evo Morales reprend espoir. L’élection de Luis Arce est venue confirmer que l’accusation de fraude électorale en octobre 2019 était-elle-même une fraude et que sa confirmation par l’OEA initiait un coup d’État opéré depuis l’étranger. L’ancien Président bolivien doit déjà sentir l’odeur de kantuta et préparer sa valise pour son retour en terre natale. Il espère rentrer chez lui le 9 novembre prochain où il devrait recevoir un accueil chaleureux de ses partisans. Sa persécution s’achève et certaines des accusations portées à son encontre ont été levées.

Le Président du Tribunal Départemental de Justice (TDJ) de La Paz, Jorge Quino, a annoncé lundi qu’il a été décidé de laisser sans effet l’accusation et l’ordre d’arrestation déposés pour les crimes de sédition et de terrorisme contre l’ancien Président bolivien. Ce dernier avait été cité à comparaître à une audience le 27 octobre. Ses avocats ont fait valoir que leur défendeur n’a reçu aucune citation ou notification, mais des édits, qui ne sont applicables que lorsque l’adresse du défendeur est inconnue, et dans le cas où il se trouve dans le pays et non à l’étranger.

« L’ancien Président aurait été convoqué par le biais d’édits, bien que les procureurs, et même la presse, savaient que l’homme vivait déjà en Argentine », a souligné Jorge Quino.

Le président du TDJ a affirmé que le juge de cette affaire avait souligné « l’erreur que les procureurs ont commise » et a décidé « de laisser sans effet l’accusation et le mandat d’arrêt ».

La décision n’a pas encore été approuvée par la Cour Constitutionnelle Plurinationale du pays, qui peut encore l’annuler. Morales reste néanmoins confiant sur son retour bien qu’il admet que cela ne dépend pas de lui. « Des camarades me demandent de venir à l’investiture » du nouveau Président élu, mais « les mouvements sociaux (syndicats) en discutent », a-t-il déclaré. « Ce sont eux qui décideront ».

Il affirme exclure un retour en politique sous le gouvernement de Luis Arce, préférant se consacrer à ses activités syndicales dans son fief de Cochabamba où il a débuté sa carrière politique. « Je continuerai à être un dirigeant syndical aussi longtemps que l’on me le permettra », a-t-il déclaré.

Luis Arce, homme de raison

L’investiture du prochain Président élu de Bolivie se déroulera le 8 novembre prochain et l’on peut déjà sentir les parfums de la renaissance du pays. Pour le plus grand bien de la nation, le parti progressiste du Mouvement vers le Socialisme s’apprête à reprendre les rênes d’un pouvoir injustement usurpé. Parmi les décisions de politique étrangère prises après son arrivée au gouvernement, Áñez avait suspendu les relations diplomatiques avec Cuba. Arce a montré son total désaccord avec cette mesure et a exprimé son intention de renouer immédiatement les liens bilatéraux. Les deux nations sœurs reprendront la route ensemble vers un partenariat équitable et mutuellement profitable. Cuba et la Bolivie regardent aujourd’hui vers l’avenir avec un espoir renouvelé et des objectifs homogènes, après presque un an de relations inexistantes.

Quant à la République Bolivarienne du Venezuela, Luis Arce a opéré un revirement radical par rapport aux actions et condamnations répétées du gouvernement putschistes de Jeanine Áñez.

« Nous retournons vers le gouvernement de droit et de vérité, qui est celui du camarade Maduro. Les frères vénézuéliens sont comme tous les autres pays d’Amérique du Sud et nous voulons rétablir les relations avec eux ».

« Ce que beaucoup d’entre nous veulent, c’est rétablir la communication avec le Venezuela, que ce gouvernement de facto a coupée, pour une question purement idéologique ».

Il a par ailleurs déclaré que l’adhésion de la Bolivie au Groupe de Lima, organisme corrompu piloté par Washington et connu pour sa position anti-Maduro, devrait être évaluée « très calmement ».

« Je ne sais pas si nous sommes plus utiles à l’intérieur qu’à l’extérieur, mais nous ne sommes pas d’accord avec beaucoup des plans de ce groupe », a-t-il déclaré.

Il a également assuré qu’il ne craignait pas les sanctions des États-Unis contre la Bolivie au cas où les relations avec le Venezuela seraient rétablies. « Toujours cette menace, que je considère absolument puérile, je pense que les pays doivent agir avec d’autres éléments et non pas catégoriser et juger les pays », a-t-il déclaré.

Avec l’élection de Luis Arce, l’Amérique Latine vient de remporter une victoire. Celle de la souveraineté des peuples, de l’auto-détermination et du respect du choix des citoyens. Dans un monde normal ce ne serait qu’un épisode électoral de plus mais à l’époque où nous vivons, cela représente un véritable exploit.

Réseau International

 

 

 

Bolivie : Luis Arce remporte la présidentielle
après un an de crise politique et de rebondissements !

  • 20 octobre 2020

par Maïlys Khider

 

Luis Arce, membre du parti de l’ancien dirigeant Evo Morales, a été élu président de la Bolivie. Il remporte le scrutin à 52,4% des voix, au terme d’un an de crise politique et de ce que Evo Morales avait qualifié de «coup d’Etat» mené par la droite.

En Bolivie, les urnes ont parlé. Il aura suffi d’un tour à Luis Arce, candidat de la gauche et dauphin de l’ancien chef de l’Etat Evo Morales, pour être élu président le 18 octobre 2020 dès le premier tour avec 52,4% des voix, selon un sondage de sortie des urnes diffusé par la chaîne privée Unitel.

L’ancien ministre de l’Economie devance de plus de 20 points son principal rival, le centriste Carlos Mesa (31,5% des voix), allié de la présidente par intérimaire – autoproclamée – Jeanine Añez. Celle-ci avait refusé de reconnaître les résultats du scrutin de 2019, plaçant le pays dans un état d’incertitude et de tensions, mais n’a pu contester ceux de l’élection du 18 octobre.

Lors d’une conférence de presse en compagnie de son vice-président David Choquehuanca relayée via Facebook, le nouveau président a déclaré : «Nous les Boliviens avons, aujourd’hui fait des pas importants, nous avons récupéré la démocratie et surtout nous avons, récupéré l’espoir». Ce à quoi il a ajouté : «Nous allons gouverner pour tous les Boliviens, nous allons construire un gouvernement d’union nationale, nous allons construire l’unité».

Muy agradecidos con el apoyo y confianza del pueblo boliviano. Recuperamos la democracia y retomaremos la estabilidad y la paz social. Unidos, con dignidad y soberanía #VamosASalirAdelantePubliée par Lucho Arce sur Dimanche 18 octobre 2020

Nous sommes très reconnaissants du soutien et de la confiance du peuple bolivien. Nous avons retrouvé la démocratie et nous allons revenir à la stabilité et à la paix sociale. Unis, dans la dignité et la souveraineté #VamosASalirAdelantePubliée par Lucho Arce sur Dimanche 18 octobre 2020

Après que 7,3 millions de citoyens Boliviens ont été appelés à élire leur président, leur vice-président, et à renouveler les deux chambres du Parlement, les résultats du scrutin marquent pour le Mouvement vers le socialisme (MAS), parti de l’ancien président Evo Morales, un retour au pouvoir après la longue crise politique qui déstabilise le pays depuis un an.

Après l’annonce de la victoire de son parti, Evo Morales a exprimé son contentement dans la presse, depuis Buenos Aires (Argentine) où il est réfugié : «Le MAS – Mouvement pour le socialisme – a gagné largement les élections, y compris au Sénat et à la chambre des députés. Arce est le président de Bolivie». «Tôt ou tard, nous allons rentrer en Bolivie, il n’y a pas de discussion là-dessus. Mon grand souhait est de retourner en Bolivie, dans ma région. C’est une question de temps», a ajouté l’ancien président bolivien.

Sur Twitter, il a écrit : «Mes sincères félicitations aux frères [Luis Arces] et Larama David pour cette grande victoire, et aux autorités élues, à l’Assemblée législative, aux mouvements sociaux, aux militants et sympathisants du MAS-IPSP, je les remercie pour leur effort et leur engagement pour la Bolivie».

Il a précisé que le MAS détenait désormais «la majorité dans les deux chambres», un réel plébiscite pour le parti, qui reprend les rênes des pouvoirs exécutif et législatif.

L’annonce est d’autant plus réjouissante pour le mouvement socialiste que la Bolivie a traversé une longue crise électorale et politique dès le mois d’octobre 2019. Evo Morales avait remporté le premier tour de l’élection le 20 octobre avec 47,08% des voix, contre 36,51% pour Carlos Mesa. La Constitution prévoit qu’en cas d’obtention de 40% des voix avec un écart entre deux candidats dépassant les 10 points, celui qui est en tête est élu dès le premier tour. Le Tribunal suprême électoral avait proclamé Evo Morales vainqueur.

Un retournement de situation

Coup de théâtre : dans la foulée, l’Organisation des Etats d’Amérique (OEA) publie un rapport jugeant statistiquement erronée la marge de dix points nécessaires à Evo Morales pour être élu au 1er tour. L’organisation crie à la fraude électorale et appelle la Bolivie à prévoir de nouvelles élections, avec de nouvelles autorités électorales. Le 10 novembre, Evo Morales promet la tenue de nouvelles élections.

Des heurts éclatent alors entre partisans et détracteurs du MAS, faisant 33 morts et des centaines de blessés. Au moins quatre tribunaux électoraux sont incendiés. Lâché par la police et l’armée, Evo Morales démissionne. Il prend la direction du Mexique puis de l’Argentine.

Le 4 décembre, l’OEA publie un nouveau rapport. Celui-ci conclue à une «manipulation délibérée» du scrutin du 20 octobre. Ses rédacteurs considèrent que la marge qui sépare Evo Morales et Carlos Mesa est «minime par rapport au volume des manipulations et altérations détectées».

Le 13 novembre, la deuxième vice-présidente (de droite) du sénat Jeanine Añez s’autoproclame présidente intérimaire. Elle annonce avoir l’intention de «convoquer des élections au plus vite». Elle se rend le jour même au siège du gouvernement et y prête serment en martelant : «La Bible est de retour dans le palais». Evo Morales dénonce alors le «coup d’Etat le plus astucieux et le plus désastreux de l’histoire» et l’autoproclamation à la présidence, qui «viole la Constitution politique de l’Etat plurinational de Bolivie (CPE) et les normes internes de l’Assemblée législative».

Pas de fraude électorale selon le MIT 

Le 27 février 2020, un nouveau retournement de situation créé la controverse et vient démentir les conclusions de l’OEA et de l’opposition bolivienne. Deux statisticiens du Massachusetts Institute of Technology (MIT), spécialistes des scrutins électoraux, publient à leur tour un rapport établissant l’absence totale de preuve de fraude, et affirmant que Evo Morales aurait «très probablement» remporté les élections dès le premier tour.

«Il n’y a aucune preuve statistique de fraude que nous puissions trouver […] Dans l’ensemble, l’analyse statistique et les conclusions de l’OEA semblent profondément erronées», stipule le rapport.

Une plainte pour génocide et terrorisme contre Evo Morales et Luis Arce 

Pour discréditer Evo Morales et appuyer ses positions, le gouvernement bolivien dépose une plainte au mois d’août 2020 contre l’ancien chef d’Etat et son candidat à l’élection présidentielle pour «terrorisme et génocide». La plainte concerne 12 personnes au total dont Luis Arce et son vice-président David Choquehuanca, ainsi que le dirigeant de la Centrale ouvrière bolivienne (COB), Carlos Huarachi, selon le procureur de La Paz Marco Antonio Cossio.

Le gouvernement les accuse d’avoir ordonné l’installation de barrages routiers, selon le parquet général, ainsi que d’avoir encouragé des protestations pour exprimer un désaccord quant au report des élections du 6 septembre au 18 octobre, celles-ci étant initialement prévues le 6 mai.

Jeanine Añez retire sa candidature 

Décidée à garder le pouvoir dans son camp, Jeanine Añez annonce au mois de janvier sa candidature à l’élection présidentielle, malgré sa promesse de ne pas en être. «La dispersion des votes et des candidatures m’ont conduite à prendre cette décision», précise-t-elle. Jeanine Añez prend cette décision après la parution d’un sondage publié le 26 janvier par le quotidien Pagina Siete, qui donne le MAS en tête des intentions de vote avec 26 %.

En réaction à cette annonce, sa ministre de la Communication, Roxana Lizarraga, démissionne l’accusant d’«avoir perdu de vue ses objectifs».

Le 17 septembre, la présidente par intérim renonce à prétendre au poste qu’elle briguait. «Aujourd’hui, je mets de côté ma candidature à la présidence de la Bolivie pour veiller à la démocratie», déclare-t-elle dans un message télévisé.

L’annonce est faite après la publication d’un autre sondage par la Jubilee Catholic Foundation, qui attribue à l’autoproclamée présidente par intérim la quatrième place avec seulement 7% des intentions de vote, loin derrière le candidat du MAS qui mène à 29,2%.

Jeanine Añez a expliqué retirer sa candidature «en raison du risque de voir le vote démocratique divisé entre plusieurs candidats, et qu’à la suite de cette division, le MAS finisse par remporter les élections».

Malgré sa féroce opposition au MAS, Jeanine Añez a félicité «les vainqueurs» et leur a demandé de «gouverner en pensant à la Bolivie et à la démocratie». Elle a été contrainte de reconnaître que le scrutin qui a vu le retour du MAS au pouvoir s’était déroulé «dans la tranquillité dans tout le pays», ainsi que le résultat de l’élection : un véritable plébiscite pour la gauche.

source:https://francais.rt.com/international/79824-bolivie-luis-arce-remporte-presidentielle-un-an-crise-politique-rebondissements


 

 

HOMMAGE DU NOUVEAU PRÉSIDENT BOLIVIEN À LA DÉESSE TERRE

A la veille de son investiture, Evo Morales, premier Amérindien à accéder à la présidence de la Bolivie, a rendu grâce à Pachamama, la déesse Terre, lors d'une cérémonie dans les ruines pré-Incas de Tiwanaku, près du lac Titicaca. Il tient dans sa main le bâton de commandement symbolisant les 36 nations indiennes de Bolivie.

TIWANAKU (AFP) - 21/1/6 - Pieds nus, vêtu d'un poncho rouge et ceint d'une couronne de fleurs blanches, le président élu de Bolivie Evo Morales a été intronisé samedi "chef suprême des indiens" des Andes par les prêtres du soleil aymaras sur le site des ruines pré-incas de Tiwanaku.
Quatre prêtres du soleil ont célébré une cérémonie mythique destinée à transmettre au futur chef de l'Etat, issu de l'ethnie aymara majoritaire en Bolivie, une "énergie positive" et des "pouvoirs telluriques et spirituels" pour l'aider à accomplir son mandat présidentiel de cinq ans.

"El Evo", comme l'appellent familièrement les indiens aymaras, a été salué à son arrivée à Tiwanaku par des milliers de paysans qui scandaient "vive Evo" et "Uka jacha uru jutasjiway" ("le grand jour est arrivé" en aymara).
De nombreux paysans, mastiquant la coca, petite feuille revigorante des Andes, brandissaient des "wipalas", drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel représentant les ethnies de la Bolivie, avec 9 millions d'habitants un des pays les plus pauvres du continent.

Bravant un froid vif venant du lac Titicaca tout proche, ils étaient venus très tôt, à pied, en charrette ou en autobus pour assister à la cérémonie.
Cette cérémonie indienne traditionelle et mythique, à laquelle n'avait jusqu'ici participé aucun des 65 présidents blancs ou métis qui ont gouverné la Bolivie, avait commencé samedi à 16H30 GMT en présence de 20.000 paysans de l'Altiplano dans un temple de l'ancienne cité de Tiwanacu (70 km de La Paz), située à 3.860 mètres d'altitude.

Officiellement, Evo Morales prêtera serment dimanche au parlement à La Paz en présence de dix présidents latino-américains, dont le Vénézuélien Hugo Chavez, l'Argentin Nestor Kirchner et le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, et d'une centaine d'invités de marque.
Le futur président, fils de paysans pauvres de l'Altiplano bolivien où il fut gardien de lamas, a été couronné du légendaire "unco", un bonnet à quatre pointes, et a reçu des mains d'un "amauta", prêtre du soleil et sage aymara de renom, un "transfert de pouvoirs telluriques et spirituels".

Dans le temple dédié au culte solaire de Kalasasaya, des "yatiris" (chamanes) ont purifié Evo Morales avant de lui remettre le bâton de commandement forgé de septs métaux et serti de pierres précieuses, symbole suprême de ses pouvoirs sur les peuples andins.
Le bâton est surmonté de deux têtes de condors représentant l'autorité hiérarchique sur les peuples indiens pasteurs de lamas de l'ouest de la Bolivie, du sud du Pérou et du nord du Chili.

Pour recevoir ses pouvoirs traditionnels, Evo Morales a gravi lentement les marches menant à la vieille pyramide, toujours pieds nus pour garder le contact avec la Pachamama (la terre nourricière).

"Aujourd'hui un jour nouveau se lève pour les peuples indigènes", a lancé Evo Morales, "une nouvelle vie où nous chercherons l'égalité et la justice, une ère nouvelle pour les peuples du monde", a-t-il ajouté.

"Je suis convaincu qu'avec seulement la force du peuple, avec son unité, nous allons en finir avec le modèle colonial et le modèle néolibéral".

"Nous allons avoir besoin du peuple. Je l'invite à me corriger en permanence, nous pourrons nous tromper mais jamais trahir la lutte du peuple bolivien (...) les indigènes sont les propriétaires absolus de cette terre", a martelé Morales en rappelant qu'il fallait suivre l'exemple de Che Guevarra, le guerillero argentin tué dans les maquis boliviens en 1967.

La cérémonie est suivie d'un banquet disposé sur une toile à même le sol, où les invités dégustent un "aptaphi", un plat comportant du fromage, de la viande de lama et différentes sortes de pommes de terre cultivées dans les Andes.

Evo Morales devait ensuite regagner rapidement La Paz pour accueillir ses premiers invités présidentiels qui assisteront dimanche au parlement à sa prise de fonction officielle.

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Avec Evo Morales, la Bolivie veut croire à une nouvelle ère

LA PAZ (Reuters) - 21/1/6 - Riches ou pauvres, les Boliviens espèrent que l'investiture d'Evo Morales, premier président issu de la communauté indienne, marquera dimanche le début d'une nouvelle ère de paix et de croissance après plusieurs années de troubles.

L'élection de cet indien Aymara, entré en politique par le biais de la défense syndicale des planteurs de coca, accentue le virage à gauche d'une Amérique latine où le libéralisme n'est pas venu à bout de la pauvreté.

Malgré son parcours atypique, le chef de l'Etat âgé de 46 ans, qui n'a pas fait d'études secondaires, a d'ores et déjà conquis nombre de sceptiques par son désir de réconcilier la majorité indigène et pauvre avec l'élite d'origine européenne.

"Je pense que la Bolivie est plus optimiste que jamais", se félicite David Escalier, un ingénieur qui avoue ne pas avoir voté pour Morales. "Avant Evo, nous savions que tous les politiques étaient plus ou moins les mêmes. Maintenant, on espère que les choses vont vraiment changer."

De vastes mouvements de protestation, contre la politique énergétique du gouvernement ou contre les privatisations, ont fait plusieurs dizaines de morts et contraint deux présidents, Gonzalo Sanchez de Losada puis Carlos Mesa, à écourter leur mandat entre 2003 et 2005.

Même la Maison blanche, que l'arrivée au pouvoir d'un socialiste n'enchante guère, a souhaité l'ouverture d'une nouvelle ère de stabilité. Durant la campagne qui l'a conduit à la victoire du 18 décembre, avec 54% des voix, Morales avait pourtant promis que son Mouvement vers le socialisme (MAS) serait le "cauchemar" des Etats-Unis.

Comme le Cubain Fidel Castro et le Vénézuélien Hugo Chavez, dont il s'est fait des alliés, l'ancien cocalero récuse le néolibéralisme des Etats-Unis. Il s'oppose en outre à la campagne d'éradication de la culture de la coca menée par Washington, tout en promettant de lutter efficacement contre le trafic de "drogue" [produits chimiques de la SIC, dont la cocaïne].

Le président, qui - enfant - gardait les lamas, tient désormais la clé de la prospérité future de son pays : la nationalisation du secteur gazier, qui repose sur les deuxièmes réserves naturelles d'Amérique latine, après celles du Venezuela.

Il s'agit de l'une des principales exigences de la communauté indienne, qui se dit spoliée des richesses de sa terre, qu'il s'agisse du gaz aujourd'hui ou de l'argent et de l'étain pendant la période coloniale.

"Nous avons besoin de partenaires, pas de maîtres", a-t-il déclaré au début du mois à Paris dans le cadre de sa tournée des "quatre continents" qui l'a conduit également au Venezuela, en Espagne, en Belgique, en Afrique du Sud, en Chine et au Brésil.

Le nouveau chef de l'Etat a toutefois exclu les expropriations et ne rechigne pas à faire la cour aux compagnies pétrolières étrangères qui ont injecté trois milliards de dollars dans l'économie bolivienne.

Le premier geste de cet "homme du peuple", tel qu'il s'est défini durant la campagne, a été de diminuer de moitié son salaire de président. Le week-end dernier, un sondage publié par La Razon le créditait de 65% d'opinions favorables.

Si de nombreux observateurs estiment qu'il aura beaucoup de mal à contenter à la fois les exigences de l'Altiplano, zone la plus pauvre du pays, et celles des provinces plus prospères de Santa Cruz ou de Tarija, qui réclament davantage d'autonomie, beaucoup voient l'élection de Morales comme un tournant dans l'histoire du pays.

"Evo représente une réelle renaissance, l'espoir né de l'échec des partis traditionnels discrédités et de la pauvreté généralisée", affirme Cesar Rojas, membre de la fondation UNIR.

Une douzaine de chefs d'Etat assisteront dimanche à son investiture qui ponctue une tournée mondiale marquée par la modestie que le président élu a affichée dans toutes les capitales qu'il a visitées.

Samedi, Morales a reçu la bénédiction de Pachamama, la déesse Terre, et lui a rendu grâce pour son élection lors d'une cérémonie Aymara dans les ruines pré-Incas de Tiwanaku, près du lac Titicaca.

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L'investiture d'Evo Morales bénie par les dieux indiens

Non au port de la cravate : symbole d'allégeance à la S.I.C.K !

TIAWANACU, Bolivie (AP) -22/1/6 - Lors d'une cérémonie dans les ruines d'un temple indien à la veille de son investiture, Evo Morales a promis samedi de débarrasser son pays des vestiges coloniaux du passé.

Premier amérindien à accéder à la présidence en Bolivie, M. Morales, très critique à l'égard de la politique latino-américaine des Etats-Unis, a qualifié son large succès électoral de victoire pour les peuples indigènes du monde entier.

"Avec l'unité du peuple, nous allons mettre fin à l'Etat colonial et au modèle néolibéral", a-t-il proclamé sous les applaudissements des dizaines de milliers de personnes venues assister à la cérémonie dans un temple datant de 5.000 ans avant Jésus Christ.

Issu de la majorité indigène de ce pays andin parmi les plus pauvres d'Amérique latine, M. Morales s'est exprimé en espagnol, tout en lançant des salutations en langue Aymara, l'idiome de son enfance.

Il a également fixé la date butoir pour la réécriture de la Constitution bolivienne par une assemblée constitutionnelle au 2 juillet prochain. Il avait déjà promis des réformes constitutionnelles qui doivent bénéficier à la majorité indienne du pays et renforcer le rôle de l'Etat dans la politique économique du pays, concernant notamment le contrôle de ressources naturelles comme le gaz.

Après la cérémonie, M. Morales a juré de changer un ordre économique mondial où les pays riches dominent les plus pauvres.

"Nous avons besoin de la force du peuple pour faire fléchir la main de l'empire", a-t-il déclaré. "Le moment est venu de changer cette terrible histoire de pillage de nos ressources naturelles, de discrimination, d'humiliation, de haine".

Des milliers d'indiens, dont certains mâchaient des feuilles de coca, avaient fait le déplacement pour voir "leur" chef d'Etat demander, pieds nus, la grâce et l'inspiration des divinités précolombiennes sur le site archéologique de Tiawanacu à une soixantaine de kilomètres de la capitale, La Paz.

Au début de la cérémonie, M. Morales a remercié la Terre nourricière pour sa victoire et promis "de rechercher égalité et justice".

La civilisation de Tiawanacu était florissante sur les rives du lac Titicaca il y a 7.000 ans. Elle a disparu sans laisser aucune trace écrite et sans que l'on connaisse par conséquent les causes de son anéantissement. C'est là qu'Evo Morales a choisi d'être béni par des prêtres indiens, les héritiers de cette culture ayant précédé la civilisation inca.

Wilfredo Silva, un père de famille de 32 ans, gérant de station-service, est arrivé au terme d'un trajet harassant de 25 heures avec ses deux jeunes enfants à bord d'autocars et de trains brinquebalants depuis une localité située à la frontière argentine. "C'est un jour important pour la Bolivie car il s'agit d'un changement monumental", expliquait-il au bord du sentier menant aux ruines, chemin qu'Evo Morales a emprunté un peu plus tard. "Les gens voulaient du changement, c'est maintenant le moment", ajoutait-il sous le regard attentif d'indiens vêtus de ponchos rouges foncés et de chapeaux de feutre.

Les amérindiens représentent 60% de la population bolivienne forte de 8,5 millions d'âmes. Ils estiment cependant être des citoyens de seconde zone dans ce pays dirigé jusque-là par les descendants des colons.

Evo Morales a d'abord marché jusqu'à la pyramide d'Akapana, endossé une tunique rouge décorée de motifs dorés et noirs avant d'accepter un bâton des prêtres symbolisant son pouvoir. Puis, il est entré seul, les pieds nus, dans le temple de Kalasasaya.

Après la cérémonie, une grande fête était prévue avec, en particulier, un gigantesque gâteau de quinoa, une sorte de graminée locale, et avec lequel on prévoyait de nourrir pas moins de 40.000 personnes. Le visage du nouveau président et la silhouette de la montagne sacrée Illimani devaient décorer cette pâtisserie digne du livre des records.

Dimanche, à La Paz, c'est une cérémonie plus classique qui est prévue, en présence de chefs d'Etat du continent, mais sans son ami, le Cubain Fidel Castro, et du prince hériter de la couronne d'Espagne. Contrairement à eux, il est certain que M. Morales ne portera pas de cravate et qu'il délaissera le costume trois pièces pour une tenue plus... "prolétarienne". Il vient d'effectuer une tournée mondiale, apparaissant invariablement vêtu de sa veste de cuir et de son chandail à rayures.

"La plupart des Boliviens ne portent pas de cravate et j'appartiens à cette majorité", a déjà expliqué Evo Morales qui a été à la fois loué et critiqué pour ses initiatives vestimentaires. "Ca me gênerait, c'est si serré autour du cou, j'aurais l'impression d'être pendu".

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Evo Morales réduit de moitié son salaire de président

LA PAZ (AP) - 27/1/6 - Evo Morales tient sa première promesse. Cinq jours après sa prise de fonctions, le président bolivien a réduit par décret de moitié son salaire présidentiel, et ordonné aux membres du gouvernement de ne pas recevoir de rémunération supérieure à la sienne.

Son salaire mensuel sera donc de 15.000 bolivianos (1.700 dollars, 1.397 euros) par mois. "Je demande (aux ministres) leur compréhension et leurs efforts pour tenter de remplir cette exigence, pas pour Evo, mais pour le peuple", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.

L'argent ainsi économisé servira à créer un fonds pour embaucher des enseignants supplémentaires dans les écoles publiques. "Nous avons besoin de 6.000 professeurs supplémentaires, et il n'y a de l'argent que pour 2.200", a-t-il dit.

Le précédesseur de Morales touchait 34.900 bolivianos (3.900 dollars, 3.204,07 euros) mensuels.

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Bolivie : Evo Morales lance sa réforme agraire

LA PAZ (AP) - 3/6/6 - Le président Evo Morales lancera samedi sa réforme agraire en octroyant 20.000 km2 de terrains détenus par l'Etat bolivien à la population amérindienne démunie, ont déclaré les autorités.

L'annonce est intervenue vendredi après l'interruption des négociations entre le gouvernement et des dirigeants du secteur agricole au sujet de la "révolution agraire" de M. Morales, qui doit voir la redistribution de 200.000 km2 de terres sur les cinq prochaines années, un territoire correspondant à environ deux fois la superficie du Portugal. La plupart de ces terrains appartiennent à l'Etat et ne sont pas affectés.

La réforme agraire du président bolivien vise à réduire les inégalités entre les populations aisées des plaines et les populations des plateaux, pour la plupart amérindiennes.

Le vice-ministre des Terres, Alejandro Almaraz, s'est félicité des premières attributions qui seront faites samedi, assurant que le gouvernement garantira une gestion durable de ces terres, qui ne posent "aucun problème juridique", et que ni les forêts ni les réserves naturelles ne seront touchées.

Certaines parties de la réforme globale sont cependant controversées. Le gouvernement a annoncé par le passé qu'il procéderait à la redistribution de terrains privés dont l'exploitation est inefficace, qui ont été obtenus illégalement ou qui sont utilisés à des fins spéculatives.

Selon les autorités, un peu moins de 90% des terres boliviennes sont exploitées par 50.000 familles, ce qui en laisse peu -ou pas- pour plusieurs millions de Boliviens.

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Le président bolivien Evo Morales lors d'une assemblée générale de l'ONU, le 19 septembre 2006 à New York
Mardi, le président bolivien, Evo Morales, allié de Hugo Chavez en Amérique latine,
avait annoncé que le Venezuela avait accepté de se retirer en faveur de la Bolivie.

Don Emmert


Election à l'ONU : apparition éclair de la Bolivie et toujours l'impasse...

NEW YORK (AFP) - 26/10/6 - La Bolivie a fait irruption dans la course à l'obtention d'un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, toujours bloquée en raison de divergences persistantes entre le Guatemala, favori des Etats-Unis, et le Venezuela, leur bête noire.

