ONIROLOGUES


Sigmund FREUD

& la psychanalyse

Sigmund FREUD

Source Wikipédia

 


Selon Freud, l'«interprétation des rêves est la voie royale qui mène à l'inconscient»

Source Wikipédia


Les rêves sont, dans le modèle psychanalytique, des représentations de désirs refoulés dans l’inconscient par la censure interne (le surmoi). Les désirs se manifestent dans le rêve de manière moins réprimée qu'à l'état de veille. Le contenu manifeste du rêve est le résultat d'un travail intrapsychique qui vise à masquer le contenu latent, par exemple un désir œdipien.
En cure de psychanalyse, le travail repose sur l'interprétation à partir du récit (contenu manifeste) du rêve. Les associations du patient sur son rêve permettent de révéler son contenu latent. Le travail du rêve repose sur quatre procédés.
- Tout d'abord, le rêve condense, comme s'il obéissait à un principe d'économie. En une seule représentation sont concentrées plusieurs idées, plusieurs images, parfois des désirs contradictoires.
- Deuxièmement, le rêve est décentré et le désir déformé est fixé sur un autre objet que celui qu'il vise, ou sur de multiples objets jusqu'à l'éparpillement. Il y a un déplacement de l'accent affectif.
- Par ailleurs, le rêve est une illustration («figurabilité») du désir en ce qu'il ne l'exprime, ni en mots, ni en actes, mais en images ; ici joue le symbole : la représentation substitutive de l'objet et du but du désir est parfois typique et d'usage universel.
- Enfin, le rêve est aussi le produit d'une activité également inconsciente, mais très proche de l'activité vigile en ce qu'elle s'efforce de lui donner une apparence de vraisemblance, d'organisation, de logique interne (ou «élaboration secondaire»).

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Critiques de la théorie freudienne

Critiques internes au mouvement psychanalytique


Source Wikipédia


Les principales querelles aboutissent, au cours du développement du mouvement psychanalytique, à des scissions majeures, d'abord celle d'Alfred Adler (qui fonde ensuite la psychologie individuelle), puis celle de Carl Gustav Jung, initiateur de la psychologie analytique). Si les points théoriques de désaccord sont nombreux, liés à la libido, au complexe d'Œdipe ou encore à l'importance de la sexualité dans le psychisme, les raisons sont souvent des conflits de personnes et sont liées au contrôle de la psychanalyse.

Ces controverses se situent dès les premières fondations de la psychanalyse, dans les années 1907 et 1911. Nommés les «apostats» par Freud, Adler, le premier, puis Jung ensuite, s'opposent à la conception de la libido comme essentiellement d'origine sexuelle. Pour Freud, ces disciples des premiers temps voulaient récupérer le mouvement psychanalytique.
Paul-Laurent Assoun souligne en effet que tous deux disent vouloir remettre la psychanalyse dans la bonne direction, et la sauver du culte de la personnalité formé autour de Freud. La concurrence entre les diverses écoles, principalement entre le cercle viennois et l'école de Zurich de Jung, porte le coup le plus intense au jeune mouvement psychanalytique, et ce dès 1913, avec la défection de Jung.
Les autres querelles internes ont davantage cours après la mort de Freud, avec Melanie Klein ou Donald Winnicott. La critique de Klein, portant sur l'Œdipe, a néanmoins été connue du vivant de Freud et il en est de même pour Wilhelm Reich, à propos d'une divergence de théorie sur la pulsion de mort principalement.
Le post-freudisme commence ainsi avec cette nouvelle génération de psychanalystes qui s'émancipent en partie de l'héritage freudien, et dont les critiques portent essentiellement sur l'interprétation des textes fondateurs ou sur les concepts clés de l'édifice épistémologique freudien.

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Critiques externes au mouvement psychanalytique

Par le philosophe Michel Onfray

Edition Grasset

Avril 2010, 624 p.

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Voir l'extrait de l'ouvrage, au sujet de L'Interprétation des rêves (pp. 376-387) : BDT


Michel Onfray, cohérent avec lui-même, s'en prend ici à une religion qui, bien plus que les monothéismes qu'il pourfendait dans son Traité d'athéologie, semble avoir encore de beaux jours devant elle. Cette religion, c'est la psychanalyse - et, plus particulièrement, le freudisme. Son idée est simple, radicale, brutale : Freud a voulu bâtir une «science», et il n'y est pas parvenu; il a voulu «prouver» que l'inconscient avait ses lois, sa logique intrinséque, ses protocoles expérimentaux - mais, hélas, il a un peu (beaucoup ?) menti pour se parer des emblèmes de la scientificité. Cela méritait bien une contre-expertise. Tel est l'objet de ce travail.

Avec rigueur, avec une patience d'archiviste, Michel Onfray a donc repris, depuis le début, les textes sacrés de cette nouvelle église. Et, sans redouter l'opprobre qu'il suscitera, les confronte aux témoignages, aux contradictions, aux correspondances. A l'arrivée, le bilan est terrible : la psychanalyse, selon Onfray, ne serait qu'une dépendance de la psychologie, de la littérature, de la philosophie - mais, en aucun cas, la science «dure» à laquelle aspirait son fondateur.

On sera, devant une telle somme, un peu médusé : Freud n'en ressort pas à son avantage. Et encore moins sa postérité qui aura beau jeu de prétendre que si Michel Onfray conteste si violemment la religiosité en vogue chez les archéologues de l'inconscient, ce serait précisément parce qu'il craindrait de contempler le sien. Une «ouverture» biographique, semblable à celle qui précède chacun de ces essais, devance cette objection en racontant comment et pourquoi Michel Onfray a découvert - en vain - cette «science de l'âme» qui n'en est pas une.

Michel Onfray est né le 1er janvier 1959. Vingt ans professeur de philosophie dans un lycée, il a démissionné de l'Education nationale en 2002 pour créer et animer l'Université populaire de Caen. Il est l'auteur d'une cinquantaine de livres traduits dans plus de vingt-cinq pays.

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BHL : pour Freud, contre Onfray

par Daniel Salvatore Schiffer


AGORAVOX - 29/4/10 - Il faut décidément s’appeler Bernard-Henri Lévy, et ne craindre donc pas de hisser, comme souvent, l’effronterie à la hauteur de la cuistrerie, pour, après s’être à jamais couvert de honte aux yeux de ses pairs avec la désopilante affaire Botul, oser s’attaquer aussi brutalement, comme il le fait cette semaine dans son «bloc notes» du Point (à l’instar de sa revue La Règle du Jeu ainsi que sur son site Des Raisons dans l’Histoire, voué entièrement, comme dans les pires régimes dictatoriaux, au culte de sa personnalité), au Freud de Michel Onfray. D’autant que ce dernier est, tout comme lui, un auteur phare de la très germanopratine maison d’édition Grasset : une première, à ma connaissance, dans le petit monde éditorial parisien !

Certes ne passerai-je pas mon temps, ici, à défendre Onfray : tel n’est pas l’objet de cette opinion. Il n’en a d’ailleurs guère besoin, lui, qui, en matière de succès livresque, vend dix fois plus que Lévy (ce qui ne constitue d’ailleurs pas nécessairement une garantie de sérieux philosophique), surtout, une fois encore, après son attaque de botulisme. Mais ce qui frappe néanmoins, dans cette charge inattendue de BHL à l’encontre de son confrère chez Grasset, c’est sa virulence : une critique, non pas scientifique, rationnelle et objective, engageant un débat de fond sur le strict plan des idées, mais une critique, essentiellement, ad hominem, aussi superficielle que subjective, sans véritable charpente argumentative, comme aiguillonnée par un étrange ressentiment, dont on peut dès lors légitimement penser qu’elle n’est guidée au fond, après l’abyssal naufrage d’une certaine Guerre en philosophie, que par une jalousie aussi malsaine qu’absurde.

Car c’est bien là ce que fait Lévy, en cet article du Point, à l’encontre d’Onfray : l’insulter en le taxant, entre autres amabilités, de «puéril», de «pédant», de «ridicule», de «valet de chambre» (fût-il hégélien) et, le comble pour le libertaire nietzschéen de gauche qu’est l’auteur du Traité d’athéologie, de «brigadier des mœurs». Et Lévy de conclure cet ignoble papier, où le mépris le dispute à la morgue, par cette ultime salve : «J’ai peine, en tous les sens du terme, à retrouver dans ce tissu de platitudes, plus sottes que méchantes, l’auteur des quelques livres (…) qui m’avaient, il y a vingt ans, paru si prometteurs. La psychanalyse, qui en a vu d’autres, s’en remettra. Michel Onfray, j’en suis moins sûr.».

Soit : laissons donc là à ce vaniteux, et encore plus culotté, de BHL la liberté, pour dérisoire, mesquine ou grotesque qu’elle soit, de pareil jugement, une fois de plus à l’emporte-pièce ! Car, pour lui répondre sur ce point précis, une chose paraît, en tout cas, non moins évidente : c’est que, en ce qui le concerne plus personnellement depuis la tristement célèbre affaire Botul, là même où il se piquait de s’en prendre à l’immense Kant via la farce d’un auteur fictif, la philosophie, qui en a vu d’autres elle aussi, s’en remettra également. Lui, Bernard-Henri Lévy, j’en suis, moi aussi, moins certain, pour le paraphraser. Surtout lorsqu’il lira ma prochaine Critique de la déraison pure, sous-titrée la faillite intellectuelle des «nouveaux philosophes» et de leurs épigones, à paraître ce 17 mai chez Bourin Editeur.

Morale de la fable ? Du rififi en vue, donc, chez Grasset ? Peut-être ! Et je ne voudrais, certes, préjuger de rien. Mais si j’étais Michel Onfray, je quitterais illico presto, après cette charge béachélienne tenant encore plus de la trahison que de l’affront, cette vénérable maison, reprenant, par la même occasion, ma liberté de parole : ce privilège des seuls grands.

