Rêve 4 /4 rêves


Bernard Le Clerc
Loudéac -- France



0H30

Je circulais au premier étage d'une maison à la campagne. Maison déserte, et j'allais de chambre en chambre. J'ai un vague souvenir d'être entré dans une de ces chambres, au cours de la nuit, et d'y avoir été l'objet d'une fellation de la part d'un homme couché sur un lit. Mes pérégrinations continuent. Je pénètre dans une autre chambre, et j'en garde le souvenir, plus vif mais toujours pas direct, d'une seconde fellation que pratique sur ma personne un autre homme, également couché. Le souvenir de cet acte s'accompagne de la perception d'un immense conduit noir, non angoissant, rappelant très nettement un élément dans une peinture sur une grande toile.





5H20

Je me trouve dans une maison à la campagne, au bord d'une rivière. Je suis tout en haut, peut-être à une fenêtre du dernier étage, ou même sur le toit. Je regarde, en contre-bas, l'autre rive de la rivière, sur laquelle se trouve ma femme, et un homme qui est sans doute un de mes amis. Rivière paisible, gris laiteuse, arbres, couleurs tranquilles, à dominance vert.





6H30

C'est seulement une vision, en flash, de l'intérieur d'une église. Eglise simple, à la campagne. Les assistants, une quinzaine, sont groupés, debout, autour de l'officiant, qui est richement vêtu, grande robe dorée. C'est sans doute un évêque, mais, hors de doute, c'est LE PAPE. Ils font semblant de chanter, mais, en fait, ils psalmodient.





7H

Au niveau de mes yeux, à quelques mètres de moi, dans la terre gris poussiéreuse, est étendu un squelette, rien que les os blancs. Il se trouve dans un sorte de caveau, ou de cave avec soupirail. Paix, fraternité souriante, compréhension de l'univers : aucune question ne se pose, tout est dit - telle est perçue l'ambiance du moment.





Commentaires aux rêves.

Je n'ai jamais connu que l'hétérosexualité, aucune pollution nocturne depuis trois ou quatre décennies, et pas de fantasmes homosexuels. Je me souviens vaguement d'expériences érotiques enfantines dans une maison en construction, à la campagne, mais uniquement manuelles. La rivière est certainement celle près de laquelle j'ai vécu, pendant dix ans, avec ma femme et mon fils.
Néanmoins ces fellations me semblent troublantes au moins à deux titres. Elles ne m'ont pas procuré d'orgasme, même dans le rêve. Comme s'il s'agissait d'un marquage de chacune de deux chambres, de chacun des deux lits des deux chambres, le personnage dispensateur du pseudo-plaisir demeurant incognito, sans visage - marquage comme un chien, un chat ou un renard marquent leur territoire par leur urine. Je crois, en fait, que les deux chambres ne sont qu'une, car j'ai déjà vécu des rêves où le thème initial était répété presque textuellement - comme si le Rêve voulait insister. Auquel cas ce serait la tache noire qui serait la clé puisque l'aboutissant de l'épisode.
Le squelette me plaît bien. J'ai vu, ces temps-ci, deux squelettes "artistiques" : un dessin surréaliste de Brauner, très riche en profondeur, et des vestiges préhistoriques, pour lesquels j'ai eu beaucoup d'intérêt. Et je croirais volontiers que le tracé du squelette, linéaire, n'est pas sans lien avec le tracé en double-hélice aborigène.
Il me faut insister sur l'importance, pour moi, du thème de la TRACE : aussi bien tous ces squelettes néo ou paléolithiques que les "paroles gelées" de Rabelais, que les groupes de points dans "l'art rupestre", ou toutes les énigmes que nous ont laissées nos prédécesseurs. Et je crois être très attaché à l'idée du "surréel", c'est-à-dire au schéma déconcertant qui sous-tend toute activité banale. Une TRACE, c'est une PREUVE.





Commentaires aux conditions de l'activité.

J'ai pensé plusieurs fois dans la soirée à cette expérience, restant en contact avec un de mes amis, dont je vous enverrai la relation dès qu'elle me sera parvenue, et regardant la peinture aborigène, qui me restait assez hermétique. Il me semble qu'il aurait été bon d'indiquer davantage à tous les rêveurs qu'ils allaient être, tous ensemble, les cellules d'un même phénomène - la griserie de l'étrange communauté aurait permis bien des essors. La loi, n'est-ce pas la communauté ?

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