Depuis le 16 octobre, 39 tours de scrutin ont eu lieu. Mercredi après-midi, les dernières consultations donnaient le Guatemala en tête devant le Venezuela mais sans atteindre la majorité indispensable des deux tiers des 192 membres de l'Assemblée générale, soit 123 voix.

L'élection vise à remplacer l'Argentine par un autre pays d'Amérique latine au Conseil de sécurité, à compter du 1er janvier et pour une durée de deux ans.
Une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères du Guatemala et du Venezuela, Gert Rosenthal et Nicolas Maduro, est prévue jeudi à New York pour tenter de débloquer la situation, selon l'ambassadeur équatorien à l'ONU, Diego Cordovez.

Outre un abandon de l'un des deux candidats - ce à quoi ils se refusent jusqu'à présent -, une solution de compromis est possible si le Venezuela et le Guatemala se mettent d'accord pour se retirer au profit d'un troisième pays.

Dernière proposition en date, le Venezuela a avancé le nom de la Bolivie.

"J'ai appelé Evo (Morales, président de Bolivie) et lui ai dit : Evo, es-tu prêt à chercher un compromis si le Venezuela et le Guatemala retirent leur candidature ?", a expliqué mercredi Hugo Chavez. "Evo m'a dit : "Chavez, je suis avec toi jusqu'à la mort", a assuré le chef d'Etat vénézuélien.

Disposant d'un très fort soutien des Etats-Unis, aux relations exécrables avec le Venezuela et délicates avec la Bolivie, le Guatemala n'a pas été convaincu des vertus de La Paz.

Peu avant l'organisation de nouveaux votes et après des consultations avec des pays d'Amérique latine, il a affirmé qu'il "maintenait sa candidature pour un siège de non-permanent au Conseil de sécurité pour la période 2007-2008".

Mardi, le président bolivien avait pourtant cru en ses chances. "Le camarade Chavez a indiqué que pour dégager un consensus, il laissait la place à la Bolivie", avait déclaré Evo Morales. "Nous sommes candidats au Conseil de sécurité. Nous espérons atteindre le consensus", avait-il ajouté.

Quelques heures avant que le Venezuela fasse savoir qu'il demeurait candidat, le ministre bolivien de la présidence, Juan Ramon Quintana, a jeté l'éponge en déclarant que "le gouvernement n'était pas disposé à relever ce défi" d'un siège au Conseil de sécurité.

La semaine dernière, Hugo Chavez avait accusé la Maison Blanche de faire pression pour torpiller sa candidature. Interrogé sur la candidature de la Bolivie, le département d'Etat s'était borné à indiquer mardi soir que tant que les pays du groupe Amérique latine/Caraïbes (Grulac) n'annonceraient pas de troisième candidat, "les Etats-Unis continueraient de soutenir la candidature du Guatemala".

En 1979, une compétition marathon avait opposé Cuba à la Colombie pour un siège au Conseil de sécurité. Au bout de deux mois et demi et de 155 tours de scrutin, c'est le Mexique qui l'avait finalement emporté.

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La Bolivie finalise ses accords de nationalisation avec les compagnies énergétiques étrangères

LA PAZ, Bolivie (AP) - 29/10/6 - Le président bolivien Evo Morales a parachevé son plan de nationalisation de l'industrie énergétique samedi soir, et était sur le point de signer des contrats permettant à plusieurs compagnies de poursuivre leurs opérations sous le contrôle de l'Etat.

Le gouvernement a finalisé ses discussions avec huit compagnies étrangères, dont le brésilien Petrobras et l'hispano-argentin Repsol YPF, a annoncé le porte-parole du président, Alex Contreras. Les huit groupes vont signer des accords de nationalisations avec les autorités boliviennes, lors d'une cérémonie qui devait avoir lieu peu avant minuit dans la capitale, La Paz.

La compagnie française Total et l'américaine Vintage Petroleum avaient signé de tels accords vendredi.

Le géant brésilien de l'énergie Petrobras et Repsol YPF sont les deux plus importants acteurs de l'industrie bolivienne du gaz naturel, dont ils contrôlent respectivement 47% et 27% des réserves, alors que Total en détient 16%.

Evo Morales avait annoncé le 1er mai qu'il nationalisait les industries du pétrole et du gaz de son pays. Il avait donné 180 jours aux compagnies étrangères pour céder le contrôle de leurs opérations en Bolivie ou quitter le pays.

Ces accords sont un succès politique majeur pour le président bolivien, qui a très critiqué pendant des mois en raison de la lenteur et de l'incertitude de son projet. Ils représentent également un atout important pour la Bolivie, qui dispose des plus grandes réserves de gaz naturel d'Amérique du Sud après le Venezuela.

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Un sommet pour rêver d'unité sud-américaine

AP - 8/12/6 - L'idée d'une zone régionale de libre-échange à l'européenne et la célébration des victoires électorales récentes de la gauche figurent en bonne place au programme du sommet des présidents de la Communauté sud-américaine des Nations (CSN), qui s'ouvrait vendredi en Bolivie pour deux jours.

Rafael Correa, le tout nouveau président-élu d'Equateur, devait participer à la réunion organisée à Cochabamba au côté du Vénézuélien Hugo Chavez et de son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, tous deux récemment réélus à une forte majorité. La présidente de gauche chilienne Michelle Bachelet devait également participer au sommet dont l'hôte n'est autre que le chef d'Etat bolivien Evo Morales. Bien qu'élu cette année sur un programme de centre-gauche, le Péruvien Alan Garcia en délicatesse avec Hugo Chavez devrait se retrouvé isolé. Le sommet sera de fait pour les deux pays leur premier contact diplomatique depuis le rappel de leurs ambassadeurs respectifs en avril.

Le Colombien Alvaro Uribe, président conservateur étroitement lié aux Etats-Unis, devait, lui, être absent, tout comme le président argentin de centre-gauche, Nestor Kirchner.

En marge de cette réunion, Evo Morales a convoqué un sommet "complémentaire" regroupant des mouvements sociaux de tout le continent, dans l'espoir d'accorder aux groupes indiens, syndicats, paysans sans terre et producteurs locaux de coca d'Amérique du Sud une voix plus forte dans les années à venir.

"C'est seulement ensemble, avec les mouvements sociaux, que nous pouvons garantir (l'existence d')une véritable communauté sud-américaine, non seulement avec les Etats mais aussi avec leur population", a estimé le président bolivien jeudi devant la presse.

Créé en 2004 après l'échec du projet de Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) soutenu par Washington, le sommet vise à promouvoir l'approche indépendante du continent dans le domaine des relations commerciales et internationales. L'objectif est de parvenir à des liens économiques plus étroits entre des pays, actuellement divisés, entre les accords commerciaux du Mercosur et de la Communauté andine des nations, et à terme, de créer une communauté sud-américaine sur l'exemple de l'Union européenne.

Le commerce avec les pays de l'autre côté de l'Atlantique devrait d'ailleurs figurer à l'ordre du jour des discussions de ce week-end. Le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) a déjà entamé des négociations avec les Vingt-cinq, et ce sera le tour de la Communauté andine des nations (Pérou, Bolivie, Colombie, Equateur, Venezuela) début 2007.

Les dirigeants présents à Cochabamba pourraient aussi s'entretenir de la création d'une nouvelle forme de financement du développement, une alternative à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, dont les prêts ont excessivement endetté de nombreux pays du continent.

D'après des analystes, les entretiens du week-end devraient porter sur la volonté de favoriser une unité et la souveraineté de l'Amérique du Sud, sous l'oeil attentif de Washington et Bruxelles. "La grande peur est que les pays latino-américains en général commencent à jouer avec leurs propres règles", juge Joe Zacune, des Amis de la Terre, groupe présent à Cochabamba.

L'énergie devrait aussi tenir une place importante au sommet bolivien. AP

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La Bolivie impute les inondations andines aux pays riches

TRINIDAD, Bolivie (Reuters) - 3/3/7 - Voyant les dégâts causés par des inondations catastrophiques tant dans les Andes que dans les plaines d'Amazonie, le président bolivien Evo Morales a imputé ce phénomène à la pollution produite par les pays riches - ce que certains experts jugent plausible.

Les inondations, sécheresses et tempêtes de grêle qui se sont abattues en trois mois sur le pays le plus pauvre d'Amérique latine résultent d'El Nino, un phénomène météorologique qui pourrait être accentué par le réchauffement climatique, selon des climatologues.

Les inondations en Bolivie, les pires depuis 25 ans, ont fait 35 morts et affecté en tout 350.000 personnes, dissolvant littéralement les habitations en terre et emportant les quelques biens de populations déjà extrêmement pauvres.

Morales a déclaré l'état de catastrophe naturelle cette semaine après une visite dans la région de Beni, dans le nord-est du pays, fortement touchée par les intempéries.

Il a imputé ces dernières aux pays industrialisés "qui polluent l'environnement et modifient le climat".

Selon Spencer Wear, auteur de "La découverte du réchauffement climatique" (The Discovery of Global Warming), les pays pauvres sont effectivement plus exposés aux dégâts causés par le changement climatique.

"Personne ne peut dire qu'(El Nino) est le résultat du réchauffement climatique, mais nous pouvons dire à coup sûr que le réchauffement climatique rend ce type d'événement plus probable", a expliqué Wear à Reuters.

Le mois dernier, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a déclaré que dans le monde entier les pauvres, les populations les moins responsables du réchauffement climatique, étaient ceux qui en souffraient le plus.

Les pays pauvres sont les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre, auxquels est imputé le changement climatique, mais ce sont aussi ceux qui ont le plus à craindre des changements de climat prévisibles, selon des experts.

ACTIONS EN JUSTICE

Les Etats-Unis produisent 25% des gaz à effet de serre émis à l'échelle mondiale mais n'ont pas signé le protocole de Kyoto, dont les signataires sont convenus de réduire leurs émissions de dioxyde de carbone.

En Bolivie, le gouverneur de la région de Beni, Ernesto Suarez, s'est dit préoccupé par l'approvisionnement en nourriture, les inondations ayant tué 22.000 têtes de bétail et emporté récoltes, bétail et infrastructures à hauteur d'environ 115 millions de dollars.

Autour de la capitale régionale, Trinidad, 19.000 personnes évacuées de bidonvilles inondés vivent dans des abris provisoires exposés à la dengue et aux épidémies de dysenterie.

Sur les hauts plateaux, El Nino a détruit les récoltes servant de base à la nourriture des Indiens Aymaras, et dans le bassin agricole de Santa Cruz il a annihilé de grandes quantités de soja, principale denrée d'exportation du pays.

Ces derniers mois, des conditions climatiques extrêmes ont également causé des dégâts dans d'autres pays pauvres tels que le Mozambique et les Philippines.

Selon Wear, certaines grandes entreprises et des pays industrialisés ont commencé à agir contre le réchauffement climatique par peur d'être poursuivis en justice.

Lors d'une audience jeudi à Washington, la Commission inter-américaine des droits de l'homme a entendu des Inuits du nord du Canada expliquer que leur mode de vie était menacé du fait du réchauffement climatique, qui a réduit la banquise, tuant les animaux qu'ils chassent pour leur subsistance.

Lauren Baker, chercheuse du Centre pour le droit écologique international, qui conseille les Inuits dans cette affaire, pense que leur cas pourrait conduire d'autres pays à poursuivre en justice les producteurs de gaz à effet de serre.

"Le réchauffement climatique n'affecte pas que les Inuits ou la Bolivie, il affecte aussi d'autres pays d'Amérique en les exposant à des ouragans, à une hausse du niveau des océans, à des pénuries d'eau potable, à des déplacements de populations", a-t-elle expliqué.

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Photo prise le 18 mars 2007/REUTERS/Noah Friedman-Rudovsky

Evo Morales ne sera pas candidat à un scrutin anticipé en Bolivie
        

LA PAZ (Reuters) - Le président bolivien Evo Morales a annoncé qu'il ne serait pas candidat aux élections anticipées qui pourraient intervenir en 2008, deux ans après son arrivée au pouvoir.

Morales, premier Amérindien à accéder à la présidence bolivienne, a entamé un mandat de cinq ans en janvier 2006 en promettant de renforcer le contrôle de l'Etat sur les ressources naturelles et de convoquer une Assemblée constituante pour mettre le pays en conformité avec les traditions indiennes.

Il a créé la surprise vendredi en annonçant que son mandat pourrait prendre fin cette année, une fois que l'assemblée aurait défini un nouveau cadre politique, et que des élections anticipées devraient se tenir en 2008.

"Personne ne pense à une réélection, il me faut être responsable. Je pense personnellement que j'ai fait ma part dans le processus de changement", a dit Morales à des journalistes à Sucre, où siège l'assemblée.

Les dirigeants de l'opposition de droite ont exprimé la crainte que Morales cherche à proroger son mandat grâce à des élections anticipées.

"Nous devons promouvoir une profonde transformation grâce à l'assemblée constituante (...) S'il y a une nouvelle constitution cette année, il faudra qu'il y ait de nouvelles élections", a dit Morales.

Le président bolivien, issu d'une pauvre famille Aymara, a présenté l'assemblée comme la pierre angulaire de sa politique de restitution à la majorité amérindienne du pouvoir dont elle a été privée depuis la conquête espagnole, il y a cinq siècles.

Les travaux de l'assemblée ont été entravés par des luttes intestines. Le Mouvement vers le Socialisme (MAS) de Morales y détient la majorité, mais pas les deux-tiers requis pour faire adopter les réformes.

Les représentants de l'est du pays, dont la population est majoritairement d'origine européenne et où l'opposition à Morales est plus forte, veulent que la nouvelle constitution accorde davantage d'autonomie à leurs provinces.

La nouvelle constitution devra être soumise à un référendum lorsque le mandat de l'assemblée constituante sera venu à expiration, en août.

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Le capitalisme est "le pire ennemi de l'humanité", selon Evo Morales

et aussi, selon Roger Ripert !

Vive Evo et les Amérindiens !

LA PAZ (AP) - 23/5/7 - Evo Morales, premier président indien de Bolivie, a qualifié mardi le capitalisme de "pire ennemi de l'humanité".

"Les compagnies transnationales provoquent toujours des conflits pour accumuler du capital, et l'accumulation de capital dans quelques mains n'est pas une solution pour l'humanité", a déclaré le président bolivien lors d'une conférence d'intellectuels de gauche à La Paz. "Et je suis donc arrivé à la conclusion que le capitalisme est le pire ennemi de l'humanité".

Elu en décembre 2005 pour un mandat de cinq ans sur un programme de défense des populations opprimées, Evo Morales a depuis nationalisé l'industrie du pétrole et du gaz naturel en vue de redistribuer les richesses tirées de ce rachat.

Il a convoqué l'Assemblée constituante en août dernier, lui donnant un an pour réécrire la Constitution afin d'y inscrire les droits de la majorité indienne longtemps opprimée.

Il a indiqué mardi que la nouvelle constitution déclarait la Bolivie comme un Etat pacifiste refusant explicitement la guerre.

"Plutôt que fabriquer de nouvelles armes et balles pour tuer la race humaine, nous devrions nous concentrer sur une production de nourriture plus forte", a-t-il déclaré.

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L’assassin du Che, l’Opération Miracle et les médecins cubains

par Salim Lamrani

Mondialisation.ca, Le 1 octobre 2007

 

Ernesto Che Guevara

Mario Terán, ancien sous-officier bolivien à la retraite, tristement célèbre pour avoir procédé à l’exécution du légendaire guérilléro Ernesto Che Guevara le 9 octobre 1967, dans la petite école de La Higuera en Bolivie, vivait dans l’anonymat le plus complet à Santa Cruz. Plongé dans le dénuement le plus total, il subsistait uniquement de sa misérable pension d’ancien soldat et avait perdu la vue, victime d’une cataracte qu’il n’avait pu faire soigner faute de moyens (1). 
 
En 2004, le président cubain Fidel Castro a lancé une vaste campagne humanitaire continentale portant le nom d’Opération Miracle, soutenue par le Venezuela, qui consiste à opérer gratuitement les Latino-américains pauvres atteints de cataractes et autres maladies oculaires. En 30 mois, près de 600 000 personnes de 28 pays, y compris des citoyens étasuniens, ont retrouvé la vue grâce à l’altruisme des médecins cubains. L’objectif annoncé est d’opérer 6 millions de personnes d’ici 2016 (2).
 
L’élection d’Evo Morales à la présidence de la République en décembre 2005, et sa volonté à entreprendre une politique sociale destinée à améliorer le bien-être d’une des populations les plus pauvres du continent, a permis aux Boliviens d’accéder au programme humanitaire lancé par Cuba. Près de 110 000 Boliviens ont ainsi pu retrouver la vue sans débourser un seul centime (3).
 
Parmi ceux-ci se trouve Mario Terán, qui a ainsi pu se débarrasser de son grave handicap grâce aux médecins cubains. Pablo Ortiz, journaliste bolivien travaillant pour le quotidien El Deber de Santa Cruz, a rapporté l’histoire : «Terán avait des problèmes de cataracte et a été opéré grâce à l’Opération Miracle, par des médecins cubains, de manière totalement gratuite». Puis il a donné de plus amples détails : «Ce type est un parfait inconnu. Personne ne sait qui il est. Il est complètement ruiné et il s’est présenté à l’hôpital de l’Opération Miracle. Personne ne l’a reconnu et il a été opéré. C’est son propre fils qui nous l’a raconté, et qui s’est rendu à notre journal pour effectuer un remerciement public […] Cela s’est passé en août dernier [2006] (4) ».
 
L’histoire réserve parfois des surprises. Ainsi, l’assassin du Che a été soigné par des médecins envoyés par Fidel Castro, le plus fidèle et intime compagnon du «guérillero héroïque». Terán doit sa vue aux missionnaires de la santé qui suivent l’exemple internationaliste de l’homme qu’il a éliminé.
 
Selon l’ancien agent de la CIA Félix Rodríguez, qui avait participé à la capture du Che, Terán s’était porté volontaire pour exécuter le leader rebelle. Auparavant, il avait froidement assassiné tous les autres prisonniers (5). Mais, face au Che, le courage lui manqua :
 «Quand je suis arrivé dans la classe, le Che était assis sur un banc. En me voyant, il me dit :
 - Vous êtes venu pour me tuer ?
 Je me suis senti intimidé et j’ai baissé la tête sans répondre. Ensuite, il m’a demandé :
 - Qu’ont dit les autres ?
 Je lui ai répondu qu’il n’avait rien dit, et il commenta :
 - Quel courage !
 Je n’osais pas tirer. A ce moment-là j’ai vu le Che grand, très grand, énorme. Ses yeux brillaient intensément. J’ai senti qu’il m’écrasait et quand il me regarda fixement, j’ai eu un étourdissement. J’ai pensé qu’avec un mouvement rapide le Che pourrait me prendre mon arme.
 - Calmez-vous – me dit-il – et visez bien, vous allez tuer un homme.
 
Ensuite, j’ai effectué un pas en arrière, vers le seuil de la porte, j’ai fermé les yeux et j’ai tiré la première rafale […]. J’ai repris courage et j’ai tiré une seconde rafale, qui l’a atteint au bras, à l’épaule et au cœur. Il était mort désormais (6) ».
 
A l’aube du quarantième anniversaire de sa disparition, malgré l’exécrable campagne médiatique internationale destinée à ternir l’image d’un des plus grands révolutionnaires de l’histoire du XXe siècle, l’exemple du Che reste «grand, très grand, énorme» et continue de briller «intensément» grâce au sacrifice des dizaines de milliers de médecins cubains qui, dans l’anonymat de leur action héroïque, aux quatre coins de la planète, persistent à croire qu’un autre monde, moins cruel, est possible.
 

Notes
 
1 Héctor Arturo, « Che vuelve a ganar otro combate », Granma, 29 septembre 2007.
 
2 Operación Milagro, « Página Principal », 28 septembre 2007. http://www.operacionmilagro.org.ar/  (site consulté le 30 septembre 2007). Pour les citoyens étasuniens qui ont bénéficié du programme humanitaire voir Prensa Latina, « Oftalmólogo estadounidense reconoce valor de Operación Milagro », 19 janvier 2007.
 
3 Operación Milagro, « Bolivia. De las tinieblas a la luz : Operación Milagro devolvió la vista a más de 108 403 pacientes », 28 septembre 2007. http://www.operacionmilagro.org.ar/  (site consulté le 30 septembre 2007).
 
4 Juan Pablo Meneses, « ¡Primicia Mundial ! Entrevista a Pablo Ortiz », Crónicas Argentinas, 11 octobre 2006.
 
5 Claudia Márquez, « El Guerrero de las sombras. Entrevista a Félix Rodríguez », El Veraz, 19 août 2005.
 
6 Mario Terán, « Extrait », pas de date. http://fotolog.terra.com.ar/desdelaterraza:26  (site consulté le 30 septembre 2007).


 Salim Lamrani est enseignant, écrivain et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a notamment publié Washington contre Cuba (Pantin : Le Temps des Cerises, 2005), Cuba face à l’Empire (Genève : Timeli, 2006) et Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis (Pantin : Le Temps des Cerises, 2006).

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40 ans après sa mort, la mémoire du "Che" célébrée à Cuba et en Bolivie

Par Patrick LESCOT

LA HAVANE (AFP) - 8/10/7 - Pour les quarante ans de sa mort, Ernesto "Che" Guevara, figure mythique d'une révolution par les armes consignée au siècle dernier, ne recevra guère d'hommages qu'à Cuba - où plus qu'un héros, "l'Argentin" est une institution - et en Bolivie, terre de son exécution.

A Cuba, - où tous les écoliers commencent leur journée par prêter serment de "pionniers, pour le communisme, nous serons comme le Che" [sic] - le mausolée qui abrite les restes du "guérillero héroïque" depuis 1997 à Santa Clara (centre) sera le cadre des cérémonies commémoratives prévues pour l'anniversaire de sa disparition.

Fidel Castro, éloigné du pouvoir par la maladie depuis plus d'un an, ne devrait pas plus qu'à la fête nationale du 26 juillet apparaître pour ces commémorations. Son frère cadet Raul, qui assure l'intérim, pourrait le remplacer et rendre hommage à celui qu'il appelait l'"Argentin".

En Bolivie, une marche aux flambeaux se tiendra dans la soirée du 7 octobre à La Higuera, où le Che fut capturé quarante ans plus tôt, une flamme sera symboliquement allumée. Une "déclaration de Vallegrande", la ville voisine où ses restes ont été retrouvés en 1997, sera adoptée le lendemain, suivie le 9 d'une cérémonie politique.

Le 8 octobre 1967, l'armée bolivienne, accompagnée de deux agents de la CIA cubano-américains, capturait le Che à la tête d'une poignée de guérilleros encore en vie ayant survécu aux combats, à la faim et aux maladies.

Guevara fut conduit dans une école abandonnée où il passera sa dernière nuit. Le lendemain après-midi, le révolutionnaire sera exécuté sommairement par Mario Teran, un sergent bolivien. Le Che entrait dans la légende. Il avait 39 ans.

Un temps tombée en désuétude, la mythologie révolutionnaire, dont Che Guevara reste le symbole, a été ranimée en 1997 par la découverte de ses restes --dont l'identification demeure controversée-- et leur inhumation solennelle au mausolée de Santa Clara par Fidel Castro.

Dans le monde entier, l'image-culte du guérillero -- "la" photo du Cubain Alberto Korda prise en 1960 et la plus répandue au monde-- continue de faire l'objet d'une intense activité mercantile, reproduite sur des millions de T-shirts, de posters, de casquettes ou de sacs à main, prisés par la jeunesse des cinq continents mais aussi des stars du football ou de la chanson.

L'extrême-gauche européenne née des événements de 1968 et une partie de l'intelligentsia avaient largement contribué à sa popularisation.

Partisan déclaré de la violence politique, Ernesto Che Guevara, après des études de médecine en Argentine, avait fait la connaissance de Raul et Fidel Castro au Mexique avant de participer à la guérilla qui mena les "barbudos" au pouvoir à La Havane en 1959.

Après avoir supervisé pendant six mois la répression des "contre-révolutionnaires", il dirigea un temps la Banque centrale cubaine et le ministère de l'Industrie.

Artisan du rapprochement de la révolution cubaine avec Moscou, il s'éloignera ensuite des positions soviétiques favorables à la "coexistence pacifique" avec le bloc occidental pour défendre une stratégie de conquête du pouvoir par les armes, plus proche du maoïsme.

"D'autres terres du monde réclament la contribution de mes modestes efforts", écrira-t-il à Fidel Castro en quittant Cuba en 1965 pour porter le combat insurrectionnel en Afrique notamment.

S'ensuivirent des mois de "disparition" alors qu'il était au Congo à tenter d'y imposer la révolution armée, avant d'engager en Bolivie sa dernière guérilla.

"Le Che n'a pas échoué. Les peuples s'épuisent. Mais les révolutions restent possibles", a déclaré à l'AFP la fille aînée du révolutionnaire, Aleida Guevara March. Et si les socialistes ne sont pas parvenus à produire "d'autres Vietnam", comme le souhaitait son père en référence à la résistance vietcong aux Américains.

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Photo : RIA Novosti

 

Le journal de Bolivie de Che Guevara mis en ligne sur Internet


La Voix de la Russie - 10/10/12 - Le journal d'Ernesto Che Guevara écrit pendant les derniers mois de sa vie a été mis en ligne sur Internet.

En 2009 le ministère de la Culture de Bolivie a publié le Journal de Bolivie du Che retraçant la période allant de son arrivée dans le pays au 7 octobre 1967, deux jours avant sa mort. A présent le Journal est accessible sur le site www.chebolivia.org .

Ernesto Che Guevara est un symbole de la lutte révolutionnaire en Amérique latine. Le 9 octobre 1967 il a été capturé et exécuté par l'armée bolivienne.

Voir le site : CHE (en espagnol)

 

Evo Morales dénonce un complot commandé par l'ambassadeur des Etats-Unis

par Radio Havana Cuba

La Paz, 25 février, (RHC)--. Le Président bolivien, Evo Morales, a dénoncé ce dimanche un complot commandé par Philippe Goldberg, l'ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie contre les changements sociaux que prône son gouvernement.

Evo Morales a confirmé sa dénonciation au cours d'une rencontre avec des représentants de la Confédération des Peuples Indiens et de la Centrale Ouvrière Régionale d'El Alto, défenseurs de la constitution attaquée par l'ambassade des Etats-Unis.

"J'informerai, en toutes lettres, comment conspirent quelques agents à l'intérieur et à l'étranger conduits par l'ambassadeur des Etats-Unis qui s'opposent aux changements profonds que propose la nouvelle constitution pour atteindre l'égalité dans le pays" a-t-il relevé.

Il a signalé que Philippe Goldberg s'immisce constamment et ouvertement dans les affaires intérieures de la Bolivie à travers d'actions politiques destinées à discréditer la Constitution adoptée en décembre dernier par l'Assemblée constituante.

Ce texte interdit entre autres l'installation de bases militaires étrangères en Bolivie, c'est pourquoi les Etats-Unis financent des campagnes diffamatoires par l'intermédiaire de son Agence pour le Développement International (USAID).

Evo Morales a signalé que son gouvernement et les organisations populaires boliviennes empêcheront toute atteinte aux changements structuraux stipulés démocratiquement par la nouvelle constitution et il a demandé au Parlement d'adopter au plus vite les référendums nécessaires pour définir l'avenir des grandes propriétés terriennes et ratifier la nouvelle constitution.

© Copyright Radio Havana Cuba, Radio Havana Cuba, 2008
Mondialisation.ca, 26 fevrier 2008

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Dialogue à nouveau bloqué en Bolivie entre Evo Morales et les gouverneurs


Par Gilles BERTIN




LA PAZ (AFP) - 16/8/8 - Le président socialiste bolivien, Evo Morales, largement confirmé à son poste par un référendum, n'est pas parvenu à rétablir le dialogue avec cinq gouverneurs de l'opposition, qui réclament l'abandon d'une réforme d'un impôt sur les hydrocarbures et plus d'autonomie des régions.

Au cours de deux rencontres mercredi et jeudi entre M. Morales, qui a remporté dimanche plus de 67% de votes favorables lors d'un référendum révocatoire par lequel il remettait en jeu son mandat, et les gouverneurs de l'opposition libérale et conservatrice, chaque camp est demeuré sur ses positions.

Les réunions, de trois heures chacune, se sont rapidement crispées lorsque les gouverneurs ont exigé que le gouvernement revienne, au moins partiellement, sur une décision prise l'année dernière d'affecter les ressources provenant d'un impôt sur les hydrocarbures (IDH), soit 166 millions de dollars, aux retraites des personnes âgées.

Cet impôt était auparavant affecté aux régions et est considéré comme vital par les gouverneurs de l'opposition, qui dirigent notamment Tarija (sud) et Santa Cruz (est), les zones les plus riches de Bolivie (10 millions d'habitants).

Ces deux régions, qui représentent 40% du PIB du pays andin, détiennent de très importants gisements de gaz exploités par des compagnies pétrolières internationales comme Total (France), Petrobras (Brésil), Repsol (Espagne) et British Gas (GB), ainsi que des cultures industrielles agro-alimentaires.

Les gouverneurs de Santa Cruz et Tarija, ainsi que ceux de Pando et Beni (nord), opposés au gouvernement socialiste, ont été, comme le président Morales, confortés par le référendum de dimanche. Ils ont aussi reçu le soutien de Mme Savina Cuellar, une indienne quechua élue en juin dernier gouverneur de Chuquisaca (centre).

Plusieurs spécialistes à La Paz estiment que pour une reprise du dialogue, les deux camps devraient ouvrir des négociations sous l'égide d'experts et d'organismes internationaux au lieu de convoquer des rencontres où "les chefs se mesurent" en réaffirmant chacun leurs positions.

Mais après l'échec des deux réunions, les gouverneurs ont appelé à une grève civique mardi dans leurs régions respectives.

Les représentants de l'opposition, qui luttent aussi pour une plus grande autonomie régionale, refusent par ailleurs le projet de Constitution du gouvernement socialiste en le qualifiant d'"indigéniste et étatiste".

Pourtant "Evo est en position de force pour faire passer la Constitution et bloquer l'IDH", a expliqué vendredi à l'AFP Franck Poupeau, sociologue à l'Institut de recherche et développement (IRD) basé à La Paz.