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Michel Onfray dénonce l'imposture Freudienne dans l'émission Campus animée par Franz Olivier Giesbert

du Vendredi 9 Avril au soir sur France 2

“Vous aurez le dernier mot”

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Commentaire par ElyanSUn


19 avril 2010 - Son nouveau livre. Un réquisitoire impitoyable contre Sigmund Freud et la psychanalyse. Ses griefs sont de trois ordres :

- Le premier est biographique : Freud aurait eu un comportement malhonnête.
- En deuxième lieu, sa thérapie na pas fait ses preuves.
- Progressiste ou révolutionnaire, Freud ? En aucun cas, objecte Michel Onfray, qui tient à le mettre également en cause sous langle politique.
Cétait un fieffé conservateur, gardien des bonnes moeurs et partisan de régimes autoritaires.

Allez, il était temps que Michel Onfray qui dit avoir lu Freud dès son adolescence, se réveille enfin concernant la psychanalyse. Mieux vaut tard que jamais, mais Onfray à légo démesuré, ne fait que passer derrière des gens bien moins médiatiques qui ont déjà fait le travail ("Le mensonge freudien", de Jacques Bénesteau, refusé par une dizaine de maisons déditions françaises et imprimé en Belgique, est le meilleur bouquin sur le sujet).
La psychanalyse, contrairement à ce que dit FOG, a fait beaucoup de mal en faisant de tous les êtres humains des malades en puissance sur des bases complètement fantasques, ce que décrit bien Onfray.
Quon en juge plutôt : dans une lettre adressée à Fliess en février 1897 (expurgée de lédition française), notre cocaïnomane préféré "accablait son père Jakob, disparu quelques mois plus tôt. Sigmund le rendait responsable de lhystérie de son propre frère et de deux de ses soeurs, en raison de fellations imposées dans leur petite enfance - la tête des petites victimes tenues en étau dans les mains de leur géniteur à tous étant la cause des céphalées ultérieures !
Le cas Freud est une pathologie à lui tout seul. Ce brave numérologue (la science kabbalistique des combinaisons a largement contribué aux associations libres de la psychanalyse et le Talmud disait déjà "Nul ne peut comprendre son rêve sans interprète", -Yoma 28b) était un grand détraqué dont les thuriféraires -sa fille Anna en particulier- connaissent parfaitement les arnaques et tentent à tout prix de cacher les errements, mensonges et manipulations depuis sa mort. Il a détruit plusieurs fois entièrement ses archives, car impatient "de les voir ségarer", il voulait rendre impossible le travail des biographes.
Et on comprend mieux que certaine lettres aient été détruites, caviardées ou sont censurées jusquen 2032, 2102, 2113 à la bibliothèque du Congrès de Washington !!! La fifille Freud, Anna, gardienne du temple, a ainsi fait déplacé par valise diplomatique sil vous plaît, dans les années 60, des archives de Londres, parmi lesquelles celles concernant sa propre analyse par son gentil papa. Certaines de ses archives, probablement les plus chaudes, ont dailleurs été détruites, une fois de plus, à cette occasion.

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AGORAVOX

24/4/10

«Le Crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne»

Elisabeth Roudinesco riposte !

Par Axel

http://aevigiran.over-blog.com/

A l’annonce de la parution du dernier ouvrage de Michel Onfray (M.O), "Le Crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne" Elisabeth Roudinesco (E.R) a eu un méchant coup de sang, et a dégainé avant même la parution de l’ouvrage. Elle y va au lance-flamme !.. (1)

Dans sa contre offensive, d’entrée de jeu l’objectif est de chercher à décrédibiliser a priori son adversaire : "Michel Onfray, qui n’est pas historien... ", ce qu’il n’a d’ailleurs jamais prétendu être… Passons. Mais sur ce terrain, l’est-elle elle-même au sens strict du terme ? Diverses sources sur la toile indiquent simplement qu’elle a soutenu en 1991, son habilitation à diriger des recherches en histoire (HDR), ce qui ne l’avait pas empêchée en 1979 de s’orienter vers la rédaction d’une histoire de la psychanalyse en France. Démarche donc légitime chez l’une, et crime de lèse-majesté chez l’autre ? " Je propose ici une histoire nietzschéenne de Freud, du freudisme et de la psychanalyse : l’histoire du travestissement freudien de cet inconscient en doctrine " (P 32) Voilà toute l’entreprise de M.O. Et contrairement à l’affirmation d’E.R en conclusion de son article, ce ne sont pas des " considérations marchandes qui ont conduits à cette publication ", mais l’aboutissement logique du travail de M.O entreprit depuis la création l’université populaire (UP) de Caen en 2002. Ainsi, dans le cadre de sa contre-histoire de la philosophie, après avoir commencé avec les présocratiques, avant d’aborder le christianisme hédoniste, puis les libertins baroques, les ultra des Lumières, les radicalités existentielles du XIXe siècle, avec les figures centrales d’Henry David Thoreau, Schopenhauer et Stirner, la construction du surhomme enfin, avec Nietzsche, M.O arrivé XXe siècle se trouva confronté à la figure de Freud, pour laquelle, sur la foi de ses lectures passées, il avait un priori favorable : "Je me proposais de le lire comme un philosophe vitaliste développant sa théorie dans le lignage de Schopenhauer et de Nietzsche" (p. 31). Comme " il n’y a pas d’idées pures qui tombent d’un ciel des idées pures ", l’évidence s’impose : la biographie influe sur l’œuvre et réciproquement. D’où sa méthode de travail : " lecture de l’œuvre complète in extenso, car la plupart des cartes postales procèdent d’une certaine fainéantise intellectuelle. Pourquoi travailler l’œuvre intégrale si l’on peut se contenter (…) de répéter la vulgate à longueur de temps ? " (P31). Ainsi, outre l’édition des œuvres complètes de Freud, lues dans l’ordre chronologique, M.O a aussi exploré les correspondances et y a " ajouté les biographies utiles pour agencer et lier l’ensemble, puis contextualiser les productions intellectuelles dans la vie de l’être, de sa famille, de son époque, de son temps ". (P32)

Mais revenons à l’article : lorsque E.R écrit, " M.O ignore tout des travaux produits depuis quarante ans par les véritables historiens de Freud et de la psychanalyse les véritables historiens de Freud ", en plus d’être manifestement faux, il faut bien sûr entendre ici que les seuls historiens accrédités de Freud, ne peuvent être que les thuriféraires du maître viennois ; ceux adoubés sur l’autel du saint divan. Un peu plus loin, après quelques glissements sémantiques, survient l’inévitable diatribe où les gros mots attendus sont lâchés : M.O " réhabilite le discours de l’extrême-droite française avec lequel il entretient une réelle connivence " ; " …il y a dans un tel livre et dans les propos tenus par l’auteur une volonté de nuire qui ne pourra, à terme, que soulever l’indignation… ". Ainsi selon la papesse française de la psychanalyse, M.O est donc un nuisible qui tient un discours d’extrême droite suscitant l’indignation de tous les thérapeutes soignant les 8 millions de personnes " traitées par des thérapies qui dérivent de la psychanalyse ". Il faut admirer ce tour de passe-passe. Non seulement E.R dit à peu près le contraire de ce qu’elle disait en 2005, ou elle affirmait qu’il n’y avait en France que 5000 psychanalystes, et qu’il ne fallait surtout pas les amalgamer avec les thérapeutes d’orientation psychanalytique(2) , mais en outre l’argument est en soi fallacieux : en quoi en effet, par exemple, la critique de la culture OGM en plein champ soulèverait-elle l’indignation des 800 000 personnes employées en France à titre permanent par l’agriculture, voir tous ceux qui en dépendent, c’est à dire toute la population ? Mystère…

La suite est du même tonneau : " Onfray ne connaît rien à la vie de Josef Breuer, Wilhelm Fliess, Sandor Ferenczi, Otto Rank, Ernest Jones, Alfred Adler, Carl Gustav Jung, Melanie Klein, Marie Bonaparte, Lou Andreas-Salomé, Anna Freud… ". Cette liste, longue comme un drap de lit, vise sans doute à impressionner le lecteur candide. Hélas, c’est une affirmation gratuite qu’on pourrait tout aussi bien lui jeter à la face. Inutile de démontrer l’inanité d’une telle argumentation.

Autre crime impardonnable aux yeux de la madone de la psychanalyse : M.O " s’appuie sur (..) "Le Livre noir de la psychanalyse", qui réunit une quarantaine de contributions. Si Freud y est traité d’escroc et de menteur, avide d’argent et incestueux par le courant historiographique révisionniste américain… " Des révisionnistes donc ! Franchement, pour moi qui l’ai lu je n’y ai rien trouvé de tel ; tout au contraire un démontage argumenté d’une vaste entreprise de falsification opérée depuis plus d’un siècle par Freud et ses séides. Mais à défaut de pouvoir opérer une critique sur le fond, seule reste la vocifération et l’insulte. D’ailleurs, selon E.R que fait donc M.O à l’UP de Caen si ce n’est entreprendre " une révision de l’histoire des savoirs dits "officiels". ". A révisionniste, révisionniste et demi donc.

S’ajoute à la recette Roudinesco, une touche désopilante de psychanalyse gratuite (merci madame) : " Onfray se montre bien décidé à faire du pénis l’objet d’un culte phallique et volcanique " Ainsi voici démasqué un infâme phallocrate…. " Rebelle en émoi, hanté par le complot oedipien qui se serait abattu sur lui.. (…) Pour se venger de la haine que lui a inspiré sa mère, il a décidé d’attaquer celui qu’il considère comme le responsable de tous les complots contre le père : Sigmund Freud ". Phallocrate donc, et qui haïssait sa mère ! A pisser de rire, vraiment !

Puisqu’il faut bien s’essayer à quelques tentatives de critiques qui ont l’air un peu plus sérieuses, E.R, faute de mieux, ergote sur quelques dates. Et si elle reconnaît, ici ou là, les erreurs du maître, c’est pour mieux en atténuer la portée : " Quant à la collaboration des freudiens et de Jones à la politique d’"aryanisation" de la psychothérapie allemande orchestrée par Matthias Göring, elle est parfaitement connue des historiens : Freud a laissé faire ". Dont acte. Brouillons aussi les pistes : " Onfray attribue aux hagiographes d’avoir occulté la vérité concernant la sexualité de Freud. La réalité est toute différente : en 1923, Freud a en effet subi une opération de ligature dite "opération de Steinbach". Cet endocrinologue était l’un des premiers à avoir découvert la fonction des cellules interstitielles qui sécrètent les hormones mâles. En ligaturant les canaux, il pensait obtenir une relative hypertrophie des cellules et par conséquent un "rajeunissement" du sujet ". Encore une fois, quel rapport ? En quoi cela invalide t-il les thèse défendues par M.O ?

Pour dire vrai, il fastidieux à lire jusqu’au bout que cette caricature de pamphlet sinuant entre mauvaise foi et insulte… Car E.R, histoire sans doute de montrer à quel point M.O est un sinistre personnage, se répète, tourne en circuit fermé et enfonce le clou jusqu’à la nausée. Ainsi M.O défend un " …dieu solaire et volcanique, source de vie et antithèse absolue du judéo-christianisme créateur de guerre, de destruction et de pulsion de mort. Aussi bien Onfray fait-il alors de la psychanalyse le "produit d’une culture décadente fin de siècle qui a proliféré comme une plante vénéneuse" ("Le crépuscule", p. 566-567). Il reprend ainsi à son compte la grande thématique de l’extrême-droite française qui, depuis Léon Daudet, a toujours comparé la psychanalyse à une science étrangère ("boche" ou "juive") "… Allez, lisons entre les lignes, l’accusation vaut condamnation : M.O est antisémite aussi, même si ce n’est pas expressément dit. C’est exactement le type d’argument qu’avait asséné Gérard Mordillat à l’issu d’une conférence à propos de son dernier ouvrage en collaboration avec Jérôme Prieur, " Jésus sans Jésus ". Alors qui lui était posé la question : " Que pensez-vous de la thèse défendue par Michel Onfray a propos de la figure de Jésus comme personnage conceptuel ? ". Ca c’est limite de l’antisémitisme, avait répondu cassant le cinéaste, prompt à déceler le mal pensant et prêt à l’expédier illico au bûcher !

Revenons au réquisitoire de cette véritable cerbère de l’orthodoxie psychanalytique : "En 1933, Edoardo Weiss, disciple italien de Freud, présente à celui-ci, à Vienne, une patiente qu’il a en traitement. Le père de celle-ci, Gioacchino Forzano, auteur de comédies et ami de Mussolini, accompagne sa fille. Au terme de la consultation, il demande à Freud de dédicacer un de ses livres pour le Duce. Par égard pour Weiss, Freud y consent : "A Benito Mussolini, avec le salut respectueux d’un vieil homme qui reconnaît en la personne du dirigeant un héros de la culture." (…) " On ne peut pas dire la dédicace timorée. Cependant la terreur des enfers conclut : " Sans connaître les détails de cette affaire, à propos de laquelle il se trompe lourdement, Onfray en conclut que Freud est un fasciste ", chose qu’il n’affirme évidemment pas en l’état, ni sans de longs développements. Extrait : " En politique, les publications en témoignent, Freud campe sur des positions publiques anti-communistes, antibolcheviques, antisocialistes, anti-social-démocrates et puis, de manière exclusivement privée, les correspondances le prouvent, sur des thèses favorables à l’austro-fascisme de Dollfuss et au facisme de Mussolini " (P 532)
Ce qui apparaît final à la lecture du livre de M.O, et de la critique d’une violence extrême qu’en a fait E.R, c’est un contraste saisissant.

Coté M.O :
Sur la foi de ses lectures passées, et de la présentation en classe de terminale des thèse freudienne comme vérités scientifiques, il est parti d’un a priori favorable envers la psychanalyse, faveur manifeste lors de certaines de ses conférences – ce qui je l’avoue m’agaçait quelque peu alors. Et s’il a lu "les œuvres des historiens critiques", c’était en prévoyant, lors de la session des questions des auditeurs à l’UP de Caen, des interventions d’opposants à la psychanalyse. "Je m’attelais à la tâche, dit-il, avec en tête des idées fausses issues de la lecture d’historiens de la psychanalyse prétendument honnêtes (…) Ces gardiens de la légendes écartaient toute la littérature critique d’un revers de la main en la considérant comme "révisionniste", antisémite, réactionnaire (…) Or j’ai lu ces livres : ils disent vrai… Cette découverte suscita donc pour moi une sidération sans nom : d’abord, ces auteurs n’avaient rien d’antisémite, ils se trouvaient faussement qualifiés de "révisionnistes" (pp. 33-34). Ce qui en ressort, c’est une grande probité intellectuelle, une capacité de remise en question peu commune à saluer.


Coté E.R :
Tout au contraire, on trouve ici la prose vindicative d’une idéologue, prisonnière d’un dogmatisme sur lequel repose toute son existence. Son système de croyances, ses valeurs s’articulent autour de la psychanalyse ; véritable colonne vertébrale, garante de l’équilibre psychique. Aussi n’est-il pas étonnant qu’à mesure que l ‘édifice psychanalytique se fissure et branle de toutes parts, les replâtrages n’y suffisant plus, E.R active, pour sauvegarder sa croyance, " toute une série d’items ‘amortissant’ les contradictions afin de protéger et de faire durer, autant qu’il est possible pour l’équilibre cognitif, une certaine vision mentale "(3) de la psychanalyse. " Ces éléments périphériques servent de " zone tampon entre une réalité qui la met en cause et un noyau central qui ne doit pas changer facilement " (C.Flament). Ils ont une plasticité qui leur permet de rendre adaptable la représentation aux éventuels démentis des pratiques sociales ou des informations venues de l’extérieur " (4) N’en ajoutons pas davantage. Ainsi voici l’apôtre de Sigmund condamnée à toujours plus d’agressivité, davantage d’excommunications, toujours prête à sonner l’hallali pour tenter de sauver ce qui peu l’être d’un naufrage irrémédiable…Une vielle dame au fond, outragée jusqu’à l’apoplexie ; Sisyphe au féminin vouée à l’imprécation éternelle…

Mais laissons la conclure :
" Au terme de son furieux réquisitoire, Michel Onfray souscrit à " une thèse qui s’inscrit (..) " dans la plus pure tradition de l’idéologie complotiste française (d’Augustin Barruel à Edouard Drumont) - la main, l’œil et le nez de Freud"

Et la réponse de Michel Onfray :
"Je découvrais dès lors l’hystérique combattant l’historique dans une guerre où, à l’évidence, les armes rationnelles de l’historien pèsent peu face à la foi déraisonnable de l’hystérique qui n’hésite pas à recourir aux pires insultes, pour discréditer l’adversaire, donc éviter un réel débat d’idée". (P 34)

Pour l’anecdote, en guise d’aparté finale, et pour illustrer comment peuvent fonctionner les croyances collectives, cette citation de Freud "J’ai remarqué, en analysant plusieurs musiciens, un intérêt particulier, et qui remonte à leur enfance, pour les bruits que l’on produit avec les intestins (…) Une forte composante anale dans cette passion pour le monde sonore" (Lettre à Stefan Zweig). S’il apparaît hallucinant que des gens sérieux, cultivés, peuvent souscrire à de telles énormités, c’est que les mécanismes de la croyance collectives fonctionnent ici à plein. Le fait que la psychanalyse ait pu être présentée comme vérité académique n’est pas neutre. A l’instar de la croyance au Père Noël, pour un individu, la croyance dans la psychanalyse "peut être acceptée rationnellement s’il a de bonnes raisons d’avoir confiance dans leurs sources (par exemple, le parent, le professeur ou le savant)". (5) "Les individus naissent et grandissent dans une société où ces mythes sont déjà présents (…) Ils les acceptent en vertu d’un ’argument d’autorité’".(6)

A noter enfin que lors de l’émission."Du grain à moudre" du jeudi 22 avril sur France-Culture le débat portait sur : "La psychanalyse est-elle encore vivante ?" avec précisément Michel Onfray et l’anthropologue Samuel Lézé, auteur de "l’Autorité des psychanalystes" (PUF, 2010). Julie Kristeva, quant à elle, alors qu’elle avait été invitée, n’a pas souhaité débattre directement avec Michel Onfray, préférant le faire par voie de presse. (7)

Notes :
(1) http://bibliobs.nouvelobs.com/20100416/18956/roudinesco-deboulonne-onfray
(2) http://squiggle.be/la-psychanalyse-dans-la-presse/droit-de-reponse.html
"Ce n’est pas parce que des psychiatres et des psychologues ont une orientation psychanalytique que l’on peut les comptabiliser comme des psychanalystes sauf à vouloir affirmer, de façon péjorative, que l’influence de la psychanalyse est excessive et donc néfaste, ce que dit Le livre noir. La seule comptabilité correcte ne peut s’appuyer que sur le relevé des annuaires auquel on ajoute un correctif, ce que j’ai fait en chiffrant le nombre de psychanalystes à 5OOO à peu près". (Elisabeth Roudinesco, septembre 2005).
(3) Gérald Bronner, "Vie et mort des croyances collectives" (Hermann, collection société et pensée, 2006, p 105.
(4) Op. citée, p 105.
(5) D. Speber, La contagion des idées, Odile Jacob, 1996, p 127.
(6) D. Speber, "Individualisme méthodologique et cognitivisme", in R.Boudon & F. Chazel (dir), Cognition et sciences sociales, PUF, 1997, P 132.
(7) http://bibliobs.nouvelobs.com/20100422/19093/freud-le-debat-onfray-kristeva

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Blogue de Michel Onfray : Les ressorts du divan

17 avril 2010

«Roudinesco sur Onfray»