Avec 67% de voix favorables au président Morales, le référendum "n'a pas été un match nul", note le chercheur. Les gouverneurs "ont sous-estimé Evo Morales" et ce sont eux "qui ont rompu les négociations", ajoute-t-il.

Ce projet de Constitution permettrait une réélection de M. Morales et surtout de mettre en oeuvre une réforme agraire interdisant les propriétés agricoles de plus de 5.000 ou 10.000 hectares. Cette réforme toucherait de plein fouet les gros propriétaires de la région de Santa Cruz, à la tête d'exploitations pouvant aller jusqu'à 200.000 hectares.

Pour le sociologue Henry Oporto, le parti du président Morales, le Mouvement vers le Socialisme, fort de sa large victoire au référendum, va "lancer une grande offensive pour chercher un avantage décisif", renforçant ainsi "la possibilité de scénarios catastrophes".

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Copyright © 2008 AFP
Evo Morales le 8 septembre 2008 à La Paz

 

Evo Morales décrète persona non grata l'ambassadeur américain à La Paz

LA PAZ (AFP) - 11/9/8 - Le président bolivien Evo Morales a décrété mercredi persona non grata l'ambassadeur des Etats-Unis à La Paz, Philip Goldberg, qu'il a accusé d'alimenter la division et le séparatisme en Bolivie.

Un porte-parole du département d'Etat américain, Gordon Duguid, a qualifié mercredi d'"infondées" ces accusations.

M. Morales lors d'une réunion au palais présidentiel à La Paz a déclaré : "Je demande au ministre des Affaires étrangères d'envoyer aujourd'hui (un message) faisant connaître la décision du gouvernement, du président afin qu'il regagne son pays".

"Celui qui cherche la division de la Bolivie, c'est l'ambassadeur des Etats Unis", a ajouté le dirigeant, accusant M. Goldberg d'encourager les troubles dans cinq des neuf départements du pays où est rejeté le projet de nouvelle Constitution que M. Morales entend faire approuver en janvier par un referendum populaire.

Le ministère des Affaires étrangères bolivien avait déjà manifesté son mécontentement fin août à la suite d'une réunion publique qui s'était déroulée entre le diplomate américain et préfet de la région de Santa Cruz, Ruben Costas, farouche opposant à Morales à la tête de l'opposition. Le gouvernement avait exigé qu'à l'avenir ne se reproduise plus ce type de rencontre, à l'heure où la Bolivie traverse une crise politique profonde.

L'opposition en Bolivie poursuivait mercredi des opérations de protestation contre la politique d'Evo Morales, au lendemain de manifestations violentes dans les régions qu'elle domine.

Des groupes de jeunes manifestants ont provoqué mercredi l'arrêt de la livraison de gaz naturel à l'Argentine et partiellement au Brésil en occupant une station de pompage d'un gazoduc du sud de la Bolivie.

Le porte-parole du gouvernement Yvan Canelas a accusé à nouveau les gouverneurs régionaux opposés au président Morales, de "chercher la guerre civile" au moyen d'"un affrontement avec les militaires et la police".

Des affrontements avec les forces de l'ordre avaient fait plusieurs blessés mardi soir à Santa Cruz (est), la région la plus riche du pays andin, et à Tarija (sud), province détenant la majorité des réserves d'hydrocarbures.

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Bolivie : les tensions font 8 morts et provoquent une crise avec Washington


LA PAZ (AFP) - 12/9/8 - Les Etats-Unis ont décidé jeudi d'expulser l'ambassadeur de Bolivie à Washington en réponse à l'expulsion de leur ambassadeur à La Paz alors que les tensions dans le pays ont fait au moins huit morts.

Quelques heures auparavant, le président Evo Morales a imposé un ultimatum de départ à l'ambassadeur américain en Bolivie, Philip Goldberg.

Celui-ci dispose de 48 à 72 heures pour quitter le pays à partir de ce jeudi après y avoir été déclaré la veille "persona non grata" par le président Evo Morales, a déclaré le ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca.

Alors que les manifestations anti-gouvernementales se poursuivent dans les cinq régions du pays, les heurts entre partisans du gouvernement socialiste et militants d'opposition ont fait jeudi au moins huit morts et plusieurs blessés dans le département de Pando (nord) selon le vice-ministre de l'intérieur Ruben Gamarra.

Devant les affrontements sporadiques mais violents en Bolivie, le président vénézuélien Hugo Chavez, proche allié de M. Morales, s'est autorisé lui-même à intervenir en Bolivie. "Si Evo était renversé ou tué, qu'ils sachent, les putchistes de Bolivie, qu'ils m'ont donné le feu vert pour soutenir tout mouvement armé" a prévenu M. Chavez dans un message télévisé tout en assurant qu'il voulait la paix.

Face aux manifestations anti-gouvernementales, le chef de l'Etat bolivien a averti l'opposition que "la patience a des limites". "Nous allons faire preuve de patience, de prudence, comme toujours tenter d'éviter la confrontation, nous allons faire le gros dos, mais la patience a des limites", a-t-il affirmé.

Le président socialiste avait exigé mercredi l'expulsion de l'ambassadeur américain, Philip Goldberg, accusé d'encourager les divisions.

"La décision du président Morales est une grave erreur qui a sérieusement mis à mal les relations bilatérales" a rétorqué jeudi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack.

En signe d'apaisement, le ministre bolivien de la présidence, Juan Ramon Quitana, a assuré jeudi que la déclaration de persona non grata de l'ambassadeur n'entraînait pas "nécessairement" la rupture des relations diplomatiques.

Le gouvernement de gauche a dénoncé une "menace de guerre civile" de la part de "groupes fascistes".

Evo Morales, premier président indigène de l'histoire de la Bolivie, tenant de l'anti-libéralisme, est confronté depuis des mois à la fronde de cinq des neuf gouverneurs provinciaux, qui refusent un projet de constitution qualifiée d'"étatiste et indigéniste" par les opposants de droite qui réclament la reconnaissance des autonomies régionales.

Ce projet devrait être soumis à un référendum le 7 décembre.

Depuis mardi, des manifestations sporadiques mais violentes, notamment de la part de groupes étudiants, ont éclaté dans les provinces de Santa Cruz, dans l'est du pays, et Tarija (sud), en soutien aux gouverneurs autonomistes de ces régions.

L'ambassadeur américain, Philip Goldberg, était depuis plusieurs mois dans la ligne de mire des autorités. Il n'a pas spécialement "le profil bas et incarne une diplomatie dure", a déclaré à l'AFP Hervé Do Alto, chercheur en sciences politiques basé à La Paz, estimant que la décision de le déclarer persona non grata faisait partie d'"un processus qui n'a rien de surprenant".

A plusieurs reprises, le gouvernement s'en était pris à l'ambassadeur à propos du rôle que les Etats-Unis entendent jouer dans la lutte contre la culture de la coca, qui sert à la fabrication de la cocaïne. Il avait également accusé l'USAID de rétribuer les opposants de droite.

Le gouvernement a été surtout irrité par une récente rencontre entre l'ambassadeur américain et le gouverneur de Santa Cruz, Ruben Costas, le plus farouche opposant libéral au président Morales.

L'approvisionnement du Brésil en gaz naturel a une nouvelle fois diminué jeudi à cause de la prise de contrôle par les manifestants d'une nouvelle station de pompage dans la région de Chuquisaca (sud-ouest) opéré par la compagnie franco-brésilienne Transierra.

Depuis trois jours la Bolivie ne parvient à fournir au Brésil que 11 millions de Mètres cubes par jours (MMCJ) sur un total de 31 MMCJ prévus.

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«Des forces obscures de l'Empire [US-OTAN] ont conspiré contre le gouvernement de Morales»

Le Honduras et le Nicaragua soutiennent la Bolivie et le Vénézuéla

TEGUCIGALPA - AP - 13/9/8 - Le Honduras a reporté vendredi sa réception des lettres de créance du nouvel ambassadeur des Etats-Unis, Hugo Llorens, à Tegucigalpa, en solidarité avec le Vénézuéla et la Bolivie qui ont demandé à leur ambassadeur américain de quitter leur capitale.

Le président hondurien, Manuel Zelaya, a déclaré pendant une conférence de presse, que son pays ne romptait pas ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis, mais que les petites nations devaient se serrer les coudes.

Le porte-parole de la Maison blanche, Sean McCormack, a condamné les expulsions des ambassadeurs américains des pays d'Amérique du Sud.

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, un allié proche d'Evo Morales, a dit qu'il soutenait la Bolivie, même s'il n'a pas encore annoncé s'il allait lui aussi prendre une décision à l'encontre de son ambassadeur des Etats-Unis.

"Des forces obscures de l'empire ont conspiré contre le gouvernement de Morales", avait déclaré Daniel Ortega, jeudi, faisant référence aux Etats-Unis. AP

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Evo Morales déclare l'ambassadeur US «persona non grata» pour menées séparatistes

 

ALTERINFO - 12/9/8 - Depuis le moment où cet article à été publié, le Président Vénézuélien Hugo Chavez a décidé, par solidarité avec la Bolivie et pour les mêmes raisons sur le fond, d'expulser également son ambassadeur américain. Par ailleurs, on apprend que les séparatistes boliviens ont massacré hier 7 paysans (chiffre provisoire car d'autres paysans ont été enlevés) dans la localité de El Porvenir dans la région de Pando.

 

Evo Morales, Président constitutionnel de la Bolivie


La Paz - Le président Evo Morales a déclaré ce mercredi l’ambassadeur des Etats-Unis, Philip Goldberg, «persona non grata» pour avoir conspiré contre la démocratie et favorisé la division de la Bolivie, et il a donné comme instruction au chancelier David Choquehuanca de notifier immédiatement au diplomate l’obligation de quitter le pays.
«Sans crainte de personne, sans crainte de l’empire, aujourd’hui devant le peuple bolivie, je déclare monsieur (Philip) Goldberg, ambassadeur des Etats-Unis, persona non grata», a déclaré Evo Morales au Palais Quemado à l’occasion du lancement du programme «Mon Premier Emploi», lequel a pour objectif d’augmenter les possibilités d’emploi pour les jeunes dans le pays.


Le chef de l’état a en outre donné comme instruction au chancelier bolivien, conformément aux règles légales et diplomatiques, de faire connaître dans la même journée à Philip Goldberg la décision du gouvernement bolivien et de son Président constitutionnel afin qu’il s’en retourne dans son pays.
«Nous ne voulons pas de gens qui favorisent le séparatisme et la division, ni qui conspirent contre l’unité du pays; nous ne voulons pas de gens qui portent atteinte à la démocratie», a affirmé le Mandataire [Evo Morales], au moment où il recevait les applaudissements des dizaines de personnes qui assistaient à la la réunion.
Dans toute l’histoire bolivienne, jamais un Président de la République n’avait déclaré «persona non grata» un ambassadeur américain; bien au contraire les diplomates de cette nation avaient tellement d’influence dans la politique interne de la Bolivie qu’ils allaient jusqu’à décider de la nomination des ministres, un fait que le Mandataire lui-même a dénoncé à plusieurs reprises.
À quelques heures du retour des Etats-Unis, mardi dernier, du dirigeant civil Branco Marinkovic, des hordes d’autonomistes et de délinquants ont semé la haine, la terreur, le pillage et causés des affrontements dans le centre de la ville de Santa Cruz et dans d’autres régions de la zone appelée «la demi-lune», prenant d’assaut des organismes d’état qui ont été pratiquement détruits.
Le mardi et le mercredi, les autonomistes et les délinquants ont pillé dans Santa Cruz l’Institut National de la Réforme Agraire (INRA), le Service des Impôts Nationaux (SANS), l’Entreprise Nationale de Télécommunications (Entel) et la Télévision bolivienne, le Centre d’Études Juridiques et de Recherche Sociale (CEJIS), et ont brûlé la porte du bâtiment de Radio Patria Nueva.
Dans d’autres régions de «la demi-lune» [les émeutiers] ont envahi plusieurs postes de douane, trois aéroports, la Superintendance des Hydrocarbures; ils ont attenté contre le gazoduc servant à l’exportation [de gaz] vers le Brésil; en Tarija, ils ont tenté de prendre d’assaut le Marché Paysan où fonctionne le Réseau Patria Nueva.


Goldberg - Kosovo
Le Président de la République a rappelé que l’actuel ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie, avant d’être accrédité dans le pays, avait été chef de la mission américaine à Pristina, au Kosovo, d’où il a consolidé le démembrement de ce qui avait été la Yougoslavie.
Goldberg avait présenté ses lettres de créances devant le président Evo Morales le 13 octobre 2006 avec un retard de deux semaines.
Mais trois mois avant son arrivée en Bolivie, alors qu’il était encore encore à Pristina comme chef de la mission des Etats-Unis au Kosovo, il se disait déjà que le nouvel ambassadeur américain désigné par George Bush pour la Bolivie viendrait pour prendre parti dans le processus séparatiste qui commençait à se développer pour abattre le régime bolivien, comme l’avaient alors expliqué plusieurs médias.
Evo Morales a déclaré aujourd’hui que dans le pays Goldberg représentait l’autorité externe (diplomatique) qui organise la division de la Bolivie et qui conspire contre la démocratie et l’unité du pays.
«Celui qui conspire contre la démocratie et surtout qui cherche à diviser la Bolivie, c’est l’ambassadeur des Etats-Unis, je veux vous le dire, soeurs et frères, ce monsieur est un expert pour ce qui est d’encourager les conflits séparatistes», a dénoncé le Président.


Qui est Goldberg ?
Selon le curriculum vitae distribué officiellement par l’Ambassade des Etats-Unis à La Paz, Philip Goldberg a pris part aux débuts de la guerre civile yougoslave qui a explosé dans la décennie des années 90, jusqu’à la chute et à la mise en accusation du président serbe Slobodan Milosevic.
Entre 1994 et 1996 il s’est activé comme «fonctionnaire interne» du Département d’État en Bosnie, période dans laquelle a explosé le conflit entre les séparatistes albanais et les forces serbes et yougoslaves.
Dans cette même période il a travaillé comme collaborateur particulier de l’ambassadeur Richard Holbrooke, celui qui a été l’artisan de la désintégration de la Yougoslavie et de la chute de Milosevic. «Dans cette dernière fonction», a informé l’ambassade américaine «il a été membre de l’équipe de négociateurs américains dans la préparation de la conférence de paix de Dayton et chef de la délégation américaine à Dayton».
L’Ambassadeur Goldberg a aussi été fonctionnaire politique et économique à Pretoria en Afrique du Sud, puis ensuite fonctionnaire consulaire et politique à l’ambassade des Etats-Unis à Bogota en Colombie, où il a commencé à s’investir dans la politique latino-américaine.
Après avoir exercé la charge de conseiller à l’ambassade des Etats-Unis à Santiago du Chili de 2001 à 2004, Goldberg est retourné dans les Balkans pour diriger la mission américaine à Pristina, la capitale du Kosovo, où il a soutenu la mise en accusation devant le Tribunal de la Haye de l’ex-dictateur Milosevic (décédé le 11 mars 2006.

Du Kosovo à la Bolive
Selon les articles de presse, avant sa nomination en Bolivie, Goldberg a travaillé depuis le Kosovo pour la séparation entre la Serbie et le Montenegro qui s’est produite en juin de l’année passée et qui était le dernier symptome de la disparition de la Yougoslavie.
La disparition de la Yougoslavie s’est déroulée tout au long d’une sanglante décennie de guerre civile enclenchée à partir de processus «de décentralisation» et «d’autonomies» qui se sont finalement imposés avec l’intervention militaire américaine et la présence de troupes de l’OTAN et des nations unies qui ont occupé les Balkans pour «pacifier» la région.
La guerre civile yougoslave a eu comme caractéristique principale le «nettoyage éthnique» qui a consisté à expulser et détruire les anciens groupes éthniques qui composaient les territoires de l’ex-Yougoslavie. La plus cruelle de cette extermination ethnique s’est produite entre Serbes et Croates.


La Bolivie souffre actuellement d’un processus exacerbé de racisme et de menées séparatistes, très semblables à ce qui s’est produit dans les Balkans et qui s’est développé depuis la ville orientale de Santa Cruz où commande une élite composée, entre autres, par des chefs d’entreprise d’origine croate qui ont créé un mouvement fédéraliste appelé «Nation Camba».
Un des principaux chefs de ce mouvement séparatiste est Branco Marinkovic, chef d’une entreprise agro-industrielle et partenaire de capitalistes chiliens, qui est à la tête du Comité Civique de Santa Cruz, entité qui dirige ces menées séparatistes en exerçant de fortes pressions contre le gouvernement d’Evo Morales.


10 septembre 2008 - Agencia Boliviana de Informacion - Vous pouvez consulter cet article à : http://abi.bo/index.php?i=noticias_...
Traduction de l’espagnol : Brisa Marina

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Bolivie : 16 morts dans des affrontements, Morales recroise le fer avec les Etats-Unis


Par Philippe ZYGEL

 

LA PAZ (AFP) - 13/9/8 - Confronté à la pire crise de son régime, le président bolivien Evo Morales a recroisé samedi le fer avec les Etats-Unis, après avoir imposé la loi martiale dans une région rebelle du pays où les affrontements ont fait 16 morts cette semaine.

Le bilan des affrontements entre partisans et adversaires du président bolivien Evo Morales survenus cette semaine dans un village de la région de Pando (nord) a été révisé à la hausse à 16 morts, a annoncé samedi le gouvernement bolivien.

Au moment où les troupes tentaient de reprendre le contrôle de la région de Pando, dans le nord, en proie à de graves affrontements, le dirigeant socialiste a tenu à justifier l'expulsion de l'ambassadeur américain, accusé de fomenter son renversement.

Le renvoi du diplomate "obéit à la lutte des peuples indigènes, pas seulement en Bolivie, mais dans toute l'Amérique latine, qui ont combattu pendant 500 ans tous les empires", a lancé M. Morales, proche allié du président vénézuélien Hugo Chavez, qui a aussi renvoyé l'ambassadeur "yankee".

"Là où il y a l'empire, il n'y a pas de développement. Quand les empires dominent un pays, il n'y a pas de sursaut, pas d'indépendance, pas de dignité", a asséné le chef de l'Etat bolivien depuis le palais présidentiel de La Paz, où il a remercié la communauté internationale pour "sa grande solidarité".

La président chilienne Michelle Bachelet a annoncé samedi une réunion extraordinaire de l'Union des Nations sud-américaines (Unasur) pour "soutenir les efforts du gouvernement bolivien".

L'Argentine et le Brésil, dépendants des exportations de gaz bolivien, ont également appuyé le régime de La Paz.

Les Etats-Unis ont expulsé les ambassadeurs bolivien et vénézuélien, en mesure de représailles.

Premier dirigeant amérindien de Bolivie, élu en 2006, M. Morales, un ancien planteur de coca de 48 ans, est confronté à une vague de violences dans les régions riches, dont les gouverneurs réclament un statut d'autonomie.

L'armée a difficilement repris samedi le contrôle de l'aéroport de Cobija, capitale de Pando, après un assaut nocturne contre des manifestants armés qui ont abattu un soldat, selon le ministre bolivien de la Défense, Walker San Miguel.

Des groupes armés occupent toujours des bâtiments publics et les rafales d'armes automatiques continuent de retentir, a rapporté la radio d'Etat Patria Nueva. En raison de l'état de siège, les réunions politiques y sont interdites, ainsi que le port d'arme ou la circulation de nuit en groupe dans la région.

Sous la pression de l'ONU, de l'Organisation des Etats américains (OEA) et de l'Union européenne, le gouvernement de M. Morales et un porte-parole de l'opposition ont tenu une réunion marathon au palais présidentiel de La Paz.

"Nous sommes convenus de la nécessité de parvenir à la pacification du pays" et "à la réconciliation nationale", a déclaré Mario Cossio, gouverneur de la province de Tarija (sud), avant de consulter les autres provinces tenues par l'opposition, Santa Cruz (est), Chuquisaca (sud-est), Pando et Beni (nord).

Ces provinces rejettent le projet de Constitution socialiste et le projet de réforme agraire que M. Morales veut faire adopter par référendums dans ce pays de 10 millions d'habitants, le plus pauvre d'Amérique du sud, habitué aux coups d'Etat.

L'instauration de la loi martiale a provoqué une levée de boucliers dans l'opposition. "Nous n'allons pas permettre cet état de siège", a déclaré le gouverneur de Pando, Leopoldo Fernandez.

La crise fait aussi ressurgir les tensions ethniques dans ce pays fracturé entre partisans du chef de l'Etat, en majorité des paysans pauvres des Andes, et la population métisse ou blanche qui vit dans les plaines de l'est et du sud où sont concentrées les terres fertiles et les hydrocarbures.

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Bolivie : les paramilitaires commettent un massacre

Agencia Boliviana de Informacion


ABI - 12/9/8 - A Cobija, les paysans sont tombés dans une embuscade tendue par les paramilitaires et Fernandez [préfet de la province de Pando qui refuse l’autorité centrale bolivienne et est entré en sédition en s’appuyant sur des groupes paramilitaires] a menti au sujet du massacre.

Un pont situé à sept kilomètres de Porvenir, où un millier de paysans marchaient vers Cobija en signe de protestation contre la violence initiée par le préfet, Leopoldo Fernández, a été la scène du massacre que des paramilitaires, entraînés et financés par le «cacique» pandino, ont commis jeudi contre des gens sans défense.

Les faits ont contredit le préfet Fernandez, qui avait assuré qu’il s’agissait d’un affrontement armé «déclenché» par le gouvernement.

Roberto Tito, l’un des travailleurs ruraux qui était sur ce pont lorsque le carnage a commencé contre les gens sans défense, a témoigné qu’ils marchaient sans armes, lorsqu’ils ont entendu les coups de feu et que des gens ont commencé à tomber mortellement blessés.

Les tireurs d’élite perchés à la cime des arbres tirèrent sur la foule sans regarder s’il y avait des enfants ou des femmes qui marchaient avec les paysans dont les seules armes étaient des bâtons et des machettes.

«Nous étions sans armes, au contraire de ce qu’ils disent. Nous nous sommes arrêté environ sept kilomètres avant Porvenir et ensuite ils nous ont attaqués lorsque nous étions à la hauteur du pont; ils nous ont tendu une embuscade et ont commencé à tirer avec des mitraillettes automatiques», a dit Tito, en deuil d’au moins 10 de ses camarades, car jusqu’à ce vendredi on a signalé un nombre indéterminé de victimes.

«Les camarades ont couru de tous les côtés. Ils n’ont épargné ni les enfants ni les femmes. Ca a été un massacre de paysans, c’est quelque chose qu’on ne doit pas tolérer», a déclaré le travailleur.

Le témoignage de Tito est appuyé par la version du sénateur Abraham Cuellar, qui a assuré que, à la hauteur du pont Cachuelita, il y avait un trou de 10 mètres de large et de profondeur afin de ne laisser passer ni les camions ni les gens. C’est dans ces circonstances qu’a commencé le carnage.

« Les gens qui étaient à pied ont été pris dans une embuscade préparée par la préfecture, réalisée avec de l’armement militaire, et le terrible résultat est qu’il y a eu de nombreux morts du côté des paysans, dont la majorité appartiennent aux communes de cette région, qui n’appartiennent pas au MAS (Mouvement d’Action Socialiste), mais qui font partie d’organismes qui soutiennent le gouvernement », a dit Cuellar.

Paramilitaires de Léopold Fernandez

Déjà en Septembre 2006, la ministre du gouvernement de l’époque Alicia Muñoz, avait dénoncé le fait que le préfet Leopoldo Fernández entraînait à Cobija au moins une centaine de paramilitaires, sous le couvert de la création d’une force «pour la sécurité publique.»

Bien que Fernandez ait nié la vérité de cette accusation, pour laquelle Munoz avait des preuves comme des photographies et des enregistrements vidéo, le chef de la sécurité des citoyens de la préfecture de Pando, Alberto Murakami, a admis la formation de civils.

Murakami a ensuite affirmé qu’il s’agissait d’une centaine de «voisins» formés pour effectuer les travaux de surveillance, à cause de la montée de la «délinquance» et du «manque d’effectifs dans la police.»

Munoz a avancé comme preuve que les préfets séditieux n’avaient pas respecté la loi comme ils l’avaient prétendu. Le temps puis le massacre de personnes sans défense ont malheureusement donné raison à cet ancien haut fonctionnaire de l’Etat.

En effet, deux ans plus tard, ces soldats de la « sécurité publique » ont accompli pleinement le rôle pour lequel ils ont été formés : ils ont tiré contre des gens sans défense. De plus, les paramilitaires, dont beaucoup de Brésiliens, ont séquestré ceux qui n’ont pu s’échapper.

Les victimes se sont échappées dans la montagne

Au moment du massacre les paysans n’ont eu qu’une seule alternative pour sauver leur vie et ils se sont retranchés dans la montagne, tandis que les paramilitaires déchargaient leurs armes sur la foule.

« Ce sont des gens de la préfecture et du service départemental des routes qui sont bien armés avec des mitrailleuses et avec parmi eux des tireurs d’élite, parce que du haut des arbres ils tiraient sans danger pour eux », dit Tito.

L’accusation du leader paysan a été corroborée par le sénateur Abraham Cuellar, qui a dit que ce vendredi, 24 heures après le massacre, la persécution des paramilitaires contre les paysans pandinos se poursuivait.

«Nous savons qu’il existe une persécution implacable à Philadelphie et Cachuelita, qui sont des provinces voisines de Cobija; les assassinats continuent, ils continuent de tuer des gens, des gens désarmés», a déclaré le député.

Il a accusé les assassins engagés par la préfecture de Pando et qui sont même armés de mitrailleuses, ce qui a obligé au moins une centaine de personnes à passer la frontière avec le Brésil pour y cehrcher refuge.

C’est un massacre

Dans ce contexte, il est évident qu’aujourd’hui même un grand nombre de personnes était encore sur la route de Porvenir - Puerto Rico, Porvenir - Philadelphie, et Porvenir - Cobija.

«Il y a des gens dans les montagnes et ils sortent sur la route pour chercher de l’aide, et c’est là qu’ils sont découverts, battus ou tués», a dénoncé Cuellar.

Par conséquent, le législateur a demandé en urgence que les autorités nationales prennent les mesures appropriées » pour sauver des vies qui sont en danger."

«Ce qui s’est passé c’est un massacre impressionnant, c’est un massacre, c’est un génocide contre des personnes innocentes, des personnes désarmées, des maires, des conseillers, des dirigeants paysans et de quartier sont persécutés », dit-il.

Aux plaintes de Cuellar s’en ajoutent d’autres qui ont signalé que dans la matinée de ce vendredi on avait trouvé d’autres corps dans la montagne et dans les rivières de cette région, bien que celles-ci n’aient pas été officiellement confirmées par les autorités.

L’impôt direct sur les hydrocarbures (IDH) n’est qu’un prétexte

Dans ce contexte, la mobilisation des gens de la préfecture, des paramilitaires et sicaires [tueurs à gages] recrutés par le préfet Fernandez, prétenduement pour réobtenir 30% des ressources de l’impôt direct sur les hydrocarbures, n’est qu’une façade pour mener une dure répression.

«Pando reçoit 8000 Boliviens par an et par personne tandis que chaque habitant de La Paz reçoit 240 boliviens venant de l’IDH, alors l’argument ne tient pas ; la vérité est qu’à Pando également il y a des problèmes de terre -; les terres sont privées, les paysans sont étranglés, et ce qui est en cause c’est les ambitions du préfet», accuse Cuellar.

Publié par Info-Palestine.net
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Traduction de l’espagnol : Charlotte

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Evo Morales suspend les opérations anti-drogue américaines en Bolivie

AP - 2/11/8 - Les relations entre Washington et La Paz se sont encore détériorées samedi : le président bolivien Evo Morales a suspendu les opérations du Service américain de lutte contre le narcotrafic (DEA), l'accusant d'espionnage et de soutien à des groupes criminels qui complotent contre son gouvernement.

Il a annoncé cette suspension sine die, tout en précisant que La Paz avait éradiqué depuis le début de l'année plus de 5.000 hectares de plantation illégale de coca, le minimum requis par une loi adoptée par la Bolivie en 1988 sous pression américaine.

L'ambassadeur des Etats-Unis à La Paz a récemment été expulsé.

"Des agents du DEA travaillaient à de l'espionnage politique et au financement de groupes criminels afin qu'ils puissent attenter à la vie de membres des autorités, si ce n'est du président", a accusé Evo Morales.

Comme le DEA ne peut pas poursuivre sa mission, les Etats-Unis ont inscrit la Bolivie sur la "liste noire du trafic de drogue" [sic], mettant ainsi fin à certaines préférences commerciales.

La Bolivie, qui est le pays le plus pauvre d'Amérique latine, pourrait perdre à cause de cela jusqu'à 20.000 emplois.

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L'analphabétisme pratiquement éliminé en Bolivie, selon Evo Morales

Reuters - 21/12/8 - Le président bolivien Evo Morales a assuré que l'analphabétisme avait pratiquement disparu de Bolivie, au terme d'un projet en vigueur depuis trois ans, parrainé par Cuba et le Venezuela, deux alliés du pouvoir socialiste de La Paz.

Ce programme a permis à 820.000 personnes d'apprendre à lire et à écrire. Environ 97% de la population adulte de Bolivie, le pays le plus pauvre d'Amérique latine, peut désormais lire et écrire, ont déclaré les responsables du projet.

"Grâce à l'aide de nos frères du Venezuela et de Cuba, aujourd'hui, nous éradiquons l'analphabétisme dans notre pays", a dit Morales au cours d'une cérémonie tenue pour annoncer que l'objectif avait été pour ainsi dire atteint.

Le projet a été mené à bien par des volontaires boliviens, vénézuéliens et cubains qui, par milliers, ont enseigné la lecture et l'écriture, essentiellement dans les zones rurales, en appliquant une méthode d'alphabétisation mise au point à Cuba.

Si la majeure partie des étudiants en Bolivie apprennent l'espagnol, 37.000 personnes ont appris à lire et écrire dans leurs langues indiennes, l'aymara et le quecha, grâce à ce programme.

Morales, qui est un Indien aymara, a rappelé que son père, comme la plupart des Indiens des campagnes dans les années 50, savait à peine écrire et lire et avait besoin de l'aide des instituteurs du village pour comprendre certains textes.

"Le projet bolivien est un exemple et sans aucun doute il incitera d'autres pays à mettre en oeuvre des programmes analogues", a déclaré un responsable de l'Unesco, Edouard Matoko, au cours de la cérémonie.

Environ 774 millions de personnes, soit un adulte sur cinq au monde, ne savent toujours ni lire ni écrire, selon des chiffres fournis par l'Unesco.

Eduardo Garcia, version française Eric Faye

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Pouvoir indigène en Bolivie

Copyright © 2009 Reuters

 

"Oui" à la constitution en Bolivie mais la droite ne désarme pas

Par Terry Wade

Reuters - 26/1/9 - Les électeurs boliviens ont approuvé dimanche par référendum une nouvelle constitution socialiste favorable aux indigènes, renforçant le président Evo Morales face à une opposition de droite qui ne baisse pas les bras.

Le "oui" l'emporte avec environ 60% des voix, selon les projections, soit sept points de moins que lors du référendum d'août dernier qui a confirmé Morales, le premier président indien du pays, à son poste.

"Maintenant, les exclus, ceux qui sont tenus à l'écart ont les mêmes droits que le reste de la population", a lancé dimanche soir un Morales radieux à la foule rassemblée devant le palais présidentiel de La Paz.

L'opposition de droite entend cependant poursuivre son offensive contre le chef de l'Etat et devrait mener une guerre de tranchées au parlement pour bloquer la mise en application de certaines réformes.

"Le vote 'non' a réussi à freiner les fous qui voulaient détruire notre pays", a déclaré le chef de cette opposition, Ruben Costas, satisfait du recul du soutien populaire à Morales par rapport à août dernier.

La nouvelle Loi fondamentale doit notamment autoriser le président Morales à briguer un second mandat cette année et accorde une meilleure représentation aux Indiens au Congrès.

Elle devrait en outre renforcer le contrôle étatique de l'économie, après une première vague de nationalisations dans les secteurs énergétique ou des télécoms.

Le texte installe ainsi une mainmise gouvernementale sur les ressources naturelles - qu'il s'agisse du gaz ou terres agricoles - et limite à 5.000 hectares la taille des exploitations.

"CODE MORAL"

Cette disposition n'affecte cependant pas les propriétés existantes, comme le prévoyait le projet initial de Morales, combattu avec virulence par les exploitants les plus riches.

Avec cette révision constitutionnelle, Morales poursuit l'offensive politique de la gauche sud-américaine en s'inscrivant dans les pas de ses homologues vénézuélien Hugo Chavez et équatorien Rafael Correa.

Les deux dirigeants socialistes ont eux aussi fait modifier la charte fondamentale de leur pays pour étendre leur pouvoir, combattre les inégalités ou mieux contrôler les ressources naturelles.

Le référendum a été largement approuvé dans les montagnes de l'ouest du pays, peuplée très majoritairement d'indigènes, alors que les populations métisses des plaines orientales ont plutôt vote contre.

Quatre des neuf provinces ont rejeté le texte, selon les sondages sortis des urnes.

Après des siècles de discriminations, les Indiens de Bolivie voient dans cette nouvelle constitution un moyen de renverser les structures traditionnelles du pouvoir, habituellement détenu par les élites descendant des colons européens ou métisses.

Edulcorée par Morales, qui souhaitait pouvoir briguer un troisième mandat s'il est réélu, mais s'est heurté à la puissante opposition de droite, la nouvelle constitution offre aux Indiens une meilleure représentation au Congrès.

Elle consacre en outre le code moral des Aymara - communauté dont est issu le chef de l'Etat -, "Ne soit pas fainéant, ne ment pas, ne vole pas", qui devient le principe éthique du pays.

Les pratiques spirituelles des Indiens s'en trouvent protégées par la loi et les communautés indigènes obtiennent le droit de poursuivre les criminels conformément aux traditions pré-colombiennes.

Certains responsables politiques seront en outre tenus, dans des circonstances définies, de parler le dialecte indigène.

Avec Diego Ore, version française Henri-Pierre André, Grégory Blachier et Guy Kerivel

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Bolivie : Morales proclame la "refondation" après sa victoire au referendum

Raul BURGOA

AFP - 26/1/9 - Le président bolivien de gauche, Evo Morales, a proclamé dimanche soir la "refondation de la Bolivie", plus tournée vers le monde indigène, après avoir obtenu dimanche par plus de 60% l'adoption par référendum d'une nouvelle Constitution, ont annoncé les chaînes de télévision.

Toutefois ce pays andin de 10 millions d'habitants demeure coupé en deux, l'opposition de droite ayant rejeté fermement le texte dans cinq régions plus tentées par l'autonomie.

Visiblement satisfait, le premier président indigène de Bolivie a proclamé du balcon présidentiel "la refondation de la Bolivie" et la fin de l'Etat colonial (...) grâce à la conscience du peuple bolivien".

"C'est la fin des immenses exploitations agricoles et des grands propriétaires", a-t-il ajouté devant une foule joyeuse massée sur la place d'Armes.

Cette constitution donne une place prépondérante aux communautés indigènes, à la justice sociale et au rôle de l'Etat.

Le texte, approuvé au niveau national par environ 60% des votes selon les derniers décomptes donnés dans la nuit de dimanche à lundi par les télévisions, est rejeté dans les cinq régions autonomistes de droite: Santa Cruz (est), Tarija et Chuquisaca (sud), et Pando et Beni au nord.

Selon la chaîne Unitel, le oui l'emporte au niveau national par environ 60% contre 40% dans l'ensemble du pays mais le non l'emporte dans la région de Santa Cruz, la plus riche du pays, par plus de 70% des voix. Dans les régions andines, les plus pauvres du pays, le oui arrive largement en tête.

La gouverneure de la région de Chuquisaca (sud-est), une indigène opposée au gouvernement de gauche, a appelé à la "désobéissance" face à cette nouvelle Constitution.

Mme Savina Cuellar s'est brouillée l'an dernier avec M. Morales, exigeant que Sucre (la capitale régionale) retrouve son rôle de capitale de la Bolivie.

Cette victoire permet à M. Morales d'entreprendre des changements profonds et de briguer un nouveau mandat fin 2009.

Dans la matinée, Evo Morales s'était rendu sans escorte au volant de son 4X4 blindé dans un village du Chapare (centre), son bastion politique, où il a voté.

Le président socialiste a averti que les changements seraient "irréversibles". Le projet de Constitution, qui donne un large espace au monde indigène aymara et quechua, renforce aussi les pouvoirs et prérogatives de l'Etat notamment sur les ressources naturelles du pays.

La Constitution prévoit aussi que l'Etat bolivien se sépare de l'Eglise catholique en devenant "indépendant" des religions qu'il reconnaît toutes mais sans statut particulier pour l'une d'entre elles.

Les gouverneurs des régions de Santa Cruz (est), Chuquisaca, Tarija (sud) et Pando (nord), dominées par l'opposition, avaient appelé à voter non, jugeant trop faible la place accordée à l'autonomie régionale sur laquelle ils avaient eux-mêmes organisé des référendums locaux non reconnus par le pouvoir central.

Le texte initial, qui a fait l'objet d'âpres négociations au Sénat entre l'opposition de droite et le gouvernement socialiste, a pourtant été largement remanié. Plus de 150 articles sur 400 ont été modifiés pour que le Sénat, dominé par la droite, accepte l'organisation du référendum.

Le mandat de M. Morales, élu en décembre 2005 avec 53% des voix, a été confirmé lors d'un référendum révocatoire en août 2008 avec 67% des suffrages.

Mais les affrontements autour du projet de Constitution ont mené le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud au bord de la guerre civile.

M. Morales devrait convoquer des élections générales en décembre 2009. Il pourra être réélu pour un seul nouveau mandat de cinq ans.

Les électeurs ont aussi voté pour que la taille maximale autorisée pour les grandes exploitations agricoles soit de 5.000 hectares.

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Le président bolivien Evo Morales et son homologue russe Dmitri Medvedev
au Kremlin le 16 février 2009

Copyright © 2009 AFP

 

La Russie et la Bolivie scellent leur coopération énergétique et militaire

Marina LAPENKOVA

AFP - 16/2/9 - La Russie et la Bolivie ont scellé lundi leur coopération militaire et énergétique lors de la visite à Moscou du président bolivien Evo Morales, Moscou réaffirmant ainsi sa présence en Amérique latine, une zone où les Etats-Unis exercent traditionnellement une forte influence.

La coopération avec l'Amérique latine, et notamment avec la Bolivie, est "un choix conscient fait par la Russie" qui ne "vise pas à entrer en concurrence avec qui que ce soit", a déclaré le président russe Dmitri Medvedev dans une allusion claire aux Américains.

"Nous voulons créer un système (international) plus juste", a-t-il ajouté lors de la signature au Kremlin d'une série d'accords bilatéraux.

M. Morales, premier dirigeant bolivien à se rendre en Russie, a de son côté salué le "retour de la Russie en Amérique latine" disant apprécier son rôle "pour l'établissement d'un monde multipolaire".

Il a remercié son homologue russe de son accueil, estimant qu'un "Indien ne méritait pas un tel accueil. J'ai été impressionné par vos forces armées", a ajouté M. Morales, 59 ans, d'origine indienne.

Il a estimé que sa visite en Russie était "historique" et constituait un évènement "inoubliable" pour son peuple et son pays.

Il s'est aussi dit prêt à "travailler ensemble pour sauver l'humanité", avec la Russie, "une des puissances mondiales".

Les deux pays ont signé des accords de coopération militaro-technique, sur la lutte contre le trafic de drogue et une déclaration commune qui prévoit un renforcement de la coopération énergétique.

"La Russie contribuera à la construction de gazoducs et à l'exploration de gisements en Bolivie", a déclaré M. Medvedev.

Gazprom pourrait investir trois milliards de dollars dans l'exploration de nouveaux gisements d'hydrocarbures en Bolivie, rapportait lundi le quotidien russe Kommersant citant des sources au sein du groupe russe ajoutant qu'un accord dans ce sens était en préparation.

Gazprom est déjà présent dans ce pays qui possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz d'Amérique latine (1,34 Mds de m3), derrière le Venezuela.

L'accord militaire prévoit notamment des livraisons à d'hélicoptères russes à La Paz. "Dans l'avenir la liste de produits pourrait s'élargir", a déclaré M. Medvedev.

La lutte antidrogue aux côtés de Moscou est cruciale pour la Bolivie, troisième producteur mondial de cocaïne, d'autant plus que M. Morales a cessé en novembre la coopération dans ce domaine avec les Etats-Unis qui étaient jusqu'à présent le principal partenaire de la Paz dans ce domaine.

Evo Morales a affirmé en novembre que l'Agence antidrogue américaine (DEA), dont il a ordonné l'expulsion, ne reviendrait pas en Bolivie tant qu'il serait au pouvoir.

Cet accord "illustre le succès de Moscou en Amérique latine, pré carré traditionnel des Etats-Unis", analysait Kommersant.

La Russie cherche à réaffirmer sa présence en Amérique latine, où M. Medvedev s'est rendu en tournée fin novembre, au moment où des manoeuvres marines militaires communes russes et vénézuéliennes se tenaient au large du Venezuela. Ces exercices ont marqué le retour de la présence militaire de Moscou dans les Caraïbes depuis la fin de la guerre froide.

En marge du sommet au Venezuela, MM. Medvedev et Morales ont eu une brève rencontre au cours de laquelle le président russe avait invité son homologue à se rendre en Russie.

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Evo appelle Obama à changer la politique des Etats-Unis en Amérique latine

 

AFP - 16/2/9 - Le président bolivien Evo Morales a estimé lundi que sa visite "historique" à Moscou allait encore changer le rapport de forces en Amérique et pousserait le président américain Barack Obama à revoir la politique de son prédécesseur en Amérique latine.

Les Boliviens sont "impressionnés par le fait qu'une puissance mondiale (la Russie) ait consacré un peu de temps à un petit pays comme la Bolivie", a déclaré M. Morales lors d'une conférence de presse à l'issue de sa visite à Moscou.

Grâce à la Russie qui "est aux côtés" des pays d'Amérique latine, "les relations avec les Etats-Unis commencent à changer", a estimé M. Morales.

Il s'est également félicité de la victoire du président Hugo Chavez, bête noire des Etats-Unis, au référendum constitutionnel dimanche, qui permettrait à ce dernier de se représenter à l'élection présidentielle sans limite de mandats.

"Le peuple vénézuélien a ratifié" le projet du président Chavez "qui a été auparavant critiqué et condamné par l'administration du président George Bush pour lequel il appartient, comme Fidel, à l'axe du mal", a poursuivi M. Morales.

"Espérons que la visite (en Russie) change le rapport de forces en Amérique latine face aux Etats-Unis", a-t-il encore dit.

"Je ne perds toujours pas l'espoir que le président Obama change la politique, en particulier dans les relations internationales", a-t-il conclu.

Le président bolivien a rencontré lundi au Kremlin son homologue russe Dmitri Medvedev. Des accords dans le domaines énergétique, militaire et de la lutte antidrogue ont été signés à cette occasion.

M. Morales s'est également vu attribuer le titre de doctor honoris causa de l'Université moscovite des sciences humaines RGGU, l'un des principaux centres d'études de l'Amérique latine en Russie.

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Le président bolivien Evo Morales lors d'une conférence de presse
sur l'importance de la culture de la coca le 9 mars 2009

Copyright © 2009 AFP

 

Le président Morales déclare non grata un autre diplomate américain

AFP - 9/3/9 - Le président bolivien Evo Morales, six mois après avoir expulsé l'ambassadeur américain à La Paz, a déclaré non grata lundi le deuxième secrétaire de l'ambassade, Francisco Martinez, le soupçonnant d'avoir conspiré contre le gouvernement bolivien.

"J'ai décidé aujourd'hui de déclarer persona non grata Francisco Martinez, un Nord-américain Mexicain (d'origine) qui travaille à l'ambassade des Etats-Unis", a déclaré M.Morales au palais présidentiel, lors d'un discours à l'occasion d'une passation de pouvoir à la tête de la police bolivienne.

M.Morales a accusé le diplomate d'avoir été "en contact permanent avec des groupes d'opposants, durant tout le processus de la conspiration" qui selon lui a eu lieu en septembre 2008, au moment de protestations violentes dans des provinces du pays tenues par l'opposition de droite au gouvernement de La Paz.

Le chef de l'Etat bolivien depuis 2005 entretient des relations conflictuelles avec Washington, qui ont culminé l'année passée avec l'expulsion de l'ambassadeur américain Philip Goldberg, puis en novembre de l'agence de lutte anti-drogue (DEA) après 35 ans de présence en Bolivie.

La même accusation de connivence avec les troubles dans des régions fiefs de l'opposition et hostiles au projet de Constitution socialiste de M.Morales -promulgué en février- avait été lancée à l'époque contre l'ambassadeur. Qui les avaient rejetées comme dénuées de tout fondement.

Dans le cas de M. Francisco Martinez, le diplomate incriminé lundi, le président Morales l'a accusé d'avoir été en contact avec d'ex-policiers qui opéraient avec une unité de renseignements de la police dissoute en janvier 2008.

L'ambassade américaine n'a pas souhaité réagir lundi à l'annonce d'Evo Morales, renvoyant vers le département d'Etat à Washington.

L'anti-libéral Morales, proche du Cubain Fidel Castro et du Vénézuélien Hugo Chavez, a régulièrement entretenu des relations très tendues avec la précédente administration américaine, mais le discours de La Paz avait connu ces dernières semaines une forme de décrispation.

M.Morales a ainsi évoqué son espoir que le nouveau président Barack Obama change la politique américaine en Amérique Latine, tandis que des ministres ont évoqué la disposition de la Bolivie à renouer les relations avec Washington, une disposition partagée par les Etats-Unis, selon La Paz.

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FRANCISCO "PANCHO" MARTÍNEZ ACUSADO DE SER AGENTE DE LA CIA Y QUE EJERCÍA COMO DIPLOMÁTICO DE EE.UU EN BOLIVIA FUE DECLARADO "PERSONA NON GRATA"


Source : http://www.patrianueva.bo/


La Paz, 9 de marzo.- El presidente, Evo Morales, declaró hoy "persona non grata" al diplomático de la embajada de Estados Unidos en La Paz Francisco Martínez, al que acusó de conspirar con sus opositores y que su Gobierno ha vinculado con la CIA.

"He declarado persona 'non grata' a Francisco Martínez que trabaja en la embajada de los Estados Unidos en La Paz, y pido comunicar esta decisión" a esa representación diplomática, anunció Morales en el acto de posesión del nuevo comandante nacional de la Policía, general Víctor Hugo Escobar.

Morales dijo que ese funcionario estadounidense de origen mexicano "era el contacto permanente con grupos opositores durante toda la etapa de conspiración", en alusión directa al "golpe de estado cívico-prefectural" que, según el Gobierno boliviano, intentó la oposición el año pasado.

"Era la persona de la embajada de EE.UU. que se contactaba con algunos ex policías que operaban en el Centro de Operaciones Especiales (de la Policía boliviana) y hoy día decidí declararlo 'persona non grata'", dijo Morales en un discurso en el Palacio de Gobierno de La Paz.

El mes pasado, funcionarios de Washington negaron las primeras acusaciones que en su momento hizo el Gobierno de Morales contra Martínez, que está acreditado como segundo secretario de la embajada estadounidense en La Paz.

Morales subrayó hoy que se han hecho "profundas investigaciones" sobre Martínez y pidió al ministro de Relaciones Exteriores, David Choquehuanca, comunicar a la embajada de EE.UU. su decisión "por la dignidad de los bolivianos y para acabar con la corrupción externa".

A fines del mes pasado, el Gobierno de Morales sostuvo que Francisco Martínez realiza en La Paz "labores de coordinación, enlace y articulación" con al menos un agente boliviano de la CIA (Agencia Central de Inteligencia).

Entonces, el ministro de Gobierno (Interior), Alfredo Rada, precisó que Martínez sostenía reuniones con Rodrigo Carrasco, ex capitán de la policía boliviana actualmente acusado de espionaje y de montar una red de corrupción en la petrolera estatal YPFB.

En septiembre del año pasado, Morales también declaró "persona non grata" al embajador de Washington en La Paz, Philip Goldberg, al que acusó igualmente de conspirar en su contra.

M.MARAÑÓN.A.

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Evo Morales défend la feuille de coca devant l'ONU

LeMonde.fr - 12/3/9 - Devant les responsables d'une cinquantaine de pays réunis depuis mercredi à Vienne, en Autriche, pour la 52e conférence de la commission des stupéfiants de l'ONU, le président bolivien Evo Morales n'a pas pris de gants. En prononçant un discours, jeudi 12 mars, M. Morales a sorti une feuille de coca, plante de laquelle est issue la cocaïne, et l'a mâchée, demandant son retrait de la liste des substances interdites.

"La feuille de coca n'est pas de la cocaïne, a expliqué le président bolivien, par ailleurs leader syndical des cultivateurs de coca dans son pays. Elle n'est pas nocive pour la santé, elle n'engendre pas de perturbations psychiques ni de dépendance."
Il a ensuite égrené ses arguments : les feuilles de cette plante sont cultivées depuis trois mille ans avant Jésus-Christ, elles ont un caractère sacré en Bolivie, où elle sont mâchées ou infusées.

Qui plus est, il a lui-même consommé de la coca 'pendant dix ans'. 'Si les effets étaient tels qu'on les décrit, je ne serais jamais devenu président de la République, s'est-il amusé. Si c'est une drogue, alors vous devez me mettre en prison.' La feuille de coca est, depuis de nombreuses années, un casus belli entre le gouvernement bolivien et Washington, qui veut éradiquer sa culture dans la région andine, où près de dix millions de personnes l'utilisent.

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GRÈVE DE LA FAIM DU PRÉSIDENT BOLIVIEN
POUR FAIRE ADOPTER LA LOI ÉLECTORALE


Copyright © 2009 Reuters

 

Le Congrès de Bolivie vote une loi électorale voulue par Morales

Par Eduardo Garcia

Reuters - 10/4/9 - Le Congrès de Bolivie a adopté "dans sa globalité" une loi électorale, quelques heures après l'annonce par le président Evo Morales qu'il entamait une grève de la faim pour protester contre les manoeuvres d'obstruction de l'opposition contre ce texte.

Il reste aux parlementaires à voter sur les détails de cette loi de réforme électorale, qui devrait aider le président socialiste à obtenir plus facilement le contrôle du Congrès lors des élections législatives qui doivent avoir lieu en décembre.

Morales avait commencé son jeûne quelques heures plus tôt, en accusant ses adversaires de droite de faire obstacle à cette loi électorale. A travers la Bolivie, des centaines de membres de groupes indigènes et des syndicalistes avaient également entamé une grève de la faim en soutien à Morales.

La tension est montée depuis la semaine dernière entre le Mouvement vers le socialisme (MAS, au pouvoir) et l'opposition au sujet de ce projet de loi, qui donnerait un coup de pouce au président en allouant davantage de sièges aux régions pauvres, rurales.

Les alliés de Morales contrôlent la chambre basse de Bolivie, mais l'opposition est majoritaire au Sénat, ce qui permet à ses opposants politiques de faire obstacle au projet de réforme électorale.

"Confronté à la négligence d'une poignée de parlementaires néo-libéraux, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre cette mesure (la grève de la faim). Ils ne veulent pas adopter une loi qui garantisse l'application de la Constitution", avait expliqué Morales à la presse au palais présidentiel de La Paz.

Des parlementaires avaient échangé des insultes, jeudi soir, au cours d'un débat houleux sur le projet de loi. Certains opposants avaient qualifié le gouvernement de Morales de "totalitaire".

Une nouvelle Constitution, taillée sur mesure pour donner davantage de pouvoirs et de droits à la majorité indienne de Bolivie, a été approuvée en janvier par plus de 60% des électeurs. Morales est le premier président bolivien issu de cette majorité indigène.

La nouvelle Constitution prévoit que le Congrès approuve une loi électorale ratifiant la date du 6 décembre pour les prochaines législatives.

Or, l'opposition était hostile à texte de loi parce qu'il prévoit d'accorder 14 sièges à des groupes indigènes minoritaires, ce qui, dit-elle, revient à les accorder à Morales lui-même, étant donné que celui-ci s'est fait le champion des droits des Indiens.

Version française Eric Faye

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Evo Morales, un Président en grève de la faim

Par G.T.

 

Libération.fr - 10/4/9 - Lassé du bras de fer entre une Assemblée nationale contrôlée par le Mouvement vers le socialisme (MAS, au pouvoir) et un Sénat aux mains de l'opposition de droite, le président bolivien, Evo Morales, a entamé hier matin une grève de la faim pour faire pression sur les parlementaires.

Cette action, inédite pour un président, intervient alors que le Sénat tente de bloquer la nouvelle loi électorale qui permettrait la tenue d'élections générales en décembre. Les points de friction concernent le registre électoral, le vote des Boliviens de l'étranger (environ 300 000 ressortissants répartis dans une quinzaine de pays) et le nombre de sièges réservés au Parlement pour les minorités indiennes.

Lors de ces prochaines élections, Evo Morales, premier président bolivien d'origine indienne, briguera un nouveau mandat. La guéguerre entre le MAS et l'opposition illustre le climat de tension qui paralyse déjà, faute d'accord entre les deux chambres, la Cour suprême et le Conseil de la magistrature.

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Evo Morales dénonce la politique du complot menée contre lui par les Etats-Unis

Par Frank Bajak

AP - 19/4/9 - "La politique de complot" menée contre lui par Washington "continue", a déclaré samedi Evo Morales, appelant Barack Obama à condamner publiquement le complot d'assassinat du président bolivien que La Paz a annoncé avoir démantelé cette semaine.

S'exprimant lors d'une conférence de presse au sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago, Evo Morales a déclaré avoir demandé à Barack Obama, lors d'une rencontre samedi matin, de condamner publiquement le complot visant à l'assassiner dont il dit avoir été victime.

Barack Obama a répondu qu'il ignorait le détail de l'incident, mais il a assuré au président Morales "que son gouvernement n'était pas impliqué" et il a tenu à "clarifier le fait qu'il ne soutient ni ne tolère l'usage de la violence contre les gouvernements démocratiquement élus", d'après un haut responsable de l'administration des Etats-Unis.

Evo Morales n'a pas évoqué une éventuelle implication américaine directe dans ce complot, mais a estimé que les promesses faites par le président américain lors de son discours vendredi au sommet sonnaient creux sans une dénonciation publique.

"Obama a dit trois choses: il n'y a pas de partenariat senior ou junior. Il a dit que les relations devaient être basées sur le respect mutuel, et il a parlé de changement", a déclaré Evo Morales. "En Bolivie (...) on ne sent pas le changement. La politique du complot continue".

Les autorités boliviennes ont annoncé avoir démantelé jeudi un groupe, composé principalement de mercenaires étrangers, qui prévoyait d'assassiner Evo Morales et son vice-président. La police a abattu trois de ces hommes, dont un Irlandais et un Roumain [voir ci-dessous : deux Hongrois et un Bolivien ?!].

Si Barack Obama ne condamne pas publiquement cette tentative d'assassinat, "je pourrais penser qu'elle a été organisée par le biais de l'ambassade", a affirmé samedi Evo Morales. "Je veux obtenir la confiance (...) Je ne veux pas qu'on se mêle des histoires de mon pays".

Un haut responsable de l'administration Obama a indiqué que "certaines questions d'intervention américaine passée" avaient été évoquées samedi matin lors de la rencontre entre Evo Morales et Barack Obama, mais qu'aucune n'était "dirigée vers le président ou son administration".

Evo Morales entretenait des relations tendues avec l'administration Bush, qu'il a plusieurs fois accusée de souhaiter son renversement. Le président bolivien avait expulsé en septembre dernier l'ambassadeur américain, ainsi que les équipes fédérales américaines de lutte contre la drogue le mois suivant, les accusant d'avoir comploté avec l'opposition pour inciter à la violence dans le pays.

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Le président bolivien dénonce une tentative d'assassinat

Par Frank Jack Daniel et Eduardo Garcia, version française Nicole Dupont

 

Reuters - 16/4/9 - Le président bolivien Evo Morales déclare que les forces de sécurité ont déjoué un complot visant à l'assassiner, ainsi que deux autres responsables, et que trois étrangers ont été tués lors d'une fusillade d'une demi-heure.

Le chef de la police bolivienne, Hugo Escobar, a déclaré que deux Hongrois et un Bolivien avaient été tués dans la fusillade, dans un hôtel de Santa Cruz, en Bolivie.

Morales, socialiste et premier Amérindien à avoir accédé à la présidence bolivienne, s'est heurté à une vive opposition dans les régions les plus prospères du pays, notamment Santa Cruz.

Le président, qui se trouve actuellement au Venezuela, a indiqué qu'un Irlandais pourrait figurer parmi les "mercenaires étrangers" impliqués et il a précisé que deux personnes avaient été arrêtées.

"Hier, j'ai donné l'ordre au vice-président de faire arrêter ces mercenaires et ce matin, j'ai été informé d'une fusillade d'une demi heure dans un hôtel de Santa Cruz - trois étrangers sont morts et deux ont été arrêtés", a dit Morales.

Il a ajouté que, selon ses informations, le complot visait à le tuer ainsi que le vice-président et un ministre.

Morales a dans le passé fait état de plusieurs complots dirigés contre lui, mais les résultats des enquêtes n'ont jamais été divulgués.

L'an dernier, des groupes de droite ont organisé de violentes manifestations contre un nouveau référendum donnant davantage de pouvoir à la majorité indigène.

Morales a expulsé en septembre l'ambassadeur des Etats-Unis qu'il a accusé d'avoir encouragé les manifestations pour tenter de le renverser.

Le président a arrêté mardi une grève de la faim de cinq jours après l'adoption par les députés d'une loi électorale accordant davantage de sièges dans les régions indigènes où il jouit d'un important soutien.

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Le Salar d'Uyuni, une plaque de sel unique au monde. Aussi grand que l'Ile-de-France, l'endroit contiendrait près de 40 % des réserves internationales de lithium,
le plus léger des métaux et l'élément essentiel pour le développement de la voiture électrique.
Crédits photo : Abaca

 

La Bolivie : pays du lithium

Par Patrick Bèle, envoyé spécial à Uyuni

 

Le Figaro-fr - 8/9/9 - Le pays possède plus du tiers des réserves mondiales de ce métal très convoité, utilisé pour la fabrication de batteries électriques.
Perdu au sud de la Bolivie, près de la frontière avec l'Argentine, accessible après plusieurs heures de piste dans un désert des sables dont la seule végétation consiste en de rares et chétives touffes d'herbes, le Salar d'Uyuni est unique au monde : il s'agit d'une plaque de sel de 12 000 kilomètres carrés (la surface de l'Ile-de-France !), d'une épaisseur de plus de 10 mètres. Il en rayonne une lumière aveuglante au milieu d'un silence total, toute présence végétale ou animale étant, bien sûr, impossible. Parsemé de petites îles rocheuses, le Salar est perché à 3 653 mètres d'altitude, au sud de l'Altiplano andin. Des vents violents et très froids y font descendre les températures jusqu'à - 30, - 40 °C. C'est l'harto frio (le «froid extrême») tant redouté des Boliviens. L'homme peine à trouver sa place ici et les activités sont rares aux alentours.

Il faut aller dans le petit village de Colchani pour trouver des récoltants de sel. Des centaines de petites pyramides blanches attendent sur le Salar la venue de camions hors d'âge. Le sel est ensuite séché dans des fours rudimentaires, chauffés en brûlant les rares broussailles que l'on peut ramasser alentour. Un peu plus loin, à Rio Grande, une vieille usine coopérative traite le borax destiné à la fabrication de l'acide borique, un antiseptique.