Où l’on apprend ce qu’est la position du missionnaire…

Elisabeth Roudinesco a affirmé à un journaliste sidéré qu’elle allait créer une polémique planétaire contre moi, une polémique dont je ne me remettrai jamais ! Tudieu ! Quelle force de frappe ! Quelle puissance pour une si petite dame qui croit pouvoir activer ses réseaux intergalactiques afin de pouvoir continuer à distiller son fiel, enseigner la légende, et puis, bien sûr, empocher les bénéfices de ce petit commerce (très) rentable… Pour ce faire, elle inonde internet d’un «communiqué d’Elisabeth Roudinesco» de dix-huit pages, celui qui fut envoyé à l’Agence France Presse (!), qui est un tissu d’insultes, de mensonges, de contre vérités qui la ridiculisent gravement plus qu’elles ne me nuisent. Elle a intitulé la chose : « Pourquoi tant de haine ? (suite) » [voir ci-dessous] . En effet : Pourquoi tant de haine ?
Cette haine, on la cherchera en vain dans mon livre, on pourra également lire les entretiens, visionner les émissions de télévision, écouter mes conversations radiophoniques qui n’ont pas manqué avant même la parution du livre, sinon assister à mes séminaires de l’Université Populaire (où mon amie psychanalyste, Myriam Illouz, enseigne, à ma demande, la psychanalyse - car je crois, pour ma part, aux vertus de la saine confrontation, du dialogue intelligent pour que le public se fasse lui-même une idée juste) : on n’y trouvera aucune haine.
A moins d’estimer que célébrer les vertus de l’histoire contre la dangerosité de la légende ce soit manifester de la haine ! Auquel cas, je ne peux rien faire et veux bien être traité de haineux par une femme qui fait de moi à longueur d’ondes, d’entretiens, de papiers, de discours, un nazi, un vichyste, un pétainiste, un compagnon de route des négationnistes, un révisionniste, un antisémite, un défenseur de l’idéologie de l’extrême droite française !
Dans ce « travail » de Madame Roudinesco qui met à jour toute l’épistémologie dont elle est capable, je me contenterai juste d’une remarque pour éviter de reprendre point par point ce chapelet d’insanités. Pas question en effet de répondre de manière circonstanciée et développée à cette phrase tellement ridicule qui prétend qu’avec Le crépuscule d’une idole j’aurais fait de la psychanalyse « une science nazie et fasciste » (page 15) !
Pas question non plus de faire autre chose que rire à gorge déployée à la lecture de cette sottise crasse : parlant de Freud je l’aurais tellement admiré que je l’aurais lu dans « mon enfance » (quel talent !) en me masturbant (page 8) (quel autre talent !)…
Pas question de commenter le diagnostic digne d’un élève de terminale (après sa première leçon de psychanalyse dans son cours de philo…) concernant la « haine » (page 8) que j’aurais pour ma mère, une information prélevée dans La puissance d’exister un livre justement dédié… à ma mère !
Pas question de répondre à l’assertion que j’aurais lu Freud en cinq mois quand, dans la préface, je signale avoir commencé ma lecture en 1973 alors que, sans craindre la contradiction, elle prétend elle-même que son Mentor me servait à me tripoter dans les cabinets dans mon « enfance »…
Pas question de montrer que ce livre, prétendument « dénué de sources et de notes bibliographiques » (page 2) comporte une bibliographie de vingt pages, interligne « un », soit plus de 50.000 signes, et de faire remarquer que les notes ne sont pas en bas de page, mais derrière chaque citation tant il y en a, (quatre ou cinq par page en moyenne…), ce que précise la seule note en bas de page de mon livre (page 37) !
Pas question de relever le mépris venu des beaux quartiers parisiens que ses honoraires lui permettent d’habiter contre moi qui suis tout juste un goy terroir « du bocage de Basse-Normandie » (page 7).
Pas question de tourner le couteau dans la plaie en relevant les passages dans lesquels Madame Roudinesco défend les pédophiles et la pédophilie (page 12) et attaque ceux qui l’attaquent –dont moi qui préfère me trouver de ce côté-là de la barrière que du sien, pour ça comme pour le reste....
Pas question de raviver le prurit en commentant cette assertion que j’aurais écrit « la première biographie non autorisée de Freud (en) laissant croire que ne sont aujourd’hui disponibles que celle d’Ernest Jones et de Peter Gay, parues la première entre 1953 et 1957, et la deuxième en 1988 » (p.2) alors que je renvoie, pour le travail le plus récent, aux presque mille pages intitulées Si c’était Freud… de Gérard Huber paru en août 2009 – mention donnée dans la bibliographie (p.584). Par ailleurs, je n’ai nulle part dit qu’il s’agissait d’une « biographie non autorisée » !
Pas question de préciser que, concernant la correspondance de Freud avec Max Eitingon (dont Madame Roudinesco écrit : il « ne la cite pas puisqu’il ne connaît pas le détail de cette affaire », page 11) se trouve être précisément à la base des développements des deux chapitres intitulés « Salut respectueux de Freud aux dictateurs » et « Le surhomme freudien et la horde primitive » avec un détail de l’analyse des lettres échangées entre les deux hommes pp.549-550. Le livre que je ne connais donc pas est mentionné dans cette fameuse bibliographie qui n’existe pas non plus page 590 ! On y lira : « Sur la question politique, sur celle des relations entre psychanalyse et national-socialisme, quelques lettres à Eitingon constituent une mine, Correspondance (1906-1939), traduction d’Olivier Mannoni, Hachette, 2009. Également indispensable pour approcher la machinerie de l’institution psychanalytique »).
Pas question de montrer mes quartiers de noblesse de gauche (la chose est connue publiquement, la dame le signale elle-même dans ce même texte en me présentant, sans craindre le ridicule d’affirmer l’exact contraire de sa thèse, comme « un freudo-marxiste » (page 1) pour réfuter l’assertion selon laquelle je « réhabilite le discours de l’extrême droite française » (idem) !
Madame Roudinesco qui fut longtemps stalinienne au Parti Communiste français a gardé les tics d’une pathologie qu’on ne soigne jamais : elle est toujours bel et bien l’éleveuse des vipères lubriques et des hyènes dactylographes, ces animaux d’un temps qui fut le sien, celui de sa gloire passée, mais c’était un temps où je n’étais pas encore né…
Juste une remarque : le fichier qu’elle diffuse d’une manière hystérique et compulsive sur le net et qui contient cette prose scientifique (dans le sens que Freud donnait à ce mot…) a pour titre : « Roudinesco sur Onfray »… Si j’étais psychanalyste, ce qu’à Dieu ne plaise, j’y verrai quelque chose comme un acte manqué qui trahit un désir inconscient !
Quand je pense qu’on ne peut même pas lui conseiller le divan – puisque c’est déjà fait ! Preuve définitive, d’ailleurs, de l’inutilité de ce genre de pratique pour en finir une bonne fois pour toute avec les pathologies mentales, non ?


PAR ONFRAY.OVER-BLOG.COM

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Pourquoi tant de haine ? (suite)

 

Communiqué d’Elisabeth Roudinesco

 

Dans un brûlot truffé d’erreurs et traversé de rumeurs, à paraître le 21 avril chez Grasset sous le titre Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne, Michel Onfray, qui n’est pas historien et ignore tout des travaux produits depuis quarante ans par les véritables historiens de Freud et de la psychanalyse (des dizaines d’essais dans le monde, dont les principaux sont traduits en français), se présente pourtant comme le premier biographe de Freud capable de décrypter des légendes dorées déjà invalidées depuis des décennies. Se transformant en affabulateur découvrant des vérités occultes qui auraient été dissimulées par la société occidentale- elle-même dominée par la dictature freudienne et par ses milices- il traite les Juifs, inventeurs d’un monothéisme mortifère, de précurseurs des régimes totalitaires, Freud de tyran de toutes les femmes de sa maisonnée et d’abuseur sexuel pervers de sa belle-soeur : homophobe, phallocrate, faussaire, avide d’argent, faisant payer ses séances d’analyse 450 euros.

Il décrit le savant viennois comme un admirateur de Mussolini, complice du régime hitlérien (par sa théorisation de la pulsion de mort) et fait de la psychanalyse une science fasciste fondée sur l’adéquation du bourreau et de la victime. Tout en se déclarant proudhonien et parfois freudo-marxiste, il réhabilite le discours de l’extrême droite française (Debray-Ritzen et Bénesteau, notamment) avec lequel il entretient une réelle connivence. De telles positions vont bien au-delà d’un simple débat sur Freud et la psychanalyse. Car à force d’inventer des faits qui n’existent pas et de fabriquer des révélations qui n’en sont pas, l’auteur de ce brûlot hâtif et brouillon favorise la prolifération des rumeurs les plus extravagantes : c’est ainsi que des médias ont déjà annoncé que Freud avait séjourné à Berlin durant l’entre deux guerres, qu’il avait été le médecin d’Hitler et de Göring, l’ami personnel de Mussolini et un formidable violeur de femmes.

Quand on sait que huit millions de personnes en France sont traités par des thérapies qui dérivent de la psychanalyse, on voit bien qu’il y a dans un tel livre et dans les propos tenus par l’auteur une volonté de nuire qui ne pourra, à terme, que soulever l’indignation de tous ceux qui- psychiatres, psychanalystes, psychologues, psychothérapeutes- apportent une aide indispensable à une population saisie autant par la misère économique - les enfants en détresse, les fous, les immigrés, les pauvres - que par une souffrance psychique largement mise en évidence par tous les collectifs de spécialistes.

1- Description de l’ouvrage

Le 21 avril 2010 sort en librairie, sous la plume de Michel Onfray, un nouveau brûlot contre Freud : Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne. Publié chez Grasset et composé de cinq parties, l’ouvrage est dénué de sources et de notes bibliographiques. Il est truffé d’erreurs et traversé de rumeurs. L’auteur projette sur l’objet haï ses propres obsessions - les Juifs, le sexe pervers, les complots - au point de faire de Freud un double inverti de lui-même, et de la psychanalyse l’expression d’une autobiographie de son fondateur transformé en criminel affabulateur. Face à cet alter-ego, rejeté en enfer, l’auteur se veut un libérateur venant sauver le peuple français de sa croyance en une idole dont il annonce le crépuscule.