Mais les temps sont en train de changer et la région devrait bientôt se réveiller de sa torpeur salée. Une bataille de portée internationale va commencer ici autour d'une nouvelle ressource : le lithium dont le Salar d'Uyuni contiendrait près de 40 % des réserves mondiales. Ce qui fait de la Bolivie le «nouveau Moyen-Orient du lithium». Déjà utilisé dans les piles des petits appareils électroniques, il devrait être l'élément essentiel pour le développement de la voiture électrique. Le lithium est le plus léger des métaux et se recueille sous forme de carbonate de lithium, qui a l'aspect d'un sel très blanc. Pour l'instant, les principaux producteurs sont le Chili, avec le Salar d'Atacama (39,3 % de la production mondiale), la Chine (13,3 %) et l'Argentine (9,8 %), selon les statistiques du Meridian International Research.

La méfiance de la population locale

«Au début des années 1990, une entreprise américaine, Litco (Lithium Corporation), a voulu s'installer ici pour exploiter le lithium, rappelle Francisco Quisbert Salinas, secrétaire général de la Fructas, fédération des travailleurs paysans du sud de l'Altiplano. La population s'est mobilisée et a réussi à faire annuler le projet. Ils se seraient une fois de plus enrichis en ne nous laissant que des miettes. Si on exploite le lithium, ce sera pour nous faire sortir de la pauvreté.»

La méfiance de la population locale s'explique facilement. Chat échaudé craint l'eau froide. Nous sommes à quelques dizaines de kilomètres de Potosi, d'où les Espagnols ont extrait des milliers de tonnes d'argent qui ont servi à financer la Renaissance espagnole, sans aucune retombée locale, si ce n'est le «droit», pour les Indiens, de mourir dans les mines. La «tradition» s'est poursuivie, puisqu'il y a encore quelques années, avant que le président d'origine aymara, Evo Morales, change les règles du jeu, les compagnies pétrolières exploitaient le gaz bolivien en ne reversant que moins de 10 % de royalties.

Le nouveau trésor de la Bolivie suscite de nombreuses convoitises. Et le président Evo Morales ne manque jamais une occasion de faire monter les enchères. Lors de son voyage à Moscou, en février dernier, il avait invité les entreprises russes à lui faire des propositions. Quelques jours plus tard, il avait été reçu chez Bolloré et avait essayé la voiture électrique du constructeur français, la Blue Car.

La semaine dernière, lors de la visite de Lula en Bolivie, le lithium s'est invité dans la conversation entre les deux chefs d'État. Le Brésil pourrait avoir un intérêt particulier à s'engager dans cette exploitation, car, en extrayant le lithium de la saumure, on recueille aussi du potassium, un excellent fertilisant dont l'agriculture brésilienne a grand besoin.

Mais le président Morales pose ses conditions : pas question de se contenter d'extraire le lithium. «Cette activité doit servir l'industrialisation du pays, expliquait-il lors d'une conférence de presse à Paris, en février dernier. Il faut que se développe autour de l'extraction du lithium une vraie filière industrielle de construction de batteries et de voitures électriques.»

La Paz a déjà investi des millions de dollars

Le ministère des mines bolivien est en train de bâtir une usine pilote à Rio Grande, un village situé à une dizaine de kilomètres du Salar. «La construction doit s'achever en décembre et nous entamerons la production en janvier pour, à terme, extraire 40 tonnes par mois», explique Marcelo Castro, le patron de l'usine. Les 120 ouvriers qui travaillent sur le site sont tous emmitouflés dans des passe-montagnes sombres pour ne pas être brûlés par le froid, le sel, le vent et le soleil. Autour des piscines de décantation creusées dans la plaque de sel, ils prélèvent régulièrement des échantillons qui sont ensuite envoyés à La Paz pour être étudiés. La Bolivie a investi 6 millions de dollars dans ce projet. Il en faudrait 300 millions pour l'usine définitive. «Nous n'accepterons qu'une usine qui appartienne à 100 % à l'État bolivien, prévient Francisco Quiesbert. Pas question que des compagnies étrangères viennent s'enrichir avec nos matières premières. Par contre, s'ils veulent implanter des usines de batteries et de voitures, ils sont les bienvenus.»

Pour l'instant, les offres les plus sérieuses faites au gouvernement bolivien viennent du japonais Mitsubishi, du sud-coréen LG et du français Bolloré associé à Eramet. «Notre projet propose une assistance technique pour l'extraction du lithium, une association pour la construction d'une usine de carbonate de lithium, la construction d'une usine de batteries et une autre de voitures, explique Thierry Marraud, directeur financier du groupe Bolloré. C'est un projet d'envergure qui prendra du temps. Et il est fort probable que rien ne se décide avant l'élection présidentielle du 6 décembre prochain.»

La nouvelle Constitution bolivienne nationalisant les ressources naturelles, les compagnies étrangères ne peuvent les exploiter qu'en association avec l'État. Bolloré-Eramet, Mitsubishi et LG s'efforcent donc de proposer des contrats de partenariat conformes aux nouvelles règles du jeu. Pour l'instant, chacun s'observe et étudie les aspects techniques du projet. «Le processus de production de lithium est un cycle long. Dans le Salar d'Atacama, la saumure est laissée en bassin d'évaporation une année pour passer de 1 gramme de lithium par litre à 80 grammes, explique Philippe Bordarier, directeur du développement du groupe Eramet. Nous prévoyons plusieurs phases préliminaires qui prendront cinq à six ans. Nos compétences en matière d'électrométallurgie seront très utiles, même si pour l'instant nous ne sommes pas producteurs de lithium.»

De son côté, Mitsubishi se montre très discret. Le groupe japonais est déjà présent dans la région avec une usine d'extraction d'antimoine, de zinc et de plomb, à quelques kilomètres du site pilote du gouvernement. Evo Morales aurait beaucoup apprécié le volet industriel du projet Bolloré-Eramet.

La Bolivie est l'un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud alors qu'elle possède de nombreuses richesses. Exportateur de gaz, elle recèle encore de ressources minières non négligeables. Le lithium représente un réel espoir pour le pays. Le directeur de l'usine pilote, Marcelo Castro, travaille depuis trois ans sur ce projet dans des conditions très difficiles et sans beaucoup de moyens. Mais il y croit et se fait prophétique : «Nos salaires sont faibles, nos conditions de travail difficiles, mais nous sommes fiers de participer à un projet qui permettra au pays de sortir de la pauvreté et à la planète d'être plus propre !»

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Le président bolivien sortant, Evo Morales, se rend au bureau de vote lors des élections du 6 décembre 2009
Crédit photo : AFP/Aizar Raldes

 

Morales se dirige vers un second mandat

Les Boliviens se rendent dimanche aux urnes pour élire leur prochain président

 

Radio-Canada.ca - 6/12/9 - La popularité du chef d'État sortant, Evo Morales, devrait être suffisante pour décrocher un second mandat à la présidence de la Bolivie.

Evo Morales, un indien aymara âgé de 50 ans, est le premier président d'origine indigène de l'histoire de la Bolivie. Lors de la présidentielle de 2005, il a obtenu 53,7 % des voix.

Fort de l'appui des classes défavorisées, et notamment des autochtones, M. Morales pourrait obtenir la majorité absolue (50 % + 1) et remporter le scrutin dès le premier tour. Selon les derniers sondages, il aurait plus de 30 points d'avance sur son premier rival.

Les opposants d'Evo Morales sont Manfred Reyes Villa, ancien gouverneur de la province de Cochabamba et ex-capitaine de l'armée bolivienne, et Samuel Doria Medina, ex-ministre de centre droit et l'un des hommes les plus riches du pays qui a fait fortune dans le ciment après avoir étudié aux États-Unis et en Angleterre.

Le scrutin, auquel sont convié près de 5 millions d'électeurs - dont 60 % d'autochtones - se déroule en présence de 55 000 policiers et militaires, 230 observateurs de l'Organisation des États américains et de l'Union européenne.

Les bureaux de vote fermeront à 16 h, et les premiers résultats sont attendus en début de soirée.

Allié du président vénézuélien Hugo Chavez, Evo Morales s'inscrit dans le courant de gauche radical d'Amérique latine. Le pays est notamment membre de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), un bloc antilibéral fondé par le Venezuela et Cuba en 2004.

Depuis son entrée en fonction en janvier 2006, il a dirigé un vaste programme de réformes démocratiques et sociales dans le pays le plus pauvre des Amériques. M. Morales a nationalisé des entreprises de télécommunication et d'exploitation minière et a augmenté les impôts des entreprises énergétiques étrangères afin d'accroître les dépenses sociales. Cette mesure a été très bien reçue parmi la population du pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, où plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de la pauvreté.

Dimanche, nous aurons le choix entre deux voies: accompagner le changement pour le garantir, le consolider, pour l'approfondir et l'accélérer, ou revenir au passé, au néolibéralisme.

— Evo Morales

L'ancien syndicaliste entend également créer des entreprises publiques dans les secteurs de la cimenterie, des produits laitiers, et de la pharmaceutique.

Morales envisage déjà un troisième mandat

Malgré l'opposition de la droite, le président Morales est parvenu à faire accepter, en janvier 2009, son projet de référendum sur une nouvelle constitution.

La nouvelle constitution prévoit une place centrale à l'État, tout en accordant des droits sans précédent à la majorité indigène du pays.

Ce nouveau cadre législatif prévoit également la possibilité de briguer deux mandats consécutifs, ce qui a d'ailleurs fait dire au président sortant que sa réélection de dimanche peut être prise, « constitutionnellement, comme une première élection ».

L'enjeu véritable: le contrôle du Sénat

La réélection d'Evo Morales étant pratiquement acquise, le parti du président, le Mouvement vers le socialisme (MAS), vise à prendre le contrôle du Sénat, la Chambre haute du Parlement, détenu par l'opposition pendant son premier mandat. Si le MAS y obtient une majorité des deux tiers, il pourra mettre en oeuvre sans entrave la nouvelle constitution adoptée en janvier 2009.

La Bolivie est l'un des pays les plus pauvres du continent. Grâce aux revenus du secteur des hydrocarbures, nationalisé en 2006-2007, le pays n'a pas connu les difficultés économiques de certains pays voisins et devrait enregistrer une croissance économique de 3 à 4 % en 2009, ce qui devrait être la plus forte d'Amérique latine.

Radio-Canada.ca avec Agence France Presse, Associated Press et Reuters


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Les partisans d'Evo Morales à l'annonce de sa victoire à l'élection présidentielle le 6 décembre 2009 à La Paz (AFP)

 

Bolivie : le président Morales triomphalement réélu

Voila.fr - 7-12-9 - Le président socialiste de la Bolivie, Evo Morales, a été réélu triomphalement dimanche au premier tour de l'élection présidentielle, avec 61 à 63 % des voix et un contrôle total du Parlement qui, a-t-il dit, lui donne le devoir d'"accélérer le changement".

Morales, pilier de la gauche radicale d'Amérique latine, a été reconduit avec près de 10 points de plus que les prévisions des sondages pré-électoraux, confirmant l'assise populaire du premier chef d'Etat indien (aymara) de la Bolivie en 184 ans d'indépendance.

"Le peuple bolivien a de nouveau fait l'Histoire", a lancé Morales, du balcon du Palais présidentiel à plus de 3.000 partisans, qui depuis des heures célébraient sa victoire sur la place d'Armes de La Paz, dansant et scandant "Evo ! Evo !", "Evo de nuevo !" (de nouveau).

"Cette majorité de plus des deux-tiers des députés et sénateurs nous fait obligation, me fait obligation, d'accélérer le processus de changement" de la Bolivie, a-t-il affirmé.

Selon les sondages sorties des urnes de trois instituts, confirmés par des projections du décompte, Morales distance de près de 40 points son premier rival de droite, l'ex-militaire et gouverneur provincial Manfred Reyes Villa, à 23-25% des voix.

L'entrepreneur et ex-ministre de centre-droit Samuel Doria Medina, est crédité de 7% à 10%.

Le parti présidentiel, le Mouvement vers le socialisme (MAS), recueillerait 24 ou 25 des 36 sièges du Sénat, soit la majorité absolue des deux-tiers. Il était déjà majoritaire à la Chambre des députés.

Le contrôle du Parlement garantit au gouvernement une mise en oeuvre sans entrave de sa "refondation" socialiste et pro-indigène du pays, sur la base de la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2009. Il lui permet surtout le cas échéant d'amender la Constitution, par exemple sur le nombre de mandats présidentiels -deux consécutifs actuellement.

Il lui donne enfin les mains libres pour les hautes nominations, dans la justice en particulier. Une toute-puissance du MAS est redoutée par l'opposition et préoccupe aussi des observateurs indépendants. La droite dénonce un risque de dérive despotique de la part de Morales, dans la lignée du président vénézuélien Hugo Chavez, son allié et mentor de la gauche radicale latino-américaine.

Morales a d'ailleurs laissé planer dimanche matin la possibilité d'un 3e mandat, estimant que sur la base d'une nouvelle Constitution, son 2e mandat peut-être considéré "comme une première élection".

L'Equateur du socialiste Rafael Correa, lui-même réélu en avril, a été le premier à féliciter Morales, qualifiant son élection d'"historique" et de "triomphe pour la démocratie bolivienne et de la région".

Les élections générales se sont déroulées dans un climat de "tranquillité et de paix" selon la mission d'observateurs de l'Union européenne. Le climat contraste avec la tensions de 2007-08, qui poussa le pays au bord de la guerre civile, après une fronde autonomiste dans l'Est prospère, fief de l'opposition, et des violences politiques qui firent des dizaines de morts.

"La polarisation politique continue", a dénoncé dimanche soir le candidat battu Reyes Villa, promettant de lutter au Parlement dans la "tranchée de la démocratie" contre des abus de pouvoir.

Le score de Morales fait de lui l'homme d'Etat le plus populaire en Bolivie depuis le nationaliste Victor Paz Estensorro il y a près de 50 ans. Cela alors que Morales, sa rhétorique anti-libérale, ses alliances (Venezuela, Iran), restent éminemment suspectes aux yeux de "l'Occident" [sic]. Tout comme le poids du narcotrafic en Bolivie, 3e producteur mondial de cocaïne.

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Un centre de soins gratuits dans une "casa de campaña" du MAS.
Copyright : Jean-Baptiste Mouttet

 

La santé au coeur du nouveau mandat d'Evo Morales

 

Blogue Solidaridad Latina

Par Julie Pacorel et Jean-Baptiste Mouttet

Reporters multimédia.
Elle, a collaboré à l’AFP, lui a participé au lancement de Youphil.

 

Youphil - 17/12/9 - Le vice-président bolivien l'a promis, 2010-2015 seront les années de la protection sociale. Aujourd'hui majoritaire au Parlement comme au Sénat, le parti au pouvoir veut réformer le système de santé.

“Soins dentaires gratuits”. Cette affiche en grosses lettres était accolée à l'une des “casas de campaña” (centres de campagne) du MAS (Mouvement vers le Socialisme), le parti au pouvoir en Bolivie.

En pleine campagne présidentielle, les Boliviens pouvaient obtenir des consultations médicales sans payer dans ces dispensaires. Aujourd'hui, à peine reconduit à la tête du pays, le gouvernement d'Evo Morales veut inaugurer ses premières mesures dans le domaine de la santé.

Une de ses grandes réussites lors de son premier mandat : le bono Juana Azurduy, destiné a assurer une surveillance médicale gratuite à plus de 200.000 femmes enceintes ou mères d'enfants de moins de deux ans. Une priorité dans un pays qui comptait encore, en 2006, un quotient de mortalité infantile de 61 enfants pour mille (contre 5 pour mille en France).

Aujourd'hui le gouvernement s'attaque au handicap. Dès janvier 2010, assure le ministre de la santé Ramiro Tapia, le plan “Moto Mendez” s'étendra à tout le pays. Cette grande enquête soutenue par Cuba et le Venezuela a déjà montré que le nombre de personnes handicapées a doublé dans les villes d'El Alto, Viacha et dans le quartier “Plan 3000” de Santa Cruz, par rapport à la dernière étude publiée sur le sujet.

L'objectif est aujourd'hui de l'étendre à toute la Bolivie pour connaître les besoins spécifiques de cette population.Caracas a déjà fait don à La Paz de 20 tonnes de matériel médical à leur usage, comme des fauteuils roulants ou des appareils auditifs.

Gratuité de l'insuline pour les diabétiques

Sur le front des épidémies aussi le gouvernement bolivien agit. Lundi une grande campagne contre la dengue a été lancée dans la région amazonienne du Pando, qui compte déjà 138 personnes infectées sur les 172 recensées dans le pays.

La semaine dernière, le Sénat a approuvé un projet de loi établissant la gratuité de l'insuline pour les diabétiques. Un texte qui doit encore passer devant le Parlement pour être appliqué, ce qui devrait se faire sans obstacle depuis que le MAS possède la majorité des sièges.

La Bolivie compterait plus d'un million de diabétiques, soit 12,5% de la population selon la fédération nationale du diabète. Son président détaille les difficultés auxquelles sont actuellement confrontées les personnes atteintes: “Pour le traitement chaque malade doit acheter un à deux flacons d'insuline par mois, et chacun coûte 140 bolivianos (environ 13,50 euros), sans compter le coton, l'alcool et la seringue, ce qui représente un budget mensuel d'au moins 260 bolivianos (environ 25 euros).”

Le gouvernement socialiste compte bien profiter de sa nouvelle et confortable position politique pour promouvoir des avancées sociales. Le ministre de la présidence, Juan Ramon Quitana, a assuré que la protection sociale serait au coeur des lois prioritaires pour 2010.

Parmi les premières propositions de loi examinées par l'Assemblée législative plurinationale, en janvier, figurera le système de “sécurité sociale universelle” à destination de tous les Boliviens privés d'assurance maladie. Ce texte garantirait “sur tout le territoire national, une couverture universelle, intégrale et gratuite au patient”.

Une première étape vers un modèle déjà dessiné, pour le ministre de la Santé bolivien, l'exemple cubain. Ramiro Tapia fait remarquer que grâce à l'aide des médecins cubains, le pays a atteint une couverture médicale supérieure à 70% contre 30% en 2006.

Ces professionnels de santé auraient dispensé 30 millions de visites gratuites en 4 ans selon Prensa Latina. Le ministre a remercié les “frères cubains” qui “nous ont appris à frapper à la porte des malades sans attendre que ceux-ci n'aient besoin de se rendre aux consultations pour que l'on s'occupe d'eux.”

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Après l’échec du Sommet de Copenhague, le président Evo Morales appelle à

une conférence mondiale en Bolivie contre le changement climatique

AUTEUR : ABI (Agence Bolivienne d'Information)

Traduit par Philippe Cazal

Culpina, Chuquisaca, 20/12/9 - Le président Evo Morales a annoncé ce dimanche qu’il appellera toutes les nations de la planète à une «grande mobilisation» en défense de l’environnement et qu’il convoquera, pour avril prochain en Bolivie, une conférence mondiale des mouvements sociaux, à la suite de «l’échec» du sommet de Copenhague.

«Le problème mondial (du changement climatique) est dû au développement industriel irrationnel des usines. C’est sur cela que nous devrions nous pencher. J’ai demandé des arguments techniques et scientifiques pour rendre possible, à partir d’ici, une grande mobilisation internationale pour défendre l’environnement, plus particulièrement l’eau. Il y aura lundi une conférence de presse internationale pour inviter les peuples du monde», a affirmé le président à Culpina, localité rurale du Sud-Est de la Bolivie.

À la suite du Sommet sur le Changement Climatique, qui a donné lieu à un maigre document de conclusions, «antidémocratique» selon Morales lui-même qui est rentré samedi de la capitale danoise, La Paz propose d’organiser en Amérique du Sud un forum alternatif à celui de Copenhague.

Ce forum, dont l’agenda est en cours de discussion, aura lieu le 22 avril, Journée Mondiale de la Terre.

Morales, qui a participé ce dimanche au 49e anniversaire de la fondation de Culpina*, où il a remis des fonds pour la réalisation de plusieurs projets d’irrigation, la construction d’une unité d’enseignement et d’équipements sportifs, pour un montant de 6 millions de bolivianos, invitera les forces sociales du monde entier à une réunion en Bolivie «pour la réalisation d’un grand événement où l’on proposera des solutions sur le changement climatique».

Le président a exprimé sa frustration du fait qu’aucun accord n’ait été atteint pendant le Sommet de Copenhague, tout en soulignant le succès qui consiste à avoir brisé l’hégémonie des pays développés sur cette manifestation.

Il a protesté contre la proposition de représentants des pays développés qui ont pris l’option d’une augmentation de deux degrés de la température de la planète alors qu’à l’heure actuelle, avec une augmentation de 0,7 % de la température moyenne de la planète, des lacs s’assèchent, les glaciers disparaissent et on craint la disparition d’îles, de régions situées à peine à 10 ou 20 m au-dessus du niveau de la mer du fait de la fusion des glaces continentales.

«Si nous ne prenons pas maintenant des décisions importantes, dans 30 ans nos enfants et les générations futures auront de sérieux problèmes. Des gens meurent déjà de chaleur en Europe. Et les pays capitalistes ne veulent pas changer leurs politiques pour éviter de plus grands dommages à la nature», a-t-il déclaré.

Et si eux (les puissances industrielles) ne veulent pas, «les peuples vont devoir les faire changer», a-t-il averti.

Le président a suggéré qu’à partir du moment où il y aura une invitation officielle pour la réunion internationale, les organisations sociales de Bolivie devront lancer immédiatement le débat parmi leurs adhérents, avec l’objectif de trouver des solutions à la problématique mondiale.

Il a dit que l’un des buts principaux de l’appel à cette mobilisation est de garantir l’alimentation mondiale, face à la famine qui sévit en divers lieux de la planète.

« J’ai même pensé à avoir des camarades dirigeants qui parlent anglais pour les envoyer éveiller les consciences, mobiliser et nationaliser les ressources naturelles dans le monde entier, y compris en Afrique où il y a beaucoup de souffrances, ce qui est déplorable », a conclu le Chef de l’Etat.

L’accord de Copenhague, proposé par les USA, qui ont obtenu l’appui de dernière heure de la Chine, reconnaît la nécessité de maintenir le réchauffement global en dessous de deux degrés, mais il ne contient aucun engagement sur les moyens d’y parvenir.

L’assemblée plénière a approuvé un document qualifié de ridicule par les organisations écologistes.

L’accord, non contraignant, est avant tout une déclaration de principes et il est très loin des objectifs initiaux.

Le Sommet de Copenhague sur le Changement Climatique, présenté depuis deux ans presque comme « la dernière opportunité » pour sauver la planète, a été un échec manifeste et, ce qui est plus grave, a représenté un changement par rapport au mécanisme accepté antérieurement.

 

* Plus précisément, le 49e anniversaire de la désignation de la commune de Culpina comme capitale de la 2e section de la province du Sud Cinti, département de Chuquisaca.

http://www.enlared.org.bo/portal/default.asp?cg2=6042 [NdT]

Source : Presidente Evo Morales Morales llama a una conferencia mundial en Bolivia contra cambio climático tras cumbre de Copenhague

Article original publié le 20/12/2009

Sur l’auteur (le traducteur)

Philippe Cazal est membre de Tlaxcala, le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=9606&lg=fr

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Evo Morales détaille le contenu de la Conférence Mondiale des Peuples

sur le Climat et les Droits de la Terre Mère (avril 2010, Bolivie)

La revolucion vive, 6/1/10

Du 20 au 22 avril 2010, se tiendra en Bolivie la Première Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les droits de la Terre Mère, dont l’objectif sera de prendre des mesures pour défendre la vie et la survie de la planète.

Le président bolivien, Evo Morales, a fait part de cette décision lors d’une conférence de presse tenue au palais du Gouvernement, à la Paz. Il a souligné que ce sommet se tiendra dans la ville de Cochabamba au cœur de la Bolivie, à 400 km de la Paz.

Seront invités à cet événement des chefs d’Etat, des scientifiques, des représentants des mouvements sociaux et des organisations de peuples indigènes en défense de la vie. Constatant le grave danger, a-t-il déclaré, qui existe pour le monde et les écosystèmes du fait de la pollution de l’environnement et les émissions de gaz à effet de serre qui mettent en péril des populations entières, il est nécessaire que le monde entier puisse débattre de ces enjeux. Morales a souligné que les plus affectés par le changement climatique sont les populations pauvres de la planète, qui “verront détruits leur milieu de vie et leur source de survie, en étant obligés de migrer et de trouver refuge face aux menaces croissantes.”

Le mandataire bolivien a ajouté qu’il était désormais prouvé que 75% des émissions historiques de gaz à effet de serre proviennent des pays industrialisés du nord, et que le changement climatique est le produit du système capitaliste.

“Je déplore l’échec de la Conférence de Copenhague qui est dû à l’absence de volonté de la part de pays qui se disent “développés” de reconnaitre la dette climatique qu’il ont envers les pays en développement, envers les générations futures et la Terre Mère. C’est pour cela que j’ai opté pour convoquer cette nouvelle réunion mondiale.

Le président bolivien a exprimé sa conviction de la nécessité d’actions urgentes pour éviter des dégâts majeurs et des souffrances à l’humanité, la Terre Mère, et rétablir l’harmonie avec la nature. Il a ajouté que pour lui, les peuples du monde qui sont “guidés par des principes de solidarité, justice et respect de la vie" pourront sauver l’humanité et la Terre Mère..

Il a été décidé que cette rencontre de haut niveau se tiendra du 20 au 22 avril, soit la date de la journée internationale de la Terre Mère, créée par les Nations Unies.

Les objectifs de la Conférence Mondiale des Peuples seront d’analyser les causes structurelle et systémique qui provoquent le changement climatique et de proposer des mesures de fond qui puisse rendre possible un bien-être de l’humanité en harmonie avec la nature. On discutera également d’un projet de Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère.

Le troisième objectif sera d’accorder les propositions d’un nouvel engagement pour le Protocole de Kyoto et la conférence de Des Nations Unies sur le climat, qui guident l’action des gouvernements engagés avec la vie dans les négociations de changement climatique et dans tous les scénarios des nations unies en rapport entre autres avec la dette climatique, les réfugiés du climat, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation et le transfert de technologies, le financement, la reforestation, une vision commune, les peuples indigènes, etc ...

Le chef de l’Etat bolivien a souligné qu’un autre objectif de la Conférence de Cochabamba sera de travailler à l’organisation d’une référendum mondial des peuples sur le changement climatique, analyser et tracer le plan d’action et de mobilisation de la vie face au Changement Climatique et sur les Droits de la Terre Mère.

Morales a ajouté qu’à partir de mardi prochain, les ministères chargés de l’organisation du sommet feront connaitre au monde entier cet appel.

Enfin, cet événement se concluera le 22 avril par l’organisation d’une grande mobilisation mondiale pour demander aux pays du monde de trouver des solutions au problème qui met en péril sérieux l’existence de la vie humaine sur la Terre.

“De cette réunion nous tirerons des initiatives qui garantissent la réalisation du référendum mondial sur le changement climatique et la création d’un tribunal de Justice International qui sanctionne les pays qui portent atteinte à l’humanité. La défense des Droits de la Terre Mère c’est la défense des droits de l’humanité

Source : Agence Bolivienne d’Information

Traduction : Grégoire Souchay pour http://www.larevolucionvive.org.ve/

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La ministre de la Justice bolivienne Nilda Copa Condori, le 23 janvier 2010 à La Paz

 

Morales nomme un gouvernement paritaire hommes-femmes

Voila.fr (AFP) - 23/1/10 - Le président bolivien Evo Morales, investi vendredi après avoir été triomphalement réélu en décembre, a nommé samedi un gouvernement strictement paritaire hommes-femmes, composé de vingt ministres, une première dans l'histoire de la Bolivie.

"Mon grand rêve s'est réalisé, la moitié de femmes au gouvernement, la moitié d'hommes", a déclaré M. Morales lors d'une cérémonie de passation de pouvoir entre son précédent et son nouveau gouvernement au palais présidentiel Quemado à La Paz.

Dix femmes, trois d'origine indienne, font partie de l'équipe ministérielle de M. Morales, dont la chanteuse folklorique et ex-militante socio-démocrate Zulma Yugar, nommée ministre de la Culture, ou Nilda Copa qui prendra la tête du ministère de la Justice.

Il y a aussi "pour la première fois une femme ministre du Travail", a ajouté le premier président indien de la Bolivie, réélu pour cinq ans le 6 décembre avec 64% des voix.

Seul précédent en Amérique latine en matière de gouvernements paritaires, la présidente du Chili Michelle Bachelet avait nommé après son élection en 2006 vingt-deux ministres, onze hommes et onze femmes, mais ce gouvernement n'avait duré que quelques mois.

Dans son discours, M. Morales a dit s'être inspiré de ses parents amérindiens : la femme, "mama thalla" et l'homme "tata mallku" qui "ont la même capacité pour satisfaire les demandes, les mêmes attributions."

M. Morales a confirmé trois hommes clefs à leur poste : le ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca, celui de l'Economie et des Finances publiques Luis Alberto Arce, qui a réussi à maintenir la stabilité économique du pays malgré la crise, et le ministre des Autonomies Carlos Romero, qui devra mettre en marche le processus de décentralisation.

Le président a changé ses ministres de la Présidence, de l'Intérieur et de la Défense, dont l'opposition avait demandé la démission et qui sont remplacés respectivement par trois autres hommes : Oscar Coca, Sacha Llorenti, Ruben Saavedra.

Evo Morales avait annoncé vendredi vouloir conduire la Bolivie vers le "socialisme communautaire", lors d'une cérémonie d'investiture au Parlement pour le début de son 2e mandat à la tête d'un des Etats les plus pauvres d'Amérique latine.

Depuis l'indépendance du pays en 1825, y compris sous le premier mandat de M. Morales, les gouvernements ont toujours été composés d'une majorité d'hommes.

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Conférence mondiale des peuples sur le Changement climatique et les Droits de la Terre mère

En Bolivie, la société civile s'invite au débat sur le climat

Voila.fr - 19-4-10 - Un patchwork de 15.000 indigènes, scientifiques, syndicalistes, politiques et quelques stars hollywoodiennes, est attendu mardi en Bolivie pour une "Conférence des peuples" sur le réchauffement, réponse alternative aux négociations climat en souffrance.