Négligeant les ouvrages consacrés à Freud depuis quarante ans, Onfray se présente comme un historien sérieux, écrivant la première biographie non autorisée de Freud et laissant croire que ne sont aujourd’hui disponibles que celles d’Ernest Jones et de Peter Gay, parues, la première entre 1953 et 1957, et la deuxième en 1988. Il ne cite ni les travaux des historiens de Vienne (Schorske, Johnston, Le Rider, etc...), ni ceux consacrés à la question de la judéité de Freud (Yerushalmi, Yovel, Derrida, Gay, etc...), ni aucun des essais (des dizaines dans le monde, dont beaucoup sont traduits en français) concernant les différents aspects de la vie de Freud : on connaît aujourd’hui au jour le jour chaque événement de la vie de celui-ci et de celles de ses compagnons, disciples et dissidents. Onfray ne connaît rien à la vie de Josef Breuer, Wilhelm Fliess, Sandor Ferenczi, Otto Rank, Ernest Jones, Alfred Adler, Carl Gustav Jung, Melanie Klein, Marie Bonaparte, Lou Andreas-Salomé, Anna Freud (à propos de laquelle il cite une biographie erronée que plus personne ne lit). Pas un mot sur la question discutée de la sexualité féminine (de Helen Deutsch à Karen Horney en passant par Simone de Beauvoir, Juliet Mitchell Judith Butler), ni sur l’histoire de la fondation de l’International Psychoanalytical Association (IPA), ni sur la révision des grands cas (à propos desquels il commet de lourdes bévues).

Quant à l’oeuvre de Freud, traduite en 60 langues, Onfray dit en avoir pris connaissance pendant cinq mois (entre juin et décembre 2009) dans la traduction des PUF, celle qui est aujourd’hui la plus critiquée par l’ensemble des spécialistes. Il ne fait aucune référence au grand débat sur les traductions et n’a consulté aucune archive : ni à la Library of Congress (LOc) de Washington, ni au Freud Museum de Londres. Il ignore le monde anglophone, germanophone et latino-américain et ne connaît guère l’histoire de la psychanalyse en France.

Onfray cite l’ouvrage de Henri Ellenberger, Histoire de la découverte de l’inconscient paru en 1970 (en anglais) et traduit pour la première fois en français en 1974 et réédité en 1994. Il souligne qu’il s’agit là de la première grande révision de l’histoire officielle de Freud, ce qui est inexact puisqu’il oublie l’oeuvre d’Ola Andersson (Freud avant Freud. La préhistoire de la psychanalyse (1962), Les empêcheurs de penser en rond, 1997), antérieure à celle d’Ellenberger. En outre, comme il date la parution du livre d’Ellenberger de 1991, il fait donc débuter l’historiographie savante avec vingt ans de retard, tout en soulignant qu’elle est encore occultée aujourd’hui, alors même qu’elle est en pleine expansion et que les archives de la LOc, après les grandes batailles des années 1990, sont en train d’être déclassifiées selon les règles en vigueur. Onfray se trompe également sur la date de parution du livre de Frank Sulloway, Freud biologiste de l’esprit, publié en anglais en 1978 et deux fois édité en français (1981 et 1998, Fayard.) Il croit donc qu’aucun travail non hagiographique n’existe à ce jour sur Freud, ce qui lui permet de se présenter comme le premier auteur à redresser des légendes dorées, déjà invalidées depuis trente ans. Il ne fait d’ailleurs aucune différence entre histoire pieuse, histoire officielle, pensée irrationnelle, historiographie fondée sur des légendes noires et des rumeurs (courant dit « révisionniste » ou, en anglais, « destructeur de Freud ») et histoire savante. D’où un manichéisme absolu : d’un côté les « bons » anti-freudiens, de l’autre, les « mauvais » adeptes d’une affabulation.

Ignorant les travaux américains et ne connaissant Freud que par ce qu’il en a lu en français, Onfray se trompe également sur la date de parution de la correspondance non expurgée de Freud avec le médecin berlinois Wilhelm Fliess essentielle pour décrypter les modalités de de l’invention de la psychanalyse et les hésitations et errances du premier Freud. Celle-ci est pourtant disponible en anglais, allemand, portugais, espagnol depuis 1986. Elle a été traduite pour la première fois en français en 2006, soit vingt ans plus tard, ce qui fait croire à Onfray qu’elle a été occultée jusqu’à nos jours.

N’étant formé à aucune tradition de recherche universitaire, n’ayant aucune idée de ce qu’est l’internationalisation de la recherche en histoire, Onfray néglige la réalité du travail historiographique qui se fait dans ce domaine depuis des décennies, mais il s’appuie sur ce qu’il considère comme le nec plus ultra de la recherche historique : Le Livre noir de la psychanalyse (Les Arènes, 2005), qui réunit une quarantaine de contributions. Si Freud y est traité d’escroc et de menteur, avide d’argent et incestueux par le courant historiographique révisionniste américain, les psychanalystes - français notamment - y sont accusés de complots et de contaminations diverses, les uns parce qu’ils auraient été défavorables à la vente de seringues pour les malades du sida - rumeur inventée de toutes pièces - et les autres parce que, adeptes de Françoise Dolto, morte en 1988, ils auraient favorisé après 2000 l’abaissement de l’autorité à l’école en idéalisant l’ «enfant roi». Quant à Jacques Lacan, il est comparé à un gourou de secte, tandis que l’ensemble des associations psychanalytiques sont brocardées pour avoir été à l’origine d’un véritable goulag freudien : au moins dix mille morts en France. Aucune source ne vient étayer cette affirmation insensée. Contrairement à ses nouveaux amis qui ont réussi, comme il le raconte lui-même (Crépuscule, p. 585), à le convertir à la vraie vérité - celle de la conspiration des freudiens contre la société occidentale -, Onfray ne s’attaque qu’à Freud, laissant entendre que plus tard, dans un autre volume, il s’occupera de ses héritiers.

2- Portrait de l’auteur en dieu solaire, hédoniste et masturbateur

Avant d’analyser le contenu du brûlot, il faut donner quelques indications permettant de comprendre comment Onfray en est arrivé à se « convertir » à l’anti-freudisme le plus radical.

Fondateur d’une Université populaire à Caen, il est connu pour avoir rassemblé autour de lui un vaste public qui suit son enseignement en croyant avoir affaire à une entreprise moderne de rénovation du discours philosophique. Convaincu que l’Université française et l’Ecole républicaine sont des lieux de perdition dans lesquels des professeurs assènent à des enfants des vérités officielles dictées par un Etat totalitaire, Onfray a entrepris une révision de l’histoire des savoirs dits « officiels ». Il se veut libertaire, d’extrême gauche, adepte de Proudhon contre Marx et se proclame le défenseur du peuple exploité par le capitalisme. Aussi a-t-il été pendant un temps proche du Nouveau parti anticapitaliste avant d’appeler à voter pour le Front gauche aux dernières élections régionales.

Depuis plusieurs années, il diffuse largement une «contre-histoire de la philosophie», qui prétend lever des refoulements sur des savoirs qui auraient été censurés par les professeurs, par le pape, par les prêtres. Aussi a-t-il mis au point une méthodologie qui s’appuie sur le principe de la préfiguration : tout est déjà dans tout avant même la survenue d’un événement.

Grâce à cette méthodologie, qui rencontre un vrai succès populaire auprès d’un public fasciné par ce qu’il croit être une insurrection des consciences, Onfray a pu affirmer qu’Emmanuel Kant, philosophe allemand des Lumières, n’était qu’un précurseur d’Adolf Eichmann - l’organisateur de la «Solution finale» qui se voulait kantien (Le songe d’Eichmann, Galilée, 2008) -, que les trois monothéismes (judaïsme, christianisme, islam) sont en eux-mêmes des entreprises génocidaires, que l’évangéliste Jean est l’ancêtre d’Hitler, que Jésus préfigure Hiroshima, et qu’enfin tous les musulmans de la planète sont des fascistes guidés par d’infâmes ayatollahs (Traité d’athéologie, Grasset, 2005)

A l’origine de cette sombre affaire, les Juifs, fondateurs du premier monothéisme - c’est-à-dire d’une religion sanguinaire, axée sur la pulsion de mort - seraient donc, selon Onfray, les responsables de tous les malheurs de l’Occident, les véritables «inventeurs de la guerre sainte» : « Car le monothéisme Fent pour la pulsion de mort, il chérit la mort, il jouit de la mort, il est fasciné par la mort, il est fasciné par elle (...) De l’épée sanguinaire des Juifs exterminant les Cananéens à l’usage d’avion de ligne comme de bombes volantes à New York, en passant par le largage de charges atomiques à Hiroshima et Nagasaki, tout se fait au nom de Dieu, béni par lui mais surtout béni par ceux qui s’en réclament. » (Traité d’athéologie, p. 201, 212, 228, etc...)

A cette humanité monothéiste (juive, chrétienne, musulmane) exclusivement vouée à la haine et à la destruction, Onfray oppose une humanité athéologique, soucieuse de l’avénement d’un monde hygiéniste, paradisiaque, hédoniste : celle orchestrée par un dieu solaire et païen, entièrement habité par la pulsion de vie et dont lui, Onfray, serait le représentant sur terre avec pour mission d’inculquer à ses disciples la meilleure manière de jouir sexuellement de leur corps et du corps de leurs voisins : par la masturbation. Bien qu’il ne sache pas de quoi il parle et qu’il ne cite pas le livre de Thomas Laqueur (Le sexe solitaire. Contribution à une histoire de la sexualité, Gallimard, 2004), Onfray se montre bien décidé à faire du pénis l’objet d’un culte phallique et volcanique hérité des anciens dieux de la Grèce, lesquels, en tant que présocratiques, seraient les précurseurs de Nietzsche. Que Nietzsche ait effectué un grand retour aux présocratiques ne fait pourtant pas de ceux- ci un précurseur de celui-là. Au fil d’un enseignement fortement médiatisé, Onfray a réussi à convaincre un large public que les représentants de ce dieu païen, célébrant les vertus de la foudre, des comètes et des orages, n’ont jamais fait la guerre à quiconque et sont des pacifistes admirables. Dans cette Grèce vertueuse du bocage de basse Normandie, inventée par Onfray, Homère n’existe pas, ni la guerre de Troie, ni Ulysse, ni Achille, ni Zeus, ni Ouranos, ni les Titans, ni la tragédie....