Le rassemblement à Cochabamba, sur les plateaux du centre bolivien, devrait se situer à mi-chemin entre un "Porto Alegre du climat", sorte de version environnementale du Forum social mondial, et une tribune pour gouvernants antilibéraux d'Amérique latine.

Quatre chefs d'Etat participeront, aux côtés du Bolivien Evo Morales : le choeur de la gauche radicale régionale, le Vénézuelien Hugo Chavez, le Nicaraguayen Daniel Ortega, l'Equatorien Rafael Correa et le Paraguayen Fernando Lugo.

Mais la présence de VIPs de l'écologie, des droits de l'homme, de l'altermondialisme, et d'une poignée de stars devrait faire de la "Conférence mondiale des peuples sur le Changement climatique et les Droits de la Terre mère" -son titre officiel- un des rendez-vous climat branchés de 2010.

L'intellectuelle canadienne Naomi Klein, le climatologue militant de la NASA James Hansen, le député européen José Bové ou le prix Nobel de la Paix Adolfo Perez Esquivel sont attendus, comme l'acteur américain Danny Glover. James Cameron, réalisateur de la fable écologique "Avatar", est espéré.

Le forum intervient sur fond de négociations climat en pleine morosité, après l'accord a minima de Copenhague pour un réchauffement limité à 2 degrés et des espoirs limités pour le prochain round de discussions à Cancun (Mexique) en décembre.

Pour la Bolivie, qui se présente comme l'épicentre de la mobilisation pour "Pachamama" (la Terre Mère, dans la vision andine), "l'unique moyen de remettre les négociations climat sur les rails est de réassocier la société civile au processus", affirme son ambassadeur à l'ONU, Pablo Solon.

Le brainstorming andin se donne pour ambition d'infléchir l'agenda climat, de faire entendre la voix des "sans voix" en première ligne du réchauffement. Le tout au lendemain d'une réunion à Washington de 17 des principales écoonomies du monde, responsables de 80% des gaz à effet de serre.

Et Cochabamba ne manquera pas de rappeler qu'autour du forum, des glaciers fondent à vue d'oeil : selon la Commission économique d'Amérique latine (Cepal) de l'ONU, la Bolivie, l'Equateur ou encore le Pérou sont parmi les pays à la biodiversité la plus menacée par le réchauffement.

Au menu des débats : la "dette écologique" des pays industrialisés, l'instauration d'un "tribunal climatique", et un référendum planétaire pour dicter les choix sur le climat. Autant de points exposés par Evo Morales à Copenhague.

Au nom de leur "savoir bien vivre" avec la planète, les délégués indigènes demanderont formellement à être inclus à Cancun "non plus pour faire de la figuration ou en observateurs, mais comme participants", a déclaré Rafael Quispe, dirigeant indien aymara du principal conseil indigène de Bolivie.

Le programme du forum assume son fil rouge : "le changement climatique n'est pas qu'un problème environnemental, technologique ou financier, mais de mode de vie, de modèle occidental, de cupidité capitaliste".

Dans ces conditions, Cochabamba (2.500 m) sera-t-il un bol d'air entre Copenhague et Cancun, ou un simple défoulement anticapitaliste, sans pression de résultat, avec un final festif jeudi 22 pour la Journée de la Terre ?

Dans le doute, la municipalité de Cochabamba a pris un arrêté de "semaine sèche", interdisant la vente et consommation d'alcool dans l'agglomération.

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Equatorien

Un Equatorien arrive à la Conférence des peuples sur le climat à Tiquipaya, en Bolivie, le 20 avril 2010

 

Bolivie : au forum des peuples sur le climat, la solidarité des victimes

Voila.fr (AFP) - 21/4/10 - Débordante d'enthousiasme, mais limitée dans le débat ou les pistes nouvelles, la Conférence des peuples sur le climat en Bolivie fournit surtout un exutoire réconfortant aux premières victimes du réchauffement climatique.

"Nous sommes comme les canaris dans les mines, qui mouraient les premiers, avertissant ainsi les mineurs d'un gaz toxique", explique Faith Gemmill, représentante de l'ethnie Gwich'in, en relatant l'érosion du littoral qui menace les tribus indiennes d'Alaska.

"Un village entier de 700 habitants, Newtok, est forcé de se transférer à cause de la fonte du permafrost", ajoute Brad Garness, un Indien samish d'Alaska. "Et nos rivières, qui gèlent insuffisamment, ne peuvent plus être utilisées comme routes, comme on en a l'habitude. Nous avons eu trois noyades l'an dernier. Ces gens-là n'avaient pas pollué l'environnement..."

Montée des eaux ici, raréfaction ailleurs : dans la cordillère royale de Bolivie, des glaciers -source de 15 à 20% de l'eau de La Paz- meurent à vue d'oeil. Ainsi Chacaltaya, il y a 15 ans encore fière "piste de ski la plus haute du monde", à 5.300 mètres, et aujourd'hui un carré de neige devenu un lieu de pèlerinage écologique.

Les plus de 15.000 délégués à Cochabamba, dont une majorité issus de mouvements sociaux, paysans, peuples indigènes, partagent ce sentiment d'être "ceux qui ont le moins contribué au problème (du changement climatique), mais seront les plus affectés", comme l'a souligné lui-même le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, dans son message transmis au Forum mardi.

Dans les tables rondes de Cochabamba, la prise de parole est libre, et le défoulement manifeste, applaudi, sans forcément de lien avec l'ordre du jour : ici un long monologue sur "l'humanité carnivore" et sa consommation animale, là un réquisitoire sur l'acharnement minier du Canada.

Peu importe que sous "Pachamama" (la Terre mère), l'extraction continue de plus belle, ici-même en Bolivie, dont le gouvernement intensifie l'exploitation de son gaz naturel, de son cuivre, s'apprête à exploiter un des plus grands gisements de fer au monde sur 40 ans et négocie âprement l'industrialisation du lithium, son futur "or gris".

On vient à Cochabamba pour ressentir une solidarité sans questionnement, voire un sens au destin : "Ce qui se passe ici est un moment nouveau dans la vie de l'humanité", assure Tom Goldtooth, dirigeant indien Dakota du Indigenous Environmental Network. "Cela s'inscrit dans une de nos prophéties, qui veut que les dirigeants mondiaux commenceront à écouter les peuples indigènes sur les moyens de sauver la planète".

L'influence des délibérations de Cochabamba, qui seront transmises au prochain round de négociations climat de Cancun (Mexique) en décembre, est au mieux incertaine. Surtout si un "tribunal de justice climatique", aux farouches accents anticapitalistes, est en tête des propositions.

Mais même dans le partage d'une "impuissance citoyenne" face au réchauffement, le forum, ses rituels, sa symbolique "Terre mère", agit comme une catharsis, observe un habitué de ces réunions : "On recharge ses batteries, et en ce sens ces contre-sommets remplissent une fonction sociale. Ils permettent de faire baisser la soupape".

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Bolivie : les marcheurs indiens accueillis en héros, reçus jeudi par Morales

Indiens amazoniens dans la rue lors d'une marche, le 19 octobre 2011 à La Paz en Bolivie

Voila.fr - 19/10/11 - La capitale bolivienne la Paz a accueilli triomphalement mercredi quelque 2.000 indiens amazoniens qui ont parcouru 600 kilomètres à pied en deux mois pour protester contre un projet de route traversant un parc naturel.

Les marcheurs seront reçus dès jeudi par le président Evo Morales, qui s'est résolu à les appeler au dialogue mardi soir après avoir refusé d'aller à leur rencontre ces dernières semaines.

"Nous verrons demain (jeudi) si le président Morales" est prêt à répondre à nos exigences, a annoncé Fernando Vargas, un des leaders de La marche, dans une allocution pleine de détermination clôturant le parcours.

Au terme d'un périple entamé le 15 août à Trinidad (nord-est), les marcheurs ont été accueillis mercredi par des dizaines de milliers de personnes massées le long des rues escarpées de la capitale.

Les nombreux badauds et représentants de la société civiles et d'ONG ont accompagné le cortège avec des chants et des slogans, tout en brandissant des drapeaux tricolores boliviens et des banderoles blanches ornées du "patuju", une fleur amazonienne qui figure parmi les symboles nationaux du pays andin.

"Pourvu que cet accueil (de la population) serve de message" aux autorités, a exhorté M. Vargas.

Dans l'après-midi, les marcheurs ont atteint leur but, la place Murillo, où est situé le palais Quemado, siège de l'exécutif, avant de rejoindre la place de l'Eglise San Francisco, située à quelques centaines de mètres, pour y assister à une messe.

Ceux qu'on appelle "indigènes" en Bolivie exigent l'annulation pure et simple d'un projet contesté de route de 300 kilomètres reliant deux provinces enclavées et qui doit couper sur 177 kilomètres le parc naturel amazonien du Tipnis.

Ils ont adressé au gouvernement une liste de doléances en 16 points demandant la préservation de leur habitat et la réaffirmation de leur droit à vivre dans un milieu naturel préservé.

"Nous sommes venus dire (au gouvernement) que nous ne nous démobiliserons pas tant que le dernier des 16 points de notre plateforme ne sera pas satisfait". Quand à la route, "elle peut être construite, mais en dehors du Tipnis", a encore déclaré M. Vargas.

Le 25 septembre, les marcheurs avaient été victimes d'une tentative de dispersion musclée par la police ayant fait 74 blessés selon un bilan officiel.

Cet incident avait provoqué une vague d'indignation, une grève générale, et plusieurs démissions au sommet de l'Etat, dont celles de deux ministres.

Face à la pression des marcheurs et de l'opinion, le président socialiste avait suspendu le projet début octobre et promis une consultation dans les provinces concernées, mais il avait aussi suggéré que son résultat n'aurait pas valeur contraignante.

Au delà des dégradations provoquées par les travaux, les indiens craignent l'arrivée de planteurs de coca, voire d'entreprises d'exploitation d'hydrocarbures, qui selon eux convoitent certains terrains du Tipnis, parc naturel d'un million d'hectares et territoire ancestral de 50.000 indiens.

"Tipnis si ! Coca No !", scandaient en coeur les soutiens du cortège mercredi à La Paz.

Evo Morales, premier président amérindien (aymara) élu en 2005 et réélu en 2009, traverse une phase délicate en se voyant contesté par une partie de sa base indienne et de son électorat d'origine modeste fragilisé par la situation économique.

"La terre-mère, les zones protégées et les indigènes ne peuvent être détruits sous un gouvernement indigène", a insisté M. Vargas, tout en appelant la population à rester vigilante face à l'attitude du gouvernement pendant les négociations à venir.

Mercredi, Evo Morales était officiellement en déplacement dans son fief de Cochabamba (centre).

 

Le président bolivien Evo Morales embarque à l'aéroport international de Vienne, en Autriche, le 3 juillet 2013.

AFP PHOTO/PATRICK DOMINGO

 

Avion du président bolivien bloqué à Vienne :

Pour la Bolivie, «les ordres sont venus des Etats-Unis»

 

20minutes.fr - 3/7/13 - DECRYPTAGE - L'avion d'Evo Morales a été contraint de faire escale dans la capitale autrichienne après que plusieurs pays européens, dont la France, lui ont interdit le survol de leur territoire, soupçonnant qu'il transportait Edward Snowden...

Que s’est-il passé mardi soir ?

Mardi soir, à 21h40, l’avion du président bolivien Evo Morales a été contraint de faire escale à Vienne après que le Portugal lui a refusé une escale technique et la France le survol de son territoire, soupçonnant qu’il transportait l’analyste américain en fuite Edward Snowden, réfugié dans un aéroport de Moscou. «Les passeports ont été contrôlés et contrairement aux rumeurs qui ont circulées, Edward Snowden n’était pas à bord», selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur autrichien Karl-Heinz Grundboeck. L’avion n’a pas été fouillé car «il n’y avait aucune raison légale pour une fouille». La présence de Snowden a été démentie par La Paz et les autorités autrichiennes.

Pourquoi ces soupçons ?

L’imbroglio diplomatique s’est produit quelques heures après qu’Evo Morales a déclaré, en marge d’une visite mardi à Moscou, où il participait à une réunion des pays producteurs de gaz naturel, que son pays était prêt à accueillir le fugitif recherché pour espionnage par les Etats-Unis.

L’avion a-t-il pu repartir ?

Oui. L’avion a décollé vers 11h45 ce mercredi matin. La France, puis le Portugal et l’Italie ont finalement donné leur feu vert pour que l’avion du président bolivien puisse emprunter leur espace aérien. L’Espagne a fait de même, en autorisant une escale de l’appareil aux îles Canaries avant de rejoindre la Bolivie. Evo Morales avait auparavant indiqué que Madrid posait comme condition au survol de son territoire une inspection de l’appareil. «Aucune concession n’a été faite» sur ce point, a indiqué l’ambassadeur de la Bolivie auprès de l’ONU, Sacha Llorenti.

Comment a réagi la Bolivie ?

A La Paz, le ministre bolivien des Affaires étrangères, David Choquehuanca, a critiqué «les rumeurs infondées sur la présence de M. Snowden dans cet avion», déplorant un «énorme mensonge», ajoutant que «des explications seraient exigées» à Lisbonne et Paris et que «les lois du trafic aérien avaient été violées». Sacha Llorenti a indiqué que le blocage de l’avion du président est «interprété comme un acte d’agression», et qu’une «procédure» a été engagée par la Bolivie «pour dénoncer ces faits devant le Secrétaire général de l’ONU». Pour la Bolivie, il ne fait «aucun doute» que «les ordres sont venus des Etats-Unis».

Et les autres pays latino-américains ?

Les péripéties du président Morales ont indigné les alliés de la Bolivie en Amérique Latine. Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Elias Jaua, a condamné une agression «brutale, grossière et inappropriée» contre le chef de l’Etat bolivien. De son côté, Ricardo Patiño, ministre des Affaires étrangères de l’Equateur, l’un des 21 pays où Snowden a demandé l’asile politique, a estimé que «cela semblait être une terrible offense au président Morales».

Où est Snowden ?

Selon toute vraisemblance, depuis que les Etats-Unis ont révoqué son passeport, l'Américain est toujours réfugié dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo de Moscou. Cependant, personne ne l’y a vu, ni les dizaines de milliers de passagers qui la traversent chaque jour, ni les employés des restaurants et divers magasins du terminal. Il pourrait attendre dans l'un des deux hôtels de la zone de transit, mais les employés se bornent à dire qu'ils ne sont autorisés à faire aucun commentaire sur le sujet.


Fernando Huanacuni Mamani, ministre des Affaires étrangères de Bolivie © capture d'écran de Ruptly

«C'est la fin de l'empire US» :
la Bolivie prend position contre une intervention au Venezuela

 

RT - 17/8/17 - De passage à Moscou, le ministre des Affaires étrangères bolivien a rejeté l'idée d'une éventuelle intervention armée des Etats-Unis au Venezuela, envisagée par Donald Trump. Il a plaidé pour le droit de Caracas à l'autodétermination.

A l'occasion d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov le 16 août, le ministre des Affaires étrangères bolivien Fernando Huanacuni Mamani a jugé inacceptable l'idée d'une médiation étrangère dans les affaires du Venezuela.

«Nos pays, la Russie et la Bolivie, [...] rejetons fermement toute forme de médiation empiétant sur la souveraineté du Venezuela. Si nous voulons aider, nous pourrions respecter le processus démocratique lancé au Venezuela. Il est très important de préserver l'harmonie dans la région», a ainsi déclaré le ministre bolivien qui a par ailleurs déclaré à RT : «L'hégémonie du monde occidental et de l'empire [américain] est arrivé à sa fin». 

Sergueï Lavrov a de son côté plaidé pour que les «désaccords» entre le Venezuela et d'autres pays dont les Etats-Unis soient surmontés «par des moyens pacifiques, par le dialogue». Il a par ailleurs lui aussi rejeté l'idée de toute «pression extérieure, sans même parler de la menace inacceptable d'une intervention militaire». 

Le Venezuela connait une profonde crise politique qui s'est traduite notamment par une série de manifestations violentes de l'opposition depuis le mois d'avril 2017. Plus d'une centaine de personnes, partisans du gouvernement et opposants, ont perdu la vie dans ces affrontements. L'élection d'une assemblée constituante de 545 membres a encore envenimé encore la situation. Le scrutin avait en effet été boycotté par l'opposition et son résultat non reconnu par un certain nombre de pays, dont l'Union européenne et les Etats-Unis.

Donald Trump a évoqué le 11 août une possible «option militaire» dans le pays pour résoudre la crise après avoir refusé une proposition de dialogue téléphonique faite par le président vénézuélien Nicolas Maduro. 

Plusieurs puissances régionales dont le Brésil, la Colombie, le Pérou, le Chili, le Mexique, l'Equateur, le Nicaragua et désormais la Bolivie ont fait part de leur refus de toute option militaire.

Fernando Huanacuni Mamani a évoqué les interventions militaires américaines en Libye, en Irak ou en Afghanistan, estimant qu'elles avaient entraîné «l'effondrement de ces pays». Qualifiant d’inefficaces les interventions étrangères, le ministre bolivien a appelé Washington à abandonner ses ambitions hégémoniques et à reconnaître l'existence d'un monde multipolaire.

 

 

 

La Bolivie accueille la Russie en Amérique latine et dénonce le terrorisme américain

Auteur : Paul Antonopoulos 

 

ZEJournal - 18-6-18 - Le président de la Bolivie, Evo Morales, a déclaré qu’il saluait la présence de la Russie en Amérique latine.

« La présence de la Russie en Amérique latine est importante pour des raisons géopolitiques, et je veux saluer cette volonté – la volonté de la Russie de coopérer avec la Bolivie », a déclaré M. Morales à Moscou, où il est actuellement en visite d’Etat.

Exprimant l’espoir que la Russie sera présente « dans toute l’Amérique latine », le dirigeant bolivien a déclaré son soutien à la politique du président russe Vladimir Poutine.

« Nous soutenons Poutine dans sa politique d’assurer la paix dans le monde tout en respectant la justice sociale, et il est de notre responsabilité de travailler ensemble pour le bien de l’humanité », a souligné Morales.

Le président de la Bolivie a également annoncé avoir rencontré des représentants d’entreprises russes qui, selon ses propres termes, sont très intéressés à investir dans la production de lithium et ont accepté de rencontrer des représentants des ministères et départements boliviens pour étudier la question.

En outre, Morales a déclaré qu’il a rencontré des représentants du ministère russe des ressources naturelles et de l’environnement, qui veulent coopérer avec la Bolivie dans le développement des gisements.

Entre-temps, le président bolivien avait dit que l’arrestation de l’ancien président brésilien Lula était politiquement motivée et avait commenté les relations bilatérales avec le Brésil, y compris l’élection éventuelle de « la caricature néo-libérale de Trump » Jair Bolsonaro.

Morales a affirmé qu’un « nouveau plan Condor » est en cours de mise en œuvre en Amérique du Sud. Selon lui, la différence avec les années 1970 est que les nouveaux coups d’État sont politiques et non militaires.

« L' Opération Condor » était une campagne de coups d’État violents, de répression et de terreur orchestrée par les États-Unis contre les mouvements anti-néo-libéraux en Amérique du Sud dans les années 1970 et 1980. Selon certaines enquêtes, le « Condor killing-spree » a entraîné le meurtre d’environ 60 000 personnes. Les principales cibles de cette violence étaient les mouvements populaires de gauche et les personnes jugées « prosoviétiques ».

« Ces manœuvres ne sont plus des coups d’État militaires », a déclaré l’homme politique, qui se trouve actuellement dans la capitale russe, Moscou.

Morales a ajouté qu’aucun président de « droite » n’a été destitué au cours des dernières décennies, contrairement à ce qui s’est passé avec les présidents populaires de gauche, comme dans le cas du « coup d’état du Congrès contre Dilma », la dernière présidente élue du Brésil, avant d’être remplacée par le larbin américain Michel Temer.

Le chef de l’Etat a également profité de l’occasion pour exprimer son soutien à l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont l’arrestation, selon Morales, était politique.

Commentant les élections présidentielles au Brésil, qui se tiendront en octobre prochain, M. Morales a déclaré que la Bolivie respectera le résultat des élections dans le pays, quel que soit le vainqueur : la droite ou la gauche.

Cependant, le dirigeant bolivien a déclaré que, en cas de l’hypothétique victoire de Jair Bolsonaro, les relations avec le pays doivent changer.

« Il n’y aura pas de chimie, comme avec Lula, pour penser aux plus nécessiteux », a-t-il affirmé.

« Là où reviennent la droite ou le néolibéralisme, la pauvreté et l’injustice augmentent », aurait fait remarquer Morales.

Cependant, a conclu le président, « [la Bolivie] respectera le résultat des élections, à gauche ou à droite, afin de respecter [le résultat] et de pouvoir travailler ensemble ».

Traduction : Avic – Réseau International


- Source : Fort Russ (Russie)

 

 

“La racine du problème, c’est le système capitaliste”

Evo Morales alerte la 74e Assemblée Générale de l’ONU !

 

par Taktak 

Agoravox - 27 septembre 2019

25 septembre 2019, au lendemain du discours très violent, belliqueux, impérialiste d’un Donald Trump se moquant de l’ONU et du multilatéralisme et venu y mener sa campagne électorale, c’est un tout autre discours qui a été tenu à la tribune de la 74e Assemblée Générale de l’ONU par le président bolivien, Evo Morales.

Le président de la Bolivie a déclaré dans son discours que les nombreux problèmes qui frappent la planète trouvent leurs racines dans le système capitaliste, qui favorise une répartition inégale de la richesse et une accumulation insensée des biens et de l’argent dans les mains de quelques personnes.

” Laissez moi le dire très clairement : les racine du problème sont dans le capitalisme

Evo Morales Ayma – président de la Bolivie – 74e assemblée générale de l’ONU

Soulignons parmi les nombreux problème de la planète “les inégalités, la faim, la pauvreté, la crise migratoire, le chômage”, le président bolivien, l’un des seuls présidents d’origine amérindienne du continent américain, a expliqué que ” la cause sous jacente des problèmes est dans le modèle de production et de consumérisme, dans la propriété des ressources naturelles et d’inégale répartition de la richesse”.

Pour Morales, ” ils est prévu de tout commercialiser pour accumuler plus de capital”, tandis que le monde n’est contrôlé que par une une oligarchie mondiale, une poignée de milliardaires.

Il a dénoncé comme “injuste, immorale et inadmissible” que 26 personnes dans le monde détiennent la même richesse que 3,8 milliards d’êtres humains.

Au plan régional, le dirigeant de la Bolivie s’est également à nouveau exprimé sur la revendication historique de l’accès à la mer de la Bolivie, qui oppose le pays andin au Chili rappelant que la Cour Internationale de Justice a tranché “la Bolivie a un littoral de plus de 400 km sur les rives de l’océan pacifique”, dans la dispute qui oppose les deux pays depuis 136 ans.

Tandis que Trump a appelé à la guerre contre tous les pays ne se pliant pas aux intérêts de l’impérialisme américain, notamment Cuba et le Venezuela, désignant le socialisme comme le seul ennemi des USA qui s’entendent avec les pires dictateurs du monde, tandis que le capitalisme fait tout pour détruire l’écosystème de l’Humanité, Evo Morales Ayma a courageusement montré que le chemin de la paix, de la justice, de la liberté, de l’écologie, c’est bien de sortir du Capitalisme. Le plus tôt sera le mieux, c’est urgent !

JBC pour www.initiative-communiste.fr d’après informations d’Agences

https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/la-racine-du-probleme-cest-le-systeme-capitaliste-evo-morales-alerte-la-74e/

 

 

«Coup d'Etat», prise d’otages, incendies et démissions :
que se passe-t-il en Bolivie ?

RTFrance - 11 nov. 2019

Après trois semaines de violences, le président bolivien a été forcé d'annoncer sa démission, lâché par le chef de l'armée et de la police. L'opposition salue une «leçon au monde» alors que le dirigeant dénonce un «coup d'Etat».

«Le coup d'Etat a eu lieu» : c'est par ces mots que, ce 10 novembre, le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera a commenté la démission du président Evo Morales, annoncée quelques instants plus tôt dans un climat d'émeutes et de violences qui se poursuivent depuis plusieurs jours. Le leader socialiste, dont la réélection est contestée par l'opposition, avait d'abord proposé, en vain, de nouvelles élections pour sortir de la crise et lever les doutes. Mais, lâché par l'armée et la police, il a finalement exposé les raisons de son départ lors d'une allocution télévisée : «J'ai décidé de démissionner de mon poste pour que [les opposants] Carlos Mesa et Luis Camacho cessent de maltraiter et de porter atteinte à des milliers de frères.» Rappelant ses responsabilités en tant que «président indigène et président de tous les Boliviens», il a ajouté : «J'ai l'obligation de rechercher la paix et cela me fait très mal que nous nous affrontions, entre Boliviens.»

Morales dénonce un «coup d'Etat» civil, politique et militaire

Selon des propos rapportés par le média bolivien La Razonle dirigeant a dénoncé un «coup d'Etat» civil, politique et militaire, mis en oeuvre par des groupes radicaux qui sèment le chaos dans les rues, et a ajouté : «Notre péché, c'est d'être indigène et d'être une gauche anti-impérialiste.» Il a en outre dénoncé comme une «décision politique» l'appel de l'Organisation des Etats américains (OEA), dont le siège est basé aux Etats-Unis, à l'organisation d'un nouveau scrutin.

Plusieurs voix de gauche ont réagi à l'annonce d'Evo Morales, à l'image du président élu argentin, Alberto Fernandez, qui a dénoncé sur Twitter : «En Bolivie a eu lieu un coup d'Etat produit par l'action conjointe de civils violents, du personnel policier qui s'est démobilisé et de la passivité de l'armée.»

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a pour sa part condamné «catégoriquement le coup d'Etat survenu contre le frère président Evo Morales», tandis que celui de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a évoqué un «coup d'Etat violent et lâche de la droite contre la démocratie en Bolivie».

«Demain, la Bolivie sera un nouveau pays» [sic]

Du côté de l'opposition, qui ne reconnaît pas les résultats de l'élection présidentielle du 20 octobre donnant Evo Morales vainqueur dès le premier tour, Carlos Mesa, arrivé second lors du scrutin, s'est réjoui : «Nous avons donné une leçon au monde, demain la Bolivie sera un nouveau pays.»

Dans les rues de La Paz, des citoyens sont sortis pour célébrer l'annonce.

Dans la ville, plus modeste, de Cochabamba, fief d'Evo Morales, les rassemblements de soutien au président contrastaient.

En dehors de ces rassemblements pacifiques, des incidents ont été signalés peu après la démission d'Evo Morales, comme des affrontements, des saccagespillages et autres incendies, notamment à La Paz.

Tandis que l'incertitude politique demeure à la tête du pays, de premières arrestations ont été annoncées par le chef de la police, Vladimir Yuri Calderon. La présidente du Tribunal électoral, Maria Eugenia Choque, et son vice-président Antonio Costas ont en effet été emmenés par des soldats cagoulés en vue d'être entendus sur de présumées irrégularités commises durant le scrutin d'octobre.

Un mandat d'arrêt a même été émis contre le président démissionnaire lui-même.  

Incendies, prise d'otages et affrontements

Depuis la victoire contestée d'Evo Morales à la présidentielle du 20 octobre, les incidents se sont multipliés en Bolivie. Dans les deux camps, trois morts et 383 blessées sont à déplorer.

Les épisodes particulièrement violents causés par certains groupes de manifestants aux méthodes criminelles se sont également multipliés, poussant certains membres à annoncer leur départ du gouvernement, le 10 novembre avant l'annonce d'Evo Morales.

Le ministre des Mines, César Navarro, a ainsi renoncé à son poste, disant vouloir «préserver [sa] famille» après l'incendie de sa maison par des manifestants, à Potosi, et l'agression de son neveu.

Des manifestants ont également incendié la maison du président de l'Assemblée nationale, Victor Borda, située à Potosi. Celui-ci a suivi la vague de démissions. «Pourvu que cela aide à préserver l'intégrité physique de mon frère, qui a été pris en otage [lors de l'attaque]», a-t-il expliqué.

D'autre maisons ont été incendiées par des groupes de manifestants ces derniers jours, comme celles de Esther Morales, sœur du président, ou encore du gouverneur de la ville de Oruro, Victor Hugo Vasquez. La maison du ministre Juan Ramón Quintana a elle aussi été saccagée, de même que de nombreux bâtiments publics.

Parmi les autres méthodes employées par certains groupes de l'opposition : l'humiliation publique. La maire de Vinto Patricia Arce (qui appartient au même parti qu'Evo Morales) a ainsi été sortie de force de son bureau par des manifestants aux visages dissimulés, qui ont ensuite mis le feu au bâtiment, le 7 novembre. Ils ont alors enlevé l'édile, l'ont aspergée de peinture, lui ont coupé les cheveux et l'ont forcée à marcher pieds nus sur des kilomètres. Elle a finalement pu être secourue par les forces de l'ordre, en état de choc.

«La lutte ne s'arrête pas ici»

Originaire d'un milieu pauvre et d'une ville de mineurs, Evo Morales, ancien berger de lamas, a commencé par gravir les échelons syndicaux, avant de remporter l'élection présidentielle de décembre 2005 en tant que leader du Mouvement vers le socialisme (MAS). Il a été réélu trois fois, puis a perdu en 2016 de justesse un référendum constitutionnel visant à l'autoriser à briguer un quatrième mandat. Plus haute autorité juridique du pays, le Tribunal constitutionnel le lui permet finalement.

Critique de la politique étrangère américaine sur la scène internationale, Evo Morales a défendu des politiques sociales qui se sont notamment traduites par un net recul de la pauvreté et de l’analphabétisme dans son pays.

Soutien affiché des classes populaires et des populations indigènes dont il est issu, il a notamment mis en oeuvre la nationalisation de secteurs clés de l'économie. L'ancien vice-président démissionnaire, Alvaro Garica a d'ailleurs rappelé, lors de son annonce le 10 novembre, ses principaux faits d'armes : «Nous sommes le gouvernement qui a nationalisé les hydrocarbures, le gouvernement qui a sorti plus de 3 millions de citoyens de la pauvreté.»

Lors de son allocution, Evo Morales a pour sa part promis : «Je voudrais dire, frères et sœurs : La lutte ne s'arrête pas ici.»

Lire aussi : Bolivie : le Mexique offre l'asile à Morales, la présidente du Tribunal électoral arrêtée

Louis Maréchal

 

 

 

Le coup d’État militaire contre Morales ne mettra pas fin à la guerre hybride contre la Bolivie

RéseauInternational - 12 novembre 2019

par Andrew Korybko

 

Le Président Morales a démissionné sous la contrainte suite à la « demande » de l’armée de le faire après que l’OEA, soutenue par les États-Unis, ait prétendu avoir découvert des preuves supposées prouver que sa récente réélection était truquée. Mais le coup d’État militaire ne mettra pas fin à la guerre hybride contre la Bolivie, même dans le scénario improbable du « meilleur des cas » où elle mettrait fin au cycle de violence dans le pays, car les conséquences structurelles et institutionnelles de cette campagne en cours entraîneront inévitablement un renversement des droits socio-économiques accordés à la population indigène majoritaire et risquent de ramener des millions de personnes à leur situation d’esclaves dans le système néolibéral et mondialiste.

Le début de la fin ?

La Guerre Hybride contre la Bolivie a jusqu’à présent permis d’écarter le chef d’État légitime et démocratiquement réélu du pays après que le Président Morales ait démissionné sous la contrainte à la demande des militaires. Ce coup d’État n’a été rendu possible que parce que les services de renseignements US avaient déjà coopté les forces armées et s’était assuré que ce résultat serait un fait accompli avant même son annonce officielle. À première vue, on pourrait croire que la Guerre Hybride est terminée après avoir remporté sa victoire la plus visible de changement de régime dans cet État riche en lithium et géostratégiquement situé dans le centre de l’Amérique du Sud, mais le fait est que cette campagne est loin d’être terminée pour plusieurs raisons très importantes.

La guerre civile a déjà commencé

La première est la plus évidente, il pourrait y avoir un degré incertain de résistance physique de la part des partisans du (« ancien ») Président Morales, pour la plupart autochtones, que ce soit sous la forme de manifestations de rue ou même d’une insurrection naissante qui pourrait représenter le début tangible d’un mouvement de libération nationale pour libérer le pays du joug militaire-oligarchique soutenu par les États-Unis, qui refait surface soudainement après 13 ans de liberté. L’armée a tenté par anticipation de contrecarrer ce scénario juste avant le coup d’État en lançant ce que Reuters a qualifié « d’opérations aériennes et terrestres pour « neutraliser » les groupes armés qui agissent en dehors des lois« , ce qui, dans le contexte politique du pays, ne pouvait être qu’un euphémisme pour commencer des opérations contre les partisans du Président Morales, essentiellement autochtones et non leurs opposants de droite alliés aux forces armées qui se livraient depuis plusieurs semaines déjà à des émeutes dans le pays.

Il s’agit d’un détail important que de nombreux observateurs n’ont pas vu dans les événements qui se sont déroulés dimanche, mais qui révèle de manière cruciale que l’armée s’est rebellée avant même d’exiger la démission du Président Morales en lançant des opérations contre ceux qui sont vraisemblablement ses partisans, bien qu’elle n’ait pas légalement l’autorité pour le faire. Rétrospectivement, cela signifie non seulement qu’un coup d’État militaire s’est produit, mais qu’il a été précédé par ce qui était sans doute le début non officiel d’une guerre civile de bas niveau où les forces armées sont sorties de la chaîne de commandement légale (considérant qu’elles devaient encore exiger sa démission à l’époque) pour « affronter le peuple » alors qu’elles n’avaient aucune intention en ce sens auparavant. Cette décision dramatique est intervenue après que « l’opposition » se soit emparée des médias d’État dans la capitale, que les maisons de la sœur du Président Morales et de deux de ses gouverneurs aient été incendiées samedi soir et qu’une mairesse alliée ait été lynchée dans les rues quelques jours auparavant par « l’opposition ».

Morales en fuite

Il n’est donc pas étonnant que le Président Morales ait imploré ses compatriotes lors de son discours de démission de « cesser d’attaquer les frères et sœurs, de brûler et d’attaquer » car il craignait pour la vie de ses partisans après ce qui venait de se passer, et qu’il avait déjà pris connaissance des opérations militaires en cours contre eux commencées plus tôt ce même jour. Sachant cela, il a fui la capitale avant que l’on ne puisse le capturer et potentiellement exécuter un régicide de type Kadhafi en exécutant un soi-disant « mandat d’arrêt » contre lui (sur la base présumée de quelque chose en rapport avec les élections ou une autre forme de prétendue « corruption ») et en se fondant sur ce qui aurait été l’affirmation non fondée qu’il « résistait » ou était « armé » pour le tuer de sang froid, comme leurs prédécesseurs l’ont fait au célèbre Che Guevara il y a un peu plus de cinquante ans.

S’ils ne parviennent pas à le capturer rapidement, les forces armées soutenues par les États-Unis pourraient même demander l’aide « antiterroriste » US et/ou brésilienne après avoir prétendu que lui et ses partisans sont liés à l’IRGC d’Iran et/ou aux FARC de Colombie, compte tenu des liens étroits du Président Morales avec la République Islamique et du soutien virulent du socialisme. Ils pourraient également « justifier » leur demande d’intervention militaire directe en rappelant à la région son alliance avec le Président vénézuélien Maduro et en alléguant que ce dernier est en quelque sorte impliqué dans les prétendues activités « terroristes » du Président Morales et peut-être même dans le trafic de drogue. Le jeu est donc empilé contre lui et ses partisans, même au cas où ils mèneraient une campagne de libération nationale, ce qui serait tout à fait conforme à leurs droits légaux après que des forces extérieures aient pris le contrôle de l’État par procuration et aient entamé la guerre civile de bas niveau en cours.

Institutionnaliser l’esclavage néolibéral

C’est le pire des scénarios, mais le « meilleur scénario » n’est guère meilleur. Il verrait les forces de droite soutenues par les États-Unis renverser rapidement les droits socio-économiques que le Président Morales a accordés à la population majoritairement indigène pendant ses 13 années au pouvoir sans avoir à mener une guerre civile intense avant. En d’autres termes, ses partisans se rendraient simplement et laisseraient le processus se dérouler sans aucune résistance physique, ce qui semble extrêmement improbable mais pourrait néanmoins se produire si la campagne de terreur actuellement menée contre eux réussissait à effrayer la population et à la soumettre. Il faut tenir pour acquis que certains membres de la mafia émeute s’associeront à l’armée US pour former des escadrons de la mort qui tueront tous ceux qui résistent, à commencer par les membres de son gouvernement (ceux qui servent actuellement et ceux qui ont récemment démissionné afin de protéger leur famille après que leurs proches aient été exposés à un risque plausible de représailles) et leurs supporters qui pourraient descendre dans la rue pour protester contre cette prise illégale du pouvoir.

Quoi qu’il en soit, le grand résultat stratégique recherché par les putschistes est de purger toutes les structures étatiques des socialistes afin d’imposer le plus rapidement possible un régime hyper-néolibéral, la seule question étant de savoir si la population résiste activement ou non à cette « lustration ». Certaines des conséquences structurelles et institutionnelles les plus probables seraient l’octroi d’une autonomie fiscale (et peut-être même politique) aux fiefs « d’opposition » des basses terres de « Media Luna » riches en gaz où vivent la plupart des métisses et la réduction drastique des impôts des sociétés minières étrangères opérant dans les hautes terres peuplées par les autochtones, qui pourrait avoir pour effet d’empêcher les défenseurs, pour la plupart autochtones, de financer les programmes socioéconomiques du Président Morales. Le résultat final serait naturellement que des millions de personnes risquent de retourner à leur ancienne position de servitude indigne sous laquelle elles avaient travaillé avant l’accession au pouvoir du Président Morales.

« La Libye latino-américaine »

Très conscients de l’avenir qui les attend si le coup d’État militaire réussit à les dépouiller de leurs droits socio-économiques durement acquis et à institutionnaliser leur statut d’esclaves du système néolibéral-mondialiste soutenu par l’oligarchie de leur pays et ses partisans étasuno/brésiliens, il ne serait pas étonnant si le « pire scénario » se présente, que les partisans du Président Morales, pour la plupart autochtones, mènent une véritable insurrection de libération nationale.
Mais cela comporte aussi dangereusement le risque élevé que l’État « simplifie » sa stratégie « anti-insurrectionnelle » en envoyant des escadrons de la mort à chaque autochtone (en particulier dans les zones rurales), entraînant un nettoyage ethnique, voire un génocide, si cette stratégie est menée à son terme « logique ».
Il est donc beaucoup trop tôt pour dire que la Guerre Hybride contre la Bolivie est terminée simplement parce que le Président Morales a été forcé de démissionner sous la contrainte, car cette campagne ne se terminera jamais vraiment étant donné le résultat littéralement fasciste qu’elle vise à perpétuer indéfiniment sous la forme du retour informel de la population autochtone à l’esclavage néoliberal.
Compte tenu de la dynamique en jeu, la Bolivie pourrait bientôt être connue sous le nom de « Libye latino-américaine », et les conséquences pourraient facilement se répandre dans le reste de l’Amérique du Sud tout comme la Libye s’est répandue en Afrique.

source : The Military Coup Against Morales Won’t End The Hybrid War On Bolivia

traduit par Réseau International

 

 

Bolivie : une sénatrice de droite s'auto-proclame présidente, Morales dénonce un coup d'Etat

RTFrance - 13 nov. 2019

La sénatrice Jeanine Añez s'est proclamée le 12 novembre présidente par intérim de la Bolivie et est entrée au palais une Bible à la main. Evo Morales a dénoncé le «coup d'Etat le plus astucieux et le plus désastreux de l'histoire».

Lors d'une séance éclair au Sénat, la sénatrice de droite Jeanine Añez s'est proclamée le 12 novembre présidente par intérim de la Bolivie. L'annonce a aussitôt été qualifiée de «coup d'Etat» par Evo Morales, l'ancien président actuellement en exil au Mexique.

Devant une assemblée à moitié vide, Jeanine Añez s'est en effet proclamée à la tête de la Bolivie malgré l'absence de quorum au Parlement, arguant de «la nécessité de créer un climat de paix sociale» dans le pays. Elle s'est immédiatement rendue au siège du gouvernement, où elle a prêté serment. Le Tribunal constitutionnel a validé sa présidence par intérim. Elle s'est ensuite réunie avec les chefs de l'armée et de la police, qui se sont ligués contre l'ancien président indigène. 

La présidente autoproclamée est ensuite entrée au palais présidentiel une grande Bible à la main en criant : «La Bible est de retour dans le palais» [sic].

Jeanine Añez entend marquer sa différence radicale avec le président Evo Morales, qui a tout au long de sa vie défendu la pluralité culturelle de la Bolivie et les droits des indigènes auquel il appartient, comme 65% de la population du pays.

Pour sa part, Jeanine Añez s'est souvent fait remarquer par des déclarations fracassantes empruntes de racisme envers les indigènes. Pour rappel, la chaîne Telesur a publié à cet égard une capture d'écran d'un tweet de la sénatrice datant de 2013 dans lequel elle écrivait : «Je rêve d'une Bolivie libérée des rites sataniques autochtones, la ville n'est pas aux "Indiens", ils feraient mieux d'aller dans les hauts plateaux ou à El Chaco.» [sic]

«Coup d'Etat le plus astucieux et le plus désastreux de l'histoire»

Le président, contraint à la démission, a rejeté la manœuvre de l'opposition qu'il a qualifiée de «coup d'Etat le plus astucieux et le plus désastreux de l'histoire». «Une sénatrice de droite se nomme présidente du Sénat, puis présidente par intérim de la Bolivie, sans quorum, entourée d'un groupe de complices et soutenue par les forces armées et la police, qui réprime le peuple», a écrit Evo Morales sur son compte Twitter.

Depuis son exil, Evo Morales a dénoncé «devant la communauté internationale» l'acte d'auto-proclamation de la sénatrice à la présidence, qui «viole la Constitution politique de l'État plurinational de Bolivie (CPE) et les normes internes de l'Assemblée législative». Pour le dirigeant indigène, cette violation «se consume sur le sang de frères tués par la police et les forces militaires ayant servi au coup d'État».

Réélu au premier tour le 20 octobre, Evo Morales a dû quitter le pouvoir le 10 novembre, sous la pression des forces militaires et de la police qui se sont mutinées dans plusieurs villes du pays

Son départ a également été précipité par la pression de groupes d'opposition, qui ont organisé des manifestations attaquant violemment les partisans du président déchu et jusqu'à sa propre famille. Ces affrontement se poursuivaient encore le 12 novembre, comme en atteste de nombreux articles de la presse régionale et témoignages sur les réseaux sociaux.

Depuis Mexico, où il est arrivé dans l'après-midi en avion militaire après un périple rocambolesque de seize heures au gré des ordres et contrordres des pays latino-américains survolés, Evo Morales a promis de poursuivre «la lutte», affirmant qu'il ne cesserait pas de «faire de la politique». 

«Tous les peuples ont le droit de se libérer», a dit celui qui a longtemps était un symbole d'émancipation aux yeux des populations indigènes de son pays. Il a aussi remercié le Mexique de lui avoir «sauvé la vie». «Ça me fait mal d'abandonner le pays pour des raisons politiques, mais [...] je reviendrai bientôt avec plus de force et d'énergie», avait tweeté le 11 novembre au soir Evo Morales, qui avait démissionné la veille après avoir été lâché par l'armée. 

Droite contre gauche

Jeanine Añez, avocate de 52 ans, doit désormais nommer son gouvernement et convoquer de nouvelles élections dans un délai de 90 jours, selon la Constitution. Elle a promis qu'elles auraient lieu avant le 22 janvier 2020.

«Je félicite la nouvelle présidente constitutionnelle de Bolivie Jeanine Añez», a réagi sur Twitter le candidat centriste Carlos Mesa, qui contestait les résultats de la présidentielle du 20 octobre et réclamait un second tour. Le leader de la contestation, Luis Fernando Camacho, "évangéliste" très ancré à droite, a également reconnu la sénatrice d'opposition comme présidente par intérim et appelé à une «suspension des manifestations», notamment dans son fief de Santa Cruz, dans l'est du pays.

Le 12 novembre, La Paz restait paralysée, les transports publics étant à l'arrêt. La veille, après de violentes protestations, l'armée avait été déployée dans les rues pour appuyer la police. Sept personnes ont été tuées, selon un nouveau bilan annoncé le 12 novembre par le procureur général, et au moins 383 autres blessées.

Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a demandé à l'armée bolivienne de rétablir dans ses fonctions l'ancien chef de l'Etat, considérant que le pays courait un risque de «guerre civile». 

L'auto-proclamation de Jeanine Añez n'est pas sans rappeler, celle, fin janvier, de Juan Guaido au Venezuela. Sans surprise, celui-ci s'est d'ailleurs fendu d'un tweet pour féliciter la sénatrice. «Du gouvernement légitime du Venezuela, nous reconnaissons Jeanine Añez», n'a-t-il pas hésité à écrire. «Vous êtes une inspiration pour notre pays, nous avons la conviction que nous réaliserons la liberté», a-t-il ajouté.

Sans un mot pour Evo Morales, la France a appelé «au calme et à la retenue toutes les autorités de transition» tandis que Washington, qui a applaudi la défection du président indigène, a conseillé aux citoyens américains de ne plus voyager en Bolivie pour cause de «troubles civils» et a limité sa présence diplomatique dans le pays.

Meriem Laribi

Lire aussi : Moscou : une «vague de violences déclenchée par l'opposition» a poussé Evo Morales à la démission

 

 

 

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Sanders Has Denounced Coup, But Biden, Warren, and Buttigieg So Far Silent on Overthrow of Bolivia's Morales

"Why is Bernie Sanders the only one who has spoken out ? Don't the other candidates have a position about a destabilizing, right-wing takeover of a neighboring country ? We need to hear from them."

Supporters of Bolivian ex-President Evo Morales march during a protest from El Alto to La Paz on November 13, 2019. (Photo: Ronaldo Schemidt/AFP via Getty Images

 

 

In the nearly three days since Bolivia's elected President Evo Morales was deposed in a military coup, leading 2020 Democratic presidential candidates Joe Biden, Elizabeth Warren, and Pete Buttigieg have not said a word about the assault on democracy that U.S. President Donald Trump has enthusiastically endorsed.

Sen. Bernie Sanders (I-Vt.) remains the only 2020 Democratic presidential contender to condemn Morales' ouster, which followed weeks of violent right-wing protests against the results of Bolivia's October presidential election.

"This is EXACTLY the time, when there is a blatant coup in Bolivia, that we need to hear from the presidential candidates." 
—Medea Benjamin, CodePink

"I am very concerned about what appears to be a coup in Bolivia, where the military, after weeks of political unrest, intervened to remove President Evo Morales," Sanders tweeted Monday. "The U.S. must call for an end to violence and support Bolivia's democratic institutions."

Biden, Warren, and Buttigieg did not respond to Common Dreams' request for comment on the current situation in Bolivia. This story will be updated if we hear back.

Targeted searches on Google News for "Warren + Bolivia"; "Biden + Bolivia"; and "Buttigieg + Bolivia" turned up no relevant results, while a search for "Sanders + Bolivia" returned numerous stories about the Vermont senator's comments on Monday.

"This is EXACTLY the time, when there is a blatant coup in Bolivia, that we need to hear from the presidential candidates," Medea Benjamin, co-founder of anti-war group CodePink, wrote in an email to Common Dreams. "Why is Bernie Sanders the only one who has spoken out, expressing his concern about the military pushing Evo Morales out? Don't the other candidates have a position about a destabilizing, right-wing takeover of a neighboring country? We need to hear from them."

 

 

 

 

Quand néofascisme rime avec néolibéralisme : coup d’État en Bolivie et infox

Le coup d’État en Bolivie ne tombe pas du ciel, il révèle la patte des Etats-Unis. C’est la revanche de la classe dominante, fortement teintée de racisme. Le pays va-t-il vers un bain de sang ? 


« Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de coup d’État aux USA.

Parce que là, il n’y a pas d’ambassade des Etats-Unis.

– Plaisanterie classique en Amérique latine.

 

Le dimanche 10 novembre un coup d’État a été perpétré en Bolivie. L’armée a contraint le président Evo Morales, nouvellement élu, à démissionner. Dans la rue la violence monte. Des bandes armées de l’opposition agressent des militants et dirigeants du Mouvement pour le Socialisme (MAS) d’Evo Morales. Elles intimident des journalistes, mettent le feu aux maison de membres du MAS, notamment de la sœur d’Evo.

A certains endroits, toute personne qui semble indigène est agressée physiquement. Des femmes indigènes sont déshabillées et molestées. Il y a déjà eu plusieurs morts.

La revanche sur la vague rose 

Ce coup d’État n’est pas totalement inopiné. C’est le énième coup d’État ou tentative de putsch en Amérique latine depuis le début de ce siècle : Venezuela en 2002, Haïti en 2004, la Bolivie en 2008, le Honduras en 2009, l’Equateur en 2012, à nouveau le Venezuela depuis 2013, le Brésil en 2016 et le Nicaragua en 2018.

C’est une réaction à la déferlante de gauche, dite « marée rose » en Amérique latine. Dans les années ‘80 et ‘90, le rouleau compresseur néolibéral avait provoqué un vrai bain de sang dans la région. Le nombre de pauvres avait augmenté d’un tiers. La population ne l’accepta pas et les pays élirent l’un après l’autre un président de gauche.

Sous l’administration de ces présidents de gauche, des programmes anti-pauvreté ont été implémentés et le pouvoir néolibéral a été limité et réduit. Un front s’est également constitué pour réduire l’emprise des Etats-Unis sur le continent.

La vague de gauche ne plaisait évidemment pas aux élites de ces pays, pas plus qu’au gouvernement étatsunien. Tout a été fait pour éliminer ces présidents de gauche. En première instance, par le moyen des élections. Pour l’élite, les élections sont habituellement un « match à domicile » : les partis traditionnels lui obéissent au doigt et à l’oeil, elle dispose d’importants moyens financiers, contrôle les médias ou manipule les réseaux sociaux, et elle brandit la menace du désastre économique ou du chaos au cas où les gens voteraient pour la gauche.

 

Révolutions de couleur et coups d’État « civils » …

Cette recette électorale a servi longtemps, jusqu’à ce que Hugo Chavez fût élu au Venezuela en 1998. Depuis lors, dans bien des pays, la confrontation électorale se révéla beaucoup moins en faveur de l’élite et des intérêts étatsuniens. C’est pourquoi on fit appel à une autre stratégie : une révolution de couleur, ou une autre forme de coup d’État « civil » ou « constitutionnel », ou une combinaison des deux. L’unique objectif étant évidemment d’en finir avec le président de gauche. Avec le soutien des médias contrôlés par l’élite, ces coups d’État camouflés sont recadrés en soulèvements populaires spontanés ou interventions constitutionnelles légitimes.

Cette tactique n’est pas vraiment neuve, sauf que la carte militaire est jouée moins volontiers que dans le passé. A partir des années ‘50 et jusqu’aux années ‘80 du siècle dernier, le continent a encore été la proie de coups d’État militaires. Le plus notoire est celui du Chili en 1973. Le putsch néofasciste de Pinochet a mis fin au gouvernement progressiste de Salvador Allende et créé les conditions idéales pour un régime néolibéral : l’éradication de toute opposition sociale. Car néofascisme rime avec néolibéralisme. La dictature militaire au Chili est devenue le premier terrain d’essai pour les croisés du néolibéralisme. La Bolivie, qui fut une dictature militaire jusqu’au début des années ‘80, devint le deuxième laboratoire, avec les conséquences sociales bien connues.

 

… avec le soutien des Etats-Unis

Depuis deux cents ans l’Amérique latine est l’arrière-cour des Etats-Unis. Les Etatsuniens ont de grands intérêts économiques à préserver, ce pourquoi ils ont quelque quatre-vingt bases militaires.

Le personnel diplomatique étatsunien en Bolivie a une forte tradition d’intrigues et d’ingérences dans les affaires intérieures du pays. C’est ainsi qu’un vrai scandale a été déclenché à propos du président – juste après une rencontre entre le diplomate étatsunien du grade le plus élevé à l’époque et un « journaliste » qui, dans une vie antérieure, était le chef du service de renseignement. Après coup il apparut que tout reposait sur une infox, mais cela entraîna néanmoins la défaite de justesse d’Evo Morales au referendum constitutionnel de 2016.

Dans un passé récent Carlos Mesa, l’adversaire droitier d’Evo Morales lors des dernières élections, a eu des contacts avec plusieurs hauts fonctionnaires et parlementaires des Etats-Unis. Fin juillet 2018 il annonçait déjà qu’une réélection d’Evo Morales entraînerait « une situation que nous ne souhaitons pas : la violence ». Cela indique que le coup d’État actuel était bien préparé. L’OEA – Organisation des États Américains – a également joué un rôle déterminant dans ce coup d’État. L’OEA a été créée en 1948 par les USA pour que les pays d’Amérique latine restent dans le sillage de Washington. Elle a refusé de reconnaître les résultats des élections boliviennes. Elle a ainsi exercé une forte pression sur le gouvernement et fourni à l’armée un prétexte pour exiger la démission du président Morales.

Des intérêts économiques

La Bolivie a toute sa place dans la liste des pays énumérés plus haut. Dans tous ces pays la situation sociale s’est généralement améliorée de manière spectaculaire. En Bolivie également. Sous l’administration d’Evo Morales les salaires réels ont augmenté de 60 % et la pauvreté extrême a été réduite de 60 % également. Cette gouvernance sociale n’a été possible qu’en nationalisant un certain nombre de secteurs clés de l’économie. Pour l’élite c’était impardonnable. A cet égard il n’est pas inintéressant de rappeler le plan d’Evo Morales pour le lithium : non seulement l’extraire mais aussi le transformer en batteries. Le lithium est une matière première très importante pour la nouvelle économie et il sert dans la production de véhicules électriques, d’avions, de batteries, de téléphones mobiles ainsi que de médicaments. La Bolivie possède les plus grandes réserves mondiales de lithium. Les élites mondiales n’acceptent pas que cette matière première stratégique soit aux mains de la gauche.

 

Le facteur indigène

Mais il y a en Bolivie un facteur supplémentaire : la question indigène. Evo Morales est le premier président indigène. Plus encore : il a donné davantage de droits et amélioré la situation sociale de la population – majoritairement indigène – qui auparavant était  traitée comme des citoyens de seconde classe. L’élite généralement blanche et souvent ouvertement raciste n’a jamais pu le digérer. Le coup d’État perpétré aujourd’hui est leur revanche. Ce n’est pas un hasard si les violences visent à présent explicitement la population indigène. 

Par ce coup d’État l’élite veut remettre les pendules à l’heure. Elle terrorise les élus MAS et leurs possibles partisans. Le président Evo Morales, qui a osé toucher à ses privilèges et à ses possessions, doit être éliminé politiquement ou physiquement. Il n’est pas à exclure que le pays ne soit exposé à un bain de sang.

Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action

Source: Investig’Action


 

VIVA EVO !

Morales renversé, mais le socialisme bolivien résistera

RéseauIntenational - 17 novembre 2019

par Andre Vltchek

 

 

 

Ils se sont engagés à le faire, et ils l’ont fait – seigneurs féodaux boliviens, magnats des médias et autres « élites » traîtres – ils ont renversé le gouvernement, brisé l’espoir et interrompu un processus socialiste extrêmement réussi dans ce qui était autrefois un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud.

Un jour, ils seront maudits par leur propre nation. Un jour, ils seront jugés pour sédition. Un jour, ils devront révéler qui les a formés, qui les a employés, qui les a transformés en bêtes sans scrupules. Un jour ! Bientôt, j’espère.

Mais maintenant, Evo Morales, Président légitime de la Bolivie, élu encore et encore par son peuple, quitte son pays bien-aimé. Il traverse les Andes, s’envole loin, vers le Mexique fraternel, qui lui a tendu sa belle main et lui a offert l’asile politique.

C’est maintenant. Les rues déchaînées de La Paz sont couvertes de fumée, pleines de soldats, tachées de sang. Des gens disparaissent. Ils sont détenus, battus et torturés. Des photos d’hommes et de femmes autochtones, agenouillés, face aux murs, les mains attachées dans le dos, commencent à circuler sur les médias sociaux.

El Alto, jusqu’à récemment encore un lieu d’espoir, avec ses aires de jeux pour enfants et ses élégants téléphériques reliant les communautés autrefois pauvres, commence à perdre ses fils et ses filles autochtones. Les batailles font rage. Le peuple charge contre les oppresseurs, porte des drapeaux, meurt.

Une guerre civile, ou plus précisément, une guerre pour la survie du socialisme, une guerre contre l’impérialisme, pour la justice sociale, pour les peuples indigènes. Une guerre contre le racisme. Une guerre pour la Bolivie, pour sa formidable culture précoloniale, pour la vie ; la vie telle qu’elle est perçue dans les Andes, ou au plus profond de la forêt tropicale sud-américaine, pas telle qu’on la voit à Paris, Washington ou Madrid.

L’héritage d’Evo Morales est tangible et facile à comprendre.

Pendant près de 14 ans au pouvoir, tous les indicateurs sociaux de la Bolivie ont atteint des sommets. Des millions de personnes ont été arrachées à la pauvreté. Des millions de personnes ont bénéficié de soins médicaux gratuits, d’une éducation gratuite, de logements subventionnés, d’infrastructures améliorées, d’un salaire minimum relativement élevé, mais aussi de la fierté qui a été rendue à la population autochtone, qui constitue la majorité dans ce pays féodal historique gouverné par des « élites » corrompues et impitoyables, des descendants de conquistadors espagnols et des « chercheurs d’or » européens.

Citoyens de La Paz en attente de soins médicaux gratuits

Evo Morales a officialisé les langues aymara et quechua, au même titre que l’espagnol. Il a rendu les gens qui communiquent dans ces langues, égaux à ceux qui utilisent la langue des conquérants. Il a rendu sa grandeur à la culture indigène – ce qui en a fait le symbole de la Bolivie et de toute la région.

Fini le baiser croisé chrétien (regardez les croix qui réapparaissent, tout autour de Jeanine Añez, d’allure si européenne, qui s’est emparée du pouvoir, « temporairement » mais toujours dans l’illégalité). Au lieu de cela, Evo se rendait, au moins une fois par an, à Tiwanaku, « la capitale du puissant empire préhispanique qui dominait une grande partie des Andes méridionales et au-delà, atteignant son apogée entre 500 et 900 de notre ère« , selon l’UNESCO. C’est là qu’il cherchait la paix spirituelle. C’est de là que vient son identité.

Fini la vénération de la culture colonialiste et impérialiste occidentale, du capitalisme sauvage.

C’était un monde nouveau, avec des racines anciennes et profondes. C’est là que l’Amérique du Sud s’est regroupée. Ici, et dans l’Équateur de Correa, avant que Correa et ses croyances ne soient purgés et chassés par le traître Moreno.

Qui plus est, avant le coup d’État, la Bolivie ne souffrait pas de la chute de l’économie ; elle allait très bien, extrêmement bien. Elle était en pleine croissance, stable, fiable, confiante.

Même les propriétaires de grandes entreprises boliviennes, s’ils se souciaient un peu de la Bolivie et de son peuple, avaient d’innombrables raisons de se réjouirParmi les projets d’infrastructure sous Morales, on peut citer le réseau de téléphériques reliant La Paz à El Alto

Mais la communauté bolivienne des affaires, comme dans tant d’autres pays d’Amérique Latine, est obsédée par le seul et unique « indicateur » : « combien de plus, combien peut-elle avoir au-dessus de la moyenne des citoyens ». C’est l’ancienne mentalité des colonialistes, une mentalité féodale et fasciste.

Il y a des années, j’ai été invité, à La Paz, à dîner par une vieille famille de sénateurs et de propriétaires de médias de masse. Sans honte, sans peur, ouvertement, ils parlaient, même s’ils savaient qui j’étais :

 

« Nous nous débarrasserons de ce bâtard indigène. Pour qui se prend-il ? Si nous perdons des millions de dollars dans ce processus, comme nous l’avons fait en 1973 au Chili et maintenant au Venezuela, nous le ferons quand même. Rétablir notre ordre est la priorité« .