Onfray raconte qu’il a été, dans son enfance, la victime de méchants prêtres « salésiens », dont certains étaient pédophiles (Le crépuscule, p. 15) et qui ont fait de lui ce qu’il est devenu. Rebelle en émoi, hanté par le complot oedipien qui se serait abattu sur lui, il affirme que son père, « malheureux employé de laiterie », aurait été la victime passive de sa mère tout au long d’un drame ayant pour toile de fond le « marché de la sous-préfecture d’Argentan » (p.15). Cette mère haïe avait été elle-même abandonnée dans un cageot à sa naissance et elle en avait conçu une détestation de son propre fils, au point de le frapper et de lui prédire qu’il finirait sa vie sous l’échafaud : « Sans jamais avoir tué père (et surtout) mère, ni visé une carrière de bandit de grand chemin, encore moins envisagé l’art de l’égorgeur, je me voyais mal sous le couteau de la veuve. Ma mère si ! » (La puissance d’exister, Grasset, 2006, présentation par l’auteur)

Pour se venger de la haine que lui a inspiré sa mère, il a décidé d’attaquer celui qu’il considère comme le responsable de tous les complots contre le père : Sigmund Freud, dont on sait qu’il fut adoré par sa mère. Onfray l’avait admiré pourtant au point de le lire dès son enfance en se masturbant (Philosophie Magazine, 36, février 2010, p. 10) puis d’inclure sa glorieuse histoire dans celle de l’athéologie (Traité, p. 265). Mais voilà que, depuis sa conversion, Onfray dénonce le complotisme freudien qui consiste, selon lui, à promouvoir la haine des pères et l’adoration des mères pour mieux les séduire sexuellement : telle est à ses yeux l’essence de la psychanalyse, pur et simple récit autobiographique de ce fondateur dépravé dont il « n’avait pas prémédité l’assassinat » (Livres- hebdo, p. 16.)

Et du coup, il tente, contre Freud et contre le judéo-christianisme, de réhabiliter la figure maltraitée du père : un père solaire, flamboyant et phallique. Mais il n’aime les pères qu’à condition qu’ils ne soient jamais pères. Fervent adepte du célibat, Onfray ne cesse d’affirmer son refus de la paternité : « Les stériles volontaires aiment autant les enfants, voire plus, que les reproducteurs prolifiques (...) Qui trouve le réel assez désirable pour initier son fils ou sa fille à l’inéluctabilité de la mort, à la fausseté des relations entre les hommes, à l’intérêt qui mène le monde, à l’obligation du travail salarié ? (...) Il faudrait appeler amour cet art de transmettre pareilles vilenies à la chair de sa chair ? » (Théorie du corps amoureux (2000), LGF, 2007, p. 218-220)

3- Freud pervers sexuel, la psychanalyse science nazie

Pour mieux faire de son brûlot la suite logique de sa contre histoire des savoirs officiels, Onfray présente Freud comme un monstre pervers, maltraitant son père jugé pédophile, ayant abusé psychiquement de ses trois filles (Mathilde, Sophie et Anna), et commis l’adultère avec sa belle-soeur pendant quarante ans, de 1898 à sa mort. L’appartement de Vienne aurait été, selon lui, un lupanar et Freud un abominable Oedipe : il ne pensait qu’à coucher réellement avec sa mère (même à un âge avancé) puis à occire vraiment son père (même après la mort de celui-ci, survenue en 1896), et enfin a fabriquer des enfants incestueux pour mieux les violenter.

C’est ainsi que pendant dix ans, Freud aurait torturé sa fille Anna tout au long d’une analyse en forme de procès inquisitorial qui se serait déroulé de 1918 à 1929 et au cours de laquelle, chaque jour, dans le secret de son cabinet, il l’aurait incité à devenir homosexuelle (Le crépuscule, p. 243-245). S’il est exact que Freud a bien analysé sa fille, la cure a duré quatre ans et non pas dix. Et quand Anna a commencé à se rendre compte de son attirance pour les femmes, Freud l’a plutôt incitée à s’orienter vers le travail intellectuel. Par la suite, quand elle a vécu avec Dorothy Burlingham et qu’elle a « adopté » les enfants de celle-ci, il a fait preuve de tolérance. Freud n’était ni homophobe ni misogyne, même si sa conception de la sexualité féminine est discutable et a été discutée de nombreuses fois.

Peu importe les discussions des féministes et autres chercheurs : Onfray affirme que le grand abuseur viennois n’était autre qu’un escroc «ontologiquement homophobe» (Le crépuscule, p. 513-513). L’homophobie ontologique selon Onfray serait très différente de l’homophobie politique. La première consisterait à faire de l’homosexualité une perversion et la deuxième viserait à «criminaliser» l’homosexualité. Cette distinction est d’autant plus ridicule qu’elle vise à faire entrer Freud dans la catégorie des pervers. Or, la vérité sur cette affaire est toute différente. Freud, au contraire de bon nombre de ses disciples, ne considérait pas l’homosexualité comme une perversion et il était favorable, politiquement, à une émancipation des homosexuels.

Une fois de plus, la thèse d’Onfray n’a aucun fondement, sinon d’exprimer la détestation qu’il voue lui-même à l’homosexualité masculine et féminine. En faisant de Freud un dictateur phallocrate possesseur de toutes les femmes - sa mère, ses soeurs, sa belle soeur, ses filles, son épouse -, il parle encore de lui-même. N’a-t-il pas, à de nombreuses reprises, énoncé, en plus de son choix du célibat et de la non paternité, son goût philosophique pour la polygamie solaire, érotique, hédoniste, volcanique, païenne et anti-judéochrétienne ? Rien à redire à cela sinon que, s’agissant de Freud, il se transforme en inquisiteur de ce dont, par ailleurs, il prétend être l’adepte.

Cédant à une ancienne rumeur inventée par Carl Gustav Jung (et réactualisée par les révisionnistes de l’école américaine et les puritains) selon laquelle, Freud aurait eu, en 1898, une liaison avec Minna Bernays, la soeur de sa femme Martha, lors d’un voyage en Engadine (cf. Sigmund Freud, Notre coeur tend vers le sud. Correspondance de voyage 1895-1923, Fayard, 2005 et Le nouvel observateur, 1er février 2007), Onfray en vient à imaginer que celui-ci aurait eu des relations sexuelles perverses avec elle tout au long de sa vie, dans la chambre contiguë à la sienne et sous le regard complice de sa femme qui aurait souvent assisté aux ébats des deux amants. Pire encore, Freud aurait engrossée Minna pour l’obliger ensuite à se faire avorter. A l’évidence, Onfray, aussi peu soucieux des lois de la chronologie que de celles de la procréation, situe cet événement en 1923. Or, à cette date, Minna était âgée de 58 ans et Freud de 67.

Et Onfray d’ajouter que Freud aurait cédé à la tentation de subir une opération des canaux spermatiques destinée à augmenter sa puissance sexuelle afin de mieux jouir du corps de Minna : «Cette année-là, âgé de soixante-sept ans, écrit-il, Freud le scientifique se fait ligaturer les canaux spermatiques sous prétexte que ce genre d’intervention rajeunit le sujet et ravive les puissances sexuelles défaillantes - les tenants de la version hagiographique du héros renonçant à la sexualité pour sublimer sa libido - dans la production d’une oeuvre universelle, la psychanalyse, devront revoir leur copie... En revanche, pour les tenants d’une vie sexuelle active avec tante Minna, et l’hypothèse d’un voyage effectué en Italie pour cause d’avortement, les choses paraissent cohérentes... Les hagiographes l’affirment benoîtement : cette ligature prévenait la récidive de cancer.» (Crépuscule, p. 246). Et dans un entretien donné à Livres-hebdo (9 avril 2010, p. 16), il ajoute que Freud aurait aussi entretenu des « relations symboliquement incestueuses avec la fille de sa maîtresse. Avec Freud, le bordel n’est jamais très loin du monastère ». Mais qui est donc cette fille ? Minna n’a jamais eu d’enfant. On se demande comment le journaliste qui s’entretient avec Onfray peut avaler de telles sottises. A l’émission de Franz-Olivier Giesbert (France 2, 9 avril), il a même dit devant la mine réjouie de son interlocuteur - fier de recueillir des « révélations » de première main - que Freud avait « travaillé à l’Institut- Göring de Berlin entre 1935 et 1938 ». Or il n’a pas bougé de Vienne à cette époque. Quant à la collaboration des freudiens et de Jones à la politique d’« aryanisation » de la psychothérapie allemande orchestrée par Matthias Göring, elle est parfaitement connue des historiens : Freud a laissé faire - et c’est une faute poliFque grave - à la suite d’un long conflit dont on trouve la trace dans sa correspondance avec Max Eitingon (Hachette-Littératures, 2009) que Onfray ne cite pas puisqu’il ne connaît pas le détail de cette affaire. Onfray a affirmé en outre que Freud, avide d’argent, escroc, faussaire, menteur prenait pour ses séances à Vienne la somme de 450 euros, ce qui laisserait entendre que tous ses héritiers l’auraient imité. Pour qui connaît la réalité de la pratique psychanalytique - et même celle de ses pires dérives -, force est de constater qu’il s’agit là d’une conviction délirante.

Convaincu que Minna pouvait être enceinte à l’âge de 58 ans, et ignorant l’histoire de la médecine, Onfray attribue aux hagiographes d’avoir occulté la vérité concernant la sexualité de Freud. La réalité est toute différente : en 1923, Freud a en effet subi une opération de ligature - dite « opération de Steinbach ». Cet endocrinologue était l’un des premiers à avoir découvert la fonction des cellules interstitielles qui sécrètent les hormones mâles. En ligaturant les canaux, il pensait obtenir une relative hypertrophie des cellules et par conséquent un « rajeunissement » du sujet. Comme on pensait à l’époque que la formation du cancer était partiellement due au processus de vieillissement, l’opération de « rajeunissement de Steinbach » était considérée comme un moyen de prévenir le retour du cancer (cf. Max Schur, La mort dans la vie de Freud, Gallimard, 1972, p. 434).