Il n’y a absolument aucun moyen de raisonner ces gens. Ils ne peuvent être apaisés, seulement écrasés ; vaincus. Au Venezuela, au Brésil, au Chili, en Équateur ou en Bolivie. Ils sont comme des rats, comme des maladies, symboles du fascisme comme dans le roman « La Peste » d’Albert Camus. Ils peuvent se cacher, mais ils ne disparaissent jamais complètement. Ils sont toujours prêts à envahir, sans prévenir, une ville heureuse.

Ils sont toujours prêts à unir leurs forces à celles de l’Occident, car leurs racines sont en Occident. Ils pensent exactement comme les conquérants européens, comme les impérialistes nord-américains. Ils ont une double nationalité et des foyers dispersés dans le monde entier. Pour eux, l’Amérique Latine n’est qu’un endroit où vivre, piller les ressources naturelles, exploiter le travail. Ils volent ici et dépensent de l’argent ailleurs, éduquent leurs enfants ailleurs, font leurs chirurgies (plastiques et réelles) ailleurs. Ils vont à l’opéra à Paris mais ne se mêlent jamais aux indigènes chez eux. Même si, par miracle, ils rejoignent la gauche, c’est la gauche occidentale, anarcho-syndicaliste d’Amérique du Nord et d’Europe, jamais la gauche réelle, anti-impérialiste, révolutionnaire des pays non européens.

Ils n’ont pas besoin du succès de la nation. Ils ne veulent pas d’une grande Bolivie prospère ; la Bolivie pour tous ses citoyens.

Ils ne veulent que des entreprises prospères. Ils veulent de l’argent, du profit ; pour eux-mêmes, pour leurs familles et leurs clans, pour leur groupe de bandits. Ils veulent être vénérés, considérés comme « exceptionnels », supérieurs. Ils ne peuvent pas vivre sans ce fossé – le grand fossé qui les sépare de ces « sales Indiens », comme ils appellent les peuples indigènes, quand personne ne les entend !

Un vaste projet de logements sociaux à EL Alto, l’un des nombreux réalisés pendant la présidence de Morales

Et c’est pourquoi, la Bolivie doit se battre, se défendre, comme elle commence à le faire en ce moment même.

Si ce qui arrive à Evo et à son gouvernement est « la fin », alors la Bolivie sera retardée de plusieurs décennies. Des générations entières pourriront à nouveau, en désespoir de cause, dans des cabanes rurales faites d’argile, sans eau ni électricité, et sans espoir.

Les « élites » parlent maintenant de « paix », de paix pour qui ? Pour eux ! La paix, comme c’était le cas avant Evo ; la « paix » pour que les riches puissent jouer au golf et faire du shopping à Miami et à Madrid, alors que 90% de la population se faisait frapper, humilier, insulter. Je me souviens de cette « paix ». Le peuple bolivien s’en souvient encore mieux.

J’ai couvert la guerre civile au Pérou voisin, pendant plusieurs années, dans les années 90, et je suis souvent passé en Bolivie. J’ai écrit tout un roman à ce sujet – « Point of No Return ». C’était une horreur absolue. Je ne pouvais même pas emmener mes photographes locaux à un concert ou prendre un café dans un endroit décent, parce que c’étaient des cholos, des indigènes. Ils n’étaient personne dans leur propre pays. C’était l’apartheid. Et si le socialisme ne revient pas, ce sera l’apartheid une fois de plus.

La dernière fois que je suis allé en Bolivie, il y a quelques mois, c’était un pays totalement différent. Libre, confiant. Étourdissant.

En me souvenant de ce que j’ai vu en Bolivie et au Pérou, il y a un quart de siècle, je déclare, clairement et résolument : « Au diable cette « paix », proposée par les élites ! »

Bien entendu, rien de tout cela n’est mentionné dans les médias occidentaux. Je les surveille, du New York Times à Reuters. Aux États-Unis, au Royaume-Uni et même en France. Leurs yeux brillent. Ils ne peuvent pas cacher leur excitation, leur euphorie.

Ce même NYT a célébré les massacres lors du coup d’État militaire orchestré par les États-Unis en Indonésie en 1965-66 ou au Chili le 11-09-1973.

Maintenant, la Bolivie, comme on pouvait s’y attendre. Des grands sourires dans tout l’Occident. Encore une fois, et encore, les « conclusions » de l’OEA (Organisation des États Américains) sont citées comme s’il s’agissait de faits ; « les conclusions » d’une organisation qui est pleinement soumise aux intérêts occidentaux, en particulier ceux de Washington.

C’est comme s’ils disaient : « Nous avons la preuve qu’il n’y a pas eu de coup d’État parce que ceux qui l’ont organisé disent que cela n’a pas eu lieu ».

*

À Paris, le 10 novembre, en plein milieu de la Place de la République, une foule immense de Boliviens traîtres s’est rassemblée pour exiger la démission d’Evo. J’ai filmé et photographié ces gens. Je voulais avoir ces images en ma possession, pour la postérité.

Ils vivent en France, et leurs allégeances vont à l’Occident. Certains sont même d’origine européenne, alors que d’autres sont indigènes.

Il y a des millions de Cubains, de Vénézuéliens, de Brésiliens, qui vivent aux États-Unis et en Europe et qui travaillent sans relâche pour la destruction de leurs anciennes patries. Ils le font pour faire plaisir à leurs nouveaux maîtres, pour faire du profit, ainsi que pour diverses autres raisons.

Ce n’est pas la paix. C’est une guerre terrible et brutale, qui a déjà coûté la vie à des millions de personnes, rien qu’en Amérique Latine.

Ce continent possède la richesse la plus inégalement répartie de la planète. Des centaines de millions de personnes vivent dans la misère. Tandis que d’autres, fils et filles ou écume féodale bolivienne, sont à la Sorbonne et à Cambridge, pour se conditionner intellectuellement, afin de servir l’Occident.

Chaque fois, et je le répète chaque fois, qu’un gouvernement honnête et décent est élu démocratiquement par le peuple, chaque fois qu’il y a quelqu’un qui a inventé une solution brillante et un plan solide pour améliorer cette terrible situation, l’horloge commence à sonner. Les années (parfois même les mois) du leader sont comptées. Il ou elle sera soit tué(e), soit évincé(e), soit humilié(e) et forcé(e) de quitter le pouvoir.

Le pays retourne alors littéralement dans la merde, comme cela s’est produit tout récemment en Équateur (sous Moreno), en Argentine (sous Macri) et au Brésil (sous Bolsonaro). Le statu quo brutal est préservé. La vie de dizaines de millions de personnes est ruinée. Le retour de la « Paix ». Pour le régime occidental et ses laquais.

Puis, alors qu’un pays violé crie de douleur, d’innombrables ONG internationales, agences de l’ONU et organisations de financement s’y rendent, soudainement déterminées à « aider les réfugiés », à maintenir les enfants dans les classes, à « autonomiser les femmes » ou à lutter contre la malnutrition et la faim.

Rien de tout cela ne serait nécessaire, si les gouvernements élus qui servent leur peuple étaient laissés tranquilles ; laissés en paix !

Toute cette hypocrisie malade et pathétique n’est jamais discutée, publiquement, par les médias de masse. Tout ce terrorisme occidental déchaîné contre les pays progressistes d’Amérique Latine (et des dizaines d’autres pays, partout dans le monde), est étouffé.

Assez, c’est assez !

L’Amérique Latine se réveille à nouveau. Le peuple est indigné. Le coup d’État en Bolivie fera l’objet d’une résistance. Le régime de Macri est tombé. Le Mexique marche dans une direction prudemment socialiste. Le Chili veut récupérer son pays socialiste, un pays qui a été écrasé par des bottes militaires en 1973.

MÈRE ET ENFANTS : Pour la première fois depuis des siècles, Morales a permis aux Boliviens autochtones de vivre dans la dignité, en tant que membres égaux de la société

Au nom du peuple, au nom de la grande culture indigène et au nom de tout le continent, les citoyens boliviens résistent, luttent, affrontent les forces fascistes et pro-occidentales.

Le langage révolutionnaire est de nouveau utilisé. Il est peut-être démodé à Paris ou à Londres, mais pas en Amérique du Sud. Et c’est ce qui compte – ici !

Evo n’a pas perdu. Il a gagné. Son pays a gagné. Sous sa direction, c’est devenu un pays merveilleux, un pays plein d’espoir, un pays qui offrait de grandes perspectives à des centaines de millions de personnes dans toute La Patria Grande. Tout le monde au sud du Rio Grande le sait. Le merveilleux Mexique, qui lui a donné l’asile, le sait aussi.

Evo a gagné. Et puis, il a été expulsé de force par les militaires traîtres, par des hommes d’affaires traîtres, par des propriétaires fonciers féodaux et par Washington. Evo, sa famille et ses camarades ont été brutalisés par ce chef paramilitaire d’extrême droite – Luis Fernando Camacho – qui se dit chrétien ; brutalisés par lui et par ses hommes et femmes.

La Bolivie se battra. Elle ramènera son président légitime à sa place : au palais présidentiel.

L’avion qui emmène Evo au Mexique, au nord, le ramène chez lui, en Bolivie. C’est un grand, grand détour. Des milliers de kilomètres, des mois, voire des années… Mais à partir du moment où l’avion a décollé, l’immense et épique voyage de retour à La Paz a commencé.

Le peuple bolivien n’abandonnera jamais son Président. Et Evo est, pour toujours, lié à son peuple. Et vive la Bolivie, bon sang !

Andre Vltchek

Source : VIVA EVO ! Morales Overthrown, But Bolivian Socialism Will Endure

traduit par Réseau International

 

 

Un peuple désarmé sera toujours vaincu

RTInternatinal - 18 nov. 2019

Bruno Guigne

Chercheur en philosophie politique et analyste des relations internationales, Bruno Guigue revient sur les événements qui ont conduit à la démission du président bolivien Evo Morales.

La République espagnole croyait à la démocratie parlementaire, et Franco a instauré sa dictature. Salvador Allende croyait à la démocratie parlementaire, et on a eu Pinochet. Evo Morales croyait à la démocratie parlementaire, et un coup d’Etat l’a chassé du pouvoir. Illustrations parmi tant d’autres d’une loi de l’histoire : face à des loups, ne jamais faire l’agneau. Comme les expériences précédentes, celle de Morales n’était pas sans défauts, mais elle était prometteuse. Aucun gouvernement latino-américain, dans la période récente, n’avait obtenu de tels résultats : forte croissance, redistribution des richesses, recul spectaculaire de la pauvreté. La Bolivie est le pays d’Amérique latine qui a la plus faible proportion d’illettrés après Cuba et le Venezuela. Or ces avancées sociales, fondées sur la nationalisation des compagnies gazières, sont précisément ce qui a scellé le sort d’Evo Morales. Un président indigène qui travaille pour les humbles, voilà le scandale auquel il fallait mettre un terme. Assoiffée de vengeance, la bourgeoisie bolivienne a réussi à interrompre une expérience progressiste soutenue par les couches populaires.

Ce triomphe provisoire de la réaction suscite évidemment des questions redoutables. Comment le gouvernement légal de ce pays a-t-il pu subir, en toute impunité, l’incendie des maisons de ses propres ministres ? Comment le président élu de cet Etat souverain a-t-il dû quitter le pays, visiblement sous la menace ? Malheureusement, la réponse saute aux yeux : cette humiliation du pouvoir légitime par les bandes factieuses n’a été possible que parce qu’il était désarmé. Les chefs de la police et de l’armée boliviennes, dûment formés à « l’Ecole des Amériques », ont trahi le président socialiste. Ils ont cautionné le coup d’Etat perpétré par la sénatrice d’un petit parti d’extrême droite qui s’est autoproclamée présidente, brandissant une Bible de dix kilos, devant une assemblée sans quorum ! Le président légitime Evo Morales a préféré l’exil à l’effusion de sang, et ce choix est respectable. Mais il ne dispense pas d’une réflexion sur les conditions de l’exercice du pouvoir lorsqu’on entend changer la société.

Le contraste avec le Venezuela est frappant. Tenté à Caracas, le même scénario a échoué lamentablement. Malgré la crise économique qui frappe le pays, l’armée vénézuélienne a résisté aux menaces et aux tentatives de corruption inouïes en provenance de Washington. Cette fidélité de l’appareil militaire à la République bolivarienne est le mur qu’elle dresse contre les menées impérialistes. Mais elle n’est pas le fruit du hasard : militaire chevronné, Chavez a tout fait pour rallier l’armée, et Maduro a retenu la leçon. Le patriotisme anti-impérialiste est le ciment idéologique de la révolution bolivarienne. Appuyée par une milice populaire d’un million de membres, cette force armée éduquée aux valeurs progressistes protège la République. C’est pourquoi la bourgeoisie inféodée à Washington a tenté d’assassiner Maduro, après avoir voulu le renverser lors d’une tentative de putsch grand-guignolesque.

Le pacifisme dissuade rarement la bête féroce, et il n’y a pas de bête plus féroce que cette bête humaine qu’est la classe dominante ébranlée dans son assise matérielle, minée par la trouille de perdre ses avantages, et prête à tout ensevelir pour échapper au tribunal de l’histoire.

Pour parvenir à ses fins en politique, disait Machiavel, il faut être à la fois «lion et renard», faire usage de la force et de la ruse en fonction des circonstances. Mais pour faire usage de la force, encore faut-il en avoir. Aussi positive soit-elle pour la majorité de la population, une politique progressiste suscite toujours la haine recuite des possédants. Cette haine de classe, véritable passion triste des privilégiés cramponnés à leur prébendes, ne tarira jamais. Il faut le savoir, et se donner les moyens de l’empêcher de nuire. Dans les conditions effectives du combat politique, ce qui détermine l’issue finale n’est pas la pureté des intentions, mais le rapport de forces. Face à la coalition de la bourgeoisie locale et de l’impérialisme, les progressistes n’ont pas le choix des armes : il faut qu’ils les prennent, l’idéal étant évidemment de ne pas avoir à s’en servir, en comptant sur la faible propension de l’adversaire au suicide héroïque. Pour exercer cet effet dissuasif, il faut avoir des milliers de volontaires lourdement armés et prêts à défendre la révolution au péril de leur vie.  

C’est sans doute un effet collatéral de la passion de la gauche contemporaine pour les élections, mais il semble qu’on ait oublié la formule de Mao : «Le pouvoir est au bout du fusil.» La naïveté devant la cruauté du monde mène rarement au succès, et le désarmement unilatéral est une forme d’immolation volontaire. On a sa conscience pour soi puisqu’on rejette la violence, mais cette noble attitude a pour inconvénient de réduire considérablement son espérance de vie. Si l’on veut inscrire son action dans les faits, et rester en vie pour y parvenir, il vaut mieux renoncer à la « vision morale du monde », comme disait Hegel, et regarder la réalité en face. Le pacifisme dissuade rarement la bête féroce, et il n’y a pas de bête plus féroce que cette bête humaine qu’est la classe dominante ébranlée dans son assise matérielle, minée par la trouille de perdre ses avantages, et prête à tout ensevelir pour échapper au tribunal de l’histoire.

Sans armes, le peuple sera toujours vaincu, et ce n’est pas un hasard si les seules expériences révolutionnaires ayant abouti à une transformation effective de la société ont doublé l’outil politique d’un outil militaire. On peut toujours discuter de la nature et des limites de cette transformation. Mais si la Révolution française a mobilisé les soldats de l’An II, Si Toussaint Louverture, qui a conduit la première insurrection victorieuse d’esclaves noirs aux colonies, était d’abord un général de la Révolution, si la Révolution russe a créé l’Armée rouge, qui a vaincu les Blancs soutenus par quatorze nations impérialistes, puis les hordes hitlériennes à l’issue d’un combat titanesque, si la Révolution chinoise doit son succès en 1949 aux victoires militaires de Zhu De autant qu’aux idées  de Mao, si la République socialiste du Vietnam a fini par vaincre l’appareil militaire des Etats-Unis, si le socialisme cubain doit sa survie à la victoire inaugurale contre l’impérialisme remportée en 1961 à la Baie des Cochons, c’est qu’il y a une constante vérifiée par l’expérience historique : des armes, oui, ou la défaite.

Si seulement l’on pouvait s’en passer, bien sûr, on le ferait. Mais le camp adverse laisse-t-il le choix ? Ceux qui à Washington sabotent l’économie des pays en développement qui cherchent à s’émanciper de la tutelle occidentale, leur infligent des embargos meurtriers, financent des bandes factieuses, manipulent des opposants fantoches, importent le chaos et la terreur, ces bêtes féroces laissent-elles le choix à leurs victimes ? Si Cuba socialiste ne s’était pas murée dans la défense intransigeante des acquis de la révolution, si Castro n’avait pas tué dans l’œuf toute velléité d’opposition manipulée par la CIA, le peuple cubain aurait-il aujourd’hui le meilleur système de santé et le meilleur système éducatif d’Amérique latine ? En réalité, la voie électorale choisie par les partis progressistes est honorable, mais elle se heurte aux contradictions de la démocratie formelle. Il est naïf de croire que l’on va transformer la société en obtenant une majorité parlementaire. Car dans les conditions objectives qui sont celles d’une société capitaliste, la partie n’est pas loyale.

On sait bien que la bourgeoisie contrôle l’économie et a la main sur les médias, mais on pense qu’on va convaincre le peuple de se rallier au socialisme. On mise alors sur le dévouement des militants pour contrebalancer l’influence des riches qui possèdent les moyens d’information et corrompent des pans entiers de la société pour asseoir leur domination. Mais peut-on citer un seul endroit où ce scénario idyllique s’est jamais réalisé ? Cette noble démarche relève d’une croyance naïve à l’objectivité du jeu démocratique en pays capitaliste. Cette fable est à la politique ce que le roman à l’eau de rose est à la littérature. Car pour ébranler le pouvoir de la classe dominante, il faut d’abord accepter d’être minoritaire, puis élargir sa base sociale en nouant des alliances, enfin frapper le fer tant qu’il est chaud. La compétition électorale est l’un des instruments de la conquête du pouvoir, mais il n’est pas le seul. Et l’armement des classes populaires, pour un mouvement réellement progressiste, n’est pas une option parmi d’autres, c’est une condition de survie.

La constitution de cette force armée populaire ne servirait à rien, toutefois, si l’on ne s’attaquait pas d’emblée aux sources de l’aliénation : les médias de masse. Apparemment, la plupart des médias boliviens appartiennent encore à la bourgeoisie-colon. Autant jouer aux cartes en acceptant de confier tous les atouts à la partie adverse ! Or poser la question de la propriété des moyens d’information, c’est aussi poser la question de la propriété des moyens de production, les médias n’étant en réalité que les moyens de production de l’information. Pour inverser le rapport de forces, et assurer le succès de la transformation sociale, on ne peut donc éviter d’arracher les moyens de production, y compris les moyens de production de l’information, des mains de la classe dominante. Faute d’atteindre ce point de bascule, l’échec est assuré. «L’Etat, disait Gramsci, c’est l’hégémonie cuirassée de coercition», c’est-à-dire l’idéologie dominante appuyée sur la force militaire, et réciproquement. C’est tout aussi vrai d’un Etat populaire, dont la conquête par les forces progressistes vise à transformer la société au profit des humbles. 


 

Bolivie – Élections dans la dictature

 

par Angel Guerra Cabrera

ReseauInternational- 24-1-2020

 

L’offensive impérialiste américaine contre les peuples de notre région entre dans une nouvelle phase ; dans certains pays, avec de nettes connotations fascistes. Bien que ce ne soit pas le seul symptôme, l’empressement obsessionnel des États-Unis à tuer les peuples du Venezuela et de Cuba par la faim et la maladie, juste pour les empêcher d’exercer le droit humain sacré à l’autodétermination, en est un exemple clair. Tout comme la croisade « antiterroriste » cynique et folle en Amérique Latine, appelée cette semaine à Bogota par le Secrétaire d’État Pompeo et le sous Président Duque, se tenant la main avec leur marionnette Juan Guaidó.

C’est précisément en raison de ce contexte hostile et antidémocratique que la nomination de Luis Arce et David Choquehuanca comme candidats à la présidence et à la vice-présidence de la Bolivie par le Mouvement vers le Socialisme (MAS) lors des élections du 3 mai 2010 revêt une plus grande importance politique.

Evo Morales a promu la candidature du duo lors d’une grande réunion tenue en Argentine entre les responsables du MAS et les représentants du Pacte d’Unité des Mouvements Sociaux Boliviens. Ce dernier, qui avait proposé Choquehuanca pour le premier poste et le jeune leader des producteurs de coca du tropique de Cochabamba, Andrónico Rodríguez pour le second, a approuvé le raisonnement intelligent d’Evo à la recherche d’une plus grande unité, d’une meilleure représentation et d’une meilleure performance électorale. L’objectif est de remporter la victoire au premier tour comme cela a été fait le 20 octobre, puis de couper court à la fraude présumée jamais démontrée par l’OEA, qui a ouvert la porte au coup d’État.

 

 

Luis Arce, l’homme responsable du miracle économique bolivien est l’homme choisi pour succéder à Evo Morales comme candidat du MAS à la présidence bolivienne.

Le leader aymara a expliqué qu’avec le binôme Arce-Choquehuanca, l’union entre la campagne et la ville est réalisée, l’union des connaissances scientifiques avec le millénaire du monde indigène. Il a également souligné qu’avec Arce l’économie est assurée, un homme qui, sauf pour une brève période, a été ministre de ce secteur pendant les trois gouvernements d’Evo et, sans aucun doute, le créateur du modèle économique réussi qui a permis non seulement une croissance économique bien supérieure à celle des autres pays d’Amérique Latine et des Caraïbes et de bien d’autres, mais aussi de sortir des millions de personnes de la pauvreté et de l’extrême pauvreté.

Dès son plus jeune âge, Arce a été membre du Parti Socialiste du célèbre Marcelo Quiroga Santa Cruz. Ses premières lectures sur l’économie n’ont pas eu lieu dans les salles de classe des universités mais dans les cercles d’étude de la théorie marxiste. Il a ensuite obtenu une licence et une maîtrise en économie à l’université de Warwick, en Angleterre. Professeur d’université, il a participé à la première campagne électorale de Morales en 2005, a fait partie de son premier gouvernement dès son élection et, peu après, a repris le portefeuille de l’économie qu’il a occupé presque sans interruption pendant près de 14 ans.

Pour sa part, David Choquehuanca est l’un des hommes les plus proches d’Evo depuis qu’il a été le leader des cultivateurs de coca du tropique de Cochabamba. Il a également commencé très jeune les luttes étudiantes et à étudier Marx, tout en gagnant du prestige en tant que conseiller des syndicats paysans et en se préparant académiquement avec des études supérieures en anthropologie et en histoire, puis en droits des peuples indigènes. Ministre des Affaires Étrangères avec Evo pendant 11 ans, Choquehuanca a ensuite occupé le Secrétariat de l’ALBA et a été un grand promoteur des droits de la Pacha Mama basés sur la cosmogonie des peuples originels.

 

L’ancien Ministre des Affaires Étrangères David Choquehuanca
a été choisi pour être le candidat à la vice-présidence et pour accompagner Luis Arce lors des élections du 3 mai.

 

La supériorité morale, politique, intellectuelle et humaine de ce duo sur la myriade d’aspirants opposants est évidente : le néofasciste de Santa Cruz Luis Fernando Camacho, le néolibéral consacré Carlos Mesa, le super-marionnette des États-Unis Tuto Quiroga et d’autres comme eux. Il s’est avéré que même l’autoproclamée veut être candidate, ce qui revient à ne rien dire.

Ce qui sera très problématique pour Arce et Choquehuanca et pour tous les candidats du MAS, c’est d’aller aux élections contre un gouvernement militarisé, qui a assassiné 35 indigènes, qui pratique la persécution politique pour le simple fait d’avoir une opinion différente, qui maintient les militants du MAS prisonniers, militants, ou simplement indigènes, dans pas mal de cas soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants comme l’ancien Ministre du gouvernement Carlos Romero. En outre, une presse nationale qui se consacre entièrement aux putschistes, avec une grande complicité de la presse internationale. D’importants fonctionnaires du gouvernement du MAS vivent dans l’Ambassade du Mexique à La Paz et se voient refuser le droit de quitter le pays en toute sécurité.

Selon tous les sondages, le MAS remporterait l’élection aujourd’hui. Mais la grande question est de savoir si le soi-disant gouvernement de transition dont la seule fonction était de pacifier le pays et de convoquer des élections est prêt à rendre le pouvoir aux « sauvages », comme Mme Añez les a appelés, au cas où ils gagneraient les élections. La question n’est pas vaine, puisque les putschistes ont donné libre cours au racisme, ont fait prendre un virage abrupt à la politique étrangère et de sécurité, désormais totalement subordonnée aux États-Unis, mettant les entreprises publiques au service des amis. Ils agissent comme s’ils allaient rester pour un millier d’années.

source : Bolivia, elecciones en dictadura

traduit par Réseau International

 

 

 

Bolivie : une étude du MIT confirme qu'il n'y a pas eu fraude à l'élection présidentielle

 

RTFrance - 4-3-20



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Deux statisticiens du Massachusetts institute of technology (MIT) viennent de confirmer dans une étude qu'il n'y a aucune preuve de fraude lors de l'élection présidentielle bolivienne du 20 octobre 2019. Le Tribunal électoral bolivien l'avait affirmé dès le mois d'octobre : il n'y a eu aucune fraude lors de l'élection présidentielle du 20 octobre 2019 en Bolivie, contrairement à ce qu'avançait l'opposition au président Evo Morales et l’Organisation des Etats américains (OEA). Le 27 février, cette information a été confirmée par deux statisticiens du Massachusetts Institute of Technology (MIT), spécialistes des scrutins électoraux, dans une analyse accablante pour l’OEA. Leurs travaux montrent que contrairement à ce que prétend l'OEA il n’existe aucune preuve de fraude et qu'Evo Morales aurait «très probablement» remporté les élections dès le premier tour.

Pour rappel, le 20 octobre 2019, les résultats préliminaires du scrutin créditent le président sortant Evo Morales de 45,7% des voix, contre 37,8% pour son rival, l'ex-chef de l'Etat centriste Carlos Mesa. Un pré-résultat collecté sur la base de 83,8% des procès-verbaux. L’écart entre les deux candidats, inférieur à 10%, laissait présager un second tour. Il est à noter que ces résultats préliminaires n'ont aucune valeur juridique et sont destinés aux médias. Les résultats officiels mettent plus longtemps à être obtenus du fait de l'éloignement de certaines régions reculées et généralement partisanes d'Evo Morales. C'est ainsi que quatre jours plus tard, une fois tous les procès verbaux dépouillés, le Tribunal suprême électoral (TSE) bolivien annonce les résultats définitifs : Evo Morales est déclaré vainqueur dès le premier tour avec 47,08% des voix, contre 36,51% pour Carlos Mesa. L'écart entre les deux dépassant les 10 points et Morales ayant obtenu plus de 40% des voix, la victoire est sans appel pour le président indigène, comme le prévoit la Constitution du pays.

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Il n'y a aucune preuve statistique de fraude que nous puissions trouver [...] Dans l’ensemble, l’analyse statistique et les conclusions de l’OEA semblent profondément erronées La rue s'embrase alors et l'opposition, qui criait avant même la tenue du scrutin à la fraude à venir se trouve dopée par l'annulation d'un éventuel second tour et se met à manifester violemment dans les rues du pays. Bilan : 33 morts, des centaines de blessés, des humiliations de partisans de Morales, de nombreux dégâts matériels avec au moins quatre tribunaux électoraux incendiés.

L'OEA, porte-voix de Washington

L’Organisation des Etats américains (OEA), basée à Washington et alignée sur la politique étasunienne en Amérique latine, s'ingère rapidement dans cette polémique et dès le 21 octobre, parle d'«irrégularités» et exprime son «inquiétude» et sa «surprise». Le 4 décembre, alors qu'Evo Morales a été contraint à la démission et qu'il est en exil au Mexique, l'organisation publie un rapport concluant à une «manipulation délibérée» du scrutin du 20 octobre. Ses experts avancent que la marge avec laquelle Evo Morales s'est imposé au premier tour est «minime par rapport au volume des manipulations et altérations détectées». «Compte tenu des preuves accablantes recueillies, il est possible d'affirmer l'existence d'une série d'opérations délibérées destinées à altérer la volonté exprimée dans les urnes», estiment-ils dans ce rapport. Mais des éléments venant appuyer ces dires, il n'y en a pas. C'est précisément ce que démontre l'étude des experts du MIT qui affirment qu'il n'y a aucune preuve de fraude. «Il n'y a aucune preuve statistique de fraude que nous puissions trouver [...] Dans l’ensemble, l’analyse statistique et les conclusions de l’OEA semblent profondément erronées», écrivent les statisticiens. En outre, ces experts expliquent avoir contacté l'OEA pour obtenir des commentaires et que celle-ci n'a pas répondu. Sous la pression de l'armée et de la police qui se sont retournés contre lui, Evo Morales, pourtant indiscutablement réélu, a été poussé à démissionner le 10 novembre. Le premier président indigène de la Bolivie qui ne cesse de dénoncer un coup d'Etat s'est réfugié au Mexique dans un premier temps et vit désormais en exil en Argentine. Le même Tribunal suprême électoral qui l'avait proclamé vainqueur au premier tour de l'élection du 20 octobre 2019 a invalidé le 20 février la candidature d'Evo Morales au Sénat car l'ex-président ne remplit pas l'obligation de «résidence permanente» dans le pays. L'intéressé a contesté cette décision la qualifiant de «coup contre la démocratie». «Les membres [de ce tribunal] savent que je remplis les conditions pour être candidat. L'objectif final est l'élimination du MAS», a réagi Evo Morales sur Twitter en évoquant son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS).

Les élections générales pour l'élection du président, du vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés auront lieu le 3 mai. Selon les derniers sondages, Luis Arce, adoubé par Morales, est largement en tête des intentions de vote, avec 31,6%, devant Carlos Mesa (17,1%) et l'autoproclamée présidente par intérim Jeanine Añez (16,5%). 

Meriem Laribi

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