Défenseur du plaisir solitaire et solaire, Onfray accuse Freud, non seulement d’avoir engrossé sa belle soeur, mais d’avoir favorisé une immense répression de la masturbation (Le crépuscule, p. 497-504). L’attaque est d’autant plus comique que Freud a été voué aux gémonies par de nombreux sexologues puritains du début du XXè siècle pour avoir condamné toutes les tortures que l’on infligeait aux enfants pour réprimer la masturbation (mains attachées dans le lit, appareils effrayants, excision des filles, menaces diverses, coups, etc...).

Obsédé par la pédophilie, Onfray ne cesse de faire des déclarations dans la presse pour dénoncer tous ceux qu’il soupçonne d’être les complices de ce crime. Reprenant à son compte des accusations grotesques contre Daniel Cohn-Bendit, et citant une fameuse pétition de 1977 signée par de nombreux intellectuels français favorables, à l’époque, à une révision de la loi sur la sexualité des adolescents (Sirinelli, Intellectuels et passions françaises, Fayard, 1990, p. 269-270), il n’a pas hésité, dans son blog de novembre 2009, à fustiger l’ensemble de l’intelligentsia française : des suppôts de la pédophilie, dit-il (« Pédophilie mon amour »). Et de même, il a pourfendu Roman Polanski et Frédéric Mitterrand : « La pédophilie a bonne presse, écrit-il. Quand Bayrou rappelle à juste titre que Cohn-Bendit caressait le sexe des enfants et se laissait caresser par eux, c’est Bayrou l’infâme ! (...) Quand la pétition contre la majorité sexuelle rassemble en 1977 la fine fleur des intellectuels - d’alors (Derrida, Deleuze, Guattari, Althusser, Sartre, Beauvoir, Sollers, etc.....) mais aussi les désormais sarkozystes Kouchner, Bruckner, Glucksmann (...) personne ne trouve à redire, pas même Dolto, signataire elle aussi ».

Si Freud est un pervers sexuel, cela signifie pour Onfray que sa doctrine n’est que le prolongement d’une perversion plus grave encore en ce qu’elle a trait à des origines honteuses : elle serait, selon Onfray, le produit de quelque chose d’étranger au corps normal et sain de l’homme, un hétérogène lié à des stigmates précis. Elle serait donc l’inverse de la doctrine professée par ce dieu solaire et volcanique, source de vie et antithèse absolue du judéo-christianisme créateur de guerre, de destruction et de pulsion de mort. Aussi bien Onfray fait-il alors de la psychanalyse le « produit d’une culture décadente fin de siècle qui a proliféré comme une plante vénéneuse » (Le crépuscule, p. 566-567). Il reprend ainsi à son compte la grande thématique de l’extrême droite française qui, depuis Léon Daudet, a toujours comparé la psychanalyse à une une science étrangère (« boche » ou « juive »), venant se greffer comme un parasite sur le corps de l’Etat-nation, une science mortifère, conçue par un cerveau dégénéré et née dans une ville dépravée (Vienne) au coeur d’un Empire en pleine déliquescence.

On ne s’étonnera donc pas de voir surgir sous sa plume, non pas une critique de la psychanalyse à la manière de Theodor Adorno, d’Herbert Marcuse, des féministes ou des culturalistes américains, ou encore de Gilles Deleuze ou de Michel Foucault, mais une accusation semblable à celle des adeptes du néo-paganisme anti-judéochrétien. Car c’est bien dans cette veine que se situe l’auteur du Crépuscule d’une idole quand, retournant l’accusation de « science juive » prononcée par les nazis contre la psychanalyse, il fait de celle-ci une science fasciste (Crépuscule, p. 566 et sq.) et de son fondateur une sorte de dictateur hitlérien adepte de l’inégalité des races (p.533). -

Le raisonnement est simple : accusant Freud d’avoir théorisé la notion de pulsion de mort et de l’avoir inscrite au coeur de l’histoire humaine, Onfray en vient à affirmer que puisque les nazis ont mené à son terme le plus barbare l’accomplissement de cette pulsion, cela signifie bien que Freud serait le précurseur de cette barbarie et aussi un représentant des anti-Lumières, animé par la « haine de soi juive » (Crépuscule, p. 228 et 476). Mais il aurait fait pire encore : en publiant, en 1939, L’homme Moïse et la religion monothéiste, c’est-à-dire en faisant de Moïse un Egyptien et du meurtre du père l’un des principes de l’avènement des sociétés humaines, il aurait assassiné le père de la Loi judaïque, favorisant ainsi l’extermination par les nazis de son propre peuple (Crépuscule, p. 226-227). Il serait donc, de nouveau par anticipation, un persécuteur de Juif, qui, ne pouvant pas s’avouer national-socialiste parce qu’il est juif, aurait transféré sa ferveur envers Hitler en une admiration pour Mussolini, au point de les imiter dans Psychologie des masses et analyse du moi, ouvrage publié en 1921 et qui ne traite pas de ce sujet : « A l’évidence, Freud, en tant que Juif, ne peut rien sauver du national-socialisme. En revanche, le césarisme autoritaire de Mussolini et l’austro-fascisme de Dollfuss illustrent à merveille les thèses de Psychologie des masses et analyse du moi. » Et Onfray prétend apporter la preuve de ce qu’il avance en utilisant une anecdote connue de tous les historiens.. En 1933, Edoardo Weiss, disciple italien de Freud, présente à celui-ci, à Vienne, une patiente qu’il a en traitement. Le père de celle-ci, Gioacchino Forzano, auteur de comédies et ami de Mussolini, accompagne sa fille. Au terme de la consultation, il demande à Freud de dédicacer un de ses livres pour le Duce. Par égard pour Weiss, qui sera contraint ensuite à l’émigration, Freud y consent et choisit Pourquoi la guerre ? écrit en collaboraFon avec Einstein (1932-33) : « A Benito Mussolini, avec le salut respectueux d’un vieil homme qui reconnaît en la personne du dirigeant un héros de la culture. » Par la suite, Weiss - demandera à Jones de passer sous silence cet événement, mais celui-ci s’y refusera, allant même jusqu’à accuser Weiss de complicité avec Mussolini.

Sans connaître les détails de cette affaire, à propos de laquelle il se trompe lourdement, Onfray en conclut que Freud est un fasciste (Crépuscule, p. 524-532) et que Pourquoi la guerre ?, écrit en collaboraFon avec Einstein, est une apologie du crime.

Quand on sait que Freud fut un penseur des Lumières sombres et jamais l’adepte des anti-Lumières, qu’il souligna que le meurtre du père était l’acte fondateur des sociétés humaines à condition toutefois que le meurtre fût sanctionné par la Loi (modèle des tragédies grecques) et qu’il était l’admirateur autant de Cromwell (le régicide) que de la monarchie constitutionnelle anglaise (capable de sanctionner le régicide), on se demande comment Onfray peut soutenir de telles extravagances.

Si la psychanalyse est, comme il l’affirme, une science nazie et fasciste, cela signifie qu’elle est incompatible avec la démocratie. Mais pourquoi alors ne s’est-elle développée que dans les pays où s’était instauré un Etat de droit ? Pourquoi a-t-elle toujours été bannie, en tant que telle, par les régimes totalitaires ou théocratiques, même quand ses praticiens collaboraient avec de tels régimes ? Onfray ne se pose pas la question et se contente d’affirmer que si elle a eu du succès, c’est parce que Freud a organisé des « milices » pour la défendre, la transformant ainsi en une religion fanatique favorisant la guerre et les boucheries de guerres, préfigurant Auschwitz, Hiroshima et les guerres coloniales. En conséquence, elle ne devrait sa survie qu’au fait qu’elle poserait une adéquation entre bourreau et victime.

Refusant le principe même de l’histoire des sciences selon lequel aucune norme ne doit être essentialisée par rapport à une pathologie - puisque les phénomènes pathologiques sont toujours des variations quantitatives des phénomènes normaux -, Onfray reconduit une vision manichéiste de la relation entre le normal et le pathologique. Il la pense selon l’axe du bien et du mal : d’un côté le paradis de la norme (les - adeptes du dieu solaire, pacifistes et hédonistes), de l’autre, l’enfer de la pathologie (les fous, les salauds, les pervers, les monstres, les chrétiens, les Juifs, les nazis, les musulmans). Tant et si bien qu’il en vient à affirmer que la psychanalyse n’est pas capable - pas plus que Freud lui-même - de distinguer le bourreau de la victime, puisque, pour elle, « tout se vaut » : le malade et l’homme normal, le fou et le psychiatre, le pédophile et le bon père, etc... Et, à propos de l’exterminaFon des quatre soeurs de Freud par les nazis, il en conclut « qu’on ne peut pas comprendre le problème de la Solution finale qui saisit la famille Freud. De quelle manière saisir intellectuellement, dit-il, ce qui psychiquement distingue Adolfine, morte de faim à Theresienstadt, et ses trois autres soeurs disparues dans les fours crématoires en 1942 à Auschwitz et Rudolf Höss, puisque rien ne les distingue psychiquement sinon quelques degrés à peine visibles et comptant pour si peu que Freud n’a jamais théorisé cet écart minime, pourtant tellement majeur ?” (Crépuscule, p. 566).

Notons au passage qu‘Onfray se trompe de camp : Rosa fut exterminée à Treblinka et Mitzi et Paula à Maly Trostinec. Si la «Solution finale» a bien saisi la famille Freud, ce n’est certainement pas dans ce face à face sans «distinction psychique» imaginé par Onfray entre le Commandant du camp d’Auschwitz (Höss) et les quatre soeurs du fondateur de la psychanalyse, accusé d’avoir éliminé, par anticipation, toute différence entre l’exterminateur et ses victimes.

«Que la haine soit l’autre visage de l’amour, écrit Onfray parlant de Freud, qu’on me permette de douter, d’abord parce qu’il n’y a pas chez moi de haine de la psychanalyse (...)» Et il ajoute : «Toute haine d’une victime juive pour son bourreau nazi me semble loin de signifier chez elle un autre nom de l’amour ! Il faut en finir avec ce genre de pseudo- argument freudien que le rien est l’une des modalités du tout, que le blanc est l’une des modalités du noir, que la critique (ouverte) de Freud est l’une des modalités (inconsciente) de l’amour de Freud.» (Lire, mars 2010, p.35)

Emporté par le déni de sa haine, Onfray ne cesse d’attribuer au fondateur de la psychanalyse ses propres obsessions. C’est bien Onfray et non pas Freud qui se permet d’affirmer que la haine d’une victime juive pour son bourreau nazi est l’autre nom de l’amour. Et c’est de son imagination qu’est sorti le scénario macabre de ce face à face entre Rudolf Höss et les quatre soeurs de Freud.

Puisque la psychanalyse n’est que l’autre nom d’une science fasciste inventée par un Juif haineux et pervers, on comprend qu’Onfray se livre, à la fin de son ouvrage, à une réhabilitation systématique des thèses paganistes de l’extrême droite française avec lesquelles il entretient une forte relation de connivence.

Ainsi fait-il l’éloge de La scolastique freudienne (Fayard, 1972), ouvrage de Pierre Debray-Ritzen, pédiatre et fondateur de la Nouvelle droite, qui n’a jamais cessé de fustiger autant le divorce et l’avortement que la religion judéo-chrétienne, hostile selon lui, à l’éclosion d’une vraie science matérialiste. D’où sa revendicaFon d’un athéisme forcené fondé sur le culte du paganisme : « Sur la fin de sa vie, écrit Onfray, cet oncle de Régis Debray qui n’en peut mais (sic) animait une émission sur Radio Courtoisie, un média clairement à la droite de la droite (...) Comment entendre la justesse de bons arguments critiques dans un monde où l’essentiel de la classe intellectuelle communie moins dans la gauche que dans son catéchisme ? » Non content de s’en prendre à la gauche française, dont il prétend faire partie, Onfray vante les mérites d’un autre ouvrage, issue de la même tradition, Mensonges freudiens. Histoire d’une désinformation séculaire, publié en Belgique par Jacques Bénesteau (Mardaga, 2002), préfacé par un proche du Front national, soutenu par le Club de l’Horloge et dans lequel on peut lire (p.190-191) qu’il n’existait pas d’antisémitisme à Vienne durant l’entre-deux-guerres puisqu’à cette époque de nombreux Juifs occupaient des postes importants dans toute les sphères de la société civile : « Dans son ouvrage, écrit Onfray, Bénesteau critique l’usage que - Freud fait de l’antisémitisme pour expliquer sa mise à l’écart par ses pairs, son absence de reconnaissance par l’université, la lenteur de son succès. En fait de démonstration, il explique qu’à Vienne à cette époque nombre de Juifs occupent des postes importants dans la justice la politique, l’édition, ce qui lui vaudra d’être rangé dans le camp de «l’antisémitisme masqué» par Elisabeth Roudinesco (« Le club de l’horloge et la psychanalyse : chronique d’un antisémitisme masqué », Les temps modernes, 627, avril-mai-juin 2004) - masqué, autrement dit invisible bien que présent et réel (...) Or, la lecture de ce gros livre ne contient aucune remarque antisémite (sic), on n’y trouve aucune position qui dirait la préférence politique de son auteur. » (Crépuscule, p. 596).

Au terme de son furieux réquisitoire, Michel Onfray souscrit à la thèse selon laquelle Freud - homophobe, misogyne, défenseur du fascisme, responsable par anticipation de l’extermination de ses soeurs, adepte d’une sexualité malsaine et d’une conception pervertie des relations entre la norme et la pathologie - aurait inventé des persécutions antisémites qui n’existaient nullement à Vienne, manière de voir partout et en toutes circonstances - dans la plus pure tradition de l’idéologie complotiste française (d’Augustin Barruel à Edouard Drumont) - la main, l’oeil et le nez de Freud.

A la lecture d’un tel ouvrage, dont l’enjeu dépasse largement le débat classique entre adeptes et opposants à la psychanalyse, on est en droit de se demander si les considérations marchandes qui ont conduit à cette publication ne sont pas désormais d’un tel poids qu’elles seraient susceptibles d’abolir tout jugement critique et tout sens de la responsabilité ? La question en tout cas mérite d’être posée et le débat est ouvert.

Communiqué d’Elisabeth Roudinesco

Article tiré du site : http://www.crpm.univ-paris7.fr
Rubrique: Dossier Onfray

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Onfray a-t-il lu "Mensonges freudiens" de Jacques Bénesteau, publié en 2002 ?

 

Par Autrement


AGORAVOX - 10/5/10 - A l’heure où les média français parlent beaucoup, en présentant cela comme une «révélation» de la critique en règle de Freud et du Freudisme par Michel Onfray, je voudrais juste signaler la similitude entre son propos et le contenu d’un ouvrage passionnant publié en 2002 sur le même sujet.

Je vous recommande donc la lecture d’un ouvrage édité en 2002, «Mensonges Freudiens», par Jacques Bénesteau (histoire d’une désinformation séculaire).

M. Onfray s’est montré récemment soucieux de sa "paternité intellectuelle", sur son université populaire notamment...

On peut donc s’étonner que ce soit quelqu’un aussi soucieux des questions d’antériorité qui vienne de sortir un ouvrage dont le fond est très proche d’un autre, publié en 2002. Autrement dit, M. Onfray n’enfonce-t-il pas, en engrangeant des droits d’auteur par la vente de son bouquin une porte ouverte par un autre ? Un business philosophique pour critiquer le business freudien ?

A l’heure où les média français parlent beaucoup, en présentant cela comme une «révélation» de la critique en règle de Freud et du Freudisme par Michel Onfray, je voudrais juste signaler la similitude entre son propos et le contenu d’un ouvrage passionnant publié en 2002 sur le même sujet.

Je vous recommande donc la lecture d’un ouvrage édité en 2002, «Mensonges Freudiens», par Jacques Bénesteau (histoire d’une désinformation séculaire), chez Pierre Mardaga Editeur Hayen 11, -B – 4140 Sprimont (Belgique)

Comme l’indique le verso de son livre, Jacques Bénesteau est psychologue clinicien, formé aux universités de Nice, Paris V et Aix-en-Provence. 26 années de carrière en pédopsychiatrie, puis pratique au CHU de Toulouse au sein du service de neuropédiatrie, chargé d’enseignement à l’institut de formation en psychomotricité de la faculté de médecine de Toulouse Rangueil.

L’ouvrage de Bénesteau est documenté, subtil dans l’analyse, car il sait, quand il le faut, ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il sait distinguer le freudisme de la psychanalyse, le business de la thérapie.

J’ai écouté M. Onfray dans l’émission «On n’est pas couché» de Ruquier. Il n’ a évoqué que «Le Livre noir de la psychanalyse». Tout ce qu’il dénonce, Bénesteau l’a dénoncé avant lui, tous les exemples pris, les noms cités, par Onfray sont dans le livre de Bénesteau. L’argent liquide, l’analyste qui dort pendant la séance, les 5 cas dont celui du petit Hans, le fonctionnement de la société qui défend les intérêts du business freudien, les cas cliniques, les ratés, etc, tout est dans le livre de Bénesteau. Onfray a-t-il lu Bénesteau ?

Onfray fait beaucoup de livres sur divers sujets. Comme c’est un philosophe avant d’être un écrivain, c’est d’abord le fond de son propos qu’il convient d’examiner, avant la forme, et le rapprochement avec Bénesteau est gênant.

Espérons que ce n’est pas à chaque fois, à chaque livre, pareil, parce que tant de ressemblance, ça met mal à l’aise… En tout cas, on ne peut pas lui attribuer la paternité, et le "courage", de cette dénonciation…

Les Réactions

Hieronymus - 10-5-10
Onfray fait surtout reference au Livre noir de la psychanalyse et passerait sous silence celui de Bennesteau ?
Je ne suis pas si sur, en tout cas vu l’agitation sur le sujet, les ventes du livre de Benesteau vont repartir ..
Perso je goute moyennement Onfray dont je ne partage pas l’atheisme mais ce coup la, il a tape dans le 1000 !
Oui Freud etait un imposteur
Non la psychanalyse ne guerit pas
Son succes est du au fait qu’elle s’est erigee en Eglise de pensee et a su profiter du declin des eglises traditionnelles ;
C’est une evidence, pourquoi a-t-il fallu tant d’années pour oser le dire ?
Diktat de l’intelligentsia de la rive gauche certainement (cf. Alpo) il aura donc fallu qu’un honnête normand intervienne pour bousculer ces habitudes du parisianisme snob et pretentieux, la partie est loin d’etre terminee et on peut mesurer a la violence des reactions l’enjeu que represente le fonds de commerce freudien pour toute une clique d’affabulateurs, il faut bien appeler les choses par leur nom !

Immyr - 10-5-10

On pouvait être contre la peine de mort au début des années 80. Mais bien que l’idée n’a jamais été neuve, c’est le discours de Badinter à l’assemblée nationale qui a été un jalon. Le problème soulevé par Onfray dans son livre a déjà été évoqué maintes fois dans divers ouvrages. Je vous sais gré de me faire connaître l’ouvrage de Bénesteau que je ne connaissais pas.
C’est l’aura médiatique d’Onfray, qui reste le philosophe le plus lu en France, si je ne m’abuse, qui fait toute sa "dangerosité", pour le freudisme à la mode française.
Il est à noter qu’Onfray n’attaque que le temple psychanalytique. Il n’attaque pas les psychiatres en général. Il souhaite que la psychanalyse freudienne soit considérée comme une philosophie et non comme une science.